Alors que l’édition Enhanced de Catherine sous-titrée Full Body verra le jour le 14 février prochain au Japon sur PS4 et PSVita (et un peu plus tard dans le reste du monde uniquement sur PS4 pour le coup), Atlus et SEGA ont le bon goût de ressortir du placard la version originale d’un titre maintes et maintes fois encensé par la critique et les joueurs. Histoire de ne pas perdre tout le monde, cette édition Classic n’embarque aucune fonctionnalité réservée au futur Full Body. Sachant cela, est-il raisonnable de (re)plonger dans les cauchemars de notre ami Vincent ?
L’origine du monde
Catherine, sous ses faux airs de jeu racoleur, est en réalité à ranger dans la catégorie du puzzle-game narratif. Se déroulant au Japon de nos jours, il nous met dans la peau de Vincent Brooks, un trentenaire un peu paumé qui jongle entre les soirées au bar avec ses copains, le travail et sa compagne depuis 5 ans, Katherine McBride. Et alors que celle-ci devient de plus en plus insistante quant à un éventuel mariage avec option bébé, notre héros commence à faire d’étranges cauchemars où il doit escalader une tour. Ces séquences se traduisent manette en main par un puzzle game où il faudra pousser et tirer des blocs plus ou moins spéciaux (friables, piégés, gelés, bombes, etc.) afin de construire un escalier et parvenir au sommet de l’édifice, sans trop traîner histoire de ne pas mourir et de maximiser son combo. Evidemment de nombreuses subtilités composent le gameplay, les blocs pouvant être suspendus dans le vide tant qu’une arête du cube est adjacente à celle d’un autre, et les 3 modes de difficulté permettent à toutes et à tous de relever un challenge à leur mesure, en plus d’offrir une bonne rejouabilité, le mode difficile étant clairement réservé aux plus persévérants et expérimentés.
Le jeu n’a rien perdu de sa superbe
Afin d’espacer ces phases, de nombreuses cinématiques, animées en 2D ou non, nous permettront de nous plonger un peu plus dans l’univers de Catherine. Et à la manière de Persona, le soir venu Vincent se dirigera vers la case bar pour y retrouver ses amis avec qui il partagera ses doutes et ses angoisses. Le joueur aura donc la possibilité de discuter avec de nombreux PNJs qui eux aussi vivent le même cauchemar la nuit où l’on y risque sa vie, et de se lier d’amitié avec. C’est également dans ces moments que l’on pourra picoler pour se déplacer plus rapidement la nuit suivante, en plus d’être récompensé par de nombreuses anecdotes sur l’alcool. Enfin une borne d’arcade Rapunzel (Raiponce en français) habille le Stray Sheep et offre un véritable jeu dans le jeu où l’on devra résoudre en tout 128 casses-têtes, toujours basés sur le même système de blocs, mais cette fois avec un nombre de déplacements limités et sans contrainte temporelle.
Mais c’est aussi ici que Vincent rencontrera Catherine, une jeune femme affriolante, avec qui il trompera sa chérie après une soirée un peu trop arrosée. S’en suit donc naturellement de nombreux rebondissements constituant un scénario mature de qualité afin de mener le joueur vers 3 fins clés différentes (divisées en 8 variations au total) selon les choix que celui-ci fera au fil du jeu et qui influeront sur une jauge de karma.
Tomber des nues
Maintenant que nous sommes tous sur la même longueur d’onde et puisque Catherine n’a clairement plus rien à prouver, qu’en est-il réellement de ce portage PC ? Graphiquement, le jeu n’a pas vieilli d’un poil comparé à d’autres jeux de la génération précédente, merci la direction artistique. En revanche, si les différentes options nous permettent d’augmenter la résolution jusqu’à afficher du 4K et de débloquer le compteur de FPS, celles-ci restent très limitées. Impossible en effet de régler précisément quoi que ce soit, les choix se limitant à activer ou non telle ou telle option, déjà pas franchement nombreuses.
Même constat pour la fluidité. Si Steam nous affiche du 60FPS quasi constant (ou plus si on désactive la synchro verticale), même les moins exigeants remarqueront immédiatement que quelque chose cloche. Sans entrer dans les détails techniques (entre autre parce que votre serviteur n’y comprend pas grand-chose), le jeu tourne certes en 60FPS, mais pas certains sprites puisque augmenter leur fluidité auraient complètement altérer le gameplay d’après les développeurs. Ceux-ci travaillent d’ores et déjà sur le problème mais en l’état, il en résulte une sorte de saccade en jeu relativement désagréable mais qui heureusement n’empêche pas de jouer correctement. A ce propos, il est possible de personnaliser l’intégralité de ses touches, que l’on décide de jouer au clavier ou à la manette, qu’elle soit Xbox ou PS4.
Autre souci, la spatialisation sonore. Si ici cela n’est pas franchement capital, il n’en reste pas moins assez surprenant d’entendre à un volume nettement supérieur un personnage plutôt qu’un autre sous prétexte que la caméra est orientée plus près de lui lors d’une cinématique. De manière générale en réalité, la compression audio laisse à désirer, entraînant d’ailleurs quelques désynchronisations entre les dialogues et les sous-titres. Enfin, toujours pour les dialogues, ceux-ci n’attendront pas que le joueur ait fini de lire ou ait appuyé sur un bouton pour enchaîner une fois la phrase terminée à l’audio. Carrément contraignant dans bien des situations, ce souci n’était pourtant pas présent sur consoles.
A l’inverse, on se félicite de voir enfin le 4e niveau du mode Babel (Axis Mundi) débarrassé d’un bug unique aux versions occidentales rendant tout simplement impossible la complétion du niveau en solo, obligeant les complétistes à brancher deux manettes pour en venir à bout en mode coopération. La réelle nouveauté réside néanmoins dans la possibilité de sélectionner le doublage japonais, en sus du doublage anglais déjà excellent. Il s’agit du seul apport inédit de ce portage, déjà promis dans l’édition occidentale de Full Body.
Et puisqu’on en parle, autant le dire tout de suite : si vous n’avez jamais joué à Catherine et que vous êtes en possession d’une PS4, attendez la sortie de Full Body pour craquer. Cette version va apporter des cinématiques inédites, de nouveaux scénarios liés à notre prochaine conquête Rin (Qaterine pour les intimes), un mode multijoueur en ligne ainsi que tout un tas d’autres choses qui font donc passer cette version Classic pour un portage paresseux. Malheureusement, il est peu probable pour l’instant que les joueurs PC profitent de ces ajouts, ce qui est franchement incompréhensible. Pour les autres en revanche, cette version PC reste un excellent moyen de (re)découvrir un classique d’Atlus, pour peu que l’on n’ait pas la version originale sous la main (qui tombe souvent à 5€ en promo sur le PS Store) ou que l’on soit totalement réfractaire à l’idée de lancer un jeu japonais dans une autre langue que celle d’origine.
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