2019 est une année riche pour les Souls-like, avec les sorties de Sekiro : Shadows Die Twice, The Surge 2 et Code Vein. Avec un genre aussi éculé que celui-ci ces dernières années, il est difficile d’espérer tirer son épingle du jeu sans de solides arguments, accompagnés par une pointe d’originalité.
C’est avec cette attente que l’on espérait que Code Vein nous parvienne, mais avec plus d’un an de retard par rapport à sa date de sortie initiale, on pouvait facilement se douter que le développement avait connu quelques accrocs et que cela allait se répercuter dans le jeu. Est-ce vraiment le cas ?
Conditions de test : Nous avons terminé l’aventure principale en environ 25 heures sur PS4 standard, en explorant un peu, et en jouant une dizaine d’heures en plus pour ne rien manquer.
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ToggleUn récit vampirique agréable
Dès son annonce, Code Vein avait su se démarquer des autres clones des Souls en proposant une direction artistique très inspirée par les animes japonais. Rien de plus normal lorsqu’on l’on sait que c’est l’équipe des God Eater qui est derrière le projet, et qui utilise peu ou proue le même type de design dans sa licence phare. Il est certain que ce choix artistique divisera et rebutera ceux qui sont allergiques à ces visuels typés « manga », mais force est de constater que cela donne un peu de caractère à l’ensemble.
Contrairement à d’autres productions du genre, le titre a fait l’effort de nous proposer un vrai récit qui a le mérite d’être bien narré, ponctué par des cinématiques dynamiques, quelques surprises et des séquences de « flashbacks » originales. L’envie de progresser passe alors aussi par le désir de découvrir le fin mot de cette histoire, tout en découvrant le passé des personnages. L’impression d’être dans un shonen est bien là, ce qui est également dû à la galerie de personnages qui nous est présentée.
On repassera sur l’hypersexualisation des personnages féminins, topos du genre (qui est ici poussé au ridicule sur certains protagonistes), pour se concentrer sur l’équipe de protagonistes, bien plus réussie. On s’attache rapidement à chacun d’entre eux, d’autant plus qu’ils ont tous droit à leur propre arc narratif bien développé. Cela leur donne une certaine consistance, et les fait apparaître comme bien plus que de simples PNJ prêtant main forte à notre héros.
En parlant de ce dernier, il va falloir le créer de A à Z dans Code Vein, au travers d’un système de création de personnage véritablement complet. Les choix de personnalisation offerts sont très nombreux, avec de multiples réglages, des accessoires à foison et d’autres joyeusetés pour vous permettre de créer toutes les fantaisies possibles, ou presque.
Un monde « ouvert » étouffant
Le potentiel artistique de Code Vein aurait pu être l’une de ses forces majeures, mais force est de constater qu’il montre vite ses limites en dépit de quelques jolis panoramas. Le monde post-apocalyptique présenté ici ne parvient jamais à réellement nous convaincre, la faute à une redondance trop prononcée d’éléments dans certains décors et à la simplicité de son level-design.
S’il emprunte son gameplay à la formule des Souls, Code Vein dépeint un monde à la croisée des chemins entre God Eater (logique) et Darksiders, mais sans la réussite artistique de ce dernier. On passe le plus clair de notre temps dans des ruines du monde moderne, parsemé d’épines géantes jaunâtres, sans qu’aucune de ces zones nous laissent respirer un peu.
Alors oui, certains décors sortent du lot, comme cette cathédrale (trop) blanche fortement inspirée par l’architecture d’Anor Londo, mais le tout manque terriblement d’audace, avec des couloirs vides aux motifs similaires qui se répètent pendant des heures.
Et des couloirs, vous allez vous faire les dents (de vampire) dessus. Le monde de Code Vein en est rempli, et ceux-ci servent bien trop souvent à cacher de longs temps de chargement. Il est alors fréquent d’arpenter un long corridor durant presque 30 secondes pour passer d’une zone à l’autre. Cela sonne presque comme un aveu d’échec à peine voilé, qui montre qui le level-design façon From Software n’est pas à la portée de tous.
La soif d’apprendre
Même son de cloche pour le gameplay, qui ne parvient pas à être aussi séduisant qu’espéré. L’aspect action de Code Vein permet au titre de se détacher un peu des autres Souls-like, mais son manque de ressenti, de feedback, vient ternir le constat global. L’impact des coups n’est pas forcément optimal, tout comme la précision de certaines animations qui aurait mérité d’être ajustée.
Reste que malgré cela, on ne prend pas de déplaisir lors des affrontements. Après tout, Code Vein reprend des bases solides, et s’il n’arrive pas à les maîtriser complètement, il reste amusant à prendre en main durant la vingtaine d’heures nécessaires pour boucler son aventure.
Cela est surtout dû aux nombreuses variétés offertes par le système de classe, qui peut être changé à la volée. Contrairement à d’autres RPG, le titre ne scelle pas définitivement le build de notre personnage lors de la montée de niveaux. En bon vampire, notre héros peut s’approprier le code sanguin de tous les êtres qu’il croise, ce qui lui octroie alors l’accès à diverses compétences et caractéristiques propres à chaque code.
Il suffit alors simplement de changer de code sanguin à l’envie pour favoriser une approche plus offensive, ou une autre liée à la magie etc.. A force d’user des compétences d’un code, celles-ci pourront être maîtrisées afin d’être accessibles tout le temps, peu importe le code sanguin équipé. Il faut également coupler à cela les « voiles de sangs », des manteaux qui font offices d’armures qui orientent les statistiques du personnage et qui disposent tous de différentes attaques et finish moves.
Passer d’un rôle de support à celui d’un tank s’effectue donc en quelques secondes, ce qui permet alors de s’adapter à toutes les situations. Une idée plaisante qui fonctionne réellement bien, et qui offre la possibilité de ne pas s’enfermer dans une seule classe tout au long de la partie, histoire d’oublier un peu les défauts du système de combat.
Only Friends Left Alive
De plus, cela permet aussi de varier les partenaires avec qui vous irez vous aventurez sur ces terres hostiles. Bien qu’il ne soit pas possible de leur donner des ordres ou d’orienter leur évolution, chaque PNJ qui peut vous accompagner représente un archétype qui vous donnera l’occasion de combler vos faiblesses, afin de construire un duo où chacun est complémentaire avec l’autre.
Cerise sur le gâteau, l’IA des compagnons est globalement satisfaisante et vous sortira souvent de nombreux mauvais pas. Elle ne fonce pas tête baissée lorsque vous souhaitez être furtif, et elle est presque toujours là pour vous prêter main forte si vous vous retrouvez en difficulté. On aurait simplement aimé que ces personnages soient moins loquaces et ne commentent pas tout et n’importe quoi.
Vous vous en doutez, parcourir le monde à deux rend le challenge bien plus abordable que dans n’importe quel autre titre du genre. Si vous avez déjà traversé les rues de Yharnam ou exploré les environs d’Ashina, Code Vein vous semblera être une balade de santé. Heureusement, il est possible de ne prendre aucun compagnon avec vous histoire de corser un peu l’aventure, mais l’écran de mort ne devrait pas non plus apparaître trop fréquemment.
Sans péril…
Même les boss ne devraient pas vous poser de problèmes, ce qui est un comble. La plupart d’entre eux peuvent être anéantis au premier essai, car leur moveset est souvent limité dans la mesure où il n’évolue pas vraiment durant le combat, car les « deuxièmes phases » se résument souvent à un boost de vitesse et de puissance.
Difficile de ressentir une vraie tension lorsque l’on voit la vie de ces boss chuter rapidement, en dépit de leur design imposant (assez réussi par ailleurs). On notera tout de même quelques affrontements qui ressortent du lot dans le dernier quart du jeu – notamment un qui s’inspire d’un des combats de boss les plus célèbres de Dark Souls – ce qui est trop malheureusement trop tardif.
Heureusement, quelques pics de difficultés viennent nous sortir de ce schéma. Tout d’abord, il faut noter que le système de magie, appelé « ichor » ici, repose sur votre efficacité au combat. Pour pouvoir user de vos pouvoirs, il va falloir au préalable aller au contact de vos adversaires, puisque c’est en leur infligeant des dégâts avec votre arme que vous pourrez obtenir de l’ichor. Le combat à distance est donc presque impossible, puisque vous devrez recharger vos sorts en prenant des risques et en allant confronter frontalement vos ennemis.
Vous ne risquez cependant pas de manquer d’ichor lors des « épreuves de sang », où une horde d’ennemis vous tendra un piège pour vous submerger par leur nombre. Ces phases se révèlent être particulièrement corsées, dans la mesure où l’on est vite débordé par les monstres qui déboulent sans temps mort et de tous les côtés.
Du bain de sang au spa
Après être parvenu à bout de ces défis, un petit retour à votre base s’imposera bien souvent, histoire de d’améliorer votre équipement et discuter avec les autres personnages. Et quoi de mieux pour se reposer d’un affrontement qu’un petit tour au spa ?
Eh oui, vous pouvez enfiler votre serviette afin d’aller vous baigner dans des sources chaudes, ce qui vous permettra ainsi de récupérer la moitié des nuées (la monnaie qui sert d’expérience) perdues lors de votre dernière mort. Ainsi, vous n’aurez pas à retourner dans une zone trop dangereuse si vous avez peur de tout perdre même si l’on fera surtout cela par fainéantise que par crainte de mourir à nouveau.
C’est aussi à partir de cette base que vous pourrez tenter de parvenir à bout de donjons au fonctionnement similaire aux Calices de Bloodborne. De grandes récompenses vous y attendent, ainsi qu’un défi plus prononcé, mais l’aspect couloir est ici encore plus marqué que dans le reste du jeu, ce qui devrait en décourager plus d’un.
Il est dommage de voir que cet aspect de répétition se répercute également dans la musique, puisque l’OST est d’excellente facture. Go Shiina signe probablement l’une de ses meilleures compositions ici, malgré le fait que cette dernière ne soit pas exploitée de la meilleure des manières. Épique à souhait, mélancolique quand il le faut, le travail du compositeur est vraiment à souligner, et participe au fait que malgré ses nombreux défauts, Code Vein reste agréable à jouer de bout en bout.
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