Blood & Truth aura décidément pris son temps pour sortir. Effectivement, on rappelle quand même que le jeu a été annoncé pour la première fois en octobre 2017 lors de la conférence PGW de Sony. Ce n’est qu’un an et demi plus tard à peu près, soit en ce 28 mai 2019, que le titre exclusif au PlayStation VR est finalement de sortie. Développé par les p’tits gars de London Studio, qui nous avait gratifié auparavant d’une sublime démo technique sur le PlayStation VR avec London Heist, Blood & Truth s’inscrit-t-il comme l’un des titres incontournable du PlayStation VR à posséder dans sa bibliothèque vidéoludique ?
Le jeu a été testé sur PS4 standard et non sur PS4 Pro. On imagine de ce fait que l’expérience sera un tantinet meilleure sur PS4 Pro. Notez également que les images proviennent directement de l’éditeur.
Sommaire
ToggleRyan Marks alias Marky Marks
Mine de rien, Blood & Truth dispose bel et bien d’un scénario, le titre étant présenté comme un jeu d’action avec une pointe de narration. La production made in London Studio nous plonge dans la peau de Ryan Marks, soldat d’élite des forces spéciales. Le jeu débute alors que nous sommes en plein interrogatoire avec Carson, dont l’acteur britannique Colin Salmon – aperçu dans trois films James Bond entre autres – a prêté son visage pour le soft, comme une ribambelle d’autres acteurs.
Ce dernier vous interroge sur les événements antérieurs à votre arrestation. A partir de là, par le biais de quelques flashbacks, vous découvrirez que notre héros devra sauver sa famille, pris en otage par un empire criminel qui veut s’accaparer l’entreprise de votre famille, sous la houlette d’un certain Tony Sharp. Vu comme cela, nous avons l’impression d’être dans un scénario digne d’un Mission Impossible voire d’un James Bond dans l’idée.
D’ailleurs, les protagonistes que l’on retrouve dans le soft restent indéniablement clichés entre le méchant qui souhaite avoir la main mise sur le monde, notre sœur Michelle Marks qui en serait presque l’indic de service, ou bien encore notre frère Nick, assez sanguin et déconneur sur les bords. En somme, tous les clichés des divers films d’action sont en place. Cela dit ce n’est pas véritablement un mal, dans la mesure où cela rend hommage aux films d’action blockbusters pour notre grand plaisir.
Du côté de la narration pure, qu’est-ce que Blood & Truth vaut globalement ? Il faut bien avouer qu’en premier lieu, la trame est assez captivante avec quelques twists auxquels on ne s’attend pas forcément. De plus, on ressent un hommage certain et louable aux films d’action James Bondien. Par contre, nous aurons vraiment l’impression que la narration nous laisse un petit goût amer quelquefois, avec son aspect un tantinet brouillon.
En effet, on décrochera parfois un peu de la trame, qui devient tantôt un peu plate et manquant de cohérence. En sus, nous aurons aussi un final décevant, et dont on se posera plus de questions que d’obtenir de véritables réponses. Vu la fin au passage, il y a d’ailleurs fort à parier qu’une suite soit dans les tuyaux du côté de London Studio, ce qui ne serait pas anodin.
L’histoire de Blood & Truth est bourrée de références cinématographiques des films d’action hollywoodiens, agrémentée de quelques twists agréables. Dommage que sur la longueur, cela en devienne un peu brouillon, et avec certains personnages peu développés.
Autre petite déception soit dit en passant, ce sera le développement des personnages, plutôt inégal. Effectivement, certains ont de la gueule, tandis que d’autres manquent en fait cruellement d’épaisseur. Il nous arrivera dans le jeu de croiser par exemple un protagoniste sur telle mission, pour ne plus le revoir par la suite, ni de savoir ce qu’il est devenu. On retrouve également peu d’informations sur le passé des membres de la famille Marks, ce qui aurait pu rendre la chose intéressante. Bien entendu, nous en saurons sûrement plus lors d’une probable suite, mais le faire sur ce Blood & Truth aurait été plus judicieux. En clair, il y avait bien mieux à faire même si tout n’est pas à jeter, loin de là.
Au-delà de ces légers accrocs, l’esthétique de Blood & Truth est franchement variée. Entre John Wick, Mission Impossible et James Bond, London Studio s’est fait plaisir en s’inspirant de ces trois grosses franchises cinématographiques. Pour le coup, cela nous donne une direction artistique pot-pourri explosif, et qui pète le style.
D’un casino, en passant par un bâtiment désaffecté, Blood & Truth privilégie la variété tout en faisant un gros clin d’œil aux productions made in Hollywood. Les références fusent aussi à tout va dans les dialogues, qui sont au passage écrit de manière convenable, et qui peuvent parfois nous décrocher quelques petits sourires pas désagréables pour autant. Sur l’habillage artistique, le studio a frappé fort en nous faisant voyager dans un Londres sous le joug d’un puissant empire criminel.
Un mélange de James Bond et Mission Impossible
Bien avant le côté shooter, Blood & Truth, c’est surtout un système de déplacement en mode semi-rail shooter. Au lieu de vous déplacer librement comme dans un Killing Floor: Incursion, vos déplacements sont semi-automatisés. En gros, vous devrez systématiquement cliquer sur les diverses icônes, qui vous indiquent les endroits où vous pouvez vous déplacer, rendant pour le coup la progression linéaire et scriptée. Bienheureusement, sachez qu’il y a dans certaines missions des embranchements légèrement différents à prendre, pour éviter une certaine monotonie dans le level-design. Au passage, on notera pendant les gunfights le fait de pouvoir choisir de se déplacer d’un point à un autre, afin de mieux vous couvrir face aux ennemis sous un certain angle.
Une bonne idée en soi, et du côté des gunfights, on reste sur quelque chose de très jouissif au possible pour un shooter en VR. Armé de vos deux PS Move, vous avez la possibilité de dégainer et recharger vos armes en mimant les gestes avec ces derniers, et ensuite tirer avec vos pétoires via la gâchette de chaque Move. D’ailleurs, vous pouvez porter jusqu’à quatre armes, soit deux armes de poings via vos deux étuis, puis deux autres armes lourdes derrière votre dos.
On retrouve là un aspect totalement réaliste que ce soit en tirant comme en visant plus précisément avec les lunettes de visée de vos pétoires. Grossièrement sur les gunfights, ils sont sont affreusement intenses, ultra nerveux, dynamiques, crédibles mais surtout directement fun avec un aspect arcade qui fera plaisir à bon nombre de mordus de FPS en VR.
Blood & Truth est un pur plaisir entre réalisme et arcade dans ses gunfights, accompagné d’autres phases de jeu qui viennent varier l’expérience avec brio. On s’amuse terriblement bien sur la production de London Studio !
Pour faire simple, nous avons très concrètement des gunfights à la John Wick avec un nombre incalculables d’ennemis à dessouder dans chaque mission avec un arsenal de pure brutasse au fil de notre progression. Au passage, sachez qu’il y a également un mode précision, faisant office de ralenti. Celui-ci est non seulement stylé, mais vous permet d’éliminer un paquet d’ennemis si vous êtes mal, et surtout des adversaires cuirassés en quelques balles en visant précisément certains points faibles. Y’a pas à dire, ce mode-là transpire la classe à tous les étages.
Outre les phases de shoot relativement bien foutues dans l’ensemble, le soft a l’intelligence de varier un peu les plaisirs avec des phases de grimpettes, mais aussi de sabotages. Tel un Nathan Drake, il vous arrivera à certains moments de faire un peu d’escalade pour continuer votre progression. Comme certaines productions VR, il s’agira juste d’escalader des rebords, des barres, des points d’appuis et ce, en mimant toujours le geste avec votre move.
Evidemment, il faudra faire attention de ne pas lâcher les deux gâchettes arrières de vos Move sous peine de tomber dans le vide et de recommencer au dernier checkpoint. Il faut bien admettre que les phases de grimpettes sont immersives – comme les gunfights tout court au passage – et surtout affreusement tendus car vous aurez sans cesse la frousse de tomber dans le vide à tout moment si vous ne restez pas concentré. Vraiment, clea fait son petit effet.
John Wick entre dans la place
Nous avons par la suite les fameuses phases de « sabotages ». En somme, à certains moments du jeu, vous arriverez en général devant une porte verrouillée, ou un mécanisme à désactiver ou activer via un boitier électrique. Tel un MacGyver en puissance, vous aurez sur vous une trousse contenant deux crochets pour crocheter les serrures, un tournevis, une pince coupante, et bien d’autres joyeusetés. En fonction de la situation, vous serez amené à utiliser vos deux crochets et réussir le mini-jeu pour déverrouiller la porte, ou bien vous débrouiller pour saboter tel boitier électrique via un batterie explosive de poche par exemple. Cette phase de jeu est bienvenue car elle n’est pas si intrusive que ça, et varie surtout l’expérience de jeu.
Le soft va aussi plus loin dans l’immersion en nous proposant un système de planque entre certaines missions. Mis en part vous balader et admirer les divers collectibles récupérés, vous pouvez préparer votre armement, qui se remplit au fur à mesure de votre progression. D’un simple 9mm en passant par un revolver ou un fusil d’assaut, l’arsenal est conséquent. Il est d’ailleurs possible de les upgrader avec des pièces.
Pour les débloquer, il suffira de tirer sur des cibles en missions, ou amasser des collectibles pour récupérer des étoiles. Une fois que vous en avez assez, vous pourrez implanter la pièce d’arme sur votre pétoire, mais aussi changer sa couleur via un pistolet à peinture. Cette feature est immersive et surtout bien foutue avec ce système d’étoiles, qui nous force à fouiller les moindres recoins à la recherches de cibles ou collectibles pour améliorer le mieux possible nos armes pour lui rajouter un viseur en plus, ou encore un silencieux.
Blood & Truth n’a cependant pas que des qualités, et s’offre des défauts qu’il aurait pu largement éviter. Pour commencer, il y a ce problème sérieux de calibrage qui peut vite pourrir une mission. On pourra être assez souvent agacé par la PlayStation Caméra qui n’en fait qu’à sa tête, alors que nous avons effectué un calibrage via les options auparavant. Du coup, même en éteignant les lumières ou en se mettant bien à 2 mètres de la caméra, les soucis de calibrage persistent.
On notera aussi des soucis de collisions, ou des bugs assez étranges. On espère qu’une mise à jour day one viendra corriger ces nombreux problèmes. Pour le reste, en guise de point noir, on pourra regretter un aspect pseudo infiltration sur une poignée de missions qui n’est clairement pas exploité. Effectivement, vous aurez vite fait de vous faire repérer rapidement, sûrement car le script le décide ainsi. Dommage, il y avait quelque chose à creuser sur cet aspect.
Côté durée de vie, ce n’est pas si fameux finalement. Pour un titre tarifé à 39,99 €, Blood & Truth est un peu court. En jouant directement en mode normal, il vous faudra au moins 5 voire à la limite 6 heures de jeu pour en voir le bout. Il y a 19 missions, en sachant que certaines n’en sont pas vraiment car il s’agira de passages purement narratifs à base de cinématiques, ou des phases où il faudra parfois juste avancer.
Cela dit, la durée de vie peut être allongée en chopant tous les collectibles, ou en passant du côté du mode défis, proposant pour le moment un simple mode contre la montre. Heureusement que des mises à jours arriveront à l’avenir avec le new game +, ou encore le mode difficile. Mais malgré ces ajouts, le contenu reste un poil léger pour un titre se voulant comme un AAA…
Blood & Truth, un titre qui dépote visuellement ?
S’il y a bien une question que l’on se posait avant sa sortie et malgré toutes les vidéos de gameplay qui ont été montrées, c’est bien son aspect graphique. Si nous passons vite outre le fait que le jeu soit bien immersif et que le motion sickness est complètement absent même après une très longue session de jeu, Blood & Truth est vraiment joli. En sus de proposer des expressions faciales très réussies et criantes de réalisme par rapport aux acteurs originaux – surtout Colin Salmon – le titre dispose non seulement de textures soignées, mais aussi de panoramas Londonien qui ont du charme.
Hormis les arrière-plans qui ne sont pas transcendants pour une production VR, le reste est aussi acceptable que bien optimisé, notamment sur PS4 standard. On se doute en revanche que la distance d’affichage, même si elle reste correcte sur PS4 standard, sera bien meilleure sur PS4 Pro. Mais si vous n’êtes en possession que d’une PS4 basique cela fait le boulot, même si vous aurez forcément un peu plus de clipping, et un aliasing un poil plus prononcé. Néanmoins, cela ne ternit pas pour autant sa qualité graphique, plutôt bonne et agréablement surprenante.
Pour le sound design du jeu, on pourra clairement aimer comme le détester en fait. En plus d’adopter des musiques qui sont bien dans le ton de l’ambiance de Blood & Truth, qui rendent un vibrant hommage aux films d’action ou d’espionnage, Blood & Truth se la joue tantôt hip-hop/rap. En effet, pas mal d’artistes comme Zdot, Kamakaza, Ocean Wisdom, EyezZ ou encore JME sont de la partie, et cela donne parfois une petit ambiance sonore spéciale qui sublime les gunfights, et les rendent pour le coup vachement stylés. Petite mention spéciale aux doublages français qui sont une fois de plus d’une très bonne qualité, avec une syncho labiale divine et sans rature.
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