Bug Fables : The Everlasting Sapling est le premier jeu du studio indépendant Moonsprout Games. Ce RPG inspiré de Paper Mario est-il à la hauteur de son modèle et arrive-t-il à proposer une expérience qui lui est propre ? C’est ce qu’on va voir aujourd’hui.
Conditions de test : Test réalisé sur PlayStation 4 sur une partie d’environ 30 heures de jeu en difficulté normale.
Sommaire
ToggleUn univers travaillé
Au cœur de la nature se trouve un petit continent prospère nommé Bugaria. Des insectes du monde entier y voyagent à la recherche de trésors, dont le fameux « Everlasting Sapling » (le jeune arbre immortel, littéralement) qui, d’après ce qu’on dit, procurerait l’immortalité aux individus mangeant l’une de ses feuilles.
Nous incarnons alors dès le début du jeu une équipe de deux aventuriers fraîchement constituée. Ainsi, Kabbu le scarabée et Vi l’abeille débutent leur voyage en quête d’artefacts désirés par la Reine des fourmis. Très vite, un troisième camarade, Leif le papillon, les rejoindra.
Si le scénario de base semble relativement banal (à l’exception du contexte insectoïde du titre), il saura tout de même s’étoffer au fil des heures et vous fera réellement vous attacher aux différents protagonistes tout en vous donnant envie de découvrir la suite de leurs péripéties.
Chose très appréciable, le jeu propose énormément de PNJ et surtout de livres et monuments qui vous en disent plus sur l’univers dans lequel vous évoluez. C’est un véritable plus en matière d’immersion et cela accentue l’aspect « aventurier » du soft. Sachez cependant que pour bien profiter de tout ceci, un niveau correct d’anglais sera nécessaire puisque aucun sous-titrage français n’est de la partie.
Des combats vraiment bien fichus
Côté gameplay, le jeu se présente comme un RPG au tour par tour. Néanmoins, les affrontements se montrent plutôt originaux grâce à tout un ensemble de mécaniques bien pensées que nous allons vous présenter ici.
Lors de votre tour, il vous est possible d’espionner l’ennemi pour récolter des informations sur la façon la plus efficace de le combattre. Cette mécanique à elle seule se montre particulièrement intéressante puisqu’une fois un type d’ennemi analysé, tous les adversaires suivants du même type verront leurs points de vie affichés, ce qui pourra définir la suite de votre stratégie. Mais elle est surtout intéressante car Bug Fables nous confronte à des situations demandant un minimum d’organisation et de réflexion, puisque pratiquement chaque espèce d’ennemi présente ses spécificités, nous forçant à nous adapter en permanence.
Notre trio de héros possède lui aussi ses propres compétences. Kabbu peut par exemple faire en sorte qu’un ennemi protégé par une armure sorte de sa coquille, tandis que Leif sera en mesure de forcer un ennemi sous-terrain à émerger du sol. Enfin, Vi est la seule à pouvoir atteindre facilement les ennemis volants pour les ramener sur le plancher des vaches. La synergie du groupe fonctionne donc très bien et les différentes capacités que chaque personnage apprendra au fil du jeu enrichira régulièrement l’expérience.
Cependant, utiliser des compétences et espionner ne sont pas les seules mécaniques du jeu. Il vous est possible de changer à tout moment (durant votre tour) l’ordre des personnages à l’écran, ce qui a un impact sur les dégâts occasionnés ainsi que sur les chances d’être visé par l’adversaire. De la même façon, il est possible d’offrir le tour d’un personnage à un autre si celui-ci est nécessaire dans notre stratégie. Attention cependant, car faire agir deux fois le même protagoniste durant le même tour aura pour effet de le fatiguer, diminuant ses caractéristiques momentanément.
Enfin, chaque action du jeu se montre originale et fait en sorte de ne pas vous laisser inactif. En effet, n’importe quelle attaque ou compétence que vous lancez vous demandera de réaliser diverses choses. Maintenir une touche directionnelle et la relâcher au bon moment, appuyer dans le bon ordre et dans un temps imparti sur les bonnes touches, secouer le stick de gauche à droite, etc..
Tout est fait pour vous maintenir attentif en permanence, puisque rater ces séquences rendra vos attaques bien moins efficaces, voire totalement inutiles. Même constat côté défense puisqu’il vous est possible de parer les attaques ennemies en appuyant au bon moment sur une touche. Une parade normale diminuera les dégâts tandis qu’un blocage parfait les réduira à zéro.
Malgré toutes ces possibilités, ne vous attendez pas à une promenade de santé. Sans être extrêmement dur, Bug Fables présente un côté assez old-school dans sa difficulté et il faudra bien faire attention durant votre avancée pour ne pas mourir bêtement. Un mode difficile est également de la partie pour les plus braves d’entre vous. L’aspect RPG est quant à lui réussi grâce à un système de level up bien pensé qui ne laisse personne à la traîne, pas mal de compétences à apprendre et une gestion de l’équipement intéressante.
Quelques petits défauts mineurs viennent se greffer à toutes ces grandes qualités, comme l’ATH, stylisé mais pas très ergonomique et une certaine répétitivité dans les actions à accomplir, mais en dehors de ça, le soft s’en tire vraiment très bien.
Une exploration intéressante et une générosité hallucinante
Le level design n’est pas en reste dans ce titre décidément qualitatif. Chaque lieu vous force à changer de personnage contrôlé régulièrement afin de profiter de ses capacités spéciales pour progresser. En effet, les spécificités de chacun de vos 3 insectes servent aussi bien dans les combats qu’en dehors. Ainsi, Vi pourra actionner des mécanismes à distance grâce à son boomerang alors que Leif congèlera les gouttes d’eau pour créer des plateformes. D’autres possibilités se débloquent au fur et à mesure et assurent un bon renouvellement des puzzles et énigmes, qui vous demanderont par ailleurs d’être attentif et de faire marcher un minimum vos petites cellules grises.
Sans vous lâcher complètement dans la nature, la progression évite tout de même de trop vous prendre par la main, ce qui participe à l’impression de vraiment faire partie d’une expédition d’aventuriers. Celle-ci est plutôt bien rythmée (paradoxalement avec la cadence de déplacement) par tout un tas de péripéties plaisantes et parfois inattendues dans des environnements variés. Vos pérégrinations seront accompagnées de musiques de très bonnes qualités (et vraiment nombreuses) et de dialogues souvent agrémentés d’une bonne dose d’humour.
Comme pour le gameplay, on trouve ici quelques petites maladresses, notamment dans le switch de personnages qui ne se fait que dans un seul sens, ce qui pose problème puisqu’on contrôle 3 personnages, forçant à faire un tour complet pour retourner sur le premier de la liste. On note aussi quelques soucis de visibilités lors de l’exploration, la faute à une caméra à hauteur fixe qui cache parfois certains éléments du décor voire carrément des ennemis qui peuvent alors nous attaquer par surprise.
Côté contenu, le jeu est d’une générosité assez incroyable. Comptez environ 25-30 heures pour venir à bout de l’aventure en ligne droite tandis que compléter l’ensemble des quêtes annexes et défis optionnels fera grimper le compteur à 50 heures environ. Les quêtes annexes sont d’ailleurs pour la plupart réellement scénarisées avec beaucoup de petites scènes supplémentaires. Un plaisir.
Notez que ce chiffre est tout de même à relativiser un tout petit peu, car il faudra composer avec un rythme franchement lent durant les déplacements, seul défaut nous ayant réellement dérangés durant l’expérience, mais cela est loin d’être suffisant pour tout gâcher.
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