Borderlands est incontestablement la poule aux œufs d’or de Gearbox Software, qui s’est surtout fait connaître des joueurs grâce à cette licence. En effet, il faut admettre que le studio n’avait jamais véritablement brillé avec des productions catastrophiques comme Alien : Colonial Marines, Duke Nukem Forever, ou bien encore l’assez décevant Battleborn, qui débordait pourtant de qualités.
C’est véritablement à partir de Borderlands, puis de Borderlands 2 ainsi que Borderlands : The Pre-Sequel – moins marquant – que le studio a conquis le cœur des joueurs avec un background cartoon à la Mad Max, et surtout doté d’un humour noir et potache qui faisait le café. Désormais, alors que Borderlands 3 n’a pas encore été totalement annoncé de manière officielle, Gearbox Software semble jouer un peu la montre. Effectivement, pour faire patienter les joueurs, le studio sort donc une version en réalité virtuelle du second opus, Borderlands 2 VR, actuellement en exclusivité temporaire sur le PlayStation VR. Sorti il y a maintenant plus de sept ans tout de même, le titre a t-il été bien retravaillé pour la réalité virtuelle ?
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ToggleUn chasseur de l’arche contre le Beau Jack !
Dans Borderlands premier du nom, nous sommes forcés d’avouer que le scénario importait réellement peu et ce, en dépit d’une panoplie de personnages pour le moins déjantés et complètement loufoques. Sur ce second opus désormais, c’est un peu bis repetita, avec évidemment quelques qualités indéniables. Comme dans le premier Borderlands, nous incarnons un nouveau chasseur de l’arche qui devra se confronter à un nouvel ennemi, le Beau Jack. Ce dernier, gérant la corporation Hyperion, est à le recherche de la fameuse nouvelle arche, en forant tout l’éridium sur la planète de Pandore que l’on ne présente plus. Votre objectif sera de l’arrêter et découvrir ses véritables intentions qui sont de détruire Pandore. Pour ce faire, vous serez accompagné des anciens chasseurs de l’arche du premier opus à savoir Brick, Mordecai, Roland ainsi que la belle sirène qu’est Lilith.
Concrètement, une fois encore, il est évident que ce n’est pas le scénario de Borderlands 2 qui va nous faire sauter au plafond par son originalité. En réalité, la fin n’est pas si marquante que ça, mais cela fera de nouveau monter la hype des joueurs sur une potentielle suite annoncée de manière plus ou moins officieuse depuis un moment. Ceci dit, on retrouve malgré tout ce background fantastique totalement bien foutu de bout en bout, et débordant d’inspirations. De plus, il est plus que plaisant de revoir la bouille de certains personnages qui ne manquent pas de charisme. Le grand méchant de l’histoire qu’est le Beau Jack n’est également pas en reste avec ses quelques dialogues bourrés de punchlines. Entre les ex-chasseurs de l’arche qui trouvent enfin la parole, Mad Moxxi, Marcus, Scooter, l’indémodable Claptrap ou bien encore notre sublime Beau Jack, on sent des personnages travaillés, qui débordent d’humour, complètement barrés au possible, et c’est tout simplement cela qu’on aime dans Borderlands 2 VR. L’humour noir du soft est d’ailleurs de retour une nouvelle fois dans ce second volet à la sauce VR, et nous prendrons toujours un pied monstre à sourire sur les nombreuses répliques cultes de chaque personnage.
Dans son humour comme dans son atmosphère, Borderlands 2 n’a pas pris une seule ride en VR !
Ce qui aura également le don de nous charmer c’est sa direction artistique, qui n’a décidément pas pris une ride comme sa construction. Le style graphique cartoon est et sera toujours l’une des grandes forces de la production de Gearbox Software. Bien évidemment, si le moteur graphique commence à prendre sévèrement de l’âge, il faut dire que son esthétique cartoon avec un soupçon de Mad Max fait encore son petit effet aujourd’hui. Concernant sa construction globale, elle marche du feu de dieu aujourd’hui encore avec cette progression dans des zones grandes et ouvertes qui varient systématiquement au niveau des décors, ce qui apporte incontestablement un peu de fraîcheur. En clair, quel pur plaisir de revisiter Pandore en VR !
Avez-vous envie d’être le « sbire » de Claptrap ?
Qui dit version VR, dit forcément un changement radical de gameplay. On se doute que Gearbox Software a dû une nouvelle fois se creuser la tête pour adapter convenablement Borderlands 2 en réalité virtuelle. Pour le coup, on retrouve finalement une maniabilité plus ou moins similaire aux shooters actuels à savoir un déplacement par téléportation, ou via un déplacement traditionnel. Au niveau de la caméra, vous pourrez la tourner progressivement comme dans la plupart des FPS en VR, ou bien tout simplement regarder autour de vous avec le PSVR. Cette formule que l’on a vue bon nombre de fois marche une fois de plus efficacement, et notez qu’il est possible d’y jouer avec la DualShock 4, ou bien via les PlayStation Move. Hélas, pas de trace d’une compatibilité au PSVR Aim controller, qui semble être passée à la trappe à notre plus grand regret.
Néanmoins, le gameplay aux Move est plutôt bien pensé, avec une main pour sélectionner ou interagir avec des objets ou quêtes, et l’autre pour manier de manière très fluide notre pétoire. La précision est bien présente, et on prendra directement un plaisir monstre à placer quelques headshots par-ci par-là sur les vilains sadiques, garogos ou bien les différents pillards de l’arche aussi fous que dangereux. Quant à la jouabilité à la manette, le plaisir est moins palpable. On maniera directement nos deux mains automatiquement avec la manette, et la visée se fera directement au casque. Chose assez peu pratique lors des gunfights, qui restent on le rappelle aussi fun que très nerveux. Vous aurez vite fait de vous faire mal au cou à force de vous tordre dans tous les sens, et on vous recommandera chaudement le gameplay au Move. Cela demandera un temps d’adaptation certes, mais une fois les commandes bien assimilées, on retrouve tout le fun, la nervosité, mais aussi la brutalité d’un Borderlands, dont le feeling général est toujours aussi jouissif et plutôt fluide. Au passage, notez que le calibrage est impeccable, et nous n’avons eu à aucun moment de gros soucis, si ce n’est quelques petits bugs de collision parfois relativement gênants.
L’une des nouveautés de cette version VR soit dit en passant, c’est la possibilité d’utiliser un mode bullet time. Intitulé BAMFE – Bad Ass Mega Fun Time -, cette jauge de ralenti vous permettra de vous sortir de situations relativement périlleuses si une tripotée d’ennemis vous arrivent sur la tronche. Le ralenti ne dure qu’une poignée de secondes, et vous permettra d’ajuster vos adversaires en face de vous, et de vous sortir de gunfights assez chauds. Cela accroît de manière exponentiel le fun que peut procurer immédiatement Borderlands 2 VR, et vous donne la faculté qu’on se le dise de tuer vos ennemis avec un style et une classe inégalée. Cette nouvelle mécanique est donc pour le coup relativement bienvenue, s’avère utile et vous accorde au moins la possibilité de calmer un peu le jeu lorsque les combats deviennent un peu trop tarabiscotés pour vous. Bien entendu, sachez que la jauge se remplit continuellement une fois utilisée, et il faudra en général attendre un petit moment avant de pouvoir la réutiliser à nouveau.
Il s’agit là du jeu le plus abouti, le plus long, et le plus jouissif en VR avec Borderlands 2 VR !
La conduite dans Borderlands 2 VR a également changé pour la rendre plus immersive. Désormais, vous serez en vue FPS et verrez directement le cockpit de votre véhicule. En revanche, il faut bien avouer qu’au premier abord, la maniabilité de notre bolide est surprenante, et vraiment pas forcément aisée à manier. Mais une fois les mécaniques comprises sur le déplacement de notre véhicule, les sensations sont plutôt sympathiques. Toutefois, la physique un peu lunaire de notre véhicule fait qu’à la moindre collision, notre voiture peut vite partir en cacahuète, et nous donner parfois un peu la gerbe. Pour le reste cependant, le fait d’avoir ajouté cette vue FPS à contrario de la vue TPS dans le jeu de base est une sacrée bonne idée, et renforce une certaine immersion qui fait bien plaisir. En revanche, on lui reprochera de ne pas pouvoir se placer sur la tourelle du véhicule en question, et nous serons systématiquement obligé de viser avec notre casque directement, à bord du siège conducteur…
Côté difficulté, Borderlands 2 VR reste dans une certaine cohérence. Tout comme le titre de base, les différentes quêtes auront un niveau prédéfini cela va de soi, et il sera toujours possible d’en faire une à votre niveau pour pouvoir justement aborder les autres missions plus sereinement. Dans le fond, le mode normal de Borderlands 2 VR n’est pas foncièrement difficile, et certaines zones s’adapteront toujours plus ou moins à votre niveau pour pouvoir prendre un minimum de fun et de plaisir de jeu instantané. C’est un point qui a toujours été aux petits oignons dans les Borderlands en général, et sachez qu’à la fin du jeu vous débloquez le mode de jeu chasseur ultime. Il s’agira là d’un mode de difficulté qui vous autorisera à affronter des ennemis avec un niveau plus élevé pour plus de challenge, et de récupérer de surcroît du loot beaucoup plus intéressant. Clairement on ne va pas se mentir, le soft de Gearbox est toujours aussi bien calibré et d’un équilibrage sans faille.
Au rayon des défauts et il y en a, ce sera peut-être l’absence des DLC, mais également du mode multijoueur en coopération. D’ores et déjà, nous avons du mal à suivre Gearbox Software de ne pas avoir eu la décence de proposer au moins les DLC disponibles dans cette version VR de Borderlands 2. Cela est relativement incompréhensible, car cela aurait pu permettre de rallonger considérablement la durée de vie du titre, déjà assez colossale pour un titre VR. C’est vraiment très frustrant, surtout si les joueurs voulaient par exemple se refaire les différents DLC de qualité en VR. A voir plus tard si Gearbox les sortira un jour. Ce qui aura le don de décevoir également, ce sera forcément son absence de coopération. C’est ce qui faisait indéniablement le sel du jeu d’un côté, car le titre était à la base taillé pour la coopération à 4 joueurs. Et cela se ressent malheureusement sur cette version en réalité virtuelle, même si les développeurs ont pu compenser cela avec la fameuse jauge BAMFE. Mais cela dit, et même si les raisons probablement techniques ont dû justifier la suppression du mode coopération, c’est forcément le bât qui blesse sur Borderlands 2 VR. Dommage…
Un côté RPG encore efficace, et quelques quêtes annexes joyeusement débiles
Outre les gunfights nerveux et jouissifs qui font le café, son côté RPG est toujours présent et fonctionne efficacement. A chaque début de partie, et comme le jeu de base, vous avez le choix entre quatre classes à savoir Zero l’assassin, Axton le commando, Salvador le Gunzerker, ainsi qu’une nouvelle sirène, en la personne de Maya. Chaque personnage aura trois arbres de compétences bien distincts, dont un logiquement réservé à leur compétence spéciale. Zero pourra se rendre invisible quelques instants et asséner un coup mortel à l’un de ses adversaires, tandis qu’Axton pourra déployer sa fameuse tourelle comme Roland dans le premier Borderlands. Concernant enfin Salvador et Maya, nos deux autres héros de l’arche pourront respectivement porter deux armes en même temps, et geler ses ennemis en stase pendant un temps. Il y en a clairement pour tous les goûts, et les classes sont en définitive complémentaires pour notre plus grand bonheur. En revanche, et au risque de nous répéter une fois encore, on déplorera l’absence des deux autres classes que sont Krieg le Psycho, ou encore Gaige la Mécromancienne. Décidément, il faut croire que Gearbox ne voulait inclure que le jeu de base sans les DLC, et c’est vraiment très regrettable…
Au-delà des arbres à compétences de nos personnages qui nous apportent des bonus pour leur unique compétence ou statistiques, il y a une nouvelle fois cette génération procédurale du stuff. Effectivement, à chaque zone que vous explorerez ou en tuant des ennemis, vous récupérerez du loot. En effet, vous pourrez chiper de nouvelles grenades, boucliers, armes, reliques, mods de classes, et ces derniers seront à chaque fois générés de manière procédurale. Vous aurez donc inéluctablement de toutes nouvelles armes et autres équipements à chaque fois, et le nombre est juste colossal. Il y aura aussi un ordre de rareté pour chaque arme allant du moins rare au plus rare – blanc, vert, bleu, violet, orange. Bien évidemment, chaque équipement aura des bonus de statistiques ou bien encore de dégâts élémentaires – électricité, slag, corrosif ou de feu. Sachez en sus que vous pourrez aussi choper du loot en accomplissant différentes quêtes, voire des éléments de personnalisation pour votre personnage.
Si quelques mécaniques prennent un petit coup de vieux, son côté RPG dépote clairement.
On retrouvera aussi une spécificité intéressante mais qui était assez peu exploitée dans le titre de base, il s’agit de l’éridium. Vous en ramassez un peu partout sur les diverses zones, et elle vous sert de monnaie d’échange via un marchant dans Sanctuary, soit votre Q.G. dans le soft. Moyennant quelques fragments d’éridium, vous pourrez augmenter le stockage de votre inventaire, mais également votre place dans le coffre qui vous permet de stocker vos armes. De plus, vous pourrez aussi augmenter significativement le nombre de munitions que votre pétoire pourra porter. L’idée est franchement bienvenue, mais nous avons le sentiment que Gearbox n’avait fait que gratter la surface sur cette mécanique à l’époque, et c’est bien dommage qu’elle n’ait pas subi un petit coup de polish sur cette version VR.
Pour en venir à l’inventaire justement, c’est l’un des points noirs du soft hélas. Lorsque vous voulez accéder à votre inventaire ou à d’autres interfaces, les collisions avec le décor entachent la lisibilité, déjà un peu chargée sur l’inventaire. Du coup, nous devrons fatalement se mettre à distance d’un décor et pouvoir lire notre interface de manière plus claire. D’ailleurs, cette dernière est finalement assez peu lisible comme notre petite map affichée sur notre HUD, car la possibilité d’affichage du PSVR n’est pas réellement adaptée par moment. Pour déplacer également notre stuff c’est également un chemin de croix et les manipulations restent parfois assez capricieuses. Mais au-delà de ça, cela reste plus que convenable malgré ces accrocs.
Côté durée de vie enfin, il y a incontestablement de quoi faire. Il faudra au moins compter pas moins de 25 voire 30 heures de jeu pour voir le bout de l’histoire principale, en effectuant bien entendu une palanquée de quêtes annexes pour pouvoir faire monter votre personnage en niveau entre temps. D’ailleurs, même s’il y a pas mal de quêtes secondaires fedex, on en appréciera malgré tout quelques-unes. L’écriture de certaines missions secondaires sont plaisantes, avec un ridicule de la situation et un humour noir que l’on ne présente plus sur le titre. Concrètement, pour tout terminer à 100 %, force est de constater qu’il faudra compter le double, voire un petit peu plus si vous aimez prendre votre temps. Il s’agit définitivement de l’un des plus longs jeux de la VR actuellement.
Un bon Steak Barbare
Sur le plan technique, Borderlands 2 VR n’est pas ridicule. Si on pourra lui reprocher des graphismes pour le moins datés avec toujours ces soucis de retards d’affichage sur les textures, le jeu reste parfois visuellement agréable. Pour un jeu totalement en VR, le travail effectué est franchement propre avec très peu d’aliasing, une distance d’affichage correcte sur PS4 standard du moins et surtout, quelques arrière-plans sympathiques. On notera également une absence totale de motion sickness pour notre bon plaisir. La modélisation des personnages est également bonne, et on appréciera à juste titre ce côté immersion qui marche totalement. Par contre, on lui reprochera aisément de ne pas avoir retravaillé les cinématiques, qui ne sont juste qu’un pauvre écran… Cela casse pour le coup un peu l’immersion à chaque présentation des boss, même si elles restent pour la plupart stylées.
Pour terminer viens la bande-son. Les doublages français sont clairement au top avec un Christophe Lemoine au sommet de son art dans le peau du Beau Jack qui en porterait presque le jeu à bout de bras. Dans sa globalité, l’acting est franchement bon et on se tape de bonnes tranches de rigolade avec cet humour noir et potache, et les diverses punchlines du méchant de l’histoire. Les musiques nous mettent elles aussi dans l’ambiance de la planète Pandore complètement déglinguée de Borderlands, et ses thèmes musicaux qui varient les plaisirs en fonction de ce qu’il se passe à l’écran. Il n’y a pas à dire, Borderlands 2 VR conserve parfaitement toutes ses qualités.
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