Adaptation d’un comic à l’humour noir par Viktor Kalvachev, Blue Estate est un d’action sous la forme d’un genre directement issu de l’arcade : le rail shooter. Si certaines personnes trouveront ce genre vidéoludique relativement désuet, il semblerait que HeSaw, studio à l’origine de cette production, ne soit pas de cet avis.
Le soft édité par Focus Home Interactive tente tout de même une incursion sur PS4, Xbox One et PC, dans un déballage de gunfights, où les balles fusent au milieu de dialogues et de références dont la finesse n’a d’égal que la taille de votre flingue. Voyons ensemble si le titre a visé juste !
Un univers à l’humour ultra référencé
Pour commencer, il faut savoir que techniquement, le jeu ne brille pas particulièrement. Cela dit, l’aspect cartoonesque du jeu compense légèrement ce problème et rend le tout plutôt cohérent.
L’histoire nous fait quant à elle débuter dans la peau du fils de Don Luciano, Tony, souhaitant prouver à son paternel qu’il est digne de lui succéder. L’histoire nous permettra également de faire la connaissance de Clarence, homme de main au service de la famille Luciano.
L’histoire amènera à se focaliser sur la récupération du cheval de course Blue Estate, prunelle des yeux du Don. Cette quête sera le prétexte à la confrontation avec des gangs rivaux, clichés au possible : l’un asiatique et l’autre russe. Les affrontements vous donneront également l’occasion de vous battre dans des lieux tels qu’une boîte de strip-tease, des égouts, une usine à poulets, un terrain de golf ou encore une jungle en Jamaïque… renvoyant bien évidemment à différents films d’action ou de gangsters bien connus.
Les différents niveaux ne sont d’ailleurs pas tous très inspirés. Celui du cimetière par exemple, dont l’extérieur est complètement embrumé, n’est pas particulièrement beau et intéressant, mais les scènes en intérieur rattrapent au moins un peu le coup. On reprochera également la redondance de certains passages au cœur des quelques niveaux. Le joueur aura effectivement la mauvaise impression de passer et repasser aux mêmes endroits, soit parce que le niveau manque de variété, soit parce que l’on revient effectivement à des endroits déjà visités juste avant.
D’ailleurs, le faible nombre de niveaux reflète bien la minuscule durée de vie du titre, à savoir quatre ou cinq heures grand maximum pour boucler le scénario une première fois. Il n’y certes rien de bien surprenant pour un rail shooter, mais un à ce niveau effort aurait été appréciable. Il aurait par exemple été judicieux de raccourcir certains niveaux beaucoup trop longs pour en ajouter d’autres, histoire de varier les plaisirs et tenir en haleine plus longtemps.
Évidemment, à l’évocation des différents niveaux du soft, on imagine aisément le nombre de références ou blagues qu’il est possible de caler, et le jeu ne se gêne pas pour le faire ! Le flot de plaisanteries ne s’arrête pas une seule seconde, au point parfois d’en devenir lourd. Car même si l’on peut considérer l’humour et les références comme l’un des points forts du jeu, il est clair que cet aspect est souvent trop insistant, surtout que cet humour ne brille pas par la subtilité de la mise en scène desdites références (Star Wars, John Woo, Michael Bay…).
On se retrouve ainsi face à des instants humoristiques autant par les répliques des personnages que dans la mise en scène visuelle ou sonore. Ces gags sont parfois ajoutés sans rapport avec le récit ou le niveau en cours, aboutissant à des scènes d’actions souvent grotesques mais ayant leur place dans un jeu d’action aussi loufoque. Alors oui, rassurez-vous, si vous aimez ce type d’humour, l’atmosphère du titre vous plaira sans doute, c’est notamment mon cas.
Malgré tout, il faut bien dire qu’il est difficile de tenir la longueur tout au long du jeu tant certaines blagues sont parfois beaucoup trop appuyées et reviennent sans cesse (pensée pour le chihuahua). Il en est de même pour le scénario qui se montre au final peu intéressant et semble être un simple prétexte à un déballage de références diverses à la pop culture. L’omniprésence de l’action colle tout de même pas mal au genre du rail shooter, au même titre que son gameplay, réactif et très nerveux.
Un gameplay efficace mais sans surprise
Blue Estate demeure très classique pour un rail shooter et ne réinvente aucunement le genre. Cela dit, il a le mérite de rester classique et de le faire plutôt bien, même si ce n’est pas un sans-fautes pour autant. Pour la PS4, plateforme sur laquelle nous avons testé le jeu, l’utilisation de la fonction gyroscopique de la DualShock 4 est indispensable. Dans ce jeu, exit l’utilisation des sticks, bonjour la détection de mouvement !
Pour peu que la fonction soit bien réglée, il n’est pas difficile de viser juste et vite, même si le problème reste qu’il faille sans cesse recentrer le réticule de visée si vous bougez trop la manette. Attention donc si vous vous curez le nez entre deux gunfights avec la manette en main, il est fort possible qu’à la reprise de l’action, votre héros vise complètement à côté, vous menant vers une mort certaine. Cela reste néanmoins un détail, le gameplay reste très agréable si l’on pense régulièrement à replacer son réticule.
Mieux même, de nombreux éléments accroissent le plaisir de jeu. Notons d’abord la présence d’une aide pour savoir quel ennemi est le plus dangereux dans l’immédiat. Sur ce dernier apparait un double cercle jaune qui se resserrera selon l’imminence de la menace. Et plus vous retardez le moment pour le refroidir, plus conséquents seront vos points gagnés. Puisque oui, comme dans tout rail shooter qui se respecte, un système de scoring est présent.
Pour vous assister dans vos périlleuses missions, vous disposez d’une arme de base ainsi que d’une arme secondaire. Celle-ci changera en fonction du niveau dans lequel vous évoluez. Vous pourrez ainsi bénéficier d’armes secondaires telles qu’un uzi, un fusil, un magnum, etc. Bien entendu, l’arme secondaire est indispensable car beaucoup plus efficace que celle de base. Et si cette dernière a des munitions illimitées, l’arme secondaire a quant à elle un nombre restreint de balles. Il sera donc nécessaire d’en attraper au fil du niveau, en prenant garde à en manquer le moins possible, sous peine d’avoir plus de difficultés pour parcourir le niveau, surtout vers la fin du jeu. Néanmoins pas de souci, on trouve assez régulièrement de quoi se ravitailler, l’erreur n’est pas fatale.
Le plus gros point noir des phases de tir demeure sans doute dans le déséquilibre des armes. En effet, là où la mitraillette vous permettra de tuer trop facilement un ennemi d’une balle dans la tête (dans la mesure où ces tirs bénéficient d’une visée assistée), les autres armes se montrent beaucoup moins précises, surtout pour ce qui est des pistolets et revolvers, où l’on peut régulièrement manquer son tir en pleine tête, malgré la précision.
L’un des aspects à retenir est également l’utilisation du pavé tactile de la PS4, notamment pour récupérer des munitions ou encore de la santé, en glissant le doigt dans la direction indiquée au moment propice. Vous retrouvez également cette fonction lors d’actions contextuelles comme frapper un ennemi au corps à corps, éviter des obstacles ou même pour relever la mèche obstruant la vue de votre personnage (quand on vous disait que ce jeu était loufoque…).
On regrettera toutefois le manque de précision de ces QTE.
Pour le reste, on ne trouve rien de bien original. Il est notamment possible de ralentir le temps si vous tirez sur l’item prévu à cet effet. Il est également possible de tirer sur des objets du décor durant vos parties pour vous faciliter la tâche lors de l’élimination d’ennemis (par exemple en tirant sur des bombonnes de gaz).
Le titre, malgré sa durée très courte, n’est malheureusement pas intéressant de bout en bout, la faute à un gameplay certes bon mais très répétitif. Pour compenser cet aspect, on relèvera la présence appréciable de mini-jeux au cours des missions, qui consisteront par exemple à abattre les ennemis dans un certain ordre, ou encore de tuer des ennemis dans un simili chasse-taupe. Si ces jeux ne sont pas bien palpitants, ils ont au moins le mérite de proposer du neuf.
On notera également la présence d’un mode deux joueurs, permettant de faire passer un bon petit moment entre amis, ainsi que celle d’un DLC gratuit incluant un mode arcade. Celui-ci permet de refaire les mêmes niveaux que le mode histoire, à ceci près que de nouvelles actions sont présentes, au même titre qu’un chronomètre pour les férus du speedrun.
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