C’est avec du retard que nous vous proposons le test de Cookie Cutter, un Metroidvania 2D entièrement dessiné à la main et inspiré par diverses œuvres d’animation. Développé par Subcult Joint et édité par Rogue Games, le jeu est disponible depuis le 14 décembre 2023. Si l’accent est mis sur les combats et la violence cartoonesque de ces derniers, attendez-vous à retrouver ici tout ce qui compose normalement le genre auquel il se rattache.
Cela dit, le soft s’oriente davantage vers un public peu coutumier du genre et qui souhaiterait se lancer sans trop de complexité. A l’inverse, les connaisseurs seront en terrain connu. Trop connu même. Cookie Cutter n’ambitionne pas de faire évoluer la formule, les intentions semblent plutôt tournées vers l’aspect déjanté du projet, ne lésinant pas sur les références peu catholiques.
Condition de test : Nous avons joué sur Xbox Series durant une quinzaine d’heures, sachant que l’aventure peut se terminer en à peine 10 heures en délaissant une partie de l’exploration.
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Un physique loin des standards de beauté répandus, un comportement un brin rebelle et violent, Cherry parcourt la Mégastructure en quête de vengeance, accompagnée de sa douteuse acolyte à l’apparence vaginale. Il faut peu de temps pour comprendre que Cookie Cutter veut se la jouer décomplexé, porté sur une imagerie sexuelle sans grande finesse ni maturité. Les dialogues vont dans ce sens en se montrant guère passionnants, en plus de ne pas aider à la caractérisation de l’héroïne. Les tentatives de punchlines peinent à convaincre.
Cherry ne parvient pas à s’imposer comme une héroïne intéressante, rien ne s’en dégage. Le scénario possède sa part de responsabilité en ne réussissant pas à exploiter l’univers du jeu comme il se doit. Cookie Cutter n’invite pas vraiment à s’engager dans son monde. Une partie trop souvent négligée dans le genre, alors qu’elle est pourtant primordiale. Le soft mise aussi sur sa violence, précisément via les brutales et excentriques éliminations, mêlée à des combats fluides et dynamiques ainsi qu’une facile prise en main.
C’est là que le choix d’une direction artistique aussi colorée fait sens, en tranchant avec la violence graphique du titre tout en accentuant le parti pris déjanté du titre. Visuellement, cela s’écarte un peu des Metroidvania habituels préférant généralement des univers plus sombres. Et puis, c’est l’occasion d’apprécier le travail accompli sur les animations. Qu’il s’agisse d’une élimination, des coups normaux de Cherry ou du bestiaire en action, on en prend plein la vue du début à la fin.
Les patterns gagnent en lisibilité, malgré des hitbox imprécises, notamment lorsque l’on souhaite réaliser une parade. De surcroît, Cookie Cutter sait récompenser nos actions grâce à de nombreux et réussis feedback visuels, mais également sonores. De quoi entretenir l’addiction aux combats et à l’éviscération. Nous allons y revenir, mais c’est bien dans sa partie gameplay que le jeu s’en sort le mieux. La structure Metroidvania ne faisant que respecter strictement le cahier des charges du genre.
Amours salées et plaisirs sucrées
Tout y est. Tout ce que vous avez pu croiser dans un Metroidvania sera ici présent, jusqu’aux salles secrètes, raccourcis, pièges, etc.. Bon élève, le soft s’en sort bien. Le principal défaut étant dans son absence d’originalité et de prise de risque. Auquel s’ajoute d’autres fioritures comme les problèmes d’immersion. Un titre comme 9 Years of Shadow faisait bien mieux sur ce point. Parce que, malgré de jolies visuels, les divers biomes traversés manquent de personnalité et de caractère.
La quasi totalité des décors, au premier comme en arrière-plan, sont fades. S’effaçant peu à peu de notre esprit, tandis que nous nous bagarrons dans des déluges d’effets visuels et sonores. Au point que l’action surpasse l’OST en décibel. Sans être à jeter, si ce n’est pour faire du bruit sur des rythmes électro, nous n’avons pas retenu grand-chose des musiques. Dommage. Fort heureusement, le titre possède un atout, ses combats. C’est simple, rien que leur présence permet de digérer les ratés déjà mentionnés.
Même si l’univers du jeu ne s’impose pas et que la narration environnementale soit discutable, au moins c’est amusant. Au fil des heures de jeux, nous débloquons tout ce qu’il faut pour enrichir les déplacements de Cherry et ainsi traverser sans encombre la totalité de la map, bien utile au vu du peu de téléporteurs présents. Des armes directement sorties de Devil May Cry 3 vont aussi pimenter l’action. Entre la guitare électrique et la moto, le délire est total. Surtout que Cherry bouge assez bien et qu’elle est apte à balancer du combo aérien.
Ce dont il faudra abuser, les ennemis étant inoffensifs en l’air. Sans être aussi pointu et profond que le gameplay de la licence de Capcom, il y a suffisamment de possibilités pour tenir en haleine le temps de la petite dizaine d’heures demandées pour voir la fin de Cookie Cutter. Le jeu encourage également l’expédition, même si la liberté a ses limites, en récompensant quasi systématiquement la prise de « risque ». Des guillemets car Cherry peut se soigner à volonté. Utile, quoique un peu cheaté.
Tempête de boyaux géants
En effet, hormis face à une embuscade ennemis en espace clos et quelques boss demandant de s’y reprendre à plusieurs fois, le challenge est plus qu’abordable, parfois un peu trop facile, à moins que le jeu se décide à compliquer la tâche injustement. Ma pensée va à ces spécimens s’amusant à tirer à travers les murs, généralement sans qu’on puisse les apercevoir à l’écran, pendant que nous sommes occupés à combattre d’autres créatures, voire esquiver des pièges. Des petits moments qui auraient pu devenir bien plus reloues sans l’aptitude de soin.
Les segments plateformes n’apporteront pas vraiment de challenge non plus, de toute façon Cherry a tendance à glisser sur les rebords. En revanche, la lisibilité est souvent problématique devant le déluge d’effets pyrotechniques des combats. La cacophonie du sound design termine d’ailleurs de paralyser nos sens et finit par nous perdre. Enfin, notons l’impossibilité de switcher d’arme à la volée afin de réaliser des combos avec. L’expérience n’en demeure pas moins grisante, touchant de près la saveur des Beat’Em Up convoqués.
Cookie Cutter frappe assez fort pour dérouiller une partie de la concurrence en termes de baston, à défaut de tenir la comparaison sur l’exploration. Nous ne l’avons pas précisé mais le level design déçoit lui aussi. Les tentatives de renouvellement des situations laissent à désirer, les pièges environnementaux sont communs, bien qu’utiles pour y envoyer les ennemis. Aucune situation ne ressort vraiment. Dans le même ordre d’idée, les boss font pâle figure avec des affrontements peu inspirés.
A la différence des meilleurs, Cookie Cutter ne tire pas profit de la fonction « épreuve » d’un boss, censé tester nos acquis. De même que les armes et compétences débloquées pouvant agir sur l’environnement ne seront pas exploiter lors des affrontements. D’une certaine façon, marteler le même combo et esquiver suffiront pour aller au bout du jeu sans aucune remise en question. Pas de quoi gâcher le plaisir, mais de quoi rappeler que sortir du lot dans un genre aussi concurrentiel que le Metroidvania reste très difficile, tant il y a d’éléments à maîtriser et à harmoniser.
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