A défaut d’avoir un nouvel épisode de Zeno Clash dont son dernier volet date de 2013, les p’tits gars d’Ace Team étendent le lore avec Clash: Artifacts of Chaos. Vous l’aurez compris, ce nouvel opus n’est ni une suite, ni un préquel de la licence. Le soft se déroule juste dans le même univers que Zeno Clash, et nous fait endosser le rôle d’un nouveau personnage dans le monde de Zenozoik. Après le sympathique The Eternal Cylinder, le spin-off du studio chilien a des qualité indéniables, mais il avait les cartes en main pour faire largement mieux.
Conditions de test : Nous avons terminé Clash: Artifacts of Chaos en 12h de jeu en prenant notre temps d’améliorer comme il faut Pseudo et d’arriver à la fin du jeu. Le titre a été testé sur PC avec 32 Go de RAM, une RTX 3070 et un i5-12400 (2.50 GHz).
Sommaire
TogglePseudo et la créature (ou un gros air de Kratos et Atreus)
Sans que l’on sache où se situe vraiment la chronologie de l’histoire par rapport à Zeno Clash, Clash: Artifacts of Chaos nous met dans la peau de Pseudo. Ce spécialiste des arts martiaux qui se fait réveiller par son maître au début du jeu, rencontre ensuite sur son chemin une petite créature, dont son grand-père se fait tuer sous ses yeux. C’est à partir de là que Pseudo va le recueillir, et faire un bout de chemin avec lui. Mais évidemment, cette petite boule de plume attire les convoitises d’une certaine Gemini, la maîtresse des artefacts.
Dans l’absolu, Clash : Artifacts of Chaos ne parvient jamais réellement à nous investir dans sa narration, trop simpliste. Bien que le duo Pseudo et cette créature assez mignonne arrive à nous attendrir avec quelques dialogues permettant une belle symbiose entre eux, le reste est affreusement plat. La mise en scène manque de personnalité, et même l’écriture globale pour étoffer le lore de la licence Zeno Clash n’a pas suffisamment de profondeur pour que l’on s’y intéresse, tout en ayant beaucoup de zones d’ombre une fois le jeu fini.
Même la fin nous laisse indifférent, ce qui est dommage car le potentiel est là. Il en va de même pour les personnages que l’on rencontre au fil du jeu, assez insipides et peu intéressants. Qu’on se le dise, ce spin-off n’apporte pas de plus-value à l’univers de Zeno Clash imaginé par Ace Team. Nous voulons bien que les développeurs aient tentés de rendre le titre accessible scénaristiquement pour les joueurs n’ayant pas fait les Zeno Clash, mais agrandir plus intelligemment le background de ce dernier n’aurait pas été du luxe.
De la baston qui aurait mérité un meilleur sort
D’ores et déjà, la production de Ace Team s’éloigne radicalement de ce que proposait Zeno Clash. Nous sommes désormais sur une vue à la troisième personne, avec tout un système de combat au corps-à-corps qui s’offre quelques changements. Pseudo est tout d’abord doté d’une posture de combat de départ, accompagné d’une attaque spéciale que vous pouvez choisir au début du jeu. Le bougre pourra par la suite en gagner de nouvelles en trouvant divers totems, tout en devant d’abord battre un boss afin de les obtenir. Le système est au début très attrayant, et permet justement de varier les plaisirs avec les postures radicalement différentes et demeurant sympathiques, une fois couplées avec les diverses attaques spéciales.
Autant dire que le jeu part bien, mais les défauts se constatent assez vite. A commencer par un système d’esquive pour le moins imprécis, mais aussi une mécanique de parade peu engageante. En effet, cette dernière ne permet que de prendre moins de dégâts, plutôt que de bloquer complétement le coup en question. Rien que ce détail ne vous obligera au final qu’à utiliser l’esquive, pas bien meilleure comme le verrouillage des adversaires, qui a parfois envie de n’en faire qu’à sa tête.
Mais ce n’est pas tout, car Clash: Artifacts of Chaos est tout aussi désastreux sur sa partie combat pur. Bien qu’il soit aussi possible d’utiliser lors des affrontements des armes blanches dotées d’une durabilité trop fragile, le feeling des coups portés n’en reste pas moins trop mou et archaïque, comme les déplacements de notre héros. Qui plus est, il sera fréquent de s’en prendre plein la poire sans avoir la possibilité de se relever et vite reprendre ses distance face aux ennemis. Pour ne rien arranger, il est tout bonnement impossible d’arrêter ses combos instantanément pour pouvoir esquiver le coup ennemi.
C’est indéniable, le titre de Ace Team n’a pas si bien calibré son gameplay, d’autant que l’IA n’est pas la plus intelligente du monde. Sur la plupart des bastons effectuées, les adversaires se cognent régulièrement entre eux lors des attaques, ce qui aura parfois le don de vous faciliter plus ou moins la tâche. Autrement dit, le game design n’est absolument pas bien ficelé pour les combats à plusieurs, finalement trop brouillons et répétitifs sur la longueur, à cause d’un nombre de combos famélique sur chaque posture. Et ce n’est absolument pas la possibilité d’utiliser certains types d’armes blanches qui viendra sauver la mise du gameplay, tant cette mécanique est juste superficielle.
Pour ne pas arranger son cas, le soft s’est aussi permis d’y ajouter la fameuse vue subjective d’un Zeno Clash, sous forme d’un mode rage. En matraquant vos adversaires de coups, vous remplirez une jauge en bas à gauche de l’écran. Et en appuyant au bon moment sur une touche, vous pourrez activer ce mode furie en vue FPS, vous donnant la possibilité d’enchaîner les diverses créatures, puis de les terminer avec un finish move, leur faisant perdre beaucoup de dégâts. Cette mécanique de jeu est bonne sur le papier mais dans la pratique, juste anecdotique, car elle ne contentera pas le fait que Clash: Artifacts of Chaos soit passé en vue à la troisième personne…
La seule bonne idée proviendra des rituels. Avant de vous friter avec un ennemi, il est possible d’invoquer le rituel, un mini-jeu de dés. Le gagnant ayant la plus grande somme de dés remporte la partie. En sus, cela vous donne le droit d’utiliser son artefact de conséquences posé au début du mini-jeu, qui octroie un malus spécifique à l’adversaire (avoir le pied attaché ou bien avoir le droit de frapper l’ennemi en premier par exemple). Ceci permet de pimenter plus ou moins les phases de bagarre, bien que cette feature tourne elle aussi en rond à la longue. Néanmoins, ce petit mini-jeu se dote quand même de vrais équipements pour pouvoir mettre des bâtons dans les roues des adversaires, afin de faire baisser la somme de ses dés. Ce qui donne une chance de remporter ce petit jeu quand même rafraîchissant et plaisant.
Quand Clash veut se la jouer Dark Souls
Contrairement à Zeno Clash 2, Clash: Arifacts of Chaos a voulu s’inspirer de grosses productions comme Dark Souls ou God of War. Pour le côté Dark Souls, nous aurons ce système de feux de camp. Ceux-ci permettent de sauvegarder, de changer le cycle jour/nuit, de créer des potions de soin, mais également d’améliorer ses nombreuses compétences. Nous restons donc sur une disposition presque similaire à la production de From Software où seuls les feux de camp sauvegarderont votre progression, et avec une difficulté qui sera elle aussi de la partie. Car oui, le titre de Ace Team est loin d’être facile.
Que ce soit en plein jour où vous contrôlez Pseudo, ou en pleine nuit lorsque vous prenez le rôle de son esprit, le soft s’offre des pics de difficulté hélas bien plus déséquilibrés que les titres de From Software. Ce sera même pire lorsque vous contrôlerez l’esprit de Pseudo en pleine nuit, étant donné que les ennemis seront plus féroces et feront plus de dégâts par conséquent.
Cela dit, la dualité Pseudo de jour/de nuit est grisante, car elle permet à chacun d’emprunter des chemins que l’autre ne peut pas. Tout ceci amène à un level-design intelligent au début certes, mais qui devient rapidement lassant et répétitif dans la mesure où le schéma de progression sera le même. On notera cependant le fait que les équipements entre le Pseudo de nuit et de jour sont séparés, afin d’avoir plus ou moins deux progressions « différentes ». Hélas, ce ne sera pas suffisant car le tout est lui aussi, sous-exploité.
Vient ensuite le côté God of War pour le côté exploration. Le bébé de Ace Team nous offre une progression par zone semi-ouverte, et sur une carte globale de taille acceptable, mais assez illisible. Vous pourrez y trouver quelques coffres cachés vous donnant des ressources, des statuettes, de l’équipement supplémentaire, ou bien trouver des totems pour débloquer de nouvelles postures ou attaques spéciales.
Globalement, l’exploration sera finalement assez plate et vide, dans la mesure où il n’y a pas de grosses plus-value derrière, et aucune interaction avec d’autres protagonistes, si ce n’est ceux que l’on combat. En plus, le soft est beaucoup trop avare en indication sur où aller. Bien que l’on vous donne quelques objectifs à accomplir çà et là, vous serez d’emblée livrés à vous-mêmes pour trouver le chemin, et ainsi arriver jusqu’au boss final une fois bien préparés, afin de clôturer l’aventure. Cette partie est mal maîtrisée et relativement labyrinthique, là où un The Eternal Cylinder était largement plus clair et concis.
Une couche RPG loin d’être ridicule
Bien évidemment, Clash: Artifacts of Chaos a bel et bien un aspect RPG à se mettre sous la dent, à commencer par la confection des potions. Grâce à certaines nourritures récoltées, il est en effet possible sur votre feu de camp de personnaliser votre potion. Tout ceci vous octroiera au choix des bonus d’endurance ou de résistance une fois la potion bue, et bien entendu de vous redonner de la santé. L’expérimentation sera de mise sur cette partie-là, bien que cela reste basique dans la pratique.
La partie marchand est elle aussi présente dans la production de ACE Team. Dispersés un peu partout sur la carte, il y en a deux types : un qui vous vendra armes et armures, puis un autre qui vous donnera la faculté d’acheter des artefacts de conséquences ou des compétences pour la ceinture de rituel (le mini-jeu donc), voire des ressources ou bien d’autres broutilles, comme des fioles de soins en plus. Tout ceci pourra s’acheter avec des ressources spécifiques récoltées sur votre chemin. Dans sa simplicité, nous avons trouvé dommage qu’il ne soit pas possible d’améliorer nos armures récoltées en amont mais aussi les armes, que vous allez être obligés de racheter à chaque fois qu’elles se brisent.
En somme, la partie RPG sur ce point-là est peu profonde, bien que le système de compétences soit quant à lui finalement efficace. Tout d’abord, sachez qu’en montant en niveau, vous pourrez améliorer vos diverses statistiques entre puissance, endurance, agressivité et constitution. Qui plus est, les statuettes récupérées tout au long de votre périple serviront grosso modo à upgrader vos postures et attaques spéciales au niveau de la puissance, mais aussi du pouvoir d’étourdissement sur les ennemis. Qu’on se le dise, Ace Team maîtrise son sujet sur cet aspect, et permet d’apprécier grandement la montée en puissance significative de Pseudo de fil en aiguille.
DA et bande-son, le bon boulot de la Ace Team ?
L’honneur sera au moins sauvé par sa direction artistique. Clash: Artifacts of Chaos propose un style graphique avec des décors crayonnés, saupoudrés d’un cel-shading bougrement bien réalisé. Le tout donne un cachet coloré franchement attrayant, d’autant que le titre reste en parfait accord avec les Zeno Clash, et son chara design bizarre qui fonctionne finalement bien, et auquel on s’habitue rapidement. Dommage en revanche que Pseudo n’ait pas eu un meilleur sort sur son design, particulièrement discutable à contrario de la créature qui l’accompagne, mignonne à souhait.
Pour autant, le moteur graphique tient la route avec de bonnes textures, mais il se heurte hélas à quelques bugs ternissant l’expérience de jeu. Entre des collisions hasardeuses et le fait de parfois se bloquer dans les éléments du décors, on ne peut pas dire que le soft ait été bien fignolé. Pour ne rien arranger, il est très fréquent de constater quelques baisses de FPS, laissant penser que le soft manque d’un petit coup de polish sur sa fluidité malgré notre configuration PC solide.
Comme ses précédentes productions, Ace Team transforme une fois encore l’essai sur le sound design. Encore et toujours composé par Patricio Meneses, ayant officié sur les soundtracks des Zeno Clash, Rock of Ages ainsi que du sympathique The Eternal Cylinder, Clash: Artifacts of Chaos parvient à nous transporter dans son univers atypique avec de très beaux thèmes musicaux épiques. Les doublages sont également d’assez bonnes factures avec un bon acting, et nous obtenons logiquement une bande-son qui fait ici bien des merveilles à tous les étages. Le seul couac que l’on regrettera proviendra de l’agencement des musiques, parfois mal placées et donnant lieu à des passages creux et sans la moindre musique.
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