Annoncée en 2021, Blue Prince est une production indépendante qui a fait peu de bruit sur la scène vidéoludique. Pourtant, depuis sa sortie le 10 avril dernier sur PC, PlayStation 5, Xbox Series, le Xbox Game Pass et le PlayStation Plus (Extra et Premium), l’aventure de Dogubomb et Raw Fury n’en finit pas d’être acclamée par la critique et le public. Certains et certaines vont même jusqu’à affirmer qu’il s’agit du GOTY 2025 avant l’heure, voire d’un des meilleurs jeux vidéo de tous les temps. Rien que ça ! Avec un peu de retard, nous avons également pris plusieurs jours pour découvrir, à notre rythme, le premier projet du studio californien qui a nécessité huit ans de développement avant de pouvoir être commercialisé. Verdict ? Nous avons effectivement droit à un titre fascinant, ingénieux et unique en son genre. Explications dans ce test.
Conditions de test : Test réalisé sur une version numérique Steam fournie par l’éditeur et tournant sur un PC portable AORUS 17H BXF (2023) équipé d’un processeur Intel Core i7-13700H (2,4 GHz), d’une NVIDIA GeForce RTX 4080 Laptop, d’une mémoire vive de 16 Go de RAM DDR5, d’un écran LCD 17,3 pouces de résolution 1080p et d’une manette Xbox One. Notre session a duré environ 25 heures, temps nécessaire pour atteindre la chambre 46 une fois et effectuer une soixantaine de runs au total. Précisons qu’un seul mode de difficulté et une configuration graphique unique, réglé(e)s par défaut, sont disponibles au lancement. Notez également que, si nous garantissons l’absence de spoilers majeurs dans cet article, Blue Prince est typiquement une expérience dont il vaut mieux en savoir le moins possible avant d’y jouer, afin de l’apprécier à sa juste valeur. Par conséquent, dans le cas où vous souhaiteriez éviter de prendre le moindre risque de vous « gâcher » sa découverte, nous vous recommandons de revenir ici plus tard, lorsqu’elle sera terminée de votre côté. Sinon, bonne lecture !
Sommaire
ToggleA la recherche de la chambre 46
Blue Prince nous invite à contrôler le personnage de Simon, un jeune homme héritant du domaine de Mont Holly suite au décès d’un membre de sa famille appelé Herbert Sinclair. Dans ce contexte, nous sommes invités à parcourir un manoir et ses alentours afin de localiser la chambre 46. Pourquoi ? Que trouverons-nous à l’intérieur ? Comment procéder sachant que l’agencement de la demeure se réinitialise quotidiennement ? A nous de le découvrir par nos propres moyens.
Très énigmatique sur le papier, la dimension narrative imaginée par Dogubomb exploite cette notion de « mystère » jusqu’aux ultimes instants de l’aventure. Au point de finir par nous lasser à court ou sur le long terme ? Jamais et c’est une des raisons pour laquelle ce titre réussit autant à nous captiver en y jouant. Si atteindre la chambre 46 est bel et bien notre objectif final, y arriver ne nous garantit pas de tout connaître du passé des lieux. Pour cela, il faut également prendre le temps d’explorer toutes les zones à notre portée, chacune étant susceptible de dissimuler des informations liées au scénario et/ou au lore.
Honnêtement, nous avons craint plusieurs fois que cette technique de conception prenne trop le risque de nous pousser au « rage quit » mais il n’en est rien. Au contraire, que nous réussissions ou échouions dans notre quête, nous avons toujours envie de lancer une nouvelle run par curiosité, dans le but de vérifier que nous ne sommes pas passés à côté d’une facette de la bâtisse. C’est fascinant et ça nous permet de profiter, à notre rythme, d’une jolie petite histoire, d’un univers intrigant, d’une qualité d’écriture soignée, d’une mise en scène simple mais efficace, ainsi que de doublages originaux convaincants.
Alors oui, c’est vrai, aucune traduction française n’est disponible au lancement, ce qui peut complexifier légèrement l’entière compréhension du récit et son lore même si un niveau d’anglais élevé ne nous a pas semblé indispensable pour nous en sortir. De plus, nous n’avons pas terminé l’expérience à 100 %. Quelques éléments scénaristiques nous ont donc probablement échappé. Cependant, nous avons beaucoup de mal à imaginer que notre ressenti puisse changer en cherchant à platiner la production, la narration étant réellement de solide facture dans l’ensemble.
Un manoir extrêmement bien conçu
Côté gameplay, Blue Prince propose une prise en main immédiate et accessible à un large public, basée sur des déplacements et interactions simples avec certains objets et documents présents autour de nous. Pourtant, quand nous creusons plus profondément au cœur de son expérience de jeu, nous nous rendons compte que, plus les parties s’enchaînent, plus le titre fourmille d’idées de game et level design fort ingénieuses et parfaitement intégrées à leur environnement qu’il convient d’apprendre à comprendre et maîtriser pour espérer atteindre la chambre 46.
Concrètement, nous commençons chaque périple dans le hall d’entrée de Mont Holly, où trois portes sont visibles à notre gauche, droite et devant nous. Toutefois, en en ouvrant une, c’est à nous de décider quelle pièce apparaîtra derrière parmi les trois au choix proposées par le titre et, surprise, le résultat de ce tirage n’est jamais le même. Ce système à lui seul est donc pensé pour venir nous compliquer la tâche puisque chaque zone a ses spécificités, à commencer par l’agencement. Ainsi, il y en a qui peuvent déboucher sur de nouveaux accès… ou un cul-de-sac !
Autre particularité à retenir : poser un pied dans une salle diminue d’un point une sorte de « compteur de pas » affiché en haut à gauche de notre écran, y compris si nous l’avons déjà traversée au cours de la même partie et si nous décidons de rebrousser chemin. Pas de panique, un plan des lieux, un « répertoire » des pièces visitées, et des récapitulatifs de nos essais antérieurs sont consultables à tout moment afin de garder un œil assidu sur notre progression. C’est très pratique sachant qu’il y a énormément de zones différentes à débloquer et que la demeure ne peut en accueillir que la moitié environ au maximum au cours d’une run.
Salons, couloirs, chambres, véranda, bibliothèque… toutes ont une utilité en fonction de la situation dans laquelle nous nous trouvons. Outre leur agencement et les éléments narratifs qu’elles sont susceptibles d’accueillir, elles peuvent aussi cacher des clés, nous permettant de déverrouiller certains coffres ou portes, des gemmes et de l’argent à dépenser, quand nous en avons la possibilité, des fruits, afin de reprendre des forces, des énigmes, et astuces nous aidant à les résoudre, des objets divers et variés à utiliser, à l’image d’une loupe, d’une pelle ou d’un masque de sommeil, etc.
Attention, sauf indication contraire de la part de la production, l’ensemble du loot accumulé et des avantages obtenus sont réinitialisés lorsque nous passons au jour suivant, que ce soit pas choix ou car notre personnage est trop fatigué pour poursuivre ses investigations. Autrement dit, comme les pièces que nous avons placées dans le manoir, ils sont « perdus » dès le lendemain et nous ne les retrouverons pas obligatoirement aux mêmes endroits que la veille.
Nous nous excusons d’avance si nous nous montrons un peu trop nébuleux en évoquant ces fonctionnalités de game et level design mais c’est vraiment pour éviter de trop vous « gâcher » votre propre découverte de l’aventure. Encore une fois, moins vous en savez au moment de la débuter, mieux c’est pour que vous puissiez en profiter pleinement. Pour être tout à fait transparent avec vous, nous avons même l’impression de vous en avoir déjà beaucoup trop dit à leurs sujets.
Par conséquent, nous nous contenterons d’ajouter que la demeure est un gigantesque puzzle extrêmement bien conçu que nous prenons énormément de plaisir à décortiquer sous toutes les coutures et, étant donné qu’il y a de multiples façons de procéder, la durée de vie du projet américain varie en fonction de chaque joueur et joueuse. Bien que la chance puisse nous filer un léger coup de pouce occasionnellement, c’est donc avant tout en faisant preuve de curiosité, de réflexion, de patience et d’observation que nous pouvons prétendre localiser la chambre 46. Une expérience de jeu parfaitement huilée et se renouvelant intelligemment et sans cesse pour éviter de trop nous frustrer en somme.
Le charme unique de Mont Holly
Contrairement à d’autres concurrents de la scène vidéoludique, Blue Prince n’est pas une production qui se démarque par une direction artistique attirant instantanément le regard, des graphismes flattant la rétine ou une bande-son se gravant durablement dans notre esprit. En revanche, tout cela lui procure un charme, une ambiance et une identité uniques et envoûtantes en permanence. C’est particulièrement bluffant et, couplés à tout le travail effectué autour de la narration ainsi que du game et level design, ils et elles contribuent à leurs niveaux à rendre notre expérience captivante et fascinante.
Qui plus est, certains éléments du décor évoluent en fonction de l’emplacement que nous attribuons aux pièces de Mont Holly pendant un périple. C’est un détail mais, par exemple, le simple fait de voir apparaître des fenêtres pour la première fois dans une salle où il n’y en avait pas avant nous donne souvent la sensation de la redécouvrir sur le plan visuel. D’ailleurs, sachez également qu’à chaque bilan d’une partie qui s’achève, un petit dessin nous donne l’occasion de voir à quoi ressemble la demeure que nous avons réussie à créer. C’est sympathique et ça nous offre un angle de vue légèrement différent de celui que nous avions de celle-ci par l’intermédiaire de la caméra à la première personne.
Enfin, notez que les développeurs ont fourni des efforts payants en matière de finition et d’optimisation. Ça mérite vraiment d’être souligné et salué puisque, mis à part peut-être durant les derniers instants de notre seule run gagnante si nous voulons chipoter, aucun bug ne s’est manifesté tout au long de nos 25 heures de jeu. Une chose qui n’arrive pas tous les jours !
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