Brothers : A Tale of Two Sons fait partie de ces jeux qui n’ont nulle autre prétention que de nous nous raconter une belle histoire, à la limite de l’introspection. Oubliez les FPS survoltés, les Uncharted dynamiques ou les Need for Speed haletants : ici, rien de tout cela mais, le temps de quelques heures, le fait de se laisser transporter dans un récit émotionnel puissant !
Un voyage initiatique
Brothers : A Tale of Two Sons vous conte le voyage de deux frères. L’un, grand, robuste et sage, se fait contrebalancer par le benjamin, plus malicieux et espiègle. C’est en voulant sauver leur père malade que cette petite fratrie quittera le village, afin de trouver un remède efficace au mal qui ronge ce dernier. La mère ayant trouvée la mort lors d’un tragique accident, la volonté des deux héros de tout faire pour garder le parent restant est palpable. Une volonté forte, certes, mais néanmoins emplie de mélancolie et de doute, puisque même l’écran-titre ne fait aucune transition lorsque l’on démarre une nouvelle partie, un peu comme pour dire : tout va trop vite, mais le temps n’attend pas !
La maniabilité est une curiosité de cet œuvre. En effet, vous contrôlez les deux frères avec une seule et même manette. Le côté gauche (Stick + gâchettes) sert à déplacer le grand frère, et le côté droit (Stick + gâchettes) le petit. Si, au début, il faut une certaine adaptation, le coup de main arrive très vite, et les premières énigmes, pensées pour être résolues rapidement et facilement, servent de tutoriel. Les touches L2 et R2 vous permettent d’interagir avec l’environnement, et vous aurez des réactions différentes selon le personnage qui exécute l’action. En tout et pour tout, seulement quatre boutons serviront durant tout le jeu.
Derrière cette simplicité se cache une vrai trouvaille de gameplay, car vous agissez en tant que « conducteur » des héros, un peu comme si leur amour fraternel était lié au sein d’un même réceptacle (la manette), et, en tant que joueur, vous devenez celui qui commande leur destin. Sobre, efficace et malin à la fois !
Le jeu se construit à la manière d’un Puzzle-Game/Aventure assez classique, et ne vous demandera jamais plus que ce que ce genre peut offrir. Le contrecoup de cet effet « simpliste » est que les énigmes sont très faciles, et ne font véritablement jamais freins à votre périple. Tout au plus, elles vous bloqueront cinq minutes, mais une fois que vous avez compris que les objets lourds sont pour le grand frère, et les passages étroits pour le petit, vous aurez assimilé les fondamentaux du jeu et vous avancerez sans peine. La plupart du temps, il suffit de relier le bon personnage à la bonne action à exécuter pour progresser. C’est un peu le revers de la médaille de n’avoir qu’un seul bouton d’action par héros.
Un univers fantastique construit
La grande force du titre est la présentation de son univers, travaillé, aguichant et dangereux à la fois. Tout se mélange, certains passages tirants leurs inspirations de contes de fées, d’autres s’appuyant sur des récits plus glauques et plus matures. C’est un mélange assez étonnant, mais qui fonctionne : nous avons toujours l’envie d’aller plus loin pour découvrir les nouveaux environnements et voir ce qui nous attend.
Pour renforcer cet effet, rien n’est laissé au hasard, jusqu’au langage des différents protagonistes, qui parlent un dialecte inconnu (dérivé du libanais me semble-t-il). Pas de sous-titres, pas de traduction, rien du tout ! Ainsi, le joueur est obligé d’essayer de comprendre les mots échangés avec son simple sens de l’observation, ce qui accentue la plongée dans un monde mystérieux et participe à renforcer le fait de rester « spectateur » tout en étant le principal « acteur » de cette histoire. C’est nous qui agissons, puis qui assistons, impuissants, aux conséquences de nos actes. Et ça, c’est fort !
Les graphismes employés renforcent d’ailleurs cet effet : le jeu tourne sous l’Unreal Engine 4, et utilise un style « dessin-animé » un peu mal travaillé, mais de manière totalement volontaire. Les couleurs sont donc chatoyantes, et les effets de lumières s’adaptent parfaitement aux différents paysages que nous visitons. L’OST, magistrale, n’est pas composée de beaucoup de pistes, mais possède un thème propre et absolument divin pour les oreilles. Tout est fait pour nous transporter et nous donner l’impression d’ouvrir un vieux livre de contes à chaque démarrage.
Le jeu possède un potentiel narratif fort, qui sort des sentiers battus !
« A chaque démarrage », c’est vite dit, car dans le meilleurs des cas, vous en connaîtrez trois ou quatre, et dans le pire, un seul ! En effet, la durée de vie du titre, très faible, vous fera voir la fin du jeu très rapidement. Comptez cinq heures, si vous prenez votre temps, admirez les paysages, contre trois voire deux heures si vous rushez comme un malade. Dommage, car les énigmes n’étant pas assez difficiles pour relever tout cela, banquer la quinzaine d’euros pour Brothers : A Tale of Two Sons laisse un goût amer en bouche. Et en plus de ça, pas la peine de compter sur une quelconque rejouabilité, car le titre n’a pas du tout été pensé dans ce sens-là. Nous vous conseillons plutôt d’attendre une promotion avant de craquer. Le voyage en vaut la peine, c’est sûr, mais il ne faut pas pousser le bouchon sous prétexte d’avoir une narration bien bâtie.
Il faut donc voir le titre pour ce qu’il est : une expérience narrative forte et originale, qui ne réinvente pas la poudre, mais qui a, malgré ses défauts, un désir de vouloir nous faire voyager. Si le jeu pêche sur le plan technique, il se rattrape sur le plan émotionnel, car la solidarité des deux frères et leur confiance mutuelle sont la clé de voûte de la progression et, au final, nous enseigne une leçon de moralité qui est à saluer.
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