Black The Fall nous sort tout droit d’un petit studio Roumain qui nous offre l’opportunité de se plonger dans un univers bien à part. En effet, le jeu prend place dans un monde où le communisme fait rage et semble avoir fait des ravages. Résoudre des énigmes sera la seule chance de sortir de cet enfer, mais est-ce que le joueur ne préférera pas se résoudre à abandonner face à la fatalité ?
C’est la lutte finale !
Dès le départ, le personnage que nous contrôlons décide de se faire la malle pendant que les ouvriers vont au charbon. Sans un mot ni une exclamation, l’évasion commence en silence dans un univers lui aussi étrangement silencieux, pesant et mécanique. Oh la transition est toute trouvée car le jeu ne tarde pas non plus à nous exposer ses mécaniques de puzzle et d’infiltration, histoire qu’on comprenne bien de quoi il en retourne. Dès les premiers pas, on comprend aisément que les éléments en rouge ne sont pas simplement l’expression de l’oppression communiste mais la source directe de danger ou de blocage.
Ainsi, la première porte fermée que nous rencontrons est sécurisée par une marque rouge au sol, qui a pour effet de déclencher un automate qui viendra nous envoyer dans l’au-delà. Le seul moyen d’ouvrir la porte semble être de faire fonctionner temporairement les machines de production afin de fuir l’automate de sécurité. Avant même d’avoir le temps de souffler, le couloir dans lequel nous nous engageons semble donner pile poil dans le faisceau d’une autre tourelle malfaisante.
Et cette fois-ci nul besoin de courir car la sentence serait immédiate. Que faire alors ? Le temps de la réflexion se pose, mais très vite nous remarquons un élément de décor qui vient couper le faisceau. L’opportunité est là, il faut donc la saisir pour traverser sereinement la passerelle. Plus loin encore, c’est un garde bien gras à la visière rouge qui bloque le passage. Cette visière elle aussi laisse un faisceau lumineux traverser le décor, si ce dernier vous touche, là encore la sentence est irrévocable : une mort assurée survint dans la seconde. Donc si l’adresse et la patience suffit à passer la sécurité, les gardes, eux, nécessitent aussi de la discrétion. En effet, courir près d’eux pour leur échapper est vain, il faut rester cacher et surtout être silencieux quand nous sommes à proximité.
Bien entendu, le danger ne se résume pas à ces seuls éléments de la sécurité. Effectivement, le décor est un élément qui a son importance car il n’est pas seulement là pour vous offrir des cachettes, il est aussi là pour vous poser quelques problèmes. Par problèmes nous entendons majoritairement « énigmes », car les dangers directs qu’ils peuvent représenter (le feu, la vapeur etc…) sont loin d’être de réelles sources de stress. Ces énigmes jouent principalement avec des effets généralement pas très difficiles à comprendre (bascule, poids, chocs etc), néanmoins il arrive parfois que ces éléments ne nous viennent pas tout de suite à l’esprit, sinon quel intérêt de nous proposer des énigmes ?
Pour se débloquer des situations il faudra simplement un peu de patience histoire d’observer correctement l’environnement et les effets des mécanismes mis à disposition. Parfois, les développeurs aident un peu en laissant carrément une pancarte avec un schéma qui aide à ne pas se sentir perdu. Dans tous les cas, rien d’insurmontable n’est à prévoir (sauf peut-être quelques-unes…). Forcément, Black The Fall ne va pas tarder à combiner tous ces éléments pour complexifier les situations. Ce qui va nous amener à utiliser un gadget fort utile à notre progression : le pointeur laser.
Ce dernier va tout simplement permettre d’activer quelques mécanismes à distance, mais surtout donner des ordres à certains alliés temporaires, notamment à un petit robot présenté comme notre plus fidèle ami durant l’échappée. Toutefois, le laser n’est pas sans limite. Sa portée est cantonnée à ce que l’on voit à l’écran (ce qui est déjà pas mal) mais les différents faisceaux lumineux (de sécurité, ennemi) bloquent son exécution et nous font repérer si on se risque à cette opération.
Tous ces éléments combinés font que les énigmes de The Black Fall sont toujours différentes même si elles se ressemblent fatalement au cours du jeu. La progression est alors toujours à peu près fluide tout en faisant fonctionner notre cerveau sans pour autant le faire fumer par une frustration intense. En revanche, l’exécution de ces énigmes ne nous transcendent jamais car nous ne sommes jamais mis sous pression, nous ne faisons qu’enchaîner les différents tableaux en quelques heures seulement.
Une fuite entre le marteau et l’enclume
Si artistiquement le jeu laisse une petite emprunte pas désagréable, on regrette toutefois que les développeurs ne soient pas allés jusqu’au bout des choses. L’aspect oppressant du communisme se fait plutôt bien sentir grâce aux éléments mécaniques et industriels, les gris et le rouge etc… car ils appuient efficacement le processus d’identification. Résultats : on sait où est-ce que l’on est et ce qu’on doit fuir… Dans un premier temps seulement. Car une fois embourbé dans les énigmes de l’usine, l’imaginaire ne se focalise plus que sur la résolution de ces problèmes et non plus sur le pourquoi de notre fuite.
Alors certes, parfois on remarque des mises en scène d’arrière plan qui dénoncent une propagande millimétrée et un contrôle des masses. Mais ce n’est qu’évoqué (on aurait voulu plus) et au final nous n’y prêtons plus trop attention au cours du jeu, faute à une mise en avant timide et un personnage inexpressif. C’est d’autant plus vrai que les phases en extérieur ne représentent plus rien d’autre que la misère, une misère par le vide, un désert, pauvre et inexpressif comblé par la présence d’énigmes qui s’enchaînent.
Black The Fall s’aligne évidemment dans l’expression d’un malaise, d’une dénonciation, comme par exemple Limbo ou même Inside pouvaient le faire. Comme dit plus haut, le jeu ne parvient à le faire que ponctuellement. Toutefois sa direction artistique est bien moins tranchée que les deux exemples que nous avons cités.
De plus, le personnage que l’on incarne est inexpressif. Non pas parce qu’il ne parle pas ou qu’il ne crie jamais quand il se fait avoir, mais parce qu’il manque de charisme dans son character design et dans ses animations un peu rigides. Le robot qui nous accompagne transmet plus d’émotion, mais la non réaction et le manque d’interactivité entre les deux personnages rend le tout pas très vivant, ni même attachant. L’aventure en ressort un peu terne il faut le dire, et surtout un peu ennuyeuse à parcourir. D’autre part la bande son, bien qu’honnête, ne se fait même pas remarquer alors qu’elle aurait pu jouer un rôle important dans l’immersion du titre.
Si vous y jouez sur PC nous vous conseillons l’utilisation de la manette car c’est la méthode la plus ergonomique pour parcourir le titre. Rassurez-vous, le jeu est bien jouable avec un clavier et une souris, mais il vous faudra passer en QWERTY car l’AZERTY n’est pas reconnu et il est impossible de paramétrer quoi que se soit dans le menu du jeu, pourtant bien en français. Graphiquement les paramètres se résument à une seule option : l’activation ou la désactivation de la synchronisation verticale. Le jeu n’étant pas très gourmand et bien optimisé (60 fps constants), nous vous conseillons de l’activer pour un confort visuel optimal.
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