Entre Marvel’s Midnight Suns et Superfuse, Capes est un énième titre à la sauce super héros. Un univers très en vogue ces temps ci et qui n’est pas prêt de prendre sa retraite, autant en jeu vidéo qu’en film série (avec notamment la saison 4 de The Boys qui arrive ce mois-ci). Voilà qu’intervient le studio Australien Spitfire Interactive, qui veut davantage approfondir ce thème, en y apposant sa patte visuelle et un ton aussi sombre qu’un The Boys. Situé dans un monde dystopique où les super héros sont considérés comme des pariah plutôt que des sauveurs, Capes n’a vraiment pas réussi à franchir le cap de l’excellence.
Conditions de test : Nous avons bouclé l’histoire principale et une poignée de patrouilles en 25h de jeu. Le titre a été testé sur PC avec 32Go de RAM, une RTX 3070 et un i5-12400 (2.50 GHz).
Sommaire
ToggleQuand la société contrôle tout
La trame scénaristique du soft n’a rien d’original à nous proposer, surtout si l’on a déjà regardé des séries comme The Boys et Invincible. Le titre nous entraîne dans une ville de King City où La Société, une corporation fondée par des super vilains qui contrôlent tout, éradique ou capture le moindre super héros. C’est à partir de là que vous allez contrôler une poignée de super héros faisant partie de la résistance, et qui vont devoir tout faire pour libérer cette ville sous l’emprise de La Société.
Globalement, c’est de cette façon que l’on pourrait résumer le synopsis de Capes, qui propose finalement des éléments déjà vus dans d’autres jeux, et qui ne surprennent guère. Le fil rouge du soft est aussi intrigant que barbant, dans le fond comme dans la forme. La faute à une écriture bancale à tous les étages sur la plupart des super héros, qui sont d’un cliché abominable et dotés d’un traitement très générique.
Il y en aura éventuellement une de rigolote qui se la joue influenceuse sur une plateforme de streaming mais au-delà de ça, tout est très plat. En fait, tout manque cruellement de profondeur comme la plupart des super vilains que l’on affronte, qui n’arrivent pas à marquer. Reste que l’esthétique BD au niveau du texte est quand même bienvenue, mais on ressortira très frustré de l’expérience scénaristique.
Le tout oscille très clairement entre le très faible voire le tout juste correct que ce soit sur la trame comme le traitement des personnages, bénéficiant d’un lore trop générique et sans surprise. Bien évidemment on vous le donne en mille, la fin est finalement très attendue et n’offre pas réellement de moment d’émotion.
De Capes et de super pouvoirs
Non, Capes n’a pas réellement revisité le genre tactique au tour par tour, que l’on retrouve à la pelle dans pas mal de jeux ces derniers temps. Grosso modo, Capes vous enverra systématiquement dans des missions où vous devrez au préalable choisir un maximum de quatre personnages. Vous pourrez déverrouiller au fil de votre progression pas moins de huit héros, et il vous faudra à chaque fois faire des choix, sauf dans certaines missions où vous serez parfois dans l’obligation d’en contrôler un seul, ce qui arrive assez rarement.
Concrètement, Capes se calque sur la plupart des jeux au tour par tour, avec des objectifs de mission relativement redondants, répétitifs et sans proposer une seule bouffée d’air frais. Éliminer tous les ennemis, escorter ou protéger certains nouveaux héros à enrôler ou juste des otages… il faut bien avouer qu’à terme, on s’ennuiera ferme sur la pauvreté des objectifs de missions. Qui plus est, il est à savoir qu’il sera obligatoire de terminer quelques patrouilles (l’équivalent de missions secondaires), afin de pouvoir poursuivre les missions principales. Encore une façon de rallonger artificiellement une durée de vie tiens…
Ce sont ces premiers constats qui exaspèrent, bien que la rejouabilité soit ancrée dans le cœur du gameplay pour la progression, sans que cela ne soit une bonne idée non plus. En accomplissant lors de vos missions des objectifs de défis, vous gagnez un point de compétence. Ces points seront ensuite à attribuer au choix à chaque héros, pour ainsi leur donner la possibilité de bénéficier de nouvelles compétences utiles, voire d’améliorer celles que vous possédez déjà et ainsi être plus efficaces dans vos compétences offensives et défensives.
Dans le fond, si tout est bien ficelé au premier abord, le levelling de chaque héros reste quand même mal équilibré avec ce dénichage des points de compétences en refaisant les missions, qui est une idée stupidement frustrante et barbante. De plus, il faut souligner la débilité de la difficulté, qui se base sur de la relance constante de votre ancienne sauvegarde si jamais vous sentez que vous échouez. Sachez que même en mode facile Capes ne l’est pas vraiment, et cette facilité illusoire aura le don de faire très rapidement abandonner les néophytes du genre, ce qui est dommage. Vous l’aurez compris, Capes manque d’équilibrage, en espérant que cela soit réglé dans de futurs patchs.
Capes ou pas cap d’être un vrai super héros ?
Après nous avoir à la fois émerveillé mais aussi frustré et déçu par sa structure, qui a pourtant des idées intéressantes, Capes réussit quand même à proposer des mécaniques de gameplay un chouïa novatrices. Tout d’abord, il faut savoir que chaque personnage a le droit à des points de déplacement, mais peut également effectuer deux actions à la suite. Cet ensemble permettra a minima au choix de limiter la casse, ou bien effectuer quelques actions stylées qui pourraient bien vous sortir de situations tendues.
Soit dit en passant, et si certaines compétences de personnages n’en restent pas moins classiques, elles sont assez efficaces dans l’exécution. Vous aurez Therma qui peut balancer quelques boules de feu en passant par Microclimat, qui peut foudroyer ses adversaires avec sa compétence ultime dévastatrice. En parlant justement de compétences ultimes, celles-ci se chargent différemment en fonction des super héros. En effet, Microclimat devra la charger en effectuant une attaque réaction en chaîne avec ses éclairs, tandis que Reflet devra encaisser pas mal de coups.
Cette subtilité dans la mécanique des habiletés ultimes fait bien le café, bien qu’il faille parfois obligatoirement les charger au plus vite afin de les utiliser à la chaîne pour nous assurer une victoire totale. Qui plus est, force est d’admettre que l’imprévisibilité de l’IA est une bonne chose certes, mais il s’agira cependant d’un détail qui pourra frustrer et nous forcer à relancer une sauvegarde. Certains combats de boss auront aussi le don d’énerver même en facile, alors que ce mode de jeu est pourtant censé aider les joueurs et non les pénaliser. Toutefois, on sera quand même satisfait par la vitesse des combats, assez véloces dans l’ensemble, mais aussi tout le côté fun que l’on arrive parfois à ressentir en jouant certaines missions, et lorsque que l’on arrive à enchaîner les attaques avec nos super héros.
Parmi les autres rares bonnes idées, il y aura l’utilisation du décor et les attaques combinées entre super héros. S’il n’y a hélas pas de système de couverture partielle ou totale comme dans un XCOM voire un Mutant Year Zero, il faut savoir que l’explosion d’un baril d’essence, le feu ou encore la projection des ennemis dans le vide sont l’une des mécaniques qui vous faciliteront définitivement la vie.
Ce sera un lot de consolation, comme les attaques combinées entre héros qui, lorsqu’ils sont proches, peuvent effectuer des attaques plus ou moins puissantes, et ainsi faire beaucoup de dégâts à certains ennemis. Il y aura a minima ces éléments là qui rendront Capes attrayant car pour le reste, le jeu est au moins moyen ou au pire correct dans l’exécution de son système de jeu ou game design. Il y aura à noter en revanche quelques angles de caméra foireux…
Visuel et sonore, un manque de panache certain
Sur le côté visuel, et on s’en rend compte dès les premières minutes de jeu, Capes n’est clairement pas beau. Son moteur graphique a une génération de retard sur la modélisation des décors et des personnages. Idem pour les divers effets graphiques et la mise en scène, qui sont d’un bancal effrayant. Nous pourrons aussi rester de marbre sur le chara design en cel-design très moyen des héros lors des dialogues, qui sont au mieux risibles, au pire embarrassants.
Pour ne rien arranger et hormis le mode bande dessinée qui sauve un peu les meubles, l’optimisation arrive à être juste correcte. Bien qu’il soit fluide dans l’ensemble, Capes se paie le luxe de quelques freezes gênants, mais aussi quelques bugs ou animations qui ne sont clairement pas dans les standards actuels. Décidément, il y a fort à parier que le budget devait être hélas limité pour livrer une copie tristounette de ce Capes, qui a pourtant du potentiel.
On termine avec la bande-son, qui ne fait pas de miracles. En dehors de doublages anglais qui restent dans le correct sans non plus faire des folies, le soft n’est pas marquant. La faute à des musiques qui malheureusement n’offrent rien d’épique ou de légendaire, et qui parfois ne collent pas à l’ambiance du jeu. Jusqu’au bout du bout, Capes n’arrivera jamais à proposer un niveau très haut.
Cet article peut contenir des liens affiliés