Précisons que Black Mirror n’a rien à voir avec la série de Netflix. Dans la trilogie originale, nous suivions l’enquête de Samuel Gordon et Darren Michaels à propos de la malédiction du miroir noir qui poursuit la famille Gordon sur plusieurs générations. Pour ceux qui découvrent la licence, il n’y a aucunement besoin d’avoir fait les anciens jeux pour profiter pleinement de celui-là.
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ToggleDavid Gordon, mystères et compagnie
Nous sommes en 1926 dans une campagne écossaise, David Gordon débarque pour la première fois dans le manoir familial après le suicide de son père. Ce dernier aurait été atteint par la folie, mais les circonstances de sa mort restent tout de même floues. Il faut dire que la famille Gordon est source de nombreuses histoires qui s’étendent sur plusieurs générations. Notre héros va donc tenter de découvrir ce qui se trame vraiment dans ce coin isolé grâce au peu d’indices que lui a laissé son géniteur. Quand on arrive sur les lieux, nous faisons la connaissance des personnages récurrents comme la grand-mère de David, le majordome ou le jardinier. Tous ont un comportement étrange voire hostile qui est une source d’interrogation continuelle pour le joueur, un premier bon point. L’intrigue prend principalement ses inspirations dans les œuvres les plus sombres de la littérature comme ceux de Lovecraft ou d’Edgar Allan Poe, d’ailleurs la bibliothèque n’hésite pas à nous le rappeler en citant quelques passages de ces illustres auteurs. Les amoureux d’enquêtes où la folie se mêle à la réalité, le tout saupoudré d’un soupçon de fantastique ne seront pas déçus. Mystères, secrets de famille, domaine de l’occulte, tous les ingrédients sont là et on suit avec grand intérêt les pérégrinations de David.
Lors de la gamescom 2017 de Cologne, un des développeurs nous avait donné la durée de vie du jeu qui était aux alentours des 10 heures. Un peu court certes, mais justifié par un désir de ne pas assommé le joueur avec une histoire trop longuette. Après avoir terminé le titre, on peut dire que l’on ne partage pas vraiment cet avis. On constate un problème de rythme, le début est très bon puis tout s’enchaîne très rapidement. Certains aspects auraient mérité d’être plus étalés ou d’être traités avec plus de rigueur. De ce fait, nous avons beaucoup de zones d’ombre dans le scénario.
Un point’n click narratif n’est pas un point’n click
Black Mirror est avant tout un jeu narratif, et c’est bien là le problème. Comme on le disait, l’histoire est bonne mais reste moyenne à cause des défauts précédemment cités. Le gameplay emprunté au point’n click ne rattrape pas vraiment le reste. L’influence des productions à succès comme ceux de Telltale ou de Quantic Dream ne sont pas forcément très saines pour ceux voulant se rapprocher de ses derniers sans disposer des même forces en béton armé (scénario, mise en scène…). C’est dommage, car certaines énigmes sont plutôt bien inspirées, mais sont trop peu nombreuses et le reste correspond plus à du remplissage bête et méchant. Même les choix de dialogues n’ont aucune incidence alors que l’on pourrait penser le contraire en premier lieu. Au début du jeu, l’avocat de la famille nous pose une question avec pour choix : « mentir » ou « dire la vérité ». Quelle incidence sur le déroulement ? Nous ne le saurons jamais. Le côté posé de la progression possède un charme particulier dans les softs du genre, malheureusement là encore, les ajouts de QTE et autres événements du même acabit n’apportent absolument rien et renforcent le sentiment de remplissages inutiles pour combler un gameplay pauvre.
Les lecteurs de romans lovecraftiens savent que les protagonistes sont souvent tourmentés et finissent au seuil de la folie. Cet aspect est maladroitement mis en avant dans le jeu via un QTE où l’on doit garder un curseur sur un cercle en mouvement. Des titres comme Amnésia ont fait bien mieux de ce côté-là. Nous sommes donc déçu en terme de gameplay et la progression linéaire sans véritables « à-cotés » rend le tout un peu trop expéditif. David est également capable d’avoir des visions du passé, encore une fois, on se demande vraiment qu’elle est la pertinence de tels moments. Il est possible de se prendre un game over si l’on se rapproche trop des silhouettes fantomatiques mais il faut vraiment le vouloir.
Sombre est mon écran
D’un point de vue graphique, l’ambiance est plutôt réussie. Même si la caméra, sous ses faux airs de Resident Evil, est parfois pénible, les balades dans les différentes pièces du manoir et les extérieures sont agréables. En témoigne une super vue au bord d’un lac. Les jeux de lumière sont bons mais les développeurs ont visiblement un peu trop joué sur l’obscurité. Surtout quand le peu de lumière émise par la bougie provient d’une acolyte aussi lente qu’un escargot (heureusement sur PC, baisser la qualité de certains paramètres permet de contourner un peu le problème). Toutefois, ne vous attendez pas à quelque chose d’exceptionnel sans parler de l’aspect technique qui n’est clairement pas son point fort. Le retard constaté est facilement pardonnable mais l’amassement de petits détails ne joue pas en la faveur du soft de King Art Games. Notamment les bugs (dans notre cas l’inventaire et le journal de quête avait disparu) et les temps de chargement qui peuvent casser le rythme de certaines scènes. En revanche l’ambiance sonore est correcte avec des silences quand il faut et des thèmes inquiétants qui font leur effet. Les doublages sont particulièrement réussis, et il faut dire que la langue de Shakespeare se prête évidemment parfaitement à cette aventure se déroulant en Ecosse.
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