Cocorico, Bibots est un rogue-lite français indépendant développé par les nordistes de Square Squid. Fort d’un très long développement, d’un ravalement de façade salvateur en cours de route, et de nombreux passages remarqués lors de notre évènement annuel AG French Direct, Bibots est enfin sorti, et a de sérieux arguments pour espérer concurrencer certains mastodontes du milieu. Au delà d’un roguelite classique, le titre nous permet de faire appel à 5 Bibots (des robots) aux caractéristiques différentes et préalablement choisies avant une partie. Ceci afin de réussir à terminer les différents niveaux, et diminuer quelque peu la teneur en sel de l’expérience.
Conditions du test : Nous avons joué une quinzaine d’heures au jeu sur PC avec une manette PS4.
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Si tant est que vous ayez déjà touché aux grands noms du genre comme Binding of Isaac, Hades, ou encore Enter The Gungeon, vous ne serez probablement pas dépaysé par Bibots. Le but ici sera de progresser à coup de pétoires dans des niveaux générés aléatoirement, améliorer son personnage en cours de route, et se défaire du boss de la zone afin de passer au biome suivant. La mort vous faisant bien évidemment recommencer à zéro.
S’il y a bien un point sur lequel on peut dores et déjà féliciter Bibots, c’est sur la fluidité de son action. Tayar, notre avatar explorateur, virevolte de façon effrénée entre les tirs adverses à l’aide d’un dash très permissif, et l’élégance des animations pimente un spectacle visuellement réjouissant. Les explosions, les tirs, les effets élémentaires comme le feu ou la glace sont également très réussis. Le titre de Square Squid a fait peau neuve en cours de développement et le moins que l’on puisse dire, c’est que le résultat est convaincant.
On regrettera cependant quelques soucis de visibilité lors des affrontements trop chargés. Lorsque l’on dispose de nombreuses améliorations d’arme provoquant saignement, poison, gel, ou explosion, difficile de discerner quoique ce soit dans ce festival d’effets tape à l’œil. Les points de vie deviendront la prunelle de vos yeux, et se prendre une balle perdue à cause d’écrans parfois trop chargés a le mérite d’agacer.
Des mécaniques bien huilées
Là où Bibots brille également, c’est sur la variété de son arsenal, et les possibilités qui vous sont offertes pour le modifier à votre guise. Les armes sont en effet extrêmement nombreuses en comptant les déclinaisons de chacune d’entre elles, parfois déjà modifiées lorsque vous les ramassez. Ajouté à cela, Bibots dispose d’un système de puces à intégrer à vos pétoires. Ces puces doteront vos balles d’effets variés allant de l’explosion au saignement, en passant par d’autres effets plus originaux comme des projectiles scindés en deux et tournoyant sur eux mêmes ou se divisant à l’impact. Toutes les puces sont intégrables à toutes les armes. Commence alors un véritable petit atelier d’expérimentations, dans lequel on cherchera les meilleures combinaisons possibles pour notre équipement.
À chaque fois que vous viderez une salle de ses adversaires, vous gagnerez de l’expérience afin de monter de niveau, et aurez le choix entre trois spécialisations : Dégâts, soutien, ou Bibots. Selon votre préférence, vous vous verrez gratifiés d’un point de vie supplémentaire, de dégâts augmentés, ou d’une durée accrue lorsque vous activez votre Bibots. Puis, comme si cela ne suffisait pas, vient le choix entre 3 autres compétences passives liées à la spécialisation sélectionnée. Inutile de dire qu’entre la variété d’armes, de puces, de passifs qui s’entremêlent et peuvent interagir entre eux, Bibots est une ode à l’expérimentation, et devient sur ce point précis, vraiment jouissif.
Au rang des autres bonne idées, la possibilité de se téléporter depuis n’importe quelle salle à une autre via une simple pression de touche. Vous avez trouvé une clé de coffre mais ce dernier est à l’autre bout de la zone ? Pas de problème, vous y reviendrez en un claquement de doigts. De même, lorsque l’on a accumulé suffisamment de creebucks (la monnaie du jeu), il est agréable de pouvoir se téléporter chez le marchand en un rien de temps. On en revient à la fluidité de l’action que Bibots semble chérir par dessus tout, et on ne va certainement pas s’en plaindre.
Hard to learn, hard to master, et la RNG au firmament
Oui mais (car pour l’instant tout était trop beau), qu’il est rare de profiter de tous les bon points cités plus haut. Difficile, Bibots l’est assurément. Le problème étant qu’il ne se paie pas le luxe de l’être progressivement. Le titre peut s’avérer impitoyable dès les premières secondes si la RNG le décide (comprendre : le hasard de la génération de la carte). À peine arrivés dans le premier biome et ramassé notre premier gun, il est tout à fait possible de rencontrer des ennemis en surnombre, rapides, projetant des salves épileptiques de projectiles sur notre pauvre Tayar niveau 1 armé d’un pistolet à billes et de 3 pauvres points de vie.
Les premiers affrontements sont donc non seulement très douloureux, mais ont aussi la fâcheuse tendance à s’éterniser selon notre arme de départ (choisie elle aussi aléatoirement). Et on deviendra bien vite adepte de la recharge de partie afin d’être un peu mieux fourni. Le véritable souci étant que certaines armes ne s’avèrent tout simplement pas viables pour commencer, et il n’est pas rare de mourir dès les premières salles tant les dégâts manquent, ou si l’arme de départ dispose de balles allant à la vitesse d’un escargot.
Autant le dire, Bibots ne fait pas de cadeaux. Il en fait même bien trop peu à notre gout, et l’on se sent très rarement récompensé. Si au sein d’une run vous trouverez moult coffres avec des accessoires et des armes épiques, beaucoup d’argent et des puces légendaires, dans l’autre vous ne trouverez que larmes et désespoir. Parfois, la carte sera minuscule et ne comptera qu’une poignée de salles avant d’arriver au boss. On sera donc dans l’incapacité de s’équiper convenablement, rendant la complétion du niveau impossible. Parfois généreuse, souvent complètement absurde, la RNG est ici reine, et se range tranquillement au rang des plus grandes aberrations du genre. On espère qu’un patch réglera ces problèmes sous peu.
Plaisir coupable
Malgré tout, Bibots conserve un sacré gout de reviens-y. Dans l’espoir de tomber sur une run plus clémente, on relance toujours une partie bon gré mal gré, en dépit de l’incertitude constante de pouvoir avancer. Ces problèmes d’équilibrage sont néanmoins très problématiques et nuisent clairement à l’expérience de jeu, qui n’est d’ailleurs pas exempte de soucis plus mineurs mais tout aussi inconfortables.
On pense par exemple à l’ergonomie des menus pas bien pratiques, à ces ennemis hors champs qui vous atteignent d’un endroit où vous ne pouviez les voir puisque la caméra a le bon gout de ne pas englober l’entièreté des salles (encore une aberration au vu de la difficulté du jeu), ou encore à ceux qui se téléportent en un éclair sur votre position, inévitables et causant la perte d’un point de vie qui aurait pu faire la différence.
Parfois, certains pans de murs partagent la même texture que le sol, s’apparentant à des chemins empruntables et signant inévitablement votre arrêt de mort lors des affrontements chargés, toutes ces petites choses qui font de Bibots un jeu souvent injuste, frustrant et en manque d’équilibrage, qui a pourtant toutes les cartes en main pour être un des meilleurs rogue-lite indépendants de l’année. On prie alors très fort pour que l’équipe de développement règle tous ces problèmes, pour offrir l’expérience digne de ce nom que le jeu mérite.
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