Originellement sorti en 2009 sur Ps3 et Xbox 360, Bayonetta premier du nom a rapidement su marquer les esprits, laissant présager un potentiel successeur à la célèbre licence de beat them up Devil May Cry, avec son style décomplexé, ses combats nerveux, mais surtout grâce à son héroïne aussi impertinente que sexy.
Une aventure qui aurait pu s’arrêter là pour la sorcière, les ventes du jeu étant en deçà des espérances. Ce sera contre toute attente Nintendo qui décidera de croire en la licence, avec la contrepartie d’en faire une exclusivité Wii U. Sorti en 2014, le deuxième opus fera de Bayonetta un incontournable du genre, malgré sa sortie sur la « mal-aimée » de Nintendo.
C’est finalement en 2017, soit 3 ans après la sortie de Bayonetta 2, que sera annoncé, avec un court teaser, le 3e opus de licence. Une suite inattendue pour les fans de la série, qui ne savaient alors pas qu’ils allaient devoir attendre cinq ans de plus avant de voir les premières images du jeu, avec un premier trailer de gameplay se jouant de ce retard avec l’humour et la désinvolture que l’on connait au studio.
Mais l’attente prendra finalement fin le 28 octobre prochain, date à laquelle le titre débarque enfin, accompagné non seulement d’une édition collector mais aussi d’une réédition physique du premier jeu sur Switch histoire d’ajouter un peu de glamour à nos ludothèques. Dans le trailer de septembre 2021, Bayonetta se disait prête à nous donner « tout ce que nous voulions » avec cet opus. À trois jours de la sortie du jeu, cette promesse alléchante est-elle tenue ? La patience des joueurs a-t-elle été récompensée ou l’anticipation a-t-elle rendu leurs attentes difficiles à combler ?
Conditions de test : Nous avons terminé l’histoire principale en niveau de difficulté normal principalement en docké, nous avons également complété une partie du contenu annexe, sans pour autant nous étendre dessus, pour un total d’une vingtaine d’heures.
Sommaire
ToggleInto the Bayo-verse
Par le passé, la licence Bayonetta nous a habitué à des scénarii pour le moins alambiqués mettant en scène pêlemêle la chasse aux sorcières, la lutte entre enfer et paradis, la création du monde du chaos, le tout saupoudré de boucles temporelles.
Des scénarii assez riches en lore et souvent assez perchés. Bayonetta 3 ne fait pas exception, et nous propose, après le voyage temporel, le voyage dimensionnel. Car après tout, quand on a déjà parlé des paradoxes temporels, dans quelle autre direction aller que vers le multivers ?
C’est donc une nouvelle fois que notre sorcière bien-aimée voit sa séance shopping interrompue par des ennemis déterminés à ruiner sa journée et par la même occasion une bonne partie de la ville, sauf que cette fois-ci, il ne s’agit ni de démons, ni d’anges, mais d’homonculus créés dans le monde des humains et venus d’une dimension parallèle avec l’objectif de détruire cette réalité et toutes les autres pour en créer une nouvelle. Et c’est Viola, fraichement tombée de l’une de ces mêmes dimensions parallèles, qui annonce la très mauvaise nouvelle à notre sorcière bien-aimée.
Bayo se voit alors confier la mission de voyager à travers les dimensions pour réunir cinq Rouages du Chaos, tandis que Jeanne, sa fidèle « amie », sera chargée de retrouver le Docteur Sigurd qui saura comment les utiliser pour accéder à l’Alphavers et vaincre la menace qui pèse sur le multivers.
Un scénario toujours assez perché, Bayonetta oblige, mais paradoxalement plus accessible que les deux premiers, avec l’avantage de tenir plutôt bien en tant que stand-alone, pour ceux qui seraient tentés de commencer la série par cet opus, même s’il est clair que celui-ci s’adresse plutôt aux fans de la première heure.
Nous laisserons cependant aux joueurs tout le loisir de découvrir cette nouvelle aventure par eux-mêmes pour nous concentrer un peu plus longuement sur son gameplay.
Dirty Dancing
Comme évoqué précédemment lors de notre aperçu, le combat de Bayonetta repose sur un système d’esquives et de combos : esquiver au bon moment permet de déclencher l’« envoutement » de Bayonetta, et ainsi de ralentir le temps afin d’assaillir l’ennemi de combos dévastateurs pour espérer obtenir la meilleure note possible à la fin de chaque combat, ou, comme le jeu les appelle, verset.
Un système de base similaire aux précédents opus donc, ce qui n’empêche cependant pas Bayonetta 3 de proposer ses propres subtilités : bien qu’il soit toujours possible d’équiper deux sets d’armes et de passer de l’un à l’autre en combat, il n’est maintenant plus possible d’équiper des armes différentes sur les pieds et les mains de Bayo. En contrepartie, celle-ci aura de nouvelles techniques à sa disposition.
La danse de la soumission, que nous avions déjà évoqué et qui permet d’invoquer pendant quelques instants un démon et d’en prendre le contrôle. Chaque démon, déblocable au fur et à mesure de la progression en même temps que l’arme qui lui est associée, propose ses propres spécificités, et ainsi attaque et se déplace plus ou moins rapidement.
Lors de notre aperçu nous avions émis quelques réserves vis-à-vis de ce nouvel élément de gameplay, les premiers démons étant volumineux, parfois lents et avaient tendance à échapper à la vigilance de la caméra.
Nous avons cependant été agréablement surpris par les démons suivants qui offrent bien plus de diversité dans leur façon de jouer. Nous retiendrons par exemple l’Express Terminus, un train démoniaque que le joueur pourra diriger via ses rails et qui viendra vraiment pimenter le gameplay, même si sa prise en main demande un petit temps d’adaptation.
Pour pouvoir pleinement tirer parti de ces nouvelles fonctionnalités, le jeu introduit un système d’arbre de compétences assez simple où le joueur pourra débloquer, avec l’une des trois monnaies du jeu, de nouveaux combos et techniques pour ses armes et démons.
Femme à lunettes…
Bayonetta n’est cependant pas le seul personnage jouable dans cet opus. Nous avions déjà évoqué la possibilité de jouer Viola et Chouchou lors de notre aperçu, qui eux aussi bénéficient de leur propre arbre de compétences et spécificités, mais le joueur pourra également incarner Jeanne à l’occasion de courts intermèdes d’infiltration en 2D.
L’objectif ici sera d’atteindre la fin d’un niveau dans un temps imparti, tout en subissant le moins de dégâts possible et en récupérant certains items afin d’obtenir le meilleur score possible à la fin de l’intermède.
Ces niveaux sont assez courts, et donc assez agréables à refaire afin d’améliorer son score, tout en offrant une pause plutôt bienvenue parmi les séquences plus classiques.
Pour les joueurs les plus complétionistes, le jeu propose également des versions contre-la-montre des chapitres classiques appelés « Vestiges phénoméniques » déblocables sous certaines conditions, ainsi que les traditionnels défis, trouvables hors des sentiers battus dans chaque niveau, qui semblent par ailleurs légèrement plus favoriser l’exploration qu’auparavant.
D’un point de vue plus général que ce soit lors des niveaux classiques ou ceux de Jeanne, pendant les combats contre des ennemis basiques ou les combats de boss, avec leur réalisation ambitieuse bourrée d’effets visuels, le jeu propose une expérience fluide sans aucune chute de framerate, que ce soit en docké ou en mode portable.
… Femme qui ne voit pas bien
Mais si le jeu arrive à maintenir aussi bien ses effets visuels que ses 60 FPS, il n’est pas non plus complètement dépourvu de faiblesses techniques. Ainsi, certaines textures, même si elles ne sont pas si notables que ça au milieu de l’action, font bien ressentir au joueur qu’il est sur Switch. Des faiblesses qui se remarquent également à proximité de chutes d’eau ou d’espaces avec de la fumée, où l’on remarque un aliasing prononcé.
On pourrait également lui reprocher sa caméra parfois approximative, particulièrement si le joueur a le malheur de se placer à un coin de l’arène en combat, ou même pendant une danse de la soumission, où elle restera bloquée sur Bayo alors que l’action se déroule en arrière-plan. Elle peut également s’avérer têtue lors des déplacements dans les niveaux et refuse tout simplement de rester en place lorsque l’on souhaite lui faire prendre un angle différent.
En plus des soucis de caméra qu’elle pose, la possibilité d’invoquer des démons vient au prix des raccourcis qui servaient auparavant aux objets de soin, ce qui oblige le joueur à aller dans les menus pour se soigner, cassant complètement le rythme du combat. Ce dernier problème est cependant relativement subjectif, car l’utilisation des sucettes de soin dépendra du niveau du joueur et de sa propension à prendre des dégâts. Quand bien même ce serait le cas, le jeu est assez généreux avec les objets de soins dans les niveaux et après les combats, du moins en difficulté normale, pour éviter les interruptions intempestives.
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