Card Shark est un projet indépendant édité par Devolver Digital et développé par le studio anglais Nerial (derrière Reigns notamment). Il s’agit d’un jeu d’aventures qui place au centre de son gameplay l’art de tricher aux jeux de cartes. Le titre vous plonge dans l’époque pré-révolutionnaire française. Vous incarnez un jeune garçon muet, pratiquement analphabète, qui travaille dans une taverne du Sud-Ouest de l’Hexagone.
Un soir, vous faites la rencontre du mystérieux Comte de Saint-Germain et acceptez de participer à un subterfuge qui vise à détrousser un autre client. Malheureusement, la friponnerie ne passe pas inaperçue et un officier de l’armée tue par accident la propriétaire de la taverne. Évidemment, vous êtes le principal suspect de cet homicide. Il ne vous reste qu’une solution : fuir en compagnie de votre nouveau mentor et l’accompagner sur les routes de France.
Condition du test : Nous avons testé une version Switch, principalement en nomade. Une brève session sur le dock nous a permis de profiter des jolis graphismes sur un écran de télévision. Nous avons rédigé cette review après une dizaine d’heures de jeu.
Sommaire
ToggleLe Robin des Bois des Lumières
Tricher au jeu peut être un art très rémunérateur mais il n’en reste pas moins difficile et dangereux. Il exige une grande dextérité, un long entraînement et un sang-froid imperturbable. C’est ce que tente de vous enseigner votre nouvel ami, le Comte de Saint-Germain.
Saint-Germain est inspiré du célèbre alchimiste du même nom, ayant vécu au dix-huitième siècle. Selon la légende c’est un personnage mystérieux, versant dans l’alchimie et l’ésotérisme, et ayant découvert l’élixir d’immortalité ! Quoiqu’il en soit, les développeurs de Card Shark ont réussi à en faire un personnage intéressant car non manichéen. D’ailleurs, Saint-Germain n’est pas la seule personnalité historique que vous croiserez dans le jeu, mais nous n’en dirons pas plus pour ne pas gâcher la surprise…
Durant les longs trajets en carrosse qui rythment l’aventure, le Comte n’hésitera pas à faire la conversation (pour deux, étant donné votre handicap…). Ses manières d’aristocrate-redresseur de torts sont plaisantes à observer et ses bavardages sont amusants.
Nous pouvons distinguer deux phases de gameplay : les phases d’apprentissage durant lesquelles le Comte (parfois un autre personnage) vous enseigne de nouvelles méthodes de triche et les phases de jeu en tant que telles. Concrètement, les différentes manipulations prennent la forme de mini-jeux alliant mémorisation et QTE.
Par exemple, la technique des « doigts indiscrets » consiste à indiquer à votre partenaire quelle est la carte la plus forte de votre adversaire en tenant d’une manière particulière votre verre de vin. Ainsi, pincer le pied signifie qu’il s’agit d’un valet mais le prendre par le ballon signale que c’est un roi. Cette méthode est relativement subtile mais vous pouvez aussi vous contenter de voler une carte ou d’effectuer de faux mélanges afin de vos assurer que le Comte reçoive de bonnes cartes.
Un art qui se pratique à table…ou non
Bien que le gameplay ne soit pas révolutionnaire (vous avez saisi ?), il n’en demeure pas moins plaisant. Ce qui en fait l’originalité, c’est avant tout le fait qu’il soit axé sur la tricherie.
Petit à petit, les sommes en jeu sont de plus en plus importantes. Bientôt, ce n’est plus de l’argent que vous misez mais votre survie afin d’obtenir de précieuses informations sur le complot qui se trame au sommet de l’État.
On pourrait craindre qu’un jeu de ce type finisse par se montrer répétitif. Ce n’est pas le cas ! Au total, vous devrez apprendre à maîtriser une bonne vingtaine de tours. Le gameplay est sans cesse renouvelé car le Comte vous apprend régulièrement de nouvelles variantes aux tours que vous maîtrisez déjà.
Le scénario, rempli de toutes sortes d’intrigues et de retournements de situation, tourne autour de la personnalité de Louis XV. Au fil des escroqueries, le Comte de Saint-Germain et vous en apprenez davantage sur les fameuses « Douze bouteilles de lait ». Plus vous vous approchez de la vérité, plus votre vie est en danger… Finalement, l’une des rares choses que l’on pourrait reprocher à Card Shark, c’est le fait qu’il y ait peu de secrets à découvrir en dehors de cette trame principale, qui demeure captivante.
Un autre point fort de Card Shark est le fait d’incarner l’assistant du Comte et non le Comte lui-même. En effet, vous êtes une sorte d’agent de l’ombre. Les regards des aristocrates que vous détroussez sont rarement tournés vers vous et même s’ils vous arrive de prendre part aux parties de cartes en temps que joueur, ce n’est pas systématique.
Il est souvent plus utile d’intervenir en dehors de la table : cela vous permet, par exemple, de verser de manière parfaitement innocente du vin dans le verre de vos victimes (tout en profitant de l’occasion pour jeter un coup d’œil à leur main) ou de trier le paquet de cartes avant de le rendre discrètement à votre complice.
Du rococo et une pointe d’impressionnisme
Graphiquement, Card Shark est très joli. Les visuels ont été dessinés à la main à l’aide d’une technique de peinture à l’huile. Derrière ce chef-d’œuvre esthétique se cache l’illustrateur russe Nicolai Troshinsky. Les animations sont fluides, les images débordent de couleurs et possèdent un charme fou.
La direction artistique, dont le style rappelle celui du rococo avec une pointe d’impressionnisme, est maîtrisée à la perfection : c’est un vrai plaisir pour les yeux. La bande-son, interprétée par un orchestre, épouse parfaitement les contours de l’univers de Card Shark. Elle a été composée par Andrea Boccadoro qui avait déjà travaillé sur Astrologaster (édité et développé par Nyamyam).
Le titre propose plusieurs niveaux de difficulté. Plus le niveau est élevé, plus vos adversaires seront méfiants et moins vous avez le temps d’effectuer vos tours de passe-passe. En cas d’échec, vous risquez la prison (voire la mort, qui, cependant ne revient pas systématiquement à un game over…) ; mais, heureusement, vous pouvez compter sur vos amis bohémiens pour vous donner un coup de pouce.
Le niveau de difficulté est ajustable à tout moment dans le menu option et cette manipulation n’a aucun impact sur l’obtention des succès. Cette fonctionnalité peut s’avérer très utile car la courbe de progression est parfois en dents de scie. Néanmoins, aucun tour n’est vraiment irréalisable : une bonne séance d’entrainement devrait vous permettre de passer les étapes plus compliquées.
Cet article peut contenir des liens affiliés