En 2013, Starbreeze Studios et 505 Games sortent conjointement Brothers: A Tale of Two Sons, le premier jeu signé Josef Fares, l’homme aux exubérances notables dans de nombreuses cérémonies de l’industrie ces dernières années. Mais au-delà de ses sorties remarquées, le suédois possède également un capital sympathie (ou pas d’ailleurs) glané au fil des années grâce notamment à la puissance ludique de ses productions, de Brothers donc, au récent It Takes Two, le GOTY 2021, en passant par A Way Out en 2018.
Une décennie plus tard et fort du succès de cette dernière production, les deux entités italiennes 505 Games et AvantGarden Games (autrefois connu sous le nom d’Ovosonico SRL lors des sorties de Murasaki Baby et Last Day of June notamment), nous proposent de redécouvrir le premier bijou de Josef Fares, dans une version magnifiée pour l’occasion et intégralement refaite sous le moteur Unreal Engine 5, Brothers: A Tale of Two Sons Remake. Une épopée unique, qui gardera son gameplay d’antan et sa vocation indépendante, mais au récit toujours aussi porteur et poignant qu’autrefois.
Le jeu sera disponible sur PC, PlayStation 5 et Xbox Series X/S dès ce 28 février prochain en version dématérialisée uniquement, au prix de 19,99€, en espérant une sortie physique un de ces jours comme ce fut le cas pour d’autres jeux récemment.
Conditions de test : Nous avons terminé Brothers: A Tale of Two Sons Remake en une seule session d’un peu plus de 3h de jeu, le tout sur PlayStation 5 avec la version 1.000.000. Nous avons joué principalement en mode solo mais le mode coopération a été également essayé lors d’une nouvelle partie. Pour garantir l’intégrité de la découverte pour celles et ceux découvrant le jeu pour la première fois, nous garantissons notre test sans spoiler narratif majeur.
Sommaire
ToggleQuand le terme Remake est utilisé dans toute sa splendeur
Commençons par le vif du sujet au cœur de notre critique aujourd’hui, la qualité du remake de cette aventure unique. Puisqu’il s’agit ici du remake d’un jeu sorti il y a une décennie, vous ne pourrez passer à côté du gap graphique monstrueux (dans le bon sens du terme) offert par les équipes d’AvantGarden Games. C’est tout simplement époustouflant ce que l’on peut découvrir au fil des quelques petites heures en compagnie de nos héros d’une fable, avec toujours une fidélité très proche de l’épopée d’origine, et une réorchestration franchement bluffante.
Vous pourrez par ailleurs vous en rendre compte au fil de notre test avec la présence de plusieurs scènes capturées à la fois sur le jeu original (version PS4) et sur la nouvelle mouture 2024 de Brothers: A Tale of Two Sons Remake. Merci l’Unreal Engine 5 certes, mais il faut tout de même féliciter le travail des équipes qui ont su donner à cette œuvre majeure de la scène indépendante les lettres de noblesse qu’elle méritait. Pour l’occasion, les merveilleuses musiques d’origine ont été réenregistrées par un orchestre pour rajouter à la puissance des scènes et situations rencontrées pour un plaisir auditif toujours aussi jouissif.
Notons également le travail incroyable effectué sur les jeux de lumière, lors des panoramas des environs dans les séquences sur les bancs qui sont de retour ici, ou encore la qualité des éclairages en environnements sombres mais aussi en zones plus ouvertes. Les textures ont toutes été remaniées de zéro, en ajoutant beaucoup plus d’humanisation dans les personnages dont le character design a été intégralement repensé, en reprenant d’ailleurs le code couleur des vêtements pour faciliter le gameplay asymétrique et millimétré (nous y reviendrons plus loin).
Un travail tout particulier a notamment été effectué sur les personnages annexes, à commencer par le troll des cavernes et sa dulcinée, aussi ravissants que couverts de champignons, ou encore les géants du champ de bataille que vous pourrez observer en fin d’aventure. A noter tout de même de rares ralentissements lors de certaines phases de transition, ou encore des positionnements de caméra un peu aléatoires dans des endroits exigus, mais cela reste relativement à la marge.
Un récit toujours aussi poignant
Si vous n’avez jamais eu l’occasion de poser les mains sur Brothers: A Tale of Two Sons au cours de votre vie vidéoludique (chacun ses défauts, que voulez-vous), laissez-nous vous conter succinctement l’histoire de deux frères : Naia est assez grand, costaud et courageux, et Naiee, chétif, encore petit et pas très aventurier. Après la disparition tragique de leur mère dans un accident en haute mer, le petit frère a déclenché une phobie aquatique l’empêchant de nager seul.
Un matin, alors que le plus jeune se recueille sur la tombe de leur mère, celui-ci doit aider son grand frère à transporter leur père mal en point jusqu’à la maison du docteur du village. Un seul remède : un élixir très spécial que l’on ne trouve qu’au sommet d’un arbre de vie, lui-même au sommet des plus hautes montagnes. Sans plus de préambule, notre fratrie se met en quête de ce remède miracle pour sauver le seul parent qui leur reste, dans des aventures leur faisant traverser moult paysages et dangers. Une histoire qui se soldera par la fin connue de tous les joueurs et joueuses de l’époque, d’autant plus marquante et troublante grâce à la qualité de ce remake.
Au programme, cavernes sombres et dangereuses, cimetière inquiétant, tour de pierre géante ou encore champ de bataille, vous enchaînerez les panoramas très différents et réorchestrés de main de maître pour épauler nos deux ados dans leur quête de la dernière chance. N’espérez toutefois pas d’ajout majeur concernant la trame narrative de l’épopée originale. Mais il se pourrait bien que vous deviez fouiller davantage qu’auparavant pour trouver toutes les nouvelles interactions disponibles (dont certaines bien cachées), ainsi que les deux trophées supplémentaires rajoutés à l’occasion de ce remake.
Une remise au goût du jour non seulement graphique donc, mais aussi organique, en rendant l’ensemble d’autant plus crédible. A noter que le jeu ne proposera toujours aucune parole compréhensible, les personnages s’exprimant dans un dialecte inconnu, mais si vous avez déjà fait l’aventure de base, vous savez très bien que cela n’est nullement nécessaire pour faire avancer la narration. D’autant plus que les énigmes rencontrées resteront d’une facilité assez importante, ne vous bloquant pas de nombreuses minutes inutilement.
Un remake pertinent et justifié, d’abord sur l’aspect graphique, mais aussi sur l’aspect narratif, mais qui aurait pu davantage briller en incorporant de nouvelles zones, de nouvelles péripéties, telle une relecture plus complète de l’œuvre de Josef Fares et ses équipes, comme on a pu le découvrir avec les retours de Resident Evil 4 ou encore récemment de Final Fantasy VII Remake et Rebirth. Mais à 19,99€ et pour une œuvre qui reste indépendante malgré tout, on ne peut faire la fine bouche !
Un gameplay affûté… avec ses imperfections
Brothers, c’est en quelque sorte un essai avant le magnifique It Takes Two. En effet, en proposant un gameplay asymétrique complet, l’esprit malin de Josef Fares a réinventé le gameplay coopératif, en remettant l’entraide entre joueurs et joueuses au centre de l’équation. Deux façons de jouer à Brothers ici : à un seul joueur qui contrôlera les deux frères avec le même contrôleur, ou encore à deux joueurs ou joueuses qui dirigeront chacun un des frères.
Ceci dénote un changement profond avec son successeur It Takes Two, qui lui vous oblige à jouer à deux en permanence pour progresser. Grâce à l’ingéniosité de son gameplay et la présence de seulement quatre touches pour progresser (un joystick et une gâchette par frère), vous pourrez facilement avancer, en prenant garde de ne pas lâcher la mauvaise touche au mauvais moment, sous peine de recommencer un peu plus tôt.
On pourrait penser que le remake d’un jeu datant d’une dizaine d’année pourrait dire aussi gameplay un peu daté. Cette affirmation pourrait être ici à moitié vraie, le gameplay s’étant suffisamment bien adapté aux contrôleurs modernes sans ajouter de nouvelles variétés d’approches, le jeu demeure finalement « dans son jus » avec ses imperfections de l’époque qui demeurent encore ici. Il vous faudra presser la bonne touche au bon moment, quitte à vous y reprendre à plusieurs fois si le contrôle ne répond pas parfaitement, sans vous cogner avec l’autre frère, tandis que la caméra vous accompagnera maladroitement parfois.
Des mécaniques propres à ce jeu qui vous demanderont un petit temps d’adaptation pour contrer vos habitudes vidéoludiques mais qui une fois bien en main, brillent par leur simplicité et leur ingéniosité, comme à leur découverte il y a dix ans. Cependant, avec sa trame qui reste identique de bout en bout, nul doute que la redécouverte par les joueurs et joueuses de la dernière décennie sera moins pertinente que pour les nouveaux arrivants. Mais avec la présence de ce gameplay qui voit double, on peut potentiellement songer à une rejouabilité limitée lors d’une seconde partie pour participer en incarnant le second frère, mais cela reste malgré tout assez dispensable.
A ce prix-là, cela vaut réellement le coup de repasser à la caisse, tant pour l’aventure que pour les émotions transmises, mais aussi pour la qualité de cette réimagination, si l’on parvient à mettre de côté l’aspect très court de l’épopée fraternelle, l’aventure vous occupant tout au plus environ 3h.
Cet article peut contenir des liens affiliés