Déjà parent d’un jeu de plus petite envergure sorti en 2017 et nommé A Writer and His Daughter, Dimfrost Studio appartient à Maximum Entertainment et est basé à Norrköping en Suède. Le studio nous emmène à présent aux confins de son pays d’origine pour mettre en image les contes et légendes folkloriques les plus connus de leur Histoire dans Bramble: The Mountain King, sorti depuis le 28 avril dernier sur PC, PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox One, Xbox Series X/S et Nintendo Switch. Une version physique est d’ailleurs disponible, distribuée en France grâce à Just For Games.
Après nous avoir proposé une démo il y a plusieurs mois, nous permettant de nous rendre compte du potentiel de frissons qui allait accompagner sa sortie cette année, nous étions impatients de poser les mains sur ce titre original et à la saveur toute particulière, puisqu’il puisera dans vos plus profonds cauchemars pour vous hérisser les poils. Cramponnez-vous, et surtout, ne vous retournez pas.
Conditions de test : Nous avons terminé l’aventure avec toutes les figurines cachées, pour un total de 5h30 de jeu sur PlayStation 5.
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ToggleSonge d’une nuit de cauchemars
Vous appréciez les contes de fées et autres récits sans histoires ? Laissez-nous vous mettre en garde avant de lancer Bramble: The Mountain King. En effet, l’épopée de Olle et Lillmor, un frère et sa sœur, n’est pas de tout repos et risque même de vous filer les chocottes. Alors que l’aînée s’enfuit par la fenêtre de la chambre de la fratrie, le jeune frère, Olle, décide de la suivre pour la convaincre de revenir à la maison et ne pas désobéir à leur mère. Vous voilà au clair de lune à trouver votre chemin dans une forêt aux semblants calmes mais dont la sérénité va vite voler en éclats.
Alors que le frère et sa sœur font de délicieuses rencontres auprès de nains de jardins savoureux, Lillmor est enlevée par une terrible créature gigantesque, ressemblant à une sorte de troll, qui l’enferme dans un sac avant d’essayer d’attraper Olle. Après une fuite vous dégageant de son emprise, vous voilà perdu dans cette forêt mystérieuse, débutant une aventure qui aurait presque l’air d’un spin-off au conte de Lewis Carroll que l’on aurait pu renommer pour l’occasion, Alice au Pays des Cauchemars, bien qu’il nous fasse penser davantage à Limbo ou Little Nightmares dans sa construction.
Vous allez traverser de multiples panoramas tous différents au travers d’une grosse douzaine de chapitres, le temps de vous accompagner environ 5h si vous prenez la peine de ramasser tous les collectables en chemin, sous la forme de statuettes de bois représentant pour la plupart les boss que vous rencontrerez. Car votre épopée prenant la forme d’énigmes et puzzles à déchiffrer pour progresser en utilisant les éléments du décor, vous serez fréquemment interrompu dans votre quête vers la Montagne, lieu où serait retenue votre sœur, par d’étranges apparitions horrifiques et glauques, tout droit sorties du folklore scandinave.
Bien que le scénario n’évoluera guère jusqu’à la fin de l’épopée et la fin de votre route vers la Montagne, vous n’aurez pas envie de lâcher la manette et de laisser Olle à son propre sort, grâce notamment à une gestion des événements à l’écran qui ne vous laissera jamais de moment de répit : tantôt un chemin à débloquer, tantôt un boss à affronter, ou encore une phase de plateforme, Bramble: The Mountain King est bien construit, ne laisse pas de temps mort inutile et va droit au but, parvenant ainsi à garder un rythme soutenu jusqu’à la toute fin et son boss final à la mélodie exquise.
Promenons-nous dans le bois…
Jouant avec des apparitions ou disparitions soudaines liés à certains angles de caméra, des jump scares (légers rassurez-vous) ou encore une gestion de la musique et des éclairages très fine, les développeurs de Dimfrost jouent avec nos nerfs et parviennent à instaurer une ambiance d’épouvante plus que d’horreur en misant fortement sur l’appréhension du joueur et notamment sur sa psychologie, renvoyant même parfois à certaines peurs enfantines accompagnées d’images glauques ou visages terrifiants. Certaines scènes sont d’ailleurs un peu dures à regarder, on pense notamment à notre balade dans des bois calcinés où vous attendent de drôles d’effigies…
Cependant, bien que l’on ait apprécié découvrir ces légendes et contes appartenant à la culture nordique, nous aurions aimé un peu plus de mise en contexte et un approfondissement de l’histoire de chacune des créatures rencontrées comme Näcken ou encore Skogsra. En effet, bien que l’on puisse découvrir des livres nous relatant leur histoire et ce qui les a menées à devenir de terribles créatures, pour la plupart humanoïdes, nous sommes restés sur notre faim car réclamant davantage de mythologie et d’interactions avec celle-ci, qu’uniquement les combats ou autres séquences d’infiltration.
Un contre-exemple cependant avec le tout dernier boss du jeu, dont l’affrontement pourra vous occuper plusieurs dizaines de minutes en fonction de votre skill mais qui, lui, bénéficie d’une réelle contextualisation avec un récit poignant, dévastateur et délétère pour lui même. L’occasion pour nous de rappeler que les événements dépeints dans le jeu sont plutôt sombres, comme vous avez dû vous en apercevoir à chacune de ses présentations ou jusqu’à présent à la lecture de notre test.
Nous ne vous en dirons pas plus sur l’histoire se situant au cœur de l’expérience de Bramble: The Mountain King, mais sachez que celle-ci sera au service de tout un panel de mécaniques agréables à jouer, si tant est que l’on ne soit pas allergique aux errances de caméras.
Que vois-je ? Une platefo… ah non !
En effet, le gameplay de la production signée Dimfrost regorge de situations toutes différentes ou presque en fonction des tableaux traversés, bien que le coeur du jeu résidera en une alternance entre sprint, sauts, utilisation d’une lampe torche et d’un pouvoir lumineux, ainsi que des accroupissements. Tout le reste diffèrera en fonction des lieux, tableaux, stages de boss où vous vous trouverez. Au coeur d’une forêt, vous devrez éviter les soubresauts sanguins d’une adversaire redoutable sous forme de vagues, tandis que des effigies devront être détruites. Un peu plus tôt, vous allez devoir utiliser votre cristal brillant pour éclairer et aveugler le boss se tenant devant vous ou détruire les ronces se dressant sur votre chemin.
D’autres séquences vous demanderont une infiltration hors pair pour ne pas être repéré, tandis que des ondes de choc vous tueront sur le coup face à un autre ennemi. Mention spéciale aux deux derniers combats de boss, demandant énormément de réflexes et d’apprentissages pour contrer les différents patterns et vous en sortir, provoquant des morts atroces par coudées.
Heureusement, les développeurs ont pensé à tout, et notamment aux joueurs et joueuses les moins habitués aux die & retry, car le jeu en prend souvent le tournant, en proposant de très nombreux points de sauvegarde, ne vous ramenant que quelques secondes avant ce saut fatal ou ce coup mortel. De quoi encourager la prise de risque et le passage à un cheveu de la mort pour récompenser les joueurs les plus audacieux, d’autant plus que le titre joue extrêmement souvent sur un timing serré et parfait, mais également sur les ombres et les lumières pour composer ses énigmes.
Nous faisions allusion à une forêt un peu plus haut, eh bien imaginez au sortir de celle-ci un village où vous attendent de mystérieuses créatures assoiffées de votre sang, bienvenue dans Resident Evil 4, ou presque, cette séquence demeurant par ailleurs parmi les plus pénibles de par sa gestion chaotique de la caméra. Un changement assez singulier d’ambiance, mais qui là encore n’est pas suffisamment poussé pour réellement inclure le joueur.
Nul doute que vous pourrez rager un tant soit peu contre ce déplacement trop tardif ou cet ennemi modifiant son pattern à l’envie, mais vous aurez envie d’y revenir pour connaître la suite, d’autant plus que le jeu n’est absolument pas punitif, comme on pourrait le croire en lisant ces dernières lignes, et ne dispose d’ailleurs pas d’un niveau de difficulté énorme, si tant est que l’on observe bien son environnement, et c’est là que le bât blesse.
Une direction artistique remarquable, mais…
Il est vrai que les phases de plateforme ne sont pas le point fort de Bramble: The Mountain King. Sauts erratiques, trajectoires douteuses, plateformes mal délimitées et réceptions incorrectes à cause de hit boxes mal placées, nous avons subi pas mal de déconvenues, entachant par moment l’expérience qui pourtant mérite d’être jouée. Heureusement, ces situations demeurent à la marge, mais on aurait aimé un peu plus de soin apporté à ces séquences dont certains passages pourraient s’avérer pénibles à traverser, avant de retrouver une nouvelle zone magnifiée.
Oui, Bramble: The Mountain King est vraiment beau, quand il le veut. Associant panoramas enchanteurs, créatures et personnages presque photoréalistes par moments, mais surtout nous offrant une ribambelle de mélodies soignées, une qualité de textures (surtout environnementales, les personnages étant inégaux, notamment en gros plan), d’éclairages et de mise en scène souvent en plein dans le mile, le jeu se classe parmi le haut du panier de la qualité audiovisuelle de ces dernières années, surtout si on le compare au reste de la sphère indépendante. A noter qu’il est doté d’une narration orale lors de la lecture des livres notamment, uniquement en voix originale sous-titrée en français, une voix du plus bel acabit par ailleurs et qui fait vraiment bien le job.
Nous n’avons enfin pas été confronté à des bugs trop marquants, si ce n’est les éternels bugs de collision et une latence de script se déclenchant un peu tardivement. De même, le jeu demeure extrêmement fluide, grâce (ou à cause au choix) notamment à la linéarité de son aventure qui demeure finalement très balisée, trop peut-être, certains environnements invitant pourtant à la flânerie entre deux décors glauquissimes.
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