Le 09 août dernier, nous parvenait City of the Shroud, jeu indépendant proposé par Abyssal Arts. Proposer le test de cette production nous a demandé du temps, certes, mais cela ne nous empêche pas de commencer par féliciter le studio pour son travail. Après tout, c’est un grand pas en avant pour leur équipe que d’avoir pu publier ce titre aux ambitions solo-multi.
Si ce premier opus est resté plutôt discret, cela ne va pas nous empêcher d’en proposer une critique, afin de mieux nous rendre compte de si ce tactical-RPG en temps réel vaut les 19€99 que Steam nous demande débourser pour l’acquérir.
A noter également, cette première proposition n’est que la première partie d’une composition en quatre temps. En effet, City of the Shroud devrait être suivi par trois autres sorties, qui formeront ensemble une histoire complète, et évoluant selon vos actions et vos choix, ainsi que des autres joueurs. Prometteur donc, mais cela vaut-il vraiment le coup ?
City of the Shroud, l’histoire d’un réfugié devenant héros
Tout d’abord, il semble bon de (re)préciser que City of the Shroud est un tactical-RPG dont le gameplay se rapproche sensiblement de ce que l’on pourrait trouver dans un The Banner Saga par exemple. Néanmoins, on remarque quelques différences, notamment dans la démarche d’approche des mécaniques. En effet, les divers personnages que vous rencontrerez en début de partie vous expliqueront comment fonctionnent les différentes composantes du jeu, comme si la vie elle-même n’était qu’un jeu. Étrange, mais apportant une petite touche d’humour et de bizarrerie à l’introduction du titre, cette manière de procéder reste originale et permet de retenir plus aisément les différentes fonctionnalités.
Le problème, c’est que cette manière de faire se retrouve tout au long du jeu, ce qui dénote avec la trame plutôt sérieuse que l’on tente de nous présenter, où les intrigues politiques sont légion, et où les thématiques telles que l’immigration, la morale et l’état de siège sont abordées. De ce fait, nous pouvons ressentir une difficulté de la part des scénaristes dans le choix du ton à aborder. Entre sérieux et humour, l’équilibre est parfois bancal, trop bancal. En effet, si les personnages assument être dans un jeu vidéo et le reconnaissent entre eux, cela amène une touche de plaisanterie à l’ensemble de la production. Cependant, cela a-t-il vraiment sa place dans une trame au fond sérieux, surtout lorsque ces touches d’humour font de l’ombre au développement scénaristique ? Chacun peut avoir son point de vue sur la question, mais cela n’a pas manqué de nous faire nous interroger sur la légitimité d’une telle décision dans le processus de développement.
Plus votre personnage rencontrera de potentiels camarades, et plus le nombre de combats va s’agrandir, ce qui accélérera le rythme du jeu, tout en impliquant plus intensément le joueur, ce qui n’est pas un mal lorsque l’on compare au début de la campagne.
Pour ce qui est du jeu en lui-même, vous passerez une bonne partie de votre temps à parcourir moult dialogues, car le jeu a la fâcheuse tendance à vouloir parler, beaucoup parler. Bien qu’intéressantes et importantes pour l’évolution scénaristique, ces phases d’échanges entre les personnages sont si nombreuses que le joueur pourrait s’y perdre, se rapprochant par instants de ce qu’un Visual Novel pourrait proposer. Bien entendu, le jeu ne reste pas dans cet état bien longtemps, puisque le joueur rencontrera bien vite de nouveaux visages. Et plus votre personnage rencontrera de potentiels camarades, et plus le nombre de combats va s’agrandir, ce qui accélérera le rythme du jeu, tout en impliquant plus intensément le joueur, ce qui n’est pas un mal lorsque l’on compare au début de la campagne.
Pour en revenir à ces fameuses intrigues politiques, elles ont lieu entre les cinq factions qui dirigent la ville. Forcément, toutes se sentent investies de la bonne marche à suivre, et brandissent les idées qui sont les leurs comme étant les plus légitimes. Malheureusement, les développeurs n’ont, à notre sens, pas poussé cette idée des conflits politiques suffisamment loin, rendant l’implication du joueur parfois un peu obsolète, l’envoyant tantôt en mission pour un camp, tantôt pour un autre. A la manière d’un match de tennis, le joueur devient un balle allant d’un camp à l’autre pour effectuer diverses missions pour chacun, gagnant puis perdant successivement les faveurs de certains des chefs de ces factions.
Un bon début, mais peut mieux faire
Nonobstant les quelques défauts que nous avons déjà pu souligner dans la trame développée ici, nous gardons à l’esprit que City of the Shroud ne représente qu’un quart de ce que l’œuvre finale devrait offrir. De ce fait, le développement des futurs autres parties pourrait régler ces quelques tâches que nous n’arrivons pas à nettoyer. Par ailleurs, si vos choix lors des échanges avec les autres personnages auront un impact direct sur la construction du scénario, ceux des autres joueurs également. Ainsi, votre histoire pourra évoluer aussi par rapport à l’aventure que les autres joueurs ont décidé de vivre.
Bien que cette mécanique soit intéressante, et pour le moins originale, elle n’aura pas de répercussion directe sur votre manière de jouer. En effet, City of the Shroud reste fidèle à ses mécaniques de départ. A mi-chemin entre le combat en temps réel et le combat au tour par tour, le titre vous demandera de vous déplacer sur une grille, tout en enchaînant des combos qui vous définissez vous-même, en temps réel. Cela peut paraître un peu surprenant, mais le tout se prend très vite en main.
Le soft jouit d’une direction artistique très réussie, avec un style propre et conforme à ce que l’on pourrait imaginer des environnements et des personnages.
De plus, la faible variété présente dans le bestiaire, ainsi que le séquentialité présente dans le comportement de l’IA rendent les combats assez simples à aborder. Une certaine monotonie peut donc s’installer à mesure que le joueur s’habitue à jouer avec son équipe. La stratégie est alors vite oubliée, et vos actions deviennent alors un bis repetita de ce que vous aviez effectué au combat précédent. Pas de quoi accélérer les battements de cœur d’un fan de RPG, vous l’aurez compris.
Certes, City of the Shroud n’est pas dépourvu de défauts, mais il a quelques qualités non-négligeables à partager. Outre son potentiel et son intrigue plutôt intéressante, le soft jouit d’une direction artistique très réussie, avec un style propre et conforme à ce que l’on pourrait imaginer des environnements et des personnages.
Enfin, les animations et l’aspect musical du titre, bien que de bonne qualité et permettant de passer un agréable moment, souffrent d’une réutilisation assez présente de la part de l’équipe de développement. Un point noir qui mérite d’être partagé !
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