C’est lors du Nindies, un show présentant les jeux indépendants sortant sur Switch, que Nintendo annonce une collaboration inédite: Crypt of the Necrodancer, le Rogue-Like endiablé du studio canadien Brace Yourself Games, va aller danser avec la célèbre licence The Legend of Zelda.
Rappelons tout d’abord le concept de Crypt of the Necrodancer (CotN), le croisement complètement improbable d’un Rogue-Like et d’un jeu de rythme. Une fusion assez facile à expliquer mais qui demande toute de même pas mal de concentration manette en main.
Profitons-en également pour expliquer vite fait le concept d’un Rogue-Like, ce sont des jeux qui vont générer aléatoirement le niveau, que ce soit les pièces, les ennemis et surtout les équipements. Cette mécanique de gameplay a le mérite de rendre chaque partie fondamentalement différente. Certains apprécient ce concept qui se rapproche d’un jeu à la durée de vie infinie, d’autres pesteront plus sur l’aspect aléatoire et la faute à pas de chance pour se justifier d’un game over.
Le tour de force de Crypt of the Necrodancer, c’est d’avoir réussi à apporter intelligemment tout un système de jeu de rythme au Rogue-Like. Sur le papier, c’est très simple, la moindre action, un déplacement, une ouverture de coffre, une attaque… doit se faire selon le tempo dicté par la musique du niveau. Et dans les faits, c’est un des jeux de son genre les plus délicats à apprivoiser. Car les monstres rencontrés sont soumis à la même règle, et eux aussi se déplacent en rythme, et certains disposent d’attaques à distance. Il est très facile d’oublier le principe de base de CotN dans les situations les plus périlleuses.
N’hésitez pas à foncer sur Spotify pour écouter l’OST du jeu composée par Danny Baranowsky qui est un véritable petit bijou ! Non content d’avoir réussi cette fusion inattendue, les développeurs tentent de transformer l’essai en y ajoutant un nouvel élément, et non pas des moindres, puisque c’est la licence The Legend of Zelda, qui devra à son tour bouger selon le rythme endiablé de ses thèmes, remixés pour l’occasion !
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Même si CotN disposait d’un scénario pour se donner un prétexte, Cadence of Hyrule va pousser l’idée un peu plus loin en proposant un véritable mode histoire. Octavo, le méchant du jeu, ensorcelle Hyrule et plonge Link et Zelda dans un profond sommeil. Heureusement pour l’intrigue, le sortilège de l’antagoniste ira invoquer Cadence, l’héroïne du jeu original, dans les terres hyliennes. L’occasion pour le joueur de passer par un petit tuto avant de pouvoir rejoindre les autres personnages principaux.
Un tuto qui passera comme une lettre à la poste pour un habitué du petit jeu indé. Les gluants verts ne se déplacent pas, les moblins lèvent les bras avant d’attaquer, comme les squelettes du jeu précédent… L’une des premières particularités de Cadence of Hyrule est que le système de pulsation (le fait de se déplacer en rythme) n’agit que quand il y a des ennemis à l’écran. Une fois la zone nettoyée, vous pouvez vous déplacer librement, sans aucune entrave. Et c’est ici qu’entre en scène la deuxième grosse différence de Cadence of Hyrule : fini la petite grotte qui sert à choisir son stage, et bonjour les vastes plaines d’Hyrule à explorer en rythme !
Le jeu se déroule à la manière d’un Zelda classique, c’est à dire qu’il faut explorer afin de trouver les 4 virtuoses et de régler leur compte afin d’affronter de nouveau Octavo. Bien que la carte n’ait pas la consistance de celle d’un Link to the Past, la centaine de zone qui fragmente les terres de Zelda regorgent de coffres, secrets, mais aussi d’ennemis. Ah, et les terrains de la carte sont répartis de façon différente pour chaque partie. Si vous recommencez un fichier, Hyrule ne sera pas la même. Eh oui, car si Cadence of Hyrule met beaucoup plus l’accent sur de l’aventure/exploration, il y a tout de même une part de Rogue-Like qui a survécu.
Et c’est là que le fan de Zelda risque de galérer, pour celui qui n’a pas fait CotN, Cadence of Hyrule est rude. Il faut se souvenir du pattern des différents ennemis, se rappeler de sa portée, faire attention à sa barre de vie et au tempo. On a vite fait de louper une pulsation, rester paralyser et se prendre un attaque. Vous allez mourir plus souvent qu’à vos débuts de Breath of the Wild, vous voilà prévenu !
D’autant plus, même le fan de CotN devra rester vigilant, car les plaines d’Hyrule ne sont pas le seul ajout. Il faudra faire aussi avec les équipements de la série Zelda, à savoir des bombes, bouclier, potions, les rubis, les petites clés… Sans évoquer les coffres répartis dans les zones qui proposent des défis parfois corsés. Tuer tous les ennemis sans louper son tempo, ni se faire toucher une seule fois ? Ce n’est pas chose aisée !
Le chant des tempêtes
Et oui, malgré son habillage Nintendo, Cadence of Hyrule tient plus du côté Crypt of Necrodancer que du côté The Legend of Zelda. Ceci dit, deux éléments ont été facilités pour le bien de tous. Tout d’abord, comme nous l’avions évoqué plus haut, le rythme n’est imposé que lorsqu’il y a des ennemis à l’écran, ce qui permet de souffler après un combat ou lorsque nous arrivons dans un village pour discuter avec les PNJ.
Ensuite, les diamants font leur grand retour. Ils permettent de s’acheter des objets entre deux morts, tels que des réceptacles de cœur ou des bombes par exemples. Et ce coup-ci, on peut en conserver autant qu’on veut, revenir danser avec les monstres ne demande pas de se débarrasser de tous ses précieux minéraux. Par contre, la mort est punitive, vous perdrez vos objets consommables, vos rubis et vos petites clés, et pas question de les récupérer en revenant sur notre lieu de décès !
Le challenge pour le joueur habitué aux Zelda ne se termine pas ici, puisque Cadence of Hyrule conserve les fameuses cryptes du jeu dont il prend la base. Celle-ci apparaissent lorsque vous allez partir à l’assaut des donjons. Dedans, le côté Rogue-Like reprend le dessus, en proposant des éléments générés aléatoirement, le tout ponctué par un boss. Et pour les fans de CotN, oui, le célèbre marchant qui rajoute une magnifique voix aux thèmes est bien présent, pour le plus grand plaisir de nos oreilles ainsi qu’au désarroi de notre bourse de rubis. Enfin, tenir le rythme est important, car en enchaînant bien vos temps, votre morceau de triforce en bas de l’écran scintillera de toutes les couleurs. C’est le moment de crouler sous l’argent et les diamants ! Cet effet disparaîtra si vous vous faites toucher où si vous louper votre pulsation.
Le titre est entièrement jouable à deux, bien que nous n’ayons pas eu de cobaye à se mettre sous la main, un allié supplémentaire peut tout à fait être bénéfique comme être un poids, puisque les deux joueurs sont soumis au même tempo. Si l’un des deux danseurs meurt, il suffit que le survivant revienne vers une pierre Sheikah (les checkpoints du jeu) pour ressusciter son comparse. Pour clôturer avec la présentation globale du titre, sachez que pour les moins mélomanes d’entre nous, il est tout à fait possible de jouer au jeu en enlevant les pulsations. Mais avouons que cela retire tout le sel du jeu, un peu comme si nous lancions une partie de Zelda avec tous les objets dès le départ.
La berceuse de Zelda
Venons-en maintenant au point le plus important du titre. Les musiques. Car oui, c’est tout de même un point essentiel au titre puisque c’est elle qui dicte nos déplacements. Et de ce côté-là, les petits potes de Brace Yourself Games ont fait un boulot de dingue pour réussir à fusionner les thèmes de la licence de Nintendo avec leur style musical bien rythmé. La musique de la plaine d’Hyrule, de la Grande mer, du désert Gerudo, tout est reconnaissable à la première note pour le fan et les remix marchent complètement. En sachant que la musique est dynamique car elle s’affole lors des affrontements pour au final s’adoucir une fois la rixe passée, difficile de se plaindre de cette OST de qualité. À noter que le passage dans les cryptes offre un mix entre les thèmes de Zelda et les compositions originales de M. Baranowsky. (Et pour les plus métaleux d’entre nous, sachez que c’est FamilyJules qui est à la guitare.)
Un véritable bonbon pour les oreilles. Nous ne pouvons que vous conseillez de jouer avec le son à fond en mode salon, et avec un casque en mode portable. Graphiquement, le jeu est également une réussite, le pixel art, réalisé par ceux qui sont derrière Sonic Mania, nous fait replonger tout droit aux opus GBA tels que Minish Cap. C’est tout mignon, ça bouge très bien et tout reste intuitif. On repère du premier coup d’œil quels sont les objets avec lesquels ont peut interagir, quels murs nous pouvons détruire avec une pelle… Et histoire d’enfoncer le clou, le jeu s’amuse à placer tout plein de petits détails et de clins d’œil faisant référence à Zelda. On ne sait pas si on doit fondre ou avoir peur des boss par exemple.
Hymne du vide
Avec tous ces points positifs, Cadence of Hyrule semble donc avoir réussi sa fusion. Ceci dit, même si le début est rude, le jeu reste plus facile que CotN. Car en effet, Link, Zelda et Cadence peuvent très vite augmenter leur barre de vie, et les décors ainsi que les monstres sont plus généreux en cœurs et en rubis. De plus les fontaines des fées aident bien puisqu’elles permettent de bien booster ses armes, en augmentant les dégâts ou en ajoutant un drain de vie. Le fait de pouvoir conserver ses diamants aide un peu aussi.
Pour adoucir encore plus l’expérience, la mort ne retire pas votre équipement principal, à savoir les épées et les objets comme les bombes. Ce qui donne une différence majeure par rapport à CotN. Seuls les objets qui peuvent se casser (comme les pelles, torches ou autres anneaux) disparaissent avec les rubis. Ce qui n’est absolument pas un problème puisqu’une fois la carte explorée, vous saurez où vous réapprovisionner. Et pour en terminer avec les objets, bien qu’ils soient présents en très grand nombre pour titiller le fan hardcore de Zelda, la plupart ont une utilité très limitée, soit parce qu’on y pense pas souvent, soit parce que les armes de bases se suffisent à elle-mêmes. Les 4 donjons ne sont pas non plus d’une cruauté sans nom puisqu’ils se composent chacun de deux étages de crypte (donc générés aléatoirement) puis d’un boss. Sachez en plus que vous pouvez très bien souffler entre ces trois événements (et il y a toujours un quart de cœur à attraper pour regagner toute votre vie avant le combat contre le boss).
Le fait que les donjons soient faciles surtout à un stade avancé du jeu est surtout dû à l’aspect aléatoire : en fonction de votre carte, vous pouvez tomber sur n’importe quel temple en premier, il est normal qu’ils soient fixés sur la même difficulté. Ceci étant, nous pouvons prendre du recul en nous disant que c’est un mal pour un bien, car cela permet aux joueurs découragés par la violence de Necrodancer de pouvoir s’amuser sur Cadence of Hyrule.
Malgré tout, il faudra attendre la toute fin du jeu pour retrouver un challenge similaire à une run de CotN classique. Excepté un début assez brutal, Cadence of Hyrule est un jeu abordable, mais court, comptez environ 6 heures si vous être un habitué de CotN, tandis qu’un joueur ayant moins le rythme dans la peau prendra environ 8 heures. Si vous ne désirez pas faire d’autres parties, cela peut effectivement vous dissuader d’acheter le jeu à plein tarif, mais gardez à l’esprit qu’il est également intéressant de faire de nouvelles run, car le jeu modifie la carte principale. Ce qui permettra peut-être de visiter de nouvelles salles au sein d’Hyrule permettant d’utiliser des objets, qui semblaient inutiles la partie précédente. Mais cela peut constituer un maigre substitut, vu qu’une sorte de caverne de l’Ordalie en bonus, générant une suite de crypte, aurait été tout aussi chouette pour réveiller le fan hardcore de Crypt of the Necrodancer.
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