Pour celles et ceux qui n’auraient pas connaissance de ce qu’est la licence Danganronpa, il s’agit de l’œuvre du studio Spike Chunsoft. Éditée par NIS America, cette saga se veut du genre visual-novel. Par le bon vouloir des développeurs, le premier opus se trouvait jouable, pour les habitants du Japon, en 2010 sous le nom de Danganronpa: Trigger Happy Havoc. Cette année, nous avons droit, nous occidentaux, à Danganronpa V3: Killing Harmony, tout nouveau soft proposé par le studio nippon. Cette nouvelle localisation dans nos contrées n’est certainement pas étrangère aux très bons résultats obtenus par les précédents titres proposés chez nous, mais une petite surprise s’insère dans l’histoire, la présence de sous-titres en français, pour le plaisir de chacun.
Les connaisseurs auront le plaisir de retrouver Monokuma, l’ourson machiavélique imaginé par le studio et d’essayer de survivre à son jeu macabre. Véritable ascenseur émotionnel, il nous reste à découvrir si cette énième création folle s’inscrit dans la continuité de la licence, à la hauteur de ce à quoi nous avons été habitués.
Courage, survivons
Dès les premiers instants de jeu, toute personne ayant déjà posé la main sur l’un des autres opus de la série remarquera une chose importante : ceci est une nouvelle année scolaire, se déroulant dans un nouvel établissement et dont le casting s’avère, lui aussi, tout à fait neuf. N’ayez crainte, vous qui n’avez pas répondu aux précédentes invitations du dangereux Monokuma, il est tout à fait autorisé de monter en cours de route dans ce véhicule vidéoludique qui vous mènera dans les tréfonds de la folie. Notez également que les événements des précédents softs n’ont que peu d’importance ici, même si posséder une connaissance minimale de ces derniers sera un atout pour comprendre les quelques nombreuses allusions que vous aurez la joie de découvrir.
Dans ce nouvel opus, vous pourrez retrouver 16 nouveaux lycéens pour composer le casting. Mais comme dit dans le paragraphe ci-haut, pas de Makoto Naegi, mais plutôt de nouvelles têtes, véritables caricatures vivantes. Ici, au sein de ces 8 garçons et 8 filles, surdoués dans un domaine prédéfini, le protagoniste principal deviendra la protagoniste principale, en la personne de Kaede Akamatsu, maîtrisant à la perfection l’instrument qu’est le piano. Tous se retrouvent dans une académie comme hors du monde et se trouvant sous la direction de l’ours psychopathe qu’est Monokuma. Le but de jeu ? Le même que d’accoutumée ! Les étudiants vont devoir participer à une petite tuerie organisée et ponctuée de beaux et longs débats pour débusquer le coupable. Lors de ces instances pour élire le coupable, deux fins sont possibles. Soit les élèves votent contre le meurtrier et il est alors exécuté, soit ils se trompent et tous meurent dans d’atroces souffrances, le meurtrier lui pourra s’évader. Il reste désormais à savoir si vous parviendrez à terminer cette année… En vie.
On peut dire que du point de vue éthique, ce nouvel opus flirte réellement avec la limite. Jouant sur la sentence du massacre pur et simple de plus d’une douzaine d’adolescents, cette nouvelle itération tente de faire comme c’était déjà le cas dans les deux premiers épisodes canoniques. Mais on retrouve également quelques éléments qui font sourire, qui font plaisir, comme la présence de la famille Monokuma, qui ne se gêne point outre de mesure de briser à grands coups de scie électrique le quatrième mur. En effet, quand je parle de famille, je sous-entends que la mascotte de la série n’est pas venue seule, mais bien accompagnée de ses gosses, au nombre de cinq. La présence de ces derniers permet d’avoir droit à des échanges hauts en couleurs entre eux ainsi qu’une patte d’humour qui fait du bien. Cette ambiance comique orchestrée par le studio est, en plus, relevée grâce à une traduction française d’une qualité incroyable.
Vous l’aurez donc remarqué, le scénario de Dangaronpa se veut véritablement barré, à la sauce japonaise. Nous avons ici droit à un voyage dans les affres de la décadence et de la démence avec un titre qui respecte le rythme identifiable aux visual novels avec de splendides séquences de procès que nous aborderons plus tard. Néanmoins, c’est exactement ces éléments qui pourraient faire vomir les différents néophytes qui s’essaieront à l’expérience. En effet, un prologue de plus de 2h et des dialogues sans fin pour rythmer les cinq premières heures de jeu, ce n’est pas ce qui va motiver le plus de monde. Néanmoins, on se souviendra que, pour le genre, ce titre est une véritable réussite. Vous pourrez profiter de l’identité gore du soft dans votre langue, mais en plus, vous pourrez profiter des graphismes 2D du titre, qui s’avèrent toujours aussi bien travaillés. D’autres éléments tels que les animations ou même l’interface du jeu vous rappelleront comme la série Danganronpa est une perle dans son domaine de prédilection. On pourra néanmoins regretter que l’aspect 3D du soft est un peu court, un peu à la ramasse, mais ça n’est pas réellement l’élément principal qui compose ce jeu, alors nul besoin de le bouder pour si peu.
Puisse le dieu du visual novel nous accorder sa bénédiction
Là où réside la grande, l’ultime force de cette création vidéoludique, reste les procès, qui sont les moments les plus impressionnants et les plus palpitants que l’on puisse découvrir dans n’importe quel Danganronpa. Pour cette année, on reste sur les mêmes bases, c’est-à-dire du débat, non-stop, moment durant lequel chaque protagoniste lance moult informations qui apparaissent à l’écran. Chaque information affichée en jaune à l’écran s’avère être un point faible dans l’argumentation, il vous faudra donc tirer dessus avec la ballindice appropriée. On part de la même idée lorsqu’il s’agit d’éléments en bleu, sauf qu’ici, ce sera plutôt pour appuyer les dires de la personne. Rien de bien surprenant donc dans ces procès, si ce n’est la présence d’une troisième possibilité de tir, à savoir le mensonge. Oui, vous pourrez désormais tromper les autres en leur mentant, de sorte à faire éclater la vérité un peu plus tard. Moyen de fonctionnement pour le moins malhonnête, mais il faut parfois savoir tromper son monde pour se sortir d’une impasse. Cette fonctionnalité ne sera, néanmoins, pas à utiliser à tout bout de champ, mais elle saura se montrer utile et efficace en temps voulu, croyez-moi.
Les procès sont très longs, représentant d’ailleurs une grande partie de la durée de vie du soft. L’important pour le joueur est donc de rester attentif, impliqué. Cette implication se trouvera d’ailleurs encore augmentée via la présence de mini-jeux à travers la trame scénaristique. Et bien que ces mini-jeux puissent vous mener à un magnifique game over, sachez que ce dernier en est plutôt un faux. Tout comme chaque procès, bien que très intenses en émotions, il faudrait presque le faire exprès pour ne pas réussir ces derniers. Et si vous tentiez malgré tout de perdre juste pour tester cette fonctionnalité, vous ne ferez que retourner au début de la séquence en cours. Vous obtiendrez juste moins de récompenses à la fin si vous devez en passer par le fait de devoir recommencer.
Ces fameux procès, ils se reposent principalement sur votre capacité à décrypter et à passer dans ces débats tortueux où les retournements de situation sont foison. Durant le déroulement de chaque procès, vous soupçonnerez l’un après l’autre plusieurs personnages avant de finalement tomber d’accord avec vous-même sur l’identité du véritable coupable de cette histoire. Vous devrez le désigner, mais vous hésiterez parfois grandement tant la quantité d’éléments à votre disposition sera pauvre. Faites donc très attention et mesurer le poids de vos actes. Votre intuition saura vous aiguiller, mais le moindre faux pas et tout le monde va y passer. Oui certaines étapes, certains moments vous sembleront aisés, mais d’autres le seront beaucoup moins et sauront se montrer très corsés, vous giflant parfois violemment en vous montrant à quel point votre logique n’est pas la bonne, vous invitant à vous remettre en question car … vous avez perdu.
Enfin, divers autres éléments de gameplay, tels les fragments d’amitiés, les pièces et autres cadeaux, dont je vous laisse le plaisir de la découverte, sauront rythmer votre périple dans cette académie où le trépas n’est jamais très loin. Mais si un élément reste encore à pointer du doigt pour sa plaisante présence, c’est bien la bande-son. Cette dernière est composée de 107 morceaux donc une bonne partie provient des épisodes précédents mais quelques thèmes ajoutés pour l’occasion sont marquants et complètent à merveille l’univers musical qui nous est proposé. Aucune piste n’est à jeter, aucune à bouder, toutes sont à déguster de la même manière que tout le reste de ce nouvel opus dont je viens de vous parler !
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