En cette fin d’année 2018, les amateurs de jeux de sport automobile sont servis, avec d’un coté le retour malheureusement fort impersonnel de l’un des rois du jeu de rallye d’un temps reculé, j’ai nommé V-Rally 4, et de l’autre une nouvelle itération du patron de la course arcade : Forza Horizon 4. Par ailleurs, l’actualité est plutôt enthousiasmante quant à ce que nous réservent les mois à venir, et Codemasters n’y est pas étranger, puisque le studio est à l’origine d’une annonce qui n’est pas passée inaperçue, celle de Dirt Rally 2.0. Beaucoup plus discret pour sa part, Dakar 18 sortait quant à lui le 25 septembre dernier sur PC, PlayStation 4 et Xbox One. Jetons un coup d’œil à sa version console.
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ToggleÀ deux doigts du malaise
Cela commençait à faire un long moment que les fanatiques de la course du Dakar (anciennement Paris-Dakar) n’avaient pas eu droit à une adaptation vidéoludique attitrée. En effet, le denier titre à s’y être essayé remonte tout de même au mois de mars 2003, et était paru sur PlayStation 2, Xbox première du nom et Nintendo Gamecube. Un titre qui, à l’instar de Dakar 18, est passé totalement inaperçu. Mauvaise chose ? Concernant le jeu de 2003, non, puisqu’il s’agissait d’un titre fort banal. Quant à l’oeuvre de Bigmoon Entertainment, sans aller jusqu’à révéler le verdict avant la fin, on peut malheureusement en dire autant. Le résultat n’est en effet pas des plus folichons. Dakar 18, avant même de parler de gameplay ou de contenu, est un véritable raté sur le plan graphique.
Le titre de Bigmoon n’aura pas fait grand bruit avant sa sortie, et ce n’est finalement pas plus mal…
Les textures transpirent la 3D dégueulasse, les véhicules (présents en petit nombre) sont passablement laids, et ne parlons pas de l’allure des pilotes. Et c’est fort dommage, parce que le titre partait d’une excellente intention : proposer aux amateurs du Dakar un véritable monde ouvert où réaliser des courses dignes de l’épreuve automobile qu’ils connaissent bien. L’ennui, c’est que visiblement le développeur a voulu voir trop grand. On se retrouve ainsi avec des décors vides et fades, qui ne donnent nullement envie de partir à leur exploration. Le tout servi par une distance d’affichage tout à fait ridicule, un soleil inerte qui reste au beau fixe, et pour finir des effets de poussière immondes et pourtant quasi-inexistants.
Par ailleurs, difficile de comprendre où les petits gars ont pu se planter au niveau de la bande sonore. Quelques musiques sont vraiment sympathiques, comme celle de l’écran pause (très douce et reposante), et en dehors de ça le titre nous propose des thèmes survoltés, dignes d’une bande annonce de Call of Duty Modern Warfare 3, pour ne citer que le premier titre badass et totalement hors sujet qui me vient à l’esprit. On est loin de l’ambiance du Dakar, assurément. Et pour ne rien arranger, on se retrouve avec un copilote qui ne s’exprime qu’en anglais, et des sous-titres français minuscules (et donc difficiles à lire), de quoi rendre chaque partie désagréable avant même de se lancer dans une véritable compétition.
Les idées n’étaient pas mauvaises
Pour ceux qui ne connaîtraient pas, le Dakar est une course de rallye un peu particulière. En effet, là où le rallye classique ne demande aux pilotes qu’une certaine dextérité dans leur conduite, d’autant qu’ils peuvent parfois faire face à des conditions de pistes déplorables, voire une connaissance de leur véhicule ; du coté du Dakar c’est totalement autre chose. D’abord parce que le contexte n’est pas le même. Oubliez donc les plaines vallonnées de l’Ecosse ou encore les routes étroites de la Corse, et ouvrez grands vos bras à un désert aride et vide de toute population (si ce n’est nomade, peut-être) voire de végétation. D’emblée, l’ambiance est évidemment moins attrayante, quoique avec des moyens techniques un peu plus poussés, le titre de Bigmoon Entertainment aurait pu rendre les dunes agréables à l’œil.
Mais la plus grosse différence réside bien évidemment dans le concept même de ces courses dans le sable et le gravier. Parce que pour le coup, plus de route distincte au sol, plus d’asphalte ou de chemin délimité par deux fossés. Ici, il faut parvenir à se retrouver dans une immense étendue désertique où les repères ne sont que trop souvent dérisoires. Étonnamment, à ce niveau Dakar 18 est une franche réussite : on ressent vraiment cette impression étrange qui nous plombe les épaules lorsque l’on ne parvient pas à retrouver sa route dans une forêt (ou sa voiture sur le parking de Disneyland). Un sentiment étonnant qui laisse malheureusement vite la place à de la frustration et de l’agacement, malgré des premières minutes de jeu enthousiasmantes.
On a vite l’impression d’être complètement perdu dans les environnements gigantesques, et c’est fort plaisant… malheureusement, c’est vite estompé par de la frustration.
Parce que l’ennui c’est que pour avancer dans les différentes spéciales (ou épreuves si vous préférez), il vous faudra vous repérer via un Road-Book loin d’être parfaitement lisible, et vous fier aux commentaires d’un copilote tout à fait agaçant. Ce dernier se révélera très utile, puisqu’il sera là pour lire le carnet de route à votre place, et donc vous indiquer les changements de caps à réaliser. L’ennui, c’est qu’en plus de ne parler qu’en anglais, celui-ci vous hurlera dessus dès que vous déviez d’un pouce de votre chemin, ce qui arrive tout le temps pour peu que vous tentiez de gagner la course et alliez un peu vite. Reste l’alternative de la moto (plusieurs véhicules étant accessibles), où aucun copilote n’est là pour vous faire vriller les tympans… le hic, c’est que se repérer seul au Road-Book n’a rien de très ludique, et se révèle parfois très difficile.
Où est le fun ?
Outre son aspect graphique pour le moins dépassé, le plus gros problème de Dakar 18 c’est qu’il n’a rien de ludique. On lui pardonnera la difficulté de son système de repères et le vide de ses environnements à condition de prendre vraiment le temps de s’intéresser à son challenge particulier, ou bien d’être grand fan de cette course mythique ; d’autant que le titre de Bigmoon a bien des atouts pour plaire, notamment de vraies équipes ayant participé au rallye. Chacune se positionnant sur un type de véhicule, ceux-ci étant présents au nombre de cinq : voiture, camion, quad, moto et SXS (qui sont des sortes de petits buggys). Mais force est de constater qu’à trop vouloir rendre son jeu réaliste, le studio s’est quelque peu perdu.
Le plus gros problème de Dakar 18, c’est qu’il n’a absolument rien de ludique.
Il arrivera par moments que votre véhicule connaisse une avarie, suite à une mauvaise chute ou sans raison apparente, et il vous faudra alors vous lancer dans la mécanique par vous-même. Cet aspect est fort réussi et grisant, d’autant qu’il prend bien la peine de vous faire perdre quelques minutes pour chaque réparation, de quoi rendre chaque course haletante pour peu que l’on adhère. Reste que lorsque l’on s’est simplement embourbé et que l’on espère pouvoir pousser son véhicule, c’est au petit bonheur la chance : parfois il suffira d’en descendre pour le faire repartir (les copilotes ne servant à rien à ce moment précis), et parfois il faudra compter sur les équipes adverses… dont l’IA est malheureusement à la ramasse. On aura plus vite fait de croiser les doigts pour ne jamais tomber véritablement en panne, ou rencontrer des zones où le sable ou la boue a tendance à rendre toute progression impossible.
Quant à l’aspect primordial d’un jeu de course automobile, j’ai nommé la conduite, les problèmes sont de taille. En voiture, les sensations sont presque convenables, mais impossible de faire un tant soit peu de vitesse, puisque dès que l’on grimpe un peu trop haut dans les tours, le véhicule risque de faire un tête-à-queue monumental, et nous faire perdre de précieuses minutes. Vous avez dit frustrant ? Pour tous les autres véhicules, la conduite est sans aucun goût, n’offre aucun challenge, aucune sensation, aucun plaisir. Voici exactement où se situe le plus gros défaut de Dakar 18. Que l’on passe outre chacun des problèmes cités précédemment est déjà une chose, mais c’est réalisable à condition de s’en donner les moyens ou de partir déjà fan du rallye ; toutefois, difficile de faire l’impasse sur cet aspect du titre. Une conduite qui n’offre aucun plaisir, ça plombe purement et simplement une expérience de jeu.
En terme de plaisir de conduite, on est à des années lumières d’un DiRT 4. C’est d’ailleurs insultant de comparer le jeu de Codemasters à celui de Bigmoon…
Reste un contenu qui manque de consistance, avec une aventure solo composée d’une poignée de courses souvent très longues (trop d’ailleurs, un autre problème qui rebutera d’emblée tout néophyte ou casual gamer), et un mode « Chasse au Trésor » tout bonnement anecdotique. Quant à son multijoueur, Dakar 18 a le bon goût de proposer des courses en écran scindé, mais le problème de la conduite persiste même entre amis. Autant dire que l’on n’a pas très envie de s’attarder.
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