Gust est surtout connu en occident pour sa saga Atelier Iris qui a traversé le pacifique entre 2005 et 2009. Après de nombreux jeux de rôles de plusieurs licences, l’entreprise japonaise sort Blue Reflection, encore un jeu de rôle axé cette fois sur les Magical Girls. Le jeu raconte l’histoire de Hinako qui va découvrir son pouvoir de sauver les émotions des gens et lui permet d’empêcher que la Terre ne soit envahie par des monstres pour le moins répugnants.
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ToggleDéjà vu, I’ve just been in this place before !
Hinako ne peut plus danser à la suite d’une blessure à la jambe. On découvre au début du jeu un personnage assez gris, peu expressif, comme un fantôme errant. Cependant, sa rentrée en cours marque le début d’une nouvelle vie pour elle lorsqu’elle découvre ses pouvoirs de « Reflector », une magical girl qui peut sauver les émotions des gens en combattant dans le « Common », un plan d’existence alternatif. Dans ce monde, elle possède bien plus de force que dans le monde réel, en plus de ne pas souffrir de sa blessure à la jambe. Si Hinako est assez solitaire au début du jeu, elle se fait de nouvelles amies au fur et à mesure que l’histoire progresse et évolue sur la durée.
L’héroïne est accompagnée dans son aventure par Yuzu (à gauche) et Lime (au milieu), deux Reflector qui feront office de mentors dès le début du jeu en révélant à Hina ses pouvoirs. Chacune des 3 protagonistes possède son arme de prédilection ainsi que sa tenue de Magical Girl et sa couleur associée (Le bleu pour Hina, le vert pour Lime et le rose pour Yuzu). La personnalité des deux personnages secondaires a des reliefs et on fera rapidement la différence entre elles. Cependant, on ne s’y attachera pas particulièrement pour autant, faute à l’absence d’un véritable background.
Les trois protagonistes en demi-teinte seront perdues au milieu d’un océan de personnages fonctions
Sans être des personnages vraiment développés, les nuances de personnalité des protagonistes seront accentuées par le contraste qui s’opérera avec l’absence de nuances dans la personnalité des personnages secondaires. En effet, chacune des élèves à sauver ne sera définie que par le sentiment qui causera son « importance » dans le scénario : l’une est juste amoureuse, l’une veut une rivale pour mieux danser et rien d’autre ne viendra briser cette routine. De plus, on regrettera la façon dont le jeu « rush » les intrigues en créant des incohérences comme lorsque Hina dit à Kei qu’elle a rêvé en voyant sa bague briller, avant de lui donner une bague brillante quelques minutes plus tard, sans aucune remarque. La protagoniste mise à part (et encore), les personnages secondaires ne réagissent absolument pas en apprenant qu’elle vont aider des magical girls à sauver le monde.
Pour ce qui est de l’histoire en elle-même, elle est vraiment simple, presque simpliste et c’est ce que l’on regrettera le plus. En effet, on sent que le jeu a été fait pour raconter une histoire avant tout, le gameplay étant d’une certaine façon secondaire et il est regrettable que l’histoire ne soit pas au niveau de son importance. Sans véritable surprise et avec des personnages qui auraient mérité beaucoup plus d’approfondissement, le scénario est finalement du niveau d’un animé très moyen, ce qui encore une fois est regrettable compte tenu de son importance dans le jeu. L’histoire est déjà vue, surtout dans le domaine de l’animé et ne prend aucun risque.
Vous avez dit JRPG ?
L’un des points forts de ce Blue Reflection est son système de combat simple mais néanmoins efficace. Le système de tour par tour est aujourd’hui un grand classique du J-RPG et si Gust aurait pu faire le choix d’un semi tour par tour, plus « actuel » à l’image de Final Fantasy VII, ils n’en ont rien fait. En effet, l’attaquant est décidé avec la « timeline » affichée en haut de l’écran : le premier personnage au milieu déclare une attaque avant de reculer sur sa jauge. Certaines attaques possèdent un effet faisant reculer les ennemis, ce qui permet de gagner du temps ou d’éviter même d’être touché par certains monstres.
En plus des fonctionnalités de base (attaque, soutien), le joueur a accès à l’Overdrive, activable en augmentant la jauge de « reflect » présente en bas à gauche. Il s’agit d’une fonctionnalité qui permettra à Hinako d’enchaîner plusieurs actions en un seul tour à la seule limite qu’une même compétence n’est utilisable qu’une fois par Overdrive. On pourra donc se soigner et attaquer le même tour, fonction qui sera très importante dans des combats de boss. Sinon, à l’instar d’un Final Fantasy, on peut toujours monter l’attaque d’un personnage et le soutien d’un autre pour « classer » ses personnages selon la sainte trinité : tank + heal + dps (dégâts).
Les combats de boss sont une vraie réussite : ils sont imposants, les combats sont assez longs et le design des boss est plutôt travaillé. Si mourir dans le Common n’est pas un problème, comme expliqué par Yuzu et Lime, perdre face à un « Sephirot » est synonyme de destruction de l’école et donc d’échec des héros. Les combats demanderont une certaine stratégie et un focus correct des différentes parties des Boss pour ne pas se faire surprendre par de trop gros dégâts. Cependant, rien d’insurmontable en vue et encore une fois, le jeu ne résistera pas à un joueur qui a compris le fonctionnement des mécaniques.
La Magical Girl passe niveau 2
On ne gagne pas d’expérience à la fin des combats mais à la fin des missions, les combats ont donc un côté assez inutile et on y réfléchira à deux fois avant de commencer un combat qui ne rapporte rien. L’expérience gagnée permet d’augmenter une caractéristique de chaque personnage au choix : attaque, défense, support et technique. Chaque augmentation apportera des changements aux statistiques des personnages, et permettra de débloquer divers compétences qui serviront au cours des combats. Le seul point vraiment dérangeant de ce système est qu’il est assez difficile de comprendre quelle statistique fait monter la valeur des soins : le « support » semble être le point logique mais les compétences laisseraient entendre que c’est plutôt la défense.
La prise en main donne l’impression de passer d’une visual novel à Final Fantasy XIII-2 à chaque changement de monde
Le jeu est divisé en deux phases bien distinctes : le monde réel et le Common. Les phases dans le vrai monde de la réalité véritable seront constituées de dialogues avec des choix et permettront de développer des relations avec les autres personnages. Ces phases « IRL » sont les principales et le côté JRPG a tendance à se perdre dans une sorte de visual novel avec un peu plus de dynamisme. Une des grandes différence entre les deux mondes est la prise en main : dans le Common, Hina peut sauter, on peut tourner la caméra pour observer les environs et la maniabilité fait penser à Final Fantasy XIII-2, tandis que dans le monde réel, la caméra est lockée et les contrôles de Hina sont très restreints, bien que ce dernier point soit explicable par les problèmes de genou de notre héroïne.
I’m Blue
Pour les amateurs d’animation japonaise, les dessins feront plaisir à voir, surtout dans le monde réel. Si le Common est assez beau également, un style graphique plus minimaliste aurait offert plus de cohérence au jeu, tout en lui permettant d’être plus beau et de mieux tourner. En effet, c’est assez triste de dire ça après le magnifique et non moins fluide Horizon : Zero Dawn (dont vous prouvez retrouver notre test ici) mais le jeu souffre de très nombreux ralentissements sur PS4 Slim. Blue Reflection dispose de la mention « PS4 Pro Enhanced » mais n’affiche pas de sortie 4K, ce qui implique qu’il est (normalement) plus fluide sur PS4 Pro mais ne disposant pas de ce modèle, je n’ai pas pu le vérifier. Si une grande partie du jeu est fluide, les effets de lumière très présents dans le Common et dans les salles de classe mettront assez vite la console à genou avec des drops parfois vraiment désagréables.
Là où le travail graphique se fait vraiment ressentir, c’est sur les personnages. Que ce soit en tenue de Reflectors ou d’écolières, les personnages sont modélisés avec un soin qui fait contraste avec le travail sur leur personnalité. On sent une volonté de vendre le jeu à un publique quasiment exclusivement masculin avec ce travail démesuré, volonté qui se confirme avec certaines scènes assez racoleuses qui n’ont au final pas vraiment de raison d’être, si ce n’est de ramener du public. Là où l’omniprésence de personnages féminins aux atouts avantageux est une marque de fabrique pour des séries comme Senran Kagura ou Dead or Alive, le soin apporté aux animations des seins des personnages de Blue Reflection sonnent comme une excuse pour vendre un jeu qui gâche beaucoup de son potentiel.
Malgré ces critiques, il faut tout de même rendre justice au grand travail sur les couleurs, la lumière et les animations du jeu, notamment en combat qui sont vraiment travaillés et donnent une identité propre au jeu. Les transformations en magical girl sont vraiment bien faites et les combats sont vraiment beaux à regarder tout en restant très lisibles. L’interface est assez épurée mais reste très facilement compréhensible et relativement agréable à prendre en main. On regrette l’absence d’un bouton « tout mettre comme lu » dans le dossier comme dans The Witcher 3 mais le dossier est assez rapide à parcourir, ce qui le rend relativement facile à « nettoyer ».
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