Test Batman: The Telltale Series – The Enemy Within – Episode 3 : Masque Brisé
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Rédigé par Jordan
Après avoir commencé cette deuxième saison sur les chapeaux de roue, The Enemy Within a connu une légère baisse de régime avec l’épisode 2 nommé « Derrière le voile », qui avait pourtant tout pour plaire sur le papier. On a cependant vite constaté que derrière la volonté d’introduire un tas de personnages bien connus des fans de Batman, l’intrigue en elle-même patinait quelque peu et cassait le rythme global de l’épisode. Le cliffhanger final apportait tout de même un soupçon d’excitation pour ce nouvel épisode, avec l’espoir que Telltale retrouve le panache qu’ils avaient réussi à appliquer au premier épisode. Autant vous le dire sans détour, si on évite de retomber dans l’ennui avec « Masque Brisé », on est loin de sauter de notre bat-chaise.
Avant de commencer ce test, nous rappelons qu’aucun spoil majeur sur l’épisode en lui-même ne sera formulé. En revanche, nous allons évoquer les événements survenus dans les deux premiers épisodes, nous vous conseillons de ne pas continuer la lecture de ce test si vous n’avez pas encore terminé « Derrière le voile ».
Sommaire
ToggleLes liaisons dangereuses
Suite à l’attaque réussie sur le convoi de l’Agence, Bruce et ses nouveaux amis peu fréquentables ont donc réussi à mettre la main sur le cadavre congelé de l’Homme-Mystère. Si la mission du playboy était déjà assez risquée comme cela, il ne s’attendait certainement pas à voir débarquer Catwoman dans le gang des bad guys. En plus de ce nouveau problème à gérer, Bruce doit maintenant partir en quête des secrets de l’Homme-Mystère, qu’il a emportés avec lui dans sa tombe – ou plutôt sa cuve glaciale – tout en continuant à travailler sous couverture pour l’Agence. Un programme extrêmement dangereux, même pour celui qui se cache derrière le masque de la chauve-souris.
Contrairement au précédent épisode, « Masque Brisé » arrive à mieux poser son rythme malgré l’absence quasi-totale de scènes d’action. Comme quoi, il ne suffit pas de beaucoup d’artifices pour retenir l’attention du joueur, même si on regrette tout de même que l’interactivité soit encore descendue d’un cran dans cet épisode, si l’on excepte une énigme bien maigre qui ne fatiguera pas trop les neurones. Cela provient en partie du fait qu’encore une fois, on contrôle presque uniquement Bruce Wayne et très peu Batman, ce qui n’est pas une mauvaise idée mais amène alors à une mise en scène différente, davantage basée sur le relationnel que sur l’action effrénée.
Cet épisode profite d’une mise en scène plus intimiste, plus recentrée sur ses personnages tout en proposant un rythme soutenu.
Pour le coup, cet épisode tient toutes ses promesses lors des différentes interactions entre les personnages. On peut véritablement ressentir l’étau se resserrer petit à petit sur Bruce, et voir que toutes les personnes qui l’entourent peuvent être en danger à cause de ses actions. Durant les quatre-vingt-dix minutes qui composent l’aventure, le choix de nos alliés tient une place capitale, ce qui est remarquablement bien mis en scène. La question qu’évoque Bruce lors de l’introduction pourrait résumer à elle seule l’entièreté de cet épisode et des dilemmes qui vous seront proposés : Ami ou ennemi ? Vous vous en doutez, la réponse sera difficile à trancher.
Le chat de Schrödinger
On l’a constaté avec l’épisode 2, The Enemy Within puise sa véritable force dans la caractérisation de ses différents protagonistes principaux. Après un long focus sur une Harley Queen plus qu’originale, c’est au tour de Catwoman de briller. On retrouve donc l’intrigante Selina Kyle que l’on avait quitté depuis la première saison, cette fois-ci en quête de rédemption et qui compte bien prouver à Bruce qu’elle ne se laissera pas marcher sur les pattes, ni même s’écarter du danger. Fougueuse et impétueuse qu’elle est, Catwoman montre aussi – toujours selon vos choix – une facette d’elle plus sensible et complexe qu’espéré, rendant sa relation avec Bruce encore plus compliquée à gérer pour ce dernier. Faire de la voleuse une alliée pourra être bien utile, mais la collaboration ne promet pas pour autant d’être de tout repos.
Catwoman est fidèle à elle-même, à la frontière entre l’alliée et l’ennemie, ce qui amène à quelques choix difficiles à prendre.
D’autant plus que dans cette idylle tourmentée entre les deux tourtereaux, vient s’inviter notre fauteur de troubles préféré, John Doe. Avec sa candeur perturbante et son aspect imprévisible, le futur Joker est toujours un personnage fascinant, volant la vedette à chaque apparition. Sans dire qu’il porte cette deuxième saison à bout de bras, il est plus que jamais l’intérêt majeur de The Enemy Within, bien plus captivant que l’intrigue en elle-même. Malgré tout ce que l’on sait de son futur, on ne peut s’empêcher de se prendre d’affection pour lui, de voir en lui un être perdu qui est à la frontière entre le bien et le mal et se dire qu’il ne suffirait que d’un seul mot pour qu’il bascule vers la folie. C’est pour cette raison précise que les dialogues qui le mettent en scène sont intéressants, car chaque réponse donnée à l’une de ses nombreuses questions pourrait l’amener lui et Bruce sur des terrains glissants.
Plus qu’avec Bruce, c’est sa relation avec Batman qui marque cet épisode. En faisant de John un adorateur du justicier, on se prend vite au jeu de se dire naïvement que le futur psychopathe pourrait – presque – devenir un futur Robin, même si cela n’aurait que peu de sens et que l’on est persuadé que Telltale ne prendra jamais une telle liberté. A la place, il se voit devenir le véritable sidekick d’Harley, prouvant encore une fois que cet échange de hiérarchie entre les deux personnages fonctionne de manière très efficace et que le risque qui a été pris est payant.
Une écriture en dent-de-scie
Ce qui est moins intéressant en revanche, c’est le traitement accordé aux autres personnages secondaires, surtout celui de Gordon. Si nous sommes maintenant habitués au fait que Telltale joue beaucoup avec la mythologie du Chevalier Noir, il est difficile d’accepter le comportement du commissaire dans cet épisode. Son inflexibilité paraît quelque peu forcée, au point de faire passer Waller pour une vraie sainte alors que les précédents épisodes nous montraient clairement l’inverse. Le problème, c’est qu’en dehors d’un détail pas si inhabituel, le caractère de Gordon change du tout au tout en seulement un épisode. On se retrouve finalement avec des ficelles un peu grossières et artificielles, comme l’apparition d’un certain personnage au début de l’épisode qui fait plus dans le léger fan service qu’autre chose.
Les lignes entre les différents personnages bougent beaucoup dans cet épisode, tandis que le scénario fait du surplace.
Si les liens progressent beaucoup dans cet épisode quitte parfois à aller un peu vite en besogne, l’intrigue, elle, peine à captiver. L’idée de voir Bruce comme une sorte de Suicide Squad en solo amène des situations plaisantes, mais la finalité de ces scènes ne fait pas véritablement avancer le scénario. On ressort de cet épisode avec la conviction que les lignes entre les personnages ont été redéfinies, mais que la narration n’a pas bougé d’un iota. C’est dommage, surtout lorsque l’on sait qu’il ne reste que deux épisodes et qu’il y a encore beaucoup de choses à traiter dans cette seconde saison. On espère que le tout ne sera pas bâclé, un peu comme la localisation française qui fait encore une fois des siennes. Même s’il est maintenant disponible en français, du moins presque entièrement, l’épisode n’était disponible qu’en anglais le jour de la sortie du soft suite à un bug, montrant de nouveau que le studio a véritablement du mal à chasser ses vieux démons.
Telltale semble avoir trouvé un rythme de croisière avec « Masque Brisé », mais pas forcément celui qu’on attendait. Qualitativement, cet épisode s’en sort un peu mieux que son prédécesseur, mais ne parvient pas véritablement à atteindre le niveau mis en place en début de saison. Il corrige tout de même quelques défauts et nous offre un rythme plus régulier, moins contrasté que dans « Derrière le voile », prouvant encore une fois que les personnages principaux et leurs interactions parviennent à piquer la curiosité du joueur avec brio. Malheureusement, cela se fait encore une fois au dépend de l’intrigue, avec un nouveau cliffhanger qui peut nous laisser penser que les choses vont enfin s’accélérer, mais qui peine à nous surprendre. Il serait grand temps que le justicier se réveille, et on espère qu’il le fera avant que le Joker émerge enfin.
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Date de sortie : 08/08/2017