En octobre dernier, Paradox Interactive a comblé ses fans de bonheur en annonçant, lors de la PDXCon 2019, l’arrivée prochaine de Crusader Kings 3, l’un des jeux les plus attendus de leur catalogue. Sorti en février 2012, le précédent opus commençait à accuser le poids des années et un nouveau titre était donc nécessaire. C’est aujourd’hui chose faite puisque le troisième titre de la série est disponible.
Véritable investissement, surtout grâce à sa haute rentabilité temps de jeu/prix à la sortie, Crusader Kings 3 fait partie de l’une des séries principales du studio suédois Paradox. Focalisée sur le Moyen-Âge, cette licence parcourt l’histoire humaine avec d’autres, comme Europa Universalis, Victoria ou encore Hearts of Iron. Contrairement au premier qui se focalise sur l’expansion géographique, ou au deuxième qui préfère s’intéresser au statut social, Crusader Kings s’est toujours focalisé sur la fondation d’une dynastie pérenne.
C’est ainsi que Crusader Kings 3 lance le joueur dans un environnement unique où, du début de la partie jusqu’à la fin, il sera question de maintenir l’existence d’une famille, en cherchant à la rendre plus forte et plus glorieuse au fil des décennies. A savoir aussi qu’une descendance inexistante équivaut à la fin, pour vous et la partie.
Condition de test : Nous avons joué à Crusader Kings 3 durant un peu plus de quarante heures. Cela s’est fait sur PC, puisqu’il s’agit de la seule plateforme qui soit disponible pour jouer à ce titre.
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ToggleUn travail visuel fort, au milieu de politique de DLCs trop présente
La première chose que l’on remarque sans surprise dans ce troisième opus, c’est l’accentuation de l’importance de la gestion dynastique. Le cœur du jeu n’a ainsi pas changé et l’objectif est toujours de faire prospérer votre famille afin qu’elle marque le monde de son empreinte. Et votre testeur vous le dit très haut, à force de pousser pour avoir une dynastie puissante, les choses se retournent vite contre le joueur. Le game over peut ainsi arriver très rapidement, à cause d’un mauvais choix d’alliance, d’une guerre lancée trop tôt ou trop tard, ou simplement à cause d’une malchance malvenue (« Votre héritier est mort au combat, X est votre nouvel héritier. X a succombé à la maladie, votre cousin au 17e degré est désormais votre héritier. Votre cousin au 17e degré vous déclare une guerre d’indépendance. »).
Mais ça, c’est une chose à laquelle les joueurs de Crusader Kings 2 sont déjà habitués. Par contre, là où est les développeurs ont mis le paquet, c’est en proposant un moteur différent, basé sur celui d’Imperator, permettant ainsi de rendre le titre visuellement bien plus agréable. C’est donc une évolution dans le bon sens pour la série, qui commençait à clairement accuser le poids des âges. La carte est, par ailleurs, une très belle réussite. Bien plus lisible, bien plus polie, elle rend du plus belle effet lorsque l’on s’y déplace pour envoyer nos armées à la guerre ou simplement pour y construire l’un ou l’autre pâturage.
De son côté, l’interface aussi a été remaniée, afin d’offrir de l’aide quand il le faut et de façon plus ou moins discrète (nous parlons ici des infobulles). Même pour les choix qui interviennent en jeu, l’équipe derrière le jeu a cherché à fournir des infos concises, de façon bien intégrée afin que chaque choix soit pris en ayant les connaissances nécessaires pour le faire.
D’ailleurs, pour revenir sur la carte, celle-ci propose l’entièreté de l’Europe, l’Afrique du Nord et va jusqu’en Asie. C’est à peu de chose près ce que nous avions dans Crusader Kings 2 à la fin de la vie de ce dernier (« fin de vie » signifiant que les développeurs ne travaille plus dessus, le titre ayant encore énormément de joueurs). Pour visiter cette carte, le joueur a le choix entre deux périodes historiques : 867 (l’invasion viking suite à la mort de Ragnar Lodbrok) et 1066. Cela peut sembler peu, mais on connaît la politique de DLCs de Paradox qui ne manquera sans doute pas d’ajouter quelques années de départ par la suite, contre quelques euros évidemment.
Et c’est là qu’intervient le premier gros point négatif de ce jeu au lancement. Nombre d’éléments introduits par les DLCs du titre précédent ne seront pas présents au lancement. La politique forte du studio sur le maintien de ses jeux à long terme fait que moult éléments de gameplay, comme les reliques, ou certains types d’unités/mercenaires ne seront pas disponibles d’entrée de jeu. Heureusement, certaines choses comme les améliorations liées à la religion sont présentes directement. Il est ainsi toujours possible de fonder sa propre foi, ce qui était un ajout prépondérant en matière de contenu avec le DLCs Holy Fury.
Une dynastie plus approfondie
Crusader Kings 3 arrive également avec une gestion bien plus approfondie de la dynastie, surtout à long terme. Pour aider à cela, les développeurs ont ajouté le concept d’héritage dynastique. Chaque chef de dynastie a l’occasion de faire grandir la dynastie et la rendre plus puissante à mesure que le temps passe. Mais que reste-t-il une fois le flambeau passé ? Le prestige change, l’argent n’est qu’un chiffre et la piété fluctue. Cependant, les monarques peuvent, de leur vivant, mener de multiples actions permettant de gagner de la renommée pour la dynastie. Lorsque le stock de ces points est suffisamment haut, le joueur peut alors décider de les dépenser dans un héritage pour ses descendants.
Ces héritages sont divisés en sept catégories, dans lesquelles le joueur peut évoluer librement au fil de son évolution. On retrouve ainsi les catégories habituelles du jeu, comme la diplomatie, l’art martial ou l’art de l’intrigue. Contre des points (1 000 pour le premier niveau, 2 000 le deuxième, etc.), le joueur peut par exemple décider de privilégier l’art de la guerre et ainsi avoir de plus vastes armées, ou simplement tenter de transmettre des traits positifs via la force du sang. L’équipe de Crusader Kings 3 s’est donc donnée à fond pour proposer une expérience unique pour chaque joueur et chaque partie, du moins si le joueur le veut.
Cette mécanique, très alléchante, est celle qui tient sur la longueur. Engranger des points dynastiques n’est pas chose aisée et obtenir de nouveaux bonus pour le futur ne se fait pas en claquant des doigts (je n’ai obtenu qu’un seul héritage en deux générations de seigneurs). Pour le côté court terme, Paradox est plutôt revenu sur son système de « style de vie ». Votre personnage actuel peut ainsi se développer dans les cinq catégories du jeu (militaire, intendance, diplomatie, connaissance et intrigue). Semblable à un arbre de compétences, celui-ci permet de spécialiser son seigneur et obtenir divers bonus.
Pour cela, votre personnages obtient des points d’expérience en fonction de ses actions et de vos choix dans les événements qui surviennent. Une fois assez d’expérience obtenue, vous pouvez dépenser des points dans l’un des trois arbres de la catégorie que vous avez décidé d’améliorer. Ainsi, dépenser ses points en militaire permettra d’avoir des troupes plus puissantes, et spécialiser l’intendance permettra des construction moins chères ou plus rentables. Au total, ce sont donc 15 arbres de compétences distincts qui s’offrent au joueur et à ses divers personnages.
Entre complots et crises existentielles
Les développeurs ont également ajouté une mécanique très intéressante, celle du stress. Chaque personnage a sa propre personnalité, et lorsque des événements ont lieu, certains choix peuvent être en inadéquation avec leur personnalité. Cela leur cause du stress, comme pousser un individu juste à exécuter un prisonnier ou forcer un personnage ambitieux à déléguer une partie de son territoire à un vassal. Ce stress monte alors selon vos choix et la vie de votre avatar et pourra monter de niveau, il en existe trois.
Dès lors, un personnage qui passera au premier niveau de stress commencera à chercher des échappatoires, pouvant développer le trait ivrogne par exemple, oubliant les raisons de son stress via l’alcool. Au second niveau, ce dernier peut alors avoir des coups de sang et assassiner quelqu’un d’autre de sang froid pour la moindre broutille. Enfin, le troisième et dernier niveau pourrait mener à la folie, et ainsi à la mutilation, ou encore au suicide. Il faut alors faire très attention à ce niveau de stress, qui peut rapidement plomber votre diplomatie, voire même votre partie.
Cette mécanique ajoute alors une implication supplémentaire pour le joueur. L’immersion devient plus importante et la moindre décision devient cruciale. Là où CK2 proposait une sorte de bonus/malus sur toutes les décisions, ici une notion de personnalité du personnage joué entre en compte… et il faut dire que ça donne une dimension différente aux décisions. Le choix qui aurait, par exemple, pu sembler le plus logique pourrait être remis en question à cause de votre personnalité. Une très bonne idée que voici !
Mais, là où l’on passe énormément de temps à gérer son personnage, son successeur et à placer le reste de sa famille tels des pions sacrifiables à des fins diplomatiques, il ne faut pas non plus oublier d’étendre son territoire. Ainsi, si l’héritage de vos aïeux et les autres revendications construites de toutes pièces semblent le plus logique, il faut parfois se lancer dans la bataille. Cet aspect n’a pas beaucoup changé. Il suffit toujours d’avoir de bon commandants, une armée à lever quand nécessaire, leur nombre dépendant des compétences du monarque, de ses vassaux et des bâtiments construits. Bref, il suffit de déplacer ses troupes sur la carte et espérer que l’ennemi en possède moins que vous !
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