Avec son esthétique bien à lui, Broken Lens s’est fendu d’une jolie apparition lors de notre AG French Direct de mai dernier pour nous présenter son trailer, mais aussi une date de sortie et une démo restée disponible pendant plusieurs semaines. En partant du principe de revisiter le jeu mythique des sept différences, bien connu des petits et grands, et de le moderniser pour en faire une aventure à part entière, la Team Run (connue pour son diamétralement opposé RUN: A World In-Between) veut nous faire savoir qu’on peut tout à fait passer d’un jeu frénétique à un jeu plus détente et mettant à profit notre observation et notre patience.
Nous avions d’ailleurs pu déjà nous essayer au jeu en marge de l’AG French Direct, ainsi que poser nos questions avisées à l’équipe. Mais alors que Broken Lens est prévu uniquement sur PC via Steam ce 22 juillet, il est grand temps de donner notre avis définitif sur ce titre à nul autre pareil. Nettoyez les verres sales de vos lunettes, humidifiez vos lentilles et partons à la rencontre d’un petit robot attachant mais à la vision un peu décousue.
Conditions de test : Nous avons terminé à 100% les 6 biomes proposés par le jeu, sur PC via Steam. Nous n’avons cependant pas réussi à résoudre l’intégralité des 5 secrets promis.
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Un orage s’abat sur un petit robot sorti d’usine. Un éclair capté par son antenne provoque la fissure d’une de ses lentilles, modifiant par la même occasion la vision de son « œil » gauche. C’est de ce postulat que démarre Broken Lens. Probablement pour justifier son aventure, le robot va traverser différents tableaux en tentant de démêler le vrai du faux dans ce qu’il voit à travers chacune de ses lentilles.
Le principe de Broken Lens est donc d’une simplicité enfantine : votre objectif est de trouver les dix différences entre deux images représentant la même et unique scène pouvant être déroulée grâce au maintien du clic de votre souris. Sur l’image ci-dessus par exemple, il s’agira de repérer (entre autre) le niveau de l’eau de la carafe d’eau tout en bas.
Facile, me direz-vous ? Si la difficulté vous est chère, ne vous inquiétez pas, les développeurs de la Team RUN ont prévu de bien corser le jeu au fil des niveaux composant les 6 biomes au total, un biome n’étant débloqué que si vous faites quelque chose en particulier dans le jeu. Nous nous tairons volontairement ici sur la méthode permettant de débloquer le 6e biome, davantage narratif par ailleurs (avec une « vraie » fin), permettant par la même occasion de changer drastiquement de colorimétrie générale, de mise en scène ou de dramaturgie, en mettant en avant d’autres personnages qui prennent tout leur sens dans la globalité de l’aventure. Une sorte d’épilogue très réussi.
Bien que la structure du jeu soit tout de même assez « scolaire » en empruntant le même schéma tout au long des 60 niveaux traversés, il est aisé de se laisser prendre au jeu tant l’ensemble demeure fluide, et même challengeant. Mais les développeurs de la Team RUN ont pensé à tout pour vous laisser la possibilité de vous aider afin de mieux traverser certains tableaux qui ne demeurent pas si grand que cela, rajoutant du dynamisme à l’ensemble.
Notez par exemple la possibilité de passer au prochain niveau dès 5 erreurs repérées dans un tableau. Il est donc tout à fait possible de terminer le jeu avec « seulement » 250 erreurs retrouvées dans les 5 premiers biomes, en quelques heures donc. Vous pouvez aussi zoomer assez fortement pour trouver la moindre petite différence. Mais l’intérêt final de Broken Lens se trouve ailleurs puisque le jeu vous encourage à poursuivre votre quête des erreurs en mettant à votre disposition une aide en jeu permettant d’entourer une zone sur la scène où se trouve une nouvelle erreur. A vous de choisir la taille du cercle symbolisant la zone à étudier, en fonction de votre degré d’aide voulu et avec un temps de latence assez important avant de pouvoir la réutiliser.
Une tonne de succès sera par ailleurs disponible pour récompenser vos faits et gestes allant de l’utilisation de l’aide en jeu (jusqu’à un succès mentionnant 2 aides maximum pour tout le jeu !), à la recherche de toutes les pages perdues d’un livre ou à la découverte de l’ensemble des erreurs. Prenez votre temps pour tout retrouver donc, le soft voulant faire la part belle à la détente, à l’aspect reposant d’un jeu venu ici pour rafraichir votre catalogue le temps d’une soirée ou deux.
Cultiver nos différences
Pour renforcer cet aspect chill et décontractant, il vous faut savoir que Broken Lens ne disposera d’aucun mode compétitif, de rapidité ou de clics minimum pour réussir les niveaux. Autrement dit, le seul juge de paix de votre partie, ce sera vous, puisqu’il n’y a pas de game over, pas de chronomètre, et pas de coups maximum autorisés. Les développeurs nous avaient exprimé cette volonté (surtout après le frénétique RUN: A World in-Between) afin de « retirer toute notion de stress, le but [étant] de se faire plaisir et de passer un bon moment », lors de notre interview.
La seule petite attention portée aux clics intempestifs espérant trouver une erreur non vue étant le brouillage de votre vue par d’immenses tâches d’encre noire (à l’instar de Mario Kart pour vous donner une idée), effaçable très facilement par le passage du curseur de la souris par dessus.
Bien qu’il faille donc avouer que le gameplay de Broken Lens est par définition très largement accessible, on ne pourrait pas en dire autant de la compréhension générale du titre. Et ce n’est malheureusement pas les 50 pages d’un livre mystérieux à retrouver qui nous aident davantage. Extraordinairement bien cachées, surtout dans les deux derniers biomes, ces pages sont en fait de petits dessins reformant au final une sorte de journal totalement cryptique, façon Tunic pour celles et ceux qui auront la référence, expliquant des mouvements et autres interactions à effectuer pour percer les ultimes secrets du monde de Broken Lens.
Car oui, là où la Team RUN nous montre l’étendue de ses talents, c’est dans le fait d’avoir caché pas moins de 5 secrets tout au long des niveaux traversés. A coups de manipulation de l’environnement, de mélodies jouées sur un drôle de piano, les joueurs et joueuses pourront en apprendre davantage sur ce qui est arrivé au petit robot par lequel nous voyons le monde, bien qu’il nous faudra avouer ne pas avoir réussi à percer tous ces secrets.
La faute à une compréhension des pages un poil trop exigeante et pas suffisamment explicite à notre goût, ce qui est réellement dommage quand il ne manque que cela pour terminer un jeu à 100%. Au rayon des regrets, nous aurions aimé un peu plus de renouvellement dans l’expérience, comme une vue se brouillant de manière intempestive, une inversion des mouvements droite-gauche etc., ce qui aurait pu encore davantage dynamiser l’expérience sans la rendre moins reposante.
Petit robot deviendra grand
A la découverte des quelques captures d’écran que nous vous partageons pour ce test, vous avez pu remarquer la patte graphique singulière du titre, très colorée, très inspirée aussi, les décors et la colorimétrie se renouvelant fréquemment entre les biomes et parfois dans les biomes eux-mêmes. Bien que toutes ces scènes soient en quelque sorte des arrêts sur image d’une scène précise, on parvient aisément à ressentir les événements s’y déroulant, parfois avec une tonne de robots, parfois avec de mystérieuses créatures, des champignons etc. Un ensemble artistique que l’on doit à EncreMécanique, tandis que le développement du jeu en tant que tel doit être crédité à Hephep, en ce qui concerne le noyau dur de la Team Run.
Mais l’aspect sonore est tout aussi important dans Broken Lens, rendant compte parfois de musiques très calmes, reposantes, permettant une vraie évasion du quotidien, à des musiques plus épiques, plus organiques, symbolisant l’importance des scènes se jouant devant nous. Cette formidable mise en lumière auditive est due à un compositeur français lui aussi, Yomoeh, qui vous proposera même de jouer sans « mode épique » afin de profiter de musiques relaxantes et envoutantes tout du long. Il nous faut cependant signaler un ou deux bugs de déclenchement de ces musiques, nous faisant traverser certains niveaux dans un calme trop… calme.
Des bugs finalement assez peu présents durant toute l’aventure, hormis quelques latences au chargement de certains niveaux, ce qui est plutôt normal pour un jeu en fin de développement au moment du test. L’ensemble demeure cependant fluide, sans aucun problème pour le défilement des niveaux, qui peuvent par ailleurs être aperçus en entier au sein d’une galerie dans le menu de sélection, pour se rendre compte de la multitude de détails en plans larges.
Enfin, si vous vous posez la question de la durée de vie, comptez environ 5 à 6h pour terminer le jeu en ligne droite avec la moitié des erreurs trouvées, 7 à 8h pour voir le bout de l’aventure avec toutes les 600 erreurs, et probablement 10 à 12h pour réunir toutes les 50 pages du livres et les 5 secrets. Un jeu à petit prix (moins de 7€) qui a de quoi vous tenir deux ou trois bonnes soirées, en attendant, on l’espère, un portage sur Nintendo Switch, qui répondrait parfaitement à ce type de jeu.
A noter enfin que nous n’avons pas pu apercevoir les fonctionnalités de l’intégration Twitch qui sera proposée aux streamers, pour permettre à leur communauté de les aider dans la recherche des erreurs, voire même de les en écarter, via le biais de votes sur des mots clés. Une fonctionnalité bienvenue mais qu’il faudra juger sur pièce à la sortie.
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