Le jeu vidéo français est en plein essor depuis plusieurs années et ceci semble considérablement s’accélérer avec des productions de haute volée comme A Plague Tale : Requiem, mais aussi à venir comme Dordogne, Tchia, Star Wars Eclipse chez Quantic Dream ou encore Assassin’s Creed Mirage chez Ubisoft Bordeaux entre autres. Mais outre ces productions plus ou moins médiatisées, il se peut que de plus petites productions, par la taille de leur équipe de développement et du budget alloué, puissent tirer leur épingle du jeu en nous proposant de véritables expériences uniques.
Dans la course pour remporter les suffrages de vos portefeuilles, Blanc, sorti le 14 février dernier sur PC et Nintendo Switch, pourrait très bien caracoler en tête en ce début d’année. Première production vidéoludique du studio nantais Casus Ludi, ce jeu mettant en scène un faon et un louveteau à la recherche de leurs familles respectives suite à une grosse tempête de neige, a su attirer l’œil du public grâce à sa mise en avant lors d’un précédent Nintendo Direct tandis qu’il bénéficie du soutien d’un éditeur de choix, Gearbox Publising. Alors, tout est-il si noir ou si blanc, là, dehors ?
Conditions de test : Nous avons pu terminer l’aventure de Blanc en solo puis nous avons joué quelques chapitres en multijoueur, le tout essentiellement en nomade sur Nintendo Switch.
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Si vous n’avez pas encore entendu parler de cette production française, sachez brièvement que dans Blanc, vous incarnez donc à la fois un louveteau et un jeune faon, perdus dans une neige immaculée de tout passage et ayant pour seuls indices, quelques traces de pattes dans la poudreuse. En effet, Blanc vous proposera de faire avancer ces deux animaux dans l’inconnu, plutôt à deux joueurs, que ce soit en local ou en ligne, chaque Joy-Con dirigeant l’un des esseulés.
Finalement, l’aventure de Blanc débute tout aussi simplement que le serait les premiers balbutiements d’une jeune amitié d’enfants. Au début, nos deux héros se chamailleront, puis se réuniront, avant d’apprendre à se faire confiance et à compter l’un sur l’autre pour parvenir à leur fin. Une ode à l’entraide, à l’acceptation de la différence mais aussi une sensibilisation à la fragilité de cette faune souvent mise à rude épreuve.
Au terme de son épopée qui vient au bout d’environ 3h si vous bloquez sur quelques énigmes, Blanc aura transmis son message, humble, délicat comme le reste de son aventure, et d’une infinie justesse, bien que l’on aurait aimé un peu plus de profondeur dans celle-ci. Et malheureusement, bien que le jeu se terminera en une petite soirée, ne vous attendez pas à une quelconque rejouabilité, ou presque puisque celle-ci résidera dans une inversion des commandes entre les deux joueurs.
Tout seul ou à deux, c’est possible, mais…
Puisque l’on aborde la possibilité d’inverser ses commandes, il vous faut savoir que dans Blanc, nos deux jeunes trublions ne possèderont pas tout à fait les mêmes possibilités de mouvements, obligeant à la coopération dans de nombreux cas. En effet, le petit faon (en blanc sur l’écran), disposera de la capacité à pousser les objets et d’aider le louveteau à passer des obstacles en lui faisant la courte échelle, tandis que ce dernier pourra mordiller des attaches par exemple ou encore tirer des objets.
Le tout renforcé par l’utilisation de 3 touches uniquement : le joystick pour diriger, une gâchette pour sauter et une gâchette pour les actions spécifiques décrites ci-dessus et pour glisser, et c’est tout. Un gameplay asymétrique la plupart du temps bien pensé, et rappelant sans rougir des jeux récents comme Brothers : A tale of two sons et surtout la nouvelle référence du gameplay coopération et GOTY 2021 des Game Awarts, It Takes Two, tous deux d’ailleurs produits par Josef Fares.
Malheureusement, bien que la plupart des énigmes (et elles sont plutôt nombreuses) soient bien réfléchies malgré quelques unes poussives et rébarbatives (vous penserez à nous lorsque vous rencontrerez des canards), l’aventure ne délivrera la vraie puissance de son périple qu’à deux joueurs, le jeu en solo obligeant le joueur ou la joueuse à contrôler simultanément les deux héros à l’écran, et ralentira considérablement leur progression. La preuve que même si l’expérience est bonne, la jouabilité du titre aurait pu être accrue car il est fort à parier que cet aspect en décevra plus d’un.
Sans vous dévoiler trop d’informations sur l’aventure, nos jeunes héros seront amenés à rencontrer divers congénères durant leur aventure avec par exemple un duo de chiens, qui vous suivra dans vos faits et gestes et reproduira vos actions pour vous aider, tandis qu’une maman canne aura besoin de votre aide pour faire traverser vos petits dans un blizzard glacial. Bien qu’apportant de la fraîcheur et renouvelant l’expérience, certaines de ces séquences demeurent longuettes et un peu poussives, en plus de provoquer diverses situations où la gestion automatique de la caméra couplée à divers bugs de collision n’aideront pas à apprécier celles-ci.
Tout n’est pas aussi Blanc qu’espéré
Si l’on peut facilement admettre sur le fond de l’aventure de Blanc que le jeu demeure efficace malgré les quelques lacunes explorées, il nous faut tout de même aborder le sujet de la forme, qui pourrait parfaitement faire partie des réserves attribuées au jeu. En effet, si l’on met de côté les somptueux paysages tout de blanc vêtus, et dessinés à la main de surcroit, ainsi que la qualité des animations de nos deux aventuriers, il nous faut toutefois signifier notre déception quant à la qualité des textures utilisées, souvent pas assez fines dans quelques cas, surtout en plans rapprochés.
Mentionnons également les quelques chutes de framerate rencontrées lorsque l’action s’emballait un peu (y compris en mode docké), ainsi que, comme mentionné précédemment, de gros problèmes de positionnement de caméra pour la résolution de certaines énigmes. La faute sûrement à une obligation de gérer deux personnages indépendants à l’écran, mais il nous est arrivé parfois d’être bloqués dans le décor tout en essayant de nous dépêtrer à l’aveugle sans possibilité de bouger la caméra à l’envi.
Idem pour quelques interactions à l’écran, souffrant d’un manque de lisibilité dans la construction du level-design par moments, tandis que les contrôles ne répondaient pas tous parfaitement lors de nos commandes. Mais pour finir sur une note positive, il faut noter l’excellent travail sur le sound design et la bande-son en général, composée surtout de quelques musiques et accords mélodieux mais doux et parfaitement dans le thème, tandis que les sons de course sur la poudreuse, les sons de la forêt ou des animaux au loin sont parfaitement retranscris.
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