Voici Constructor, un jeu initialement sorti il y a 20 ans et qui revient dans notre ludothèque pour raviver nos souvenirs lointains de joueurs. Vous vous en doutez bien, cette réédition fait l’objet d’un lifting HD pour s’adapter à nos machines actuelles, mais est-ce que cela est suffisant pour en faire le titre incontournable qu’il était jadis ?
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ToggleBienvenue dans ta ville
Oubliez tout de suite l’idée de construire un monde utopique dans ce City Builder bien particulier. En effet, nul besoin d’espérer que tout le monde soit heureux à parcourir les rues de votre ville, ou proposer un système économique stable, viable… et surtout légal… Non, ici, vous êtes le maire d’une ville pourrie, cradingue, qu’il va falloir faire prospérer malgré tout. Ce principe là fait toute la force de ce titre, et est plutôt bien exploité car il y mêle humour noir et ambiance graphique grossière. Tout du moins, c’est ce qui a fait la renommée du jeu à l’époque. Aujourd’hui, certaines choses passent forcément moins bien, mais nous y reviendrons. Pour le moment, on va se contenter de faire prospérer votre empire… heu votre ville.
Tout d’abord, nous vous conseillons de faire le tutoriel proposé dans le menu principal du jeu, car sans ça, vous avez de fortes chances d’être perdus lors de l’élaboration de votre ville. Ce tutoriel est plutôt complet et assez rigolo à parcourir grâce à un narrateur qui ne manquera pas de vous expliquer les ficelles du métier, sans aucune empathie (vraiment aucune). Ce tutoriel et d’autant plus indispensable au vu de l’austérité de l’interface, et de son ergonomie discutable. Néanmoins, passé la première demie-heure, les réflexes et les habitudes s’installent assez vite, et les quelques raccourcis disponibles s’assimilent sans difficulté. Bref, le tout est assez ergonomique malgré quelques rigidités qu’un clavier et une souris peuvent pallier. Nous ignorons toutefois si l’ergonomie de la version PC est meilleure que les consoles puisque nous n’avons pu tester que la version PS4.
Dans Constructor, il faut… construire évidemment ! Pour cela il vous faut un contremaître qui guide ses troupes pour mener à bien les travaux. Une fois les infrastructures basiques installées, vous aurez besoin d’habitants pour faire tourner la boutique (engendrer des ouvriers, ou tout simplement payer un loyer). Il est donc nécessaire de construire des habitations à l’image de ses habitants : pauvres, débiles, gras… bref, la populace quoi. De fil en aiguille, vous allez pouvoir installer des gens de meilleures familles dans de plus jolies maisons. Cependant, même si ces gens ont plus d’argent que les autres, ça n’en fait pas des gens plus recommandables. Tous les habitants, tous, trouveront à redire sur leur condition de vie qu’il faudra améliorer si vous ne voulez pas échouer, et perdre des points. Néanmoins, vous restez le patron, s’ils ne vous plaisent pas vous pourrez toujours les expulser. Cela permet d’éviter certains problèmes (heureusement que ce n’est qu’un jeu vidéo !).
Un monde pourri, qu’on ne manquera pas d’exploiter
La particularité de Constructor, c’est que rien n’est rose. Déjà parce que ce n’est pas spécialement joli, mais surtout parce que vous avez un concurrent qui essaie de prospérer pas loin de chez vous. Ce concurrent ne manquera pas de venir vous chercher des noises afin de grandir plus vite que vous. Et quel est le meilleur moyen de se défendre ? Attaquer bien évidemment. Mais qui pourrait bien faire le sale boulot à votre place ? Les « Indésirables » bien sûr ! Ces gens sont des personnes peu recommandables dont la fonction est d’embêter le voisin de façon plus ou moins subtile. Ainsi, un Hippie pourra bloquer une rue, stresser les habitants par des manifestations ou par d’autres hipperies. Mais il n’est pas seul, et des profils bien plus graves pourront vous aider à saccager littéralement les structures du voisin.
Alors bien entendu, vous pouvez tenter de satisfaire tout le monde de la plus belle des manières, construire un commissariat pour arrêter les voleurs de ce foutu Maire de la ville voisine etc… Sauf qu’en réalité, l’incitation à la magouille, à l’appel de la mafia et des indésirables est fortement encouragé, sinon Constructor ne serait pas Constructor. En effet il sera parfois difficile de passer à côté de missions secondaires qui peuvent entraîner la perte de la partie si vous ne les accomplissez pas. Ainsi il vous sera ponctuellement demandé de vous débarrasser d’un locataire gênant situé dans la région du voisin, et difficile/impossible de procéder sans passer par le chemin de la violence et de la corruption.
Pour satisfaire vos ambitions d’expansion, plusieurs modes de jeu s’offre à vous avec un objectif différent. Vous pouvez choisir un mode qui se concentre sur la construction (construction à gogo), sur le succès financier, sur la guerre entre clans, l’ego mania qui a pour but de construire une pyramide à votre image, créer un état utopique, et un mode hégémonie. Bref, il y a de quoi faire, ce qui est plutôt pas mal, toutefois oublié un véritable scénario, ce n’est pas le propos du jeu. En plus de cela, il y a un mode qui peut satisfaire ceux qui préfèrent construire tranquillement en prenant leur temps : c’est le mode Designer. Dans ce mode-ci, vous pouvez paramétrer plusieurs aspects (terrains disponibles au départ, ressources etc). Une fois chargée, la partie ne se lance pas toute de suite car vous allez personnaliser à l’avance vos terrains et les habitants. Vous pouvez même personnaliser le terrain adverse. Une fois cela fait vous n’aurez qu’à vivre votre partie avec des bâtiments déjà construits sans subir les contraintes d’un début de mission, souvent un peu lent à démarrer quand on n’a pas l’habitude. Puis si vous êtes vraiment fada du jeu, sachez qu’un mode multijoueur jusqu’à 4 personnes est disponible.
Vous êtes certain que c’est une version HD ?
L’ambiance graphique du titre colle assez bien à la peau du concept du jeu. C’est grossier, dégeu, cradingue, bref ça fonctionne. Ou tout du moins ça fonctionnait à une époque où la 3D pouvait être générée de cette façon. Alors oui, ça peut satisfaire les nostalgiques qui peuvent jouer au jeu dans une résolution acceptable, mais le seul lifting de résolution justifie-t-il le prix auquel le jeu était proposé au lancement ? C’est-à-dire entre 40 et 50 euros pour la version console ?
Et entre 35 et 40 euros pour la version PC ? Clairement : non. C’est inacceptable. Certes le jeu reste ce qu’il était, mais justement… Il a 20 ans et est à peine réchauffé, tel un jeu mobile qui n’aurait pas passé la barre des 10 euros, ce qui est déjà cher. De plus le jeu n’est techniquement pas parfait, ce qui est un comble. En effet celui-ci se permet de ralentir parfois sans raison. Par exemple il n’est pas rare d’acheter un terrain, et lors de la validation, attendre quelques secondes avant que celui-ci ne soit acheté. Ce qui d’habitude se fait instantanément. Durant notre période de test, nous avons subi un plantage sur notre session de jeu la plus longue. Il n’est donc pas improbable que ce phénomène se reproduise, surtout au vu des patchs précédemment déployés qui avaient pour but de régler ces problèmes de stabilités. Vraiment à ce prix, rien n’est justifiable, même le jeu lui même.
Tant qu’on est dans les problèmes, le jeu laisse souvent une impression de répétitivité accrue. Non seulement dans les mécaniques, mais aussi et surtout dans les scripts engendrés pour faire vivre la ville. Exemple : les plaintes, toujours les mêmes pour les mêmes types de locataires. Il arrive même parfois des créer des contradictions dans les attentes de ces derniers, qui vous feront recommencer en boucle la résolution des ces fameuses plaintes. Pour illustrer ce propos, voici un exemple : un couple de locataires (les Binoclards), veulent une barrière à piquets blancs pour remplacer la grosse palissade que vous aviez installée précédemment. Vous changez, mais deux minutes plus tard, il veulent une palissade plus grosse pour pas que leur chien ne s’échappe (car vous aviez installé une niche). Plus tard, ces locataires vont à nouveau réclamer une barrière blanche parce que c’est ce qu’ils ont toujours voulu. Bien entendu, une fois installée, l’opération recommencera et vous n’aurez d’autre choix que de virer les locataires ou de virer le chien. Pour l’heure, il est vrai que c’est la seule contradiction que nous avons pu constater. Mais il ne serait pas étonnant d’en provoquer d’autres au vu des mécaniques répétitives pour chaque type d’habitant.
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