Créée en 2018 et depuis multidiffusée de par le monde, Bluey a fortement gagné ces derniers mois en popularité chez les plus jeunes, à tel point qu’un éditeur raffolant d’adaptations vidéoludiques sur des franchises à succès y a vu un bon potentiel en l’honneur du sobrement intitulé Bluey : Le jeu vidéo. Cet éditeur, c’est Outright Games, bien connu pour avoir donc porté ces dernières années sur nos consoles et PC des licences comme Jumanji : Aventures sauvages, Le Grinch : Les aventures de Noël et PAW Patrol World: La Pat’Patrouille mais aussi Dragons : Légendes des neuf royaumes, Peppa Pig : Aventures autour du Monde ou encore Gigantosaurus : Le jeu. Toutes des adaptations fidèles avec plus ou moins d’intérêt pour nos jeunes gamers.
Pour la première fois donc, Bluey et sa famille ont débarqué dans notre médium préféré dans un jeu développé par les Espagnols d’Artax Games (dont même le site officiel ne mentionne pas le jeu à l’heure actuelle), ce 17 novembre dernier sur PC, PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox One, Xbox Series X/S et Nintendo Switch au prix moyen de 40€. Et bien que cela aurait pu avoir un rendu satisfaisant et être un jeu au bon potentiel pour les fêtes, il faut avouer que l’on tient là plutôt le plus gros potentiel gâché de cette fin d’année.
Conditions de test : Nous nous sommes assis, puis relevés au bout d’une heure de jeu, le temps de finir l’histoire. Puis, nous avons ramassé tout ce qu’il fallait trouver et platiné le jeu en une petite heure de plus, le tout sur PlayStation 5.
Maman ! Papa ! Bingo ! Bluey !
Si vous ne connaissez pas le dessin animé Bluey, sachez qu’il met en scène une petite chienne bleue, Bluey, sa sœur Bingo, et leurs deux parents, Bandit et Chilli respectivement leur père et leur mère, la plupart du temps dans des aventures et scènes du quotidien, toujours dans la bonne humeur et prônant une éducation par la découverte et la réussite. La famille de Bouviers australiens est unie et finit toujours par régler les éventuels conflits ou problèmes par le dialogue et la rigolade.
Et il faut avouer que pour cette première adaptation en jeu vidéo, le contrat est rempli : le ton, la mise en image et les situations rencontrées sont parfaitement fidèles au dessin animé, à tel point que les quatre aventures traversées par notre famille sont mises en scène comme à la télévision avec par exemple un titre en voix off etc.. Les quatre membres de la famille sont jouables et tout le monde est bien doublé et sous-titré en français, seulement, il ne s’agira pas des voix officielles (réservées à la version originale en anglais), qui en plus, répètent les mêmes phrases en boucle. Le générique d’introduction est par ailleurs uniquement en anglais, ce qui est un détail mais reste dommage. Chaque épisode de Bluey : Le jeu vidéo est amorcé par des cinématiques avant de laisser le joueur ou la joueuse prendre le relais, même si l’on reprochera la trop grande proportion de cinématiques qui viennent entrecouper (parfois de manière très abrupte) les scènes et actions, pour finalement ne laisser que peu de temps de jeu pur.
Effectivement, vous l’avez lu, le jeu ne se compose que de quatre aventures… Le problème étant que celles-ci ne durent que 15 min maximum, portant ainsi le temps de jeu de l’aventure à tout juste une petite heure. Nul doute que ce temps sera forcément augmenté si l’enfant joue seul ou de manière supervisée, mais nous avons été incroyablement déçus du traitement apporté pour cette première adaptation. A quoi bon proposer une incursion vidéoludique pour ne proposer que deux tiers de cinématiques sur un temps aussi court ?
Pourtant, des œuvres récentes comme les jeux Peppa Pig ou le dernier jeu en monde semi-ouvert PAW Patrol World: La Pat’Patrouille ont compris que l’on pouvait satisfaire les enfants avec de courtes expériences sans pour autant bâcler l’œuvre en question. Alors bien entendu, chaque aventure est vraiment bien racontée, découpée selon plusieurs étapes et réellement intéressantes à suivre, dans une sorte de chasse au trésor en plusieurs étapes, permettant d’ailleurs de rencontrer d’autres membres de la famille comme le père de Chilli ou les deux frères de Bandit.
A quand un peu plus de considération ?
Pour ce qui est du coeur du gameplay de Bluey : Le jeu vidéo, vous parcourez en grande partie la maison familiale, dans toutes les pièces, allant du salon à la chambre des enfants, en passant par la cuisine, la terrasse ou encore le jardin. Mais, chose étrange, le jeu se jouera toujours avec la caméra face à la maison, en scrolling horizontal avec une sensation 2.5D, les problèmes de caméra et de collision inhérents à cette mise en scène.
A vous les jeux du quotidien, comme des scènes imaginant le sol comme de la lave, ou un xylophone magique transformant les gens en statue etc.. Au total, 4 pauvres mini-jeux sont présents, et jouables à l’infini via une roue des jeux. Outre ces mini-jeux, des passages en forêt, sur une plage ou dans un parc sont également présents, ouvrant ainsi les décors, sans toutefois permettre une grande exploration, le jeu étant extrêmement dirigiste (voire trop). Il ne faut certes pas oublier que le jeu s’adresse à un public très jeune, mais encore une fois, des adaptations récentes nous ont montré qu’il était possible de laisser de la liberté et un affichage tête haute épuré, tout en évitant de passer par des menus pour poursuivre l’aventure, chose impossible ici.
Dans une sorte de livre de souvenirs, Bluey devra sélectionner la carte au trésor en question pour continuer les épisodes tandis que ce livre servira aussi à sélectionner une zone où seront stockés les 30 autocollants et les 60 objets à ramasser dans les 5 lieux identifiés. Cette disproportion de contenus principaux versus annexes est réellement étrange, car ne possédant pour seul intérêt que de glaner un 100% facile mais assez laborieux, chaque découverte étant mise en avant par beaucoup trop d’animations et les mêmes phrases répétées. Comptez ainsi une heure de plus pour tout ramasser menant le total du jeu à près de 2h à 100%, ce qui encore une fois est très très court et trop chiche pour un jeu vendu tout de même 40€ prix conseillé !
Pour ce qui est de la partie technique, outre le scrolling horizontal qui pourrait déranger certains jeunes joueurs ou joueuses, nous avons dû faire face à de nombreux bugs de personnages coincés ou marchant sur place par exemple, le choix entre les quatre membres de la famille étant d’ailleurs possible à tout moment via un menu, ainsi que de nombreux bugs de collision, signes d’un jeu au polissage insatisfaisant. Et pourtant, nous savons que les enfants pourraient être une mine d’or en termes de ventes, leurs parents étant possiblement des gamers également (le jeu pouvant être joué à plusieurs au passage), mais les éditeurs semblent vouloir poursuivre leurs faibles efforts pour proposer des adaptations dignes de ce nom.
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