À l’origine du projet de l’équipe polonaise de Purple Ray Studio, une équipe de 5 personnes seulement avec pour but de participer à l’Epic MegaJam 2021, une Game Jam parfaite pour se faire connaître ou récolter des financements etc. À l’issue de leur présentation couronnée de succès les plaçant à la première place grâce à leur prototype BotiBoi dans lequel un petit robot devait agréger des données le plus vite possible avant la saturation de l’espace disque, l’équipe a décidé de s’unir dans un tout jeune studio et de proposer ce prototype sous un jeu complet, Boti: Byteland Overclocked.
Une seule ambition : proposer une aventure de plateforme en référence à leurs jeux d’enfance, tout en apportant la technicité des outils d’Epic Games au service d’un gameplay facilement appréhendable. Alors que sa sortie est attendue pour ce 15 septembre uniquement sur PC (les versions consoles étant prévues pour 2024), il est grand temps de plonger dans les méandres de nos bécanes ventilées pour en découvrir tous les petits secrets.
Conditions de test : Nous nous sommes infiltrés dans les méandres d’un PC overclocké durant environ 6h30, le temps de finir le jeu et de débloquer une très grande partie des options proposées, le tout sur PC via Steam.
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ToggleJe vais le dire à ma Carte-Mère
Dans Boti: Byteland Overclocked, vous incarnez Boti, un jeune robot de transmission débarquant au coeur d’un ordinateur pour y prendre ses fonctions dans une contrée nommée Byteland. Totalement muet, Boti sera accompagné de deux petites bestioles, Zero et One, en référence aux signes du langage binaire, et qui ne cesseront de faire vivre votre épopée avec les autres composants que vous rencontrerez ou pour transmettre vos pensées.
Alors que vous suivez une formation accélérée sur vos compétences en tant que robot (faisant office de tutoriel), vous allez découvrir que votre rôle va prendre une grande ampleur quand Kernel, le chef – le Task Manager en quelque sorte, disparait mystérieusement au même moment que votre nouvelle maison subit une attaque de glitchs et autres virus.
À vous de mener l’enquête à travers 8 niveaux représentant les principaux composants d’un système PC disposés en hub autour d’une carte-mère colorée, allant du processeur, à la carte graphique en passant par l’alimentation. Des niveaux tous différents, mignons et plutôt bien fichus, avec en mission fil rouge, agréger le maximum de data, des données disposées dans des caisses au format ZIP pour les placer dans des encodeurs et enclencher des processus permettant votre progression.
Au fil de votre épopée numérique dans Boti: Byteland Overclocked, vous allez rencontrer de multiples personnages, tous ayant quelque chose à dire de drôle (quoi que pas toujours), mais de foncièrement décalé, et on ne peut qu’apprécier l’effort fait par les développeurs pour nous proposer cette bouffée d’air frais vidéoludique. Carton rouge cependant à Zero et One, qui tout en ne servant à pas grand chose durant votre aventure, ne cesseront de parler, voire même se répéter, pouvant provoquer quelques grincements de dents.
Au rayon des personnages, vous allez par exemple faire la connaissance d’un certain Lieutenant Columbot, en référence au célèbre lieutenant à l’imperméable beige des années 70, qui tentera à vos côtés de résoudre l’enquête menant au dérèglement complet du système que vous occupez désormais. Et il nous faut avouer que nous n’avons pas toujours saisi le sens ou la direction prise par la narration.
Coupures un peu abruptes des dialogues, fin assez vite expédiée etc., il nous a été difficile d’en tirer une quelconque morale ou finalité après un peu plus de 6h30 passées sur le jeu et c’est plutôt dommage. Heureusement, la partie ludique vient consolider l’ensemble, quoi que cette affirmation pourrait tout aussi bien comporter quelques alinéas contradictoires.
Pourvu que la mémoire soit vive
Nous le disions, dans Boti: Byteland Overclocked vous allez devoir récolter des bits par milliers pour alimenter les encodeurs mais aussi réussir à obtenir les 3 étoiles de chaque niveau afin de parfaire votre score. Mais d’autres collectibles sont également à ramasser comme des pièces d’or appelées Botcoins, des journaux audios de Kernel expliquant son parcours en fil rouge du vôtre, mais aussi des skins par dizaines que vous pouvez obtenir via des écrans numériques dissimulés dans les tableaux, des caches de données, etc. Il vous faudra ainsi fouiller, chiner, partout, dans les moindres recoins pour trouver tous les secrets cachés, renforçant une certaine rejouabilité.
Boti dispose d’une palette de mouvements assez limitée pour compléter son aventure : il dispose en effet d’un saut, d’un double-saut, d’un petit dash, d’une attaque tournoyante, d’un scanner d’environnement (très peu utile soyons francs), de capacités de magnétisme très utilisées dans les différents niveaux, d’un vol plané sur courte distance, mais aussi d’une attaque sautée pour détruire caisses et ennemis, associés à des boosts de vitesse ou de vol plané à ramasser sur le terrain. Même si la palette d’actions tient la route, nous aurions aimé davantage d’évolution dans les pouvoirs et capacités de notre Boti, qui pourra néanmoins être amélioré via un menu ( plutôt indigeste) renforçant sa santé, son scanner et son rayon d’absorption des données.
Des tonnes de situations différentes vous attendent dans Boti: Byteland Overclocked, allant des blocs qui s’effondrent, à des courses dans des rivières de données, des toboggans musicaux à refaire à l’infini façon Guitar Hero, des énigmes et des combats. Bien que l’ensemble soit très sympathique à parcourir, nous avons été déçus par la disparité de traitement des différents niveaux : en effet, totalement fans du niveau se déroulant dans le dissipateur thermique, nous avons été plutôt déçus du level design des trois derniers niveaux, moins inspirés et remplis de bugs, nous en reparlerons. Déception aussi pour les courses en bouées sur rivières, dont la maniabilité erratique était tout sauf agréable.
Les combats, eux, sont plutôt nombreux, et ne vous proposeront guère de challenge pour être remportés. À noter de rares combats d’exception, tous les ennemis revenant inlassablement sous diverses formes, demandant de vous occuper à la fois d’eux et de leurs « usines » de production. Vous disposez d’une barre de vie assez conséquente et toute mort vous ramènera au checkpoint précédent (ils sont assez fréquents rassurez-vous), sans vous amputer de votre progression en récolte de bits ou dans la résolution des énigmes. Divers glitchs vous attaqueront également, vous engluant au sol et vous forçant à faire une attaque sautée pour vous en débarrasser, une trouvaille sympathique.
Vous devez le percevoir à la lecture de ce test, Boti: Byteland Overclocked regorge de référence aux domaines des nouvelles technologies, à l’architecture des ordinateurs mais aussi à leur fonctionnement, pour un ensemble qui tient la route et qui parait presque réel. Et malheureusement, bien que le charme des lieux, des personnages et de l’histoire donne envie de poursuivre l’aventure, cela n’est absolument pas le cas de la partie technique clairement décevante.
Le processeur le plus bruyant
Confrontés à plusieurs bugs au cours de notre aventure, nous avons d’abord choisi le parti pris d’envisager une limite technique provenant de notre machine. Mais après inspection des paramètres minimums et recommandés, bien que cela ait pu forcément contribuer à notre ressenti et expérience de jeu, notre bécane devait normalement tenir la route, ayant déjà supporté plus intense. Nous avons malheureusement rencontré de nombreux problèmes d’affichage des textures, qui se mettaient à jour au bout de plusieurs minutes sur certains éléments (notamment les boites ZIP), allant jusqu’à parfois faire disparaitre notre personnage lors de certaines cinématiques, ou encore en nous faisant passer à travers plusieurs plateformes pourtant bien présentes.
Autre exemple au rayon des bugs de Boti: Byteland Overclocked, le retour au hub qui se faisait via les dessous de la carte avant un chargement sauvage nous ramenant à la surface avec un popping affreux. Idem concernant les grosses chutes de framerate par moments, notamment dans le duo de niveaux finaux, mais aussi dans le hub principal, bien loin des trailers et séquences découvertes auparavant. Malgré tout, le jeu dispose d’une colorimétrie, d’une direction artistique et d’effets de lumières très satisfaisants, rendant hommage à l’Unreal Engine 5 utilisé ici et sa technologie Lumen notamment, surtout dans les niveaux à renforts de néons style cyberpunk.
Malheureusement, les bugs les plus problématiques ont été présents au cours même des séquences de gameplay, parvenant à nous bloquer complètement par moments. Disclaimer cependant, un document relatant le contenu du patch notes à venir pour la sortie du jeu mentionnait nombre de ces bugs rencontrés (combat de boss qui ne fonctionne pas, bouton mural inaccessible etc.) mais nous avons été bloqués par d’autres contenus dont les scripts ne se déclenchaient pas, nous ayant forcé à contourner le système heureusement assez libre, ou alors nous poussant à redémarrer le jeu en espérant une résolution (la plupart du temps bien effective).
Ajoutez à cela une bande-son assez maigre et se répétant un peu trop, l’absence de sous-titres par moments ou un mauvais affichage des touches à l’écran (Triangle alors que nous jouions sur manette Xbox par exemple), pour que Boti: Byteland Overclocked se ressente comme manquant encore trop de polish alors que sa sortie demeure imminente. Il eut peut-être été profitable que le jeu soit repoussé en fin d’année voire l’année prochaine, à l’instar des éditions consoles à venir, tout en proposant une version sous-titrée en français, absente au lancement, le jeu étant intégralement en polonais ou en anglais. D’ailleurs, petit aparté, lors d’une seconde session, le compteur de cœurs n’apparaissait plus, laissant place à un tremblement de l’écran façon glitch, sans que l’on sache réellement si cela était dû à un bug ou une mise à jour non stipulée.
Enfin, sachez que le jeu dispose d’un mode multijoueur local, ou en ligne, avec amis ou non, vous permettant de réaliser l’aventure à deux. Nous avons pu nous essayer à ce mode mais nous n’avons été que peu convaincus par la plus-value apportée ici, assez éloignée d’un fantastique It Takes Two, l’ensemble se résumant à couper la poire en deux sur les récoltes et les actions de mécanismes, le jeu s’y prêtant pourtant très bien en solo. Néanmoins, quand toutes les textures sont présentes et chargées et qu’aucun bug n’est à déclarer, il nous faut avouer que le jeu tournait comme un charme et révélait un potentiel d’animation et aussi artistique qui pourrait avoir puisé ses inspirations chez Pixar ou encore chez un certain Ratchet & Clank: Rift Apart, mais aussi Sackboy: A big adventure rien que ça.
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