Une nouvelle licence naît le 29 octobre 2009 : Dante et Kratos devront se partager le podium avec la sorcière qui se lance dans le jeu vidéo de son nom éponyme à la première production du Studio PlatinumGames et ils y ont mis le paquet ! Sensuelle et provocante, Bayonetta se démarque de la concurrence en cassant à proprement parler les codes du beat’em all renvoyant au septième ciel tout malotru qui oserait se mettre en travers de son chemin. Un deuxième épisode voit le jour sur la Wii U cinq ans après, très bien accueilli par les joueurs et ce 16 février 2018 la Switch se voit accueillir un joli portage de ces deux jeux sur l’eShop de Nintendo (respectivement 8,5Go et 12,4Go) ou Bayonetta 2 en cartouche physique alors que Bayonetta 1 sera exclusivement en dématérialisé sauf pour le Japon (vous savez quoi faire).
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Pour re-situer l’histoire, pour les nouveaux et les amnésiques de 2009, elle reste des plus classiques. Un éternel combat entre le bien et le mal est mis en place avec panache entre les sorcières de l’Umbra et les sages Lumen. Cependant, la belle Bayonetta amnésique se réveille et part en quête de sa mémoire guidée par l’irrépressible envie de retrouver un objet qui semble lui tenir à cœur.
Le scénario des Beat’em All n’a jamais été très profond…
C’est du haut de ses 20 centimètres de talons que la “jeune” sorcière dotée d’une plastique défiant toute règle d’anatomie humaine qu’elle entreprendra son parcours parsemé d’embûches, ou plutôt de “distractions”. Bayonetta est un véritable aimant quand il s’agit de provoquer le courroux des Anges qui tenteront de mettre un terme à ses agissements par tous les moyens. Vous l’aurez compris : la trame narrative est très simple, le character design et la composition musicale plongent le joueur dans un univers à l’humour très décalé à prendre absolument au second degré. Les situations loufoques s’enchaînent avec aisance dénuées de toute logique et c’est ce qui plaît : l’alchimie entre le gameplay, le sonore et le visuel sont incroyablement bien équilibrés. En effet, au menu un humour plus que douteux avec des femmes fatales aux courbes ravageuses seront de mises pour accompagner l’histoire avec une classe envoûtante malgré la toile de fond biblique. Bayonetta utilisera ses charmes et poses suggestives pour chorégraphier les derniers souffles de ses assaillants avec un sourire provocateur aux effets spéciaux ravageurs.
You want to Switch me ?
Afin de rassurer tous les fétichistes de l’ensorceleuse, le portage s’est effectué sans mal et le titre n’a jamais autant brillé de mille feux depuis ses versions consoles. Loin de nous désormais les problèmes techniques qu’avaient pu rencontrer les versions PS3, Xbox 360 et Wii U : le jeu est superbe sur l’écran embarqué de la Switch, le tout reste très fluide et c’est un véritable plaisir de reprendre le contrôle de Cereza après autant de temps. La Switch déploie tous ses moyens pour contenir toute la puissance de la sorcière Umbra et elle s’en sort très bien. Il y a définitivement une image plus contrastée d’emblée, exit les noirs délavés des versions antérieures : place à une image plus fine et colorée avec des contours moins aliasés ! La fréquence d’images est maintenue la plupart du temps à 60fps pour une définition à 720p en mode dock ou nomade, malgré des petites fluctuations, le jeu reste bien nerveux et met les réflexes à rude épreuve quand il s’agit d’esquiver ou anticiper les mouvements ennemis, sans pour autant être le fouillis à l’écran. La version Switch aura tout de même droit à ses écrans de chargement qui auront fait grincer les dents il y a quelques années, bien plus courts certes, mais le rythme se voit discontinu… c’est l’occasion de s’exercer à quelques enchaînements de combos afin d’affiner le timing exigeant que demandent les combos ou association d’armements en attendant la suite des événements.
Une fois le jeu lancé, impossible de lâcher le pad ! Vous serez prévenus !
Les Joy-Con en main, il est regrettable de constater que le HD-Rumble est complètement passé au placard faisant place à ses fonctions classiques. Les vibrations en tandem avec les vrombissements des castagnes magiques à l’écran n’ajoutent pas grand chose au gameplay, voire même trop discrètes pour ne pas les confondre avec le clic d’un des boutons ou gâchettes. Passons. Les Joy-Con font tout de même un excellent travail et le choix de pouvoir choisir entre quatre types de commandes rend, dans une certaine mesure, “personnalisable” la réalisation des actions sur le terrain. Bayonetta répond parfaitement au doigt et à l’œil à toutes les commandes sans latences impromptues et malgré la petitesse des touches (surtout les deux gâchettes rapprochées sur chaque Joy-Con), il est facile de combiner les mouvements avec un peu d’entraînement contrairement à ce qui a pu être dit dans la PREVIEW. L’utilisation d’une manette pro reste, sans surprise, bien plus agréable de part sa prise en main ainsi que la disposition des gâchettes qui vous seront la plupart du temps létales et salvatrices à la fois.
Deux jeux à prix abordables mais encore un peu chers même pour des portages de qualité
Si sur l’écran de la Switch les courbes gracieuses de la sorcière font virevolter ses ennemis, une fois les shakras de la console libérés grâce à son dock, le titre reste plaisant le pad en main. Par contre, quelques défauts visuels se révèlent une fois disposé sur une dalle bien plus grande. En effet, l’image sera agrandie pour épouser la résolution en 1080p alors que l’image déployée par la machine reste en 720p sans oublier que les fonctions tactiles deviennent évidemment inaccessibles. La qualité des textures est bien un tout petit cran au-dessus, rien de vraiment notable, par contre un léger flou pratiquement imperceptible vient s’installer pour adoucir les contours. Sur son socle, l’aliasing vient peut-être hachurer les jolis déhanchés sexy mais conserve toute la pêche de son gameplay sans pour autant monter la résolution d’un cran. Là où l’ancienne génération de console avait du mal à contenir toute la fougue de Bayonetta, la Switch s’en sort très bien offrant un confort visuel qui surpasse ce qui était connu jusqu’à présent avec un confort au pad pro inégalable. En résumé, ce sont de belles performances à deux doigts de la perfection.
Let’s dance boys !
Les excellents portages de Bayonetta 1 et 2 conservent toutes les fonctionnalités de leurs versions originales avec quelques bonus intégrant des éléments de l’univers Nintendo au sein du gameplay du titre de PlatinumGames. Le menu bien familier d’esquives qui, effectuées avec brio, mènent au bullet time appelé ici le “Witch Time”, un panel de combos distribués sur deux touches poing et pied simples à retenir mais requiert du timing tout de même, et des invocations sous la houlette de machines de tortures ou l’intervention d’un démon qui font littéralement hérisser les cheveux ! La satisfaction gagne du terrain lorsqu’il n’est plus question de se rappeler sur quelle touche appuyer au bon moment pour esquiver avec classe une attaque létale ou de réussir à mener ses combos jusqu’au bout sans un fastidieux trou de mémoire au rythme demandé par l’arme équipée car les timings sont différents d’une arme à l’autre. Le summum de la joie arrive à la combinaison de ces mouvements gracieux tel un chef d’orchestre menant sa symphonie jusqu’au bout sans fausse note. C’est avec l’expérience cependant que les secrets des arcanes des sorcières de l’Umbra parviendront à être maîtrisés. Le jeu se divise en plusieurs chapitres, tous entrecoupés de séquences cinématiques en temps réel ou stylisées par incrustations d’images successives.
Le jeu est beaucoup plus punitif qu’il n’y paraît
La licence Bayonetta s’inscrit parmi les grands du Beat’em All : d’une grande qualité d’exécution, accessible à tout néophyte du genre souhaitant corriger anges et démons tout en satisfaisant les vétérans ravis du doigté et de la précision demandés car la belle est exigeante et demande un temps pour être domptée. Le mode normal est à considérer comme une promenade de santé qui permet de maîtriser les mécaniques de gameplay et d’affûter son arsenal avant d’engager les difficultés supérieures (disponibles d’emblée dans Bayonetta 2) et par l’occasion accroît la durée de vie des titres pour ceux qui cherchent avant tout plus de défi dans son gameplay. Le petit bémol à la formule serait l’accessibilité des objets de soins ou défense durant les affrontements : difficilement accessibles en pleine baston, requiert de maintenir une direction sur la croix directionnelle selon l’objet assigné au préalable à celle-ci. La solution la plus simple est d’y accéder depuis le menu correspondant en cassant le rythme effréné du combat par la même occasion. Rien de bien grave quant aux fatidiques QTE qui viendront ponctuer les affrontements en tant que bonus et non comme passage obligatoire pour faire progresser le jeu (ouf !). Des objets et coffres cachés sont disséminés dans les niveaux, ainsi que des localités bonus offrant à la clef de quoi allonger la barre de vie ou accroître le stock de magie accumulable pour les invocations. N’oublions les Amiibo qui permettent de débloquer certains bonus allant de l’objet à utiliser en jeu aux tenues bonus pour vêtir la sorcière selon les goûts de chacun, dommage qu’ils ne soient compatibles uniquement pour le deuxième volet.
L’oreille musicale endiablée
Un autre point tout aussi controversé que l’univers rocambolesque imaginé par Hideki Kamiya lui-même en 2009 : la musique ! Le travail de recherche à dépicter Bayonetta par la bande sonore comme une femme superficielle dans ses goûts et attachements, une sorcière aussi aguicheuse que sexy dans un monde futuriste imaginé par la vision futuriste de son auteur mêlant l’occulte et le moderne : des arrangements naissent emportant l’action plus loin qu’on ne peut l’imaginer. Masami Ueda, lead composer de Bayonetta 1 et 2 effectue un mélange élégant et progressif de notes de jazz et d’influences R’n’B capturant entièrement la féminité du personnage avec des accords savamment rythmés au piano et d’instruments synthétiques. Le deuxième opus aura droit à un remaniement des symphonies, les musiques ont été généralement ravivées aux rythmiques plus vivantes. Le travail est superbe sans repérer le changement de rythmique entre les phases de combat et l’exploration : une transition tout en douceur. Malgré les quelques notes colorés, un univers plus sombre se dépeint au travers de rythmes évolutifs qui donnent l’identité de l’œuvre à eux seuls.
L’exemple qui marquera l’oreille attentive sans difficulté sera le composition musicale “One of a Kind” qui envoûte littéralement notre ouïe par son écriture épique mêlant orchestre et chœur.
La bande sonore de la licence est un somptueux régal !
Les thèmes musicaux des combats sont un sujet à part entier : un autre aspect phare du travail musical créé tout spécialement pour le jeu. La musique “Battle for the Umbra Throne”, un savant mélange de jazz au piano et de guitare flamenco, union improbable et originale dans l’écriture et dans son exécution. C’est une musique de grande ampleur comme un doux miel à savourer pour notre écoute, devenue la référence pour constituer les accords d’autres partitions originales.
La plupart des membres de l’équipe musicale du premier Bayonetta ont participé à l’élaboration et l’amélioration des musiques originales et communes que les deux volets se partagent. Décidément, la musique du jeu est de haute volée, retranscrivant sans mal le monde dans lequel Bayonetta évolue durant des rythmes soutenus endiablés qui accompagnent chaque bataille ainsi que la douceur féminine qui se dégage de notre sorcière aux courbes parfaites. À noter quelques titres de chansons faisant référence à la lune tout comme l’équipement que Bayonetta porte sur elle, pour ne citer que “Fly me to the Moon” (Bayonetta 1) ou “Moon River” (Bayonetta 2) laisse clairement transparaître un lien intime avec la lune qui n’a jamais été dévoilé pour le moment, peut-être le troisième chapitre de la licence saura nous éclairer autour de cette obsession pour cet astre…!
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