Présenté lors de la deuxième édition de l’AG French Direct, Best Day Ever, le jeu narratif de gestion indépendant développé et édité par l’entreprise lyonnaise ReRolled Studio, sort ce 7 juin sur PC via Steam. Après nous avoir laissé sur une démo prometteuse fin mars dernier, le jeu complet mérite-t-il notre attention ? Réponse dans ce test.
Conditions de test : Test réalisé sur un PC possédant une mémoire vive de 8 Go de RAM et équipé d’un processeur Intel Core i5-9400F (2,9 GHz) et d’une NVIDIA GeForce RTX 2060. La phase d’essai a duré environ 16h, temps nécessaire pour jouer plusieurs fois aux quatre courts scénarios proposés par le titre en modifiant nos choix au maximum. Cet article est garanti sans spoilers.
Vivre à Waters City, ce n’est pas si facile
Se déroulant dans la ville de Waters City, Best Day Ever vous invite à suivre le quotidien pas si tranquille de quatre personnes afin de rendre leurs vies meilleures et vous allez rapidement vous rendre compte que ce ne sera pas évident.
Emma Nadjeur, manager au sein de la société agroalimentaire BisKot, fait preuve de beaucoup d’investissement dans son job mais évolue dans un environnement de travail sexiste difficilement supportable. Jordan Neal est un joueur clé de l’équipe de basket de son université sauf que ça ne l’encourage pas forcément à faire son coming out auprès de ses coéquipiers.
Dans sa fac, Jenny est une bonne élève mais les relations toxiques qu’elle peut avoir avec d’autres étudiants et étudiantes ont tendance à la faire rapidement stresser, voire paniquer, ce qui n’est pas idéal à quelques semaines des partiels. Quant à Paul Hitik, il est candidat aux élections municipales et, bien qu’il ne parte pas favori, c’est peut-être une occasion en or pour lui d’aider les habitants et habitantes de la ville à combattre certaines injustices.
Comme vous pouvez le constater, le titre n’hésite pas à nous confronter à des thématiques sociétales actuelles fortes et il le fait avec maîtrise et justesse. L’écriture reste simple dans son exécution mais cela ne l’empêche pas d’être efficace malgré la présence de très rares incohérences. Quant à la mise en scène, elle est à l’image de la réalisation en 2D imaginée par les développeurs, très sobre, ce qui n’est pas forcément un défaut même si son aspect minimaliste pourrait ne pas plaire à tout le monde.
Moments de joie, de tristesse, de colère, tous les sentiments exprimés par les différents personnages se font uniquement par l’intermédiaire de dialogues écrits qui font très souvent mouche. Même si nous sommes conscients que la manière de ressentir les choses est évidemment propre à chaque individu, on s’attache vite à Emma, Jordan, Jenny et Paul. On veut les aider et, pour cela, jouer chaque scénario une seule fois ne suffit pas.
Et oui, comme toute production narrative digne de ce nom, Best Day Ever propose une bonne rejouabilité avec la présence de nombreux choix à faire durant les dialogues. Mais contrairement à une grande majorité de licences appartenant au même genre, les quatre histoires ne se suivent pas, elles se déroulent simultanément dans le temps (à quelques jours/semaines près).
Les décisions prises par les personnages principaux peuvent donc avoir des conséquences sur le quotidien des autres mais celles-ci ne seront visibles qu’en relançant un chapitre depuis le début. Autrement dit, les protagonistes devront peut-être se croiser entre eux à un moment donné pour tenter d’obtenir leur fin heureuse.
Même si on regrettera la présence de quelques choix illusoires aboutissant au même dialogue ou qui n’ont pas un impact aussi important qu’espéré malgré le sujet, parfois grave, abordé, ce qui est un peu frustrant, la mécanique est particulièrement bien huilée d’autant plus qu’il faut également faire preuve de réflexion pour avoir accès à plusieurs décisions phares.
Pour choisir, il faut savoir gérer sa vie
Si la principale force de Best Day Ever réside dans son écriture, il ne faut pas oublier qu’il s’agit aussi d’un jeu de gestion. Tout au long de leur propre scénario, Emma, Jordan, Jenny et Paul auront des buts personnels et professionnels à atteindre. Pour y parvenir, vous devrez gérer efficacement leur planning à différents moments clés de la journée (9h, 12h, 15h, 18h, 21h) tout en affrontant les nombreux aléas du quotidien.
Quand faut-il travailler, aller en cours, s’entraîner, se reposer, sortir avec des amis, se rendre à une manifestation, réviser pour les examens, aller boire un verre… Tout ça, ce sera à vous de le décider et la tâche ne sera pas aisée car, plus vous progresserez, plus vous risquez d’être confronté(e)s à des objectifs qui viendront vous mettre des bâtons dans les roues mais qui vous donneront accès à des choix très utiles si vous les accomplissez.
Chaque action ou presque fera diminuer votre barre d’énergie et déclenchera parfois des séquences vous demandant de faire un choix. En fonction de la situation, vous débloquerez automatiquement plusieurs décisions tandis que, dans d’autres circonstances, il faudra faire appel à vos points d’éloquence, de moral, de physique ou encore de courage pour faire usage d’une ligne de dialogue spécifique.
Notez également que chaque personnage dispose d’un téléphone portable lui permettant de rester en contact avec ses amis, collègues et connaissances. Il répertorie également l’historique des SMS reçus, l’agenda regroupant uniquement les rendez-vous jugés comme étant les plus importants (pour les autres, vous devrez faire travailler votre mémoire) et le traditionnel inventaire.
Vous l’aurez compris, la narration et la gestion sont étroitement liés et l’équilibre entre ces deux aspects est tellement bien dosé que vous rendre dans certains lieux à telle date et pas à une autre vous déverrouillera un chemin que vous n’avez peut-être jamais découvert même si vous avez déjà recommencé plusieurs fois le même scénario. Une agréable surprise qui renforce habilement la rejouabilité du titre.
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