La pépite qu’est Cuphead a déjà 5 ans. Le titre phare du studio canadien MDHR avait réussi le tour de maître de se faire un nom en très peu de temps, grâce notamment à son mélange de genre particulièrement ingénieux. Entre le travail monstre qu’a nécessité les boss pour qu’ils soient pratiquement tous iconiques et pertinents, sa difficulté particulièrement soutenue, son côté plateformer très bien exécuté, et son esthétique propre qui rappelle les heures de gloire des premiers dessins animés, Cuphead est un pur bijou du jeu vidéo.
Et après 5 ans d’attente, le jeu a enfin reçu un DLC bien mérité, nommé Cuphead : The Delicious Last Course (abréger DLC, ils sont forts chez MDHR). Un premier et sûrement dernier DLC donc pour embellir un jeu déjà presque parfait à l’époque. De nouveaux objets, un nouveau personnage jouable, de nouvelles façons d’aborder le gameplay originel, la promesse est de mise dans The Delicious Last Course. Mais est-ce que le DLC est lui aussi presque parfait ? Il faut croire, mais voyons tout cela ensemble. (Attention ce test contient quelques spoils, notamment sur le boss de fin).
Conditions de test : Nous avons fini le DLC de Cuphead en à peu près 6 heures de jeu, le temps nécessaire pour tout boucler : histoire et quêtes annexes disponibles.
Sommaire
ToggleUn dîner presque parfait
Le duo de choc Mugman et Cuphead est de retour pour une aventure annexe aussi imprévisible que la principale. Le DLC du jeu est d’ailleurs disponible dès le début du jeu si vous débloquez le premier mausolée. En effet, il faudra aider Ms. Chalice, qui rejoint la dream team pour le reste de cette aventure annexe. Elle est bloquée dans un monde astral qui l’empêche d’être pleinement vivante et tangible dans le monde réel. Le but de ce DLC est donc de récupérer les ingrédients nécessaires pour confectionner un plat qui fera revivre Ms. Chalice, d’après les dires du chef Saltbaker, le cuisinier en charge de la recette.
Comme vous pouvez l’imaginez, tout ne se passera pas comme prévu, bien au contraire. Le chemin sera parsemé d’embûches pour récupérer tous les ingrédients de cette fameuse recette. Parsemé d’embûches, certes, mais tellement plaisant. Tous les boss présents dans The Delicious Last Course ont profité d’un soin très particulier, que ce soit dans le design, que dans les mécaniques mises en place.
Cette même difficulté est d’ailleurs toujours autant soutenue (peut-être un peu moins à certains moments), mais c’est toujours un plaisir d’apprendre tous les patterns de ces boss tant leurs enchaînements d’attaques et leurs animations sont soignés. Le DLC de Cuphead ne recycle pratiquement rien du jeu de base, et rien que pour cela le voyage vaut le coup.
Par ailleurs, les musiques prennent moins de place dans ce DLC. La bande-sonore était une figure de proue des qualités du jeu de base, avec chaque boss son thème phare, et les thèmes musicaux de The Delicious Last Course sont beaucoup plus en retrait. Est-ce là une volonté de développer beaucoup plus le sound design que la musique ou un simple manque d’inspirations ?
Pourquoi est-ce aussi court ?!
Sans exagérer, il y a très peu de défauts à The Delicious Last Course, le principal étant que le contenu se boucle en à peine quelques heures. Pour se faire une idée, le jeu de base peut se boucler en une quinzaine d’heures (voire 20 si on n’est pas habitué à ce genre de jeu), là où le DLC peut être terminé en maximum 4 heures. Avec un total de 7 boss (sans compter les défis parry qui remplacent les niveaux linéaires) on reste un peu sur notre faim en définitive, tout simplement parce que c’était excellent.
Mais est-ce qu’on peut en vouloir au studio MDHR ? En très grande partie non. Les développeurs ne s’attendaient peut-être pas à ce que Cuphead, sorti en 2017, marche autant, et le DLC n’était peut-être tout simplement pas prévu, étant donné qu’il est sorti 5 ans après le jeu initial. Il faut prendre ce DLC comme un bonus imprévu qui rajoutera du piment à votre aventure principal, sans attendre un tout nouveau jeu complet comme on a pu voir avec les extensions de The Witcher 3 par exemple. Mais c’était tellement bon qu’une durée de vie aussi courte nous a procuré un sentiment de frustration assez fort.
De nouveaux ingrédients pour pimenter l’expérience Cuphead
Certes le temps de jeu est léger, et certes le DLC est sorti 5 ans après le jeu de base, mais rien n’a été réutilisé. En effet, comme on l’évoquait précédemment, le DLC de Cuphead rajoute de nouvelles mécaniques qui donnent un produit original se suffisant à lui même. Déjà, on a la possibilité désormais d’incarner Ms. Chalice en plus de Mugman et Cuphead, ces derniers n’ayant pas de variantes de gameplay.
Or, avec Ms. Chalice, le gameplay change drastiquement. Plus de parry, il se fait automatiquement en dashant sur le côté, mais à la place, elle obtient un double saut bien pratique. De plus, elle peut aussi faire une roulade sur le sol pour être insensible et éviter les attaques. Là où beaucoup y voyait un mode facile, Ms. Chalice s’apparente plus à une variante de gameplay difficile à prendre en main pour ceux qui sont habitués au jeu de base.
En outre, un autre élément majeur a été rajouté dans ce DLC : ce sont les défis parry que l’on a déjà mentionnés. Il n’y a plus de niveaux linéaires à base de plateformes pour récupérer des pièces. À la place, ce sont des duels face des ennemis de l’imaginaire médiéval qu’il faudra affronter en utilisant seulement le parry. Pas d’arme, pas de Smoke Bomb pour se faciliter la vie, seulement le saut, le dash de base, et le parry pour venir à bout de ces défis qui nécessitent pas mal de patience (mention spéciale au chevalier cheval qui était particulièrement complexe à appréhender).
Les boss, ou le souci du détail
Quand on a signifié précédemment que The Delicious Last Course était un petit bijou d’inventivité, c’est surtout au niveau des boss, certes peu nombreux, mais uniques, inoubliables, et plaisants à parcourir. Et comme dans le jeu de base, tout est parfaitement calibré : les boss sont durs mais ne laissent aucune place à l’injustice. Si vous êtes morts, c’est de votre faute, et tous les patterns sans exception doivent être appris et maîtrisés pour pouvoir avancer.
Il n’y a pas de place à la chance dans The Delicious Last Course, et les boss du DLC vous mettront à rude épreuve. Par exemple dans une des phases du boss Doggone Dogfight (les chiens aviateurs), la caméra changera brusquement de sens (à gauche, en haut et à droite, altérant par conséquent les déplacements du joueur). Contre-intuitif, cette mécanique force à rester concentré et à ne pas jouer de manière mécanique (ou vous pouvez tout simplement pencher la tête sur le côté pour être dans le même sens que l’action, ça marche aussi).
En dehors du gameplay millimétré, même les décors ou les animations vont au bout de leurs concepts. Le Géant (Gnome Way Out) invoque un furet en le tenant par la queue pour nous attaquer, et après cette phase d’attaque, il balance le furet dans le champ du décor ; en fond, jusqu’à ce qu’il disparaisse. Cette action est certes minime mais représentative d’à quel point les développeurs ont eu le souci du détail, et on pourrait faire une liste très longue de tous les micro événements.
On ne pouvait pas se quitter en ne mentionnant pas le combat contre dernier boss, qui se retrouve être notre pire ennemi. Chaque phase de ce boss est mémorable. Et sans mentionner le combat en tant que tel, la mise en scène est fantastique : on rentre discrètement dans son donjon en son absence et on comprend petit à petit quelles sont ses intentions. Tous les boss de The Delicious Last Course valent le détour, et le dernier en est la quintessence parfaite.
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