A l’heure actuelle, on compte déjà bon nombre de jeux en musou, genre popularisé par la saga Dynasty Warriors, qui consiste notamment à participer à des batailles grandioses où dézinguer 1000 ennemis par mission paraît tout à fait naturel. Après One Piece Pirate Warriors 3, plus récemment Attack of The Titan ou encore Arslan, Omega Force nous propose une autre adaptation d’un manga : Berserk, œuvre mythique de Kentaro Miura, avec Berserk and The Band of The Hawk sur PS4, PS Vita et PC. Même si l’on pourrait penser sur le papier que le genre du musou sied parfaitement à ce manga, la conversion est-elle réussie ? C’est ce que nous allons voir tout de suite avec le test de la version PS4.
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Pour commencer, il faut savoir que le jeu, malheureusement intégralement en anglais (heureusement avec les voix japonaises), propose en gros trois modes de jeu : le mode Histoire, le mode Libre et le mode Eclipse sans fin (« Endless Eclipse »). Le premier propose évidemment de suivre le parcours de Guts, héros de Berserk, du début de l’aventure qui commence par l’arc Golden Age pour terminer par l’arc Falcon of the Millennium Empire. Autant dire que l’aventure promet une certaine longueur, tout du moins si l’on se fie au manga, nous y reviendrons plus loin.
Dans ce mode, chaque mission se débloque au fur et à mesure, avec la possibilité de choisir avec quel personnage l’on souhaite combattre… du moins de temps en temps seulement. En effet, environ 90% des missions doivent être obligatoirement effectuées avec Guts (cohérence du scénario original oblige), ce qui n’est fondamentalement pas une mauvaise chose étant donné qu’il reste le meilleur personnage du jeu, mais cela reste trop restrictif pour un jeu de type musou, ce qui est plutôt dommage.
Et si l’on appréciera le fait que les missions soient nombreuses (environ une petite cinquantaine), il est néanmoins regrettable de constater que certaines d’entre elles soient un peu trop anecdotiques et donnent l’amer impression d’être des missions « de remplissage » sans aucun intérêt et avec des ennemis complètement random à affronter. Ces missions sonnent profondément faux et semblent simplement destinées à rallonger artificiellement la durée de vie du mode histoire, qui doit avoisiner la vingtaine d’heures environ.
Les missions consistent, bien généralement et comme dans tous les musou, à combattre et défaire les généraux ennemis lors de grandioses batailles, afin de faire tourner le combat à l’avantage de votre camp. Il peut arriver aussi de devoir venir en aide à des équipiers en difficulté, sous peine de risquer de perdre une bataille en perdant un personnage essentiel. Chaque mission possède en effet une condition de défaite qui, si elle est atteinte, provoquera l’échec immédiat de la mission. Bien souvent, cette condition est la mort d’un personnage en particulier. Malheureusement, c’est à peu près tout dans la mesure où les objectifs varient assez peu. On a donc tendance à se rendre aux objectifs indiqués sans vraiment trop réfléchir.
Le but est donc de remplir la condition de victoire sans rencontrer d’accroc. Le principe est donc relativement simple… tout comme la difficulté de base des missions qui l’est aussi d’ailleurs. En mode normal, l’aventure est une véritable promenade de santé, à tel point que nous n’avons pas perdu une seule fois durant l’intégralité de la campagne… nous conseillons donc vivement de jouer en mode Difficile ou Berserk, pour les plus audacieux qui n’auraient pas trop envie de se balader.
Une jouabilité très accessible mais un peu trop simpliste
Les commandes en combat sont en outre très accessibles. En pressant carré, on frappe avec un coup simple, et avec triangle, on assène un coup puissant que l’on peut charger. Pour le reste, il est possible d’esquiver par un dash à l’aide de la touche croix, de parer avec la touche L1, ou encore d’utiliser des consommables ou des armes à distance (couteaux, bombes, arbalète, etc.) avec R1. Notons aussi que la touche L2 permet d’appeler son cheval. Pour passer rapidement sur celui-ci, notons qu’il n’est utile que pour traverser rapidement de grandes étendues. Au combat, il est passablement inutile étant donné la maniabilité rigide de notre personnage lorsque l’on est sur son canasson.
Les combos réalisables sont extrêmement basiques, pour ne pas dire relativement pauvres. Effectivement, on a la possibilité d’enchainer jusqu’à 5 coups avec carré et selon le niveau de votre personnage, de faire un combo de plus en plus poussé avec la touche triangle, explications. Au début, avec un niveau relativement bas, on peut par exemple frapper une fois avec carré et enchainer une fois avec triangle. Ensuite, plus notre personnage gagne des niveaux, plus l’on peut faire des combos longs comme deux fois carré puis triangle, trois fois carré puis triangle, etc. Bref, cette simplicité rend le titre certes intuitif et donc très accessible, mais l’on aurait apprécié un système un peu plus poussé, histoire d’éviter toute monotonie.
Autrement, notre personnage dispose aussi de deux autres jauges, en plus de celle de vie. Enchainer les attaques permet en effet de monter la jauge de frénésie, située en-dessous de la barre de vie et qui, une fois pleine, permet d’activer son mode dédié du même nom, et d’occasionner ainsi nettement plus de dégâts à l’ennemi, mais pas seulement. En mode frénésie, enchainer les coups permet de monter la jauge de coup fatal qui permet d’asséner une attaque ultime provoquant d’énormes dégâts autour de son héros. Cette attaque est particulièrement dévastatrice et permet de se sortir de pas mal de mauvais pas, surtout face aux boss. Bien que ces capacités soient très jouissives, elles participent d’autant plus à rendre le jeu très simple, à tel point que l’on finit par user et abuser mécaniquement de celles-ci, sans trop réfléchir.
En revanche, il ne fait aucun doute que les combats en eux-mêmes donnent une véritable impression de puissance dès les premières minutes. On prend un véritable pied à se jeter dans la bataille pour découper chaque ennemi qui passe à notre portée ! Comme nous l’avons souligné, les combats sont on ne peut plus simples en mode normal, et les seuls moments qui devraient vous faire suer (et encore) sont les combats de boss. Et on ne parle pas des boss humains ni même des créatures d’une taille raisonnable, pas compliqués du tout, mais plutôt des boss comme les personnages de Zodd, Wyald et d’autres encore plus imposants. La principale raison à cela est que la caméra se montre extrêmement capricieuse et a parfois beaucoup de mal à suivre l’action correctement pour peu que vous changiez brusquement de directement, rendant certains moments très désagréables.
C’est particulièrement le cas lors d’affrontements contre de « gros » boss capables de nous envoyer valser relativement loin, ce qui fait que l’on peut rapidement se retrouver aculé dans un coin. Le boss est alors collé à nous sans pouvoir s’en sortir et là, c’est le drame. La caméra est coincée dans le mur derrière nous, on voit le boss qui s’acharne sur nous, pauvre chose impuissante, sans pouvoir faire grand-chose. Et lorsque l’on parvient à s’en sortir et que l’on ne fait pas suffisamment attention, le boss nous renvoie directement dans les cordes. Bref, les combats de boss deviennent rapidement brouillons, frustrants et agaçants, sans pour autant être particulièrement difficiles.
Quand on alterne le bon et le moins bon
Par ailleurs, plus l’on progresse dans les missions et plus cela devient difficile, mais la montée en niveaux et la possibilité de s’équiper est un très bon atout… sans doute trop. Effectivement, si les niveaux permettent de monter toutes les statistiques de base comme la vie, l’attaque, la technique, la défense et ainsi de suite, cela reste assez minime, ou en tout cas suffisamment progressif suivant la difficulté du jeu. Mais c’est sans compter sur la possibilité d’améliorer les équipements que l’on récupère au cours des batailles ou dans la boutique entre chaque combat. Il est ainsi possible d’équiper ses personnages d’anneaux et autres colliers (maximum trois) afin de booster ses statistiques.
Et très rapidement dans le jeu, nous avons même la possibilité d’améliorer les caractéristiques de nos équipements grâce à des matériaux, eux aussi récupérables en boutique ou au combat. Bien que les améliorations et matériaux semblent coûter relativement cher, l’argent gagné coule tellement à flot à chaque mission qu’il est très simple de booster ses équipements afin de très vite devenir puissant. Cette option rend d’ailleurs le jeu simple, et ce assez rapidement… et c’est sans parler d’une fonction que l’on acquiert bien plus tard et qui permet de fusionner ses équipements pour en cumuler les effets. Bien que cette fonctionnalité soit intéressante et permet de créer des objets très efficaces, tout devient vite très simple. En somme, bien que l’accessibilité du titre soit un atout, il est regrettable qu’un mauvais équilibrage de la difficulté rende le tout beaucoup trop aisé.
Poursuivre sur le mode Histoire, on peut souligner que la trame du manga est plutôt bien respectée, tout du moins dans les grandes lignes, ce qui n’est déjà pas si mal. Le plus gros regret est que le jeu n’ait pas été traduit. Cela ne gêne pas vraiment la compréhension globale de l’histoire, le niveau de langage étant relativement accessible, mais l’effort aurait été agréable afin d’apprécier au mieux l’aventure. Par contre, on soulignera l’effort d’avoir intégré des cinématiques sous forme d’anime et qui se trouvent être fort bien réalisées ! Malheureusement celles-ci ne sont pas disponibles pour l’intégralité de l’aventure mais plus ou moins jusque l’arc de l’éclipse, ce qui est vraiment dommage tant elles favorisaient l’immersion. Pour compenser, Omega Force a ensuite intégré des cinématiques exploitant directement le moteur du jeu mais elles sont bien moins nombreuses et surtout moins savoureuses… tristesse.
Mais si l’on souhaite approfondir le background, il est également proposé au joueur de pouvoir, entre les différentes missions, assister à des saynètes montrant des conversations entre différents protagonistes. L’intention est plutôt louable et cela participe bien à enrichir l’aventure, surtout si l’on n’est pas familier avec l’univers du manga, mais ces moments souffrent d’une mise en scène et d’animations vraiment trop simplistes, composées de téléportations de personnages ou de mouvements du corps beaucoup trop mécaniques, rendant les scènes trop artificielles malgré un casting vocal à la hauteur dans l’ensemble du jeu…
Un contenu limite mais une réalisation honorable
Pour en revenir aux différents modes de jeu disponibles dans Berserk and The Band of The Hawk, comme dans n’importe quel musou, un mode Libre est disponible. Celui-ci propose de refaire les missions du mode Histoire déjà débloquées, sans aucune restriction de personnages ou d’équipements, ce qui est plutôt pratique pour se faire plaisir sur les missions les plus plaisantes du mode Histoire. Enfin, un mode Eclipse sans fin est également disponible et propose cette fois d’enchainer une infinité de niveaux où le but est d’effectuer des missions permettant d’obtenir beaucoup d’argent, des matériaux et surtout des éléments uniques que l’on ne peut obtenir que par ce biais, comme certains personnages, de nouvelles montures ou des tenues spéciales.
Lorsque l’on lance le mode Eclipse, le but est de s’enfoncer de plus en plus profondément dans les niveaux. L’on choisit donc une mission qui devra être menée sur cinq niveaux différents, après quoi elle se termine et offre des récompenses et de l’expérience (beaucoup !). On se trouve alors à la couche numéro cinq. Ensuite, sans que notre vie ne se régénère, on continue notre descente, en choisissant une nouvelle mission et en continuant à progresser plus profondément, avec une difficulté de plus en plus prononcée, de cinq en cinq niveaux. Ce mode est sans doute le plus exigeant mais apporte en contrepartie des bonus inestimables. En somme, il s’agit surtout d’un mode destiné aux joueurs auxquels le mode histoire n’aurait pas suffi et qui souhaiteraient débloquer tout le contenu du jeu avec un challenge à la hauteur.
Même si certains pesteront contre un manque de générosité dans le nombre de modes de jeu disponibles lorsque l’on compare aux autres jeux de ce type (One Piece Pirate Warriors 3 par exemple), le soft est tout de même capable d’occuper un certain temps, surtout si l’on a envie de tout débloquer et de monter chaque personnage, aussi peu nombreux soient-ils (une petite dizaine au total, ridicule pour ce type de jeu !). En comptant le mode histoire et le reste du contenu, on peut aisément arriver à 35 ou 40 heures de jeu, ce qui n’est pas si mal. Mais l’on reste tout de même dans une moyenne tout juste correcte pour un musou. On se doute que le budget assigné pour le développement y est pour quelque chose, mais on ne peut s’empêcher d’avoir malgré tout quelques regrets.
Pour le reste, Berserk and The Band of The Hawk est d’une qualité plus que correcte d’un point de vue technique, visuel et sonore. Visuellement, les personnages sont plutôt agréables à regarder avec une patte cel-shading du plus bel effet ! La faiblesse est à aller chercher du côté des environnements, avec un niveau de détails vraiment pas à la hauteur. Mais c’est malheureusement monnaie courante pour un jeu de ce type et qui se doit d’assurer côté technique, ce qu’il fait plutôt brillamment. Le titre parvient en effet à afficher de très nombreux ennemis à l’écran sans trop sourciller. On notera parfois quelques ralentissements dans les moments où l’écran est trop surchargé d’ennemis et d’effets en tout genre (le feu notamment), ce qui est inévitable, mais il parvient toujours à rester jouable et agréable à chaque instant. On peut donc pardonner les quelques concessions graphiques qui ont été faites.
Comme dit précédemment, le casting vocal est également qualitatif, même si l’on constate parfois la réutilisation d’un même doubleur pour différents personnages… mais rien de bien méchant. Le doubleur de Guts, de Casca ou de Griffith sont parmi les plus convaincants, et c’est un réel plaisir de les entendre ! Les musiques restent également bien cohérentes dans l’ensemble, parvenant à se montrer légères dans les moments adéquats, mais aussi sombres et inquiétantes lorsque l’histoire l’exige… et c’est assez fréquent. L’aspect sonore n’était vraiment pas à négliger en termes d’immersion, l’on apprécie donc l’effort qui a été fait.
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