Annoncé peu après la sortie de Bayonetta 3, Platinum Games a surpris son monde avec Bayonetta Origins: Cereza and the Lost Demon. Loin du Beat’em all très « stylish » mettant en scène une héroïne puissante et sûre d’elle, le titre revient sur les origines de la sorcière avant qu’elle ne devienne la Bayonetta que nous connaissons. Un bon moyen de proposer une expérience différente tout en apportant de la matière au personnage. Inattendu mais globalement enchanteur.
Conditions de test : Nous avons terminé le jeu sur Switch OLED à environ 70%. Nous avons complété le mode histoire et quelques activités annexes.
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ToggleMère Bayo, raconte-nous une histoire
Le jeu nous raconte ainsi l’enfance de Bayonetta, de son vrai nom Cereza, sous la forme d’un conte pour enfant. Nous avons ici une histoire de sorcières et de fées, le tout dans une forêt enchantée, mais on s’approche plus ici des contes originels non édulcorés que d’une adaptation Disney. Sans trop en dire au cas où, notre jeune sorcière se voit ostracisée par son clan en raison des origines de sa naissance. Désireuse de devenir plus forte pour sauver sa mère emprisonnée, elle s’entraîne auprès de Morgana, une sorcière elle aussi recluse. Un jour, Cereza rêve d’un mystérieux garçon qui lui promet de lui donner le pouvoir de sauver sa mère si elle le rejoint dans la forêt d’Avalon. Malgré l’interdiction de sa mentore de s’y rendre, elle décide de s’aventurer dans ce dangereux endroit.
Platinum Games parvient à retranscrire la naïveté et l’innocence de l’héroïne sans pour autant rendre l’histoire enfantine en dévoilant peu à peu la part d’ombre du décor. Cela passe d’abord par la relation avec Chouchou, le premier démon qu’elle parvient à invoquer. A cause de ses pouvoirs instables, le démon ne peut prendre forme que dans sa peluche. Les deux compères ont des objectifs différents et ne s’apprécient guère, mais ont besoin l’un de l’autre pour survivre dans cette forêt hostile. Nous avons donc ce schéma classique du voyage initiatique qui va renforcer les liens de notre duo, mais cela fonctionne parfaitement bien ici.
Ce prequel nous fait d’autant plus apprécier le personnage de Bayonetta que l’on découvre ici très vulnérable et plein de doutes. Il est possible de s’initier à la licence avec cet opus, mais l’affect que l’on a pour Bayonetta joue beaucoup ici étant donné que voir Cereza gagner en maturité dans une aventure dédiée donne bien plus de corps au personnage et à son développement. Même si l’on voit venir quelques révélations, l’ensemble du tableau n’est pas prévisible pour autant et offre de jolis moments épiques, notamment la dernière partie du jeu qui en met plein la vue.
On apprécie également que ce modèle du conte pour enfants soit assumé jusque dans la forme avec des pages qui se tournent à chaque scène (ou encore dans l’interface et les menus) et une narratrice omniprésente et surtout omnisciente car le ressenti des personnages est souvent pertinent dans la narration.
Comme dans un livre ouvert
L’immersion passe néanmoins avant tout par la direction artistique du jeu qui singe parfaitement les livres illustrés avec tous ces dessins faits à la main. En plus de coller parfaitement à cette dimension de conte, cela nous permet de profiter d’un jeu visuellement impeccable et techniquement correct. Même si l’on évolue dans les environnements fermés, l’esthétique du jeu donne un bon sentiment de volume et des décors assez détaillés.
Cette architecture également propice à l’essence même du soft. Contrairement aux précédents jeux Bayonetta qui sont des beat’em all survitaminé à la Devil May Cry (avec la patte Hideki Kamiya), Bayonetta Origins: Cereza and the Lost Demon explore un genre plus conventionel avec de l’action/aventure. Autrement dit, cette aventure mêle exploration, énigmes et combats assez basiques. Cereza n’est pas assez forte pour se battre toute seule, mais elle peut faire appel à son démon pour l’aider en tout circonstance. Lorsque l’on déploie la bête, nous pouvons contrôler les deux personnages à la fois, le côté gauche de la manette pour Cereza et le côté droit pour Chouchou.
Contrôler les deux à la fois est assez intuitif sans être trop contraignant, mais cela à pour conséquence de donner des combats assez brouillons et une aventure manquant cruellement de challenge. Le but de notre duo est de ramasser des noyaux élémentaires de la forêt ce qui permet à Chouchou d’arborer plusieurs formes et de profiter de capacités spéciales. En forme plante, il peut par exemple déployer sa langue sur des crochets pour déplacer des objets ou retirer des boucliers ennemis en combat. Cereza a surtout un rôle de support étant donné qu’elle peut immobiliser un court instant les ennemis avec sa magie, toutefois elle est la seule à prendre des dégâts. Il suffit de la mettre un peu à l’écart et frapper sans trop réfléchir avec Chouchou pour se sortir de toutes les situations.
Les développeurs ont sans doute eu peur de trop en faire avec cette mécanique de double contrôle, malheureusement cela rend le jeu beaucoup trop facile même dans une optique d’accessibilité pour que des néophytes découvrent la franchise. C’est dommage car le titre est assez complet et est même très agréable dans son exploration. Platinum Games aurait pu se permettre un peu plus de folie étant donné que dans l’état actuel, les arbres de compétences (un pour Chouchou et un pour Cereza) et les potions ne servent pas à grand-chose. Même le bestiaire assez diversifié n’est pas vraiment exploité à son plein potentiel.
Le Chouchou de ces dames
Malgré cette grosse faiblesse, on prend plaisir à parcourir cette forêt d’Avalon de bout en bout. Le jeu est loin d’être avare en contenu car vous pouvez toujours explorer la forêt pour sauver tous les enfants de la forêt ou bien en récupérant tous les souvenirs disséminés. Attendez-vous à une vingtaine d’heures en ligne droite sachant que vous pouvez désactiver les indications pour vous perdre un peu plus. Nous avons également une histoire bonus après avoir terminé le jeu ainsi que la possibilité de refaire les « Tir na nOg » pour améliorer vos performances. Il s’agit de petits donjons avec un gros parcours à énigme ou une grande arène avec plusieurs vagues d’ennemis.
En plus de faire quelques références marquantes aux anciens jeux, la musique de Bayonetta Origins: Cereza and the Lost Demon est un vrai petit bonbon pour les oreilles. En outre, les doublages anglais et japonais sont impeccables, en particulier les narratrices dans les deux langues qui offrent une performance très convaincante.
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