Dark Devotion nous plonge dans des temps anciens où les défenseurs de la foi luttaient d’arrache pied pour empêcher le mal de se répandre sur le monde des humains. Les templiers, gardiens de l’Eglise et farouches combattants, n’avaient de cesse que de repousser les forces démoniaques au péril de leur vie. Le titre, développé par le studio français indépendant Hibernian Workshop explore ce thème très apprécié des fans de Dark Fantasy et nous invite à rejoindre les bas-fonds d’un temple rongé par d’obscurs maléfices.
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ToggleUne descente aux enfers
Modélisé en 2D, ce RPG sombre et bien inspiré nous permet d’incarner une femme, une guerrière que rien n’arrête, bien décidée à réussir là où tous ont échoué. Portée par son courage et son énergie débordante, celle-ci subit dès les premiers instants de sa quête les avertissements désespérés de tous les chevaliers vaincus, échoués aux premiers abords du temple comme prisonniers entre deux mondes, le genou à terre, l’espoir en berne. Après une première phase d’apprentissage et un avant goût des ennemis à venir, notre héroïne va pénétrer dans les ténèbres pour y voir sa foi et sa dévotion sans cesse écorchées, meurtries et blessées.
Car si le premier boss rencontré sera rapidement vaincu, cette victoire sera de courte durée. Un seigneur du mal, tapis dans l’ombre, glissera son glaive dans les entrailles de la jeune aventurière, pour que son pèlerinage commence, que son chemin de croix s’ouvre face à elle et que l’enfer lui tende les bras. L’initiation commencera donc par la souffrance. L’épreuve du feu sera celle de la mort et de l’éternel recommencement comme une malédiction inéluctable. Ainsi, notre templière succombera perpétuellement, en reviendra au refuge des impurs là où les âmes échoués, les héros vaincus ainsi que d’étranges sorciers opèrent dans l’ombre. Chaque immersion dans les souterrains glauques du temple sera une épreuve, un défi plaçant notre guerrière face à de multiples ennemis violents et bien armés. Mais comment a-t-on pu en arriver là ? Pourquoi ce temple est comme possédé par le Malin ? Une faute a été commise, des sacrilèges ont voulu être enfouis sous terre, comme refoulés de la surface de la Terre. Mais les blessures restent, des monstres naissent car le mal trouve toujours un chemin.
Le décor est ainsi planté. Reste maintenant à donner corps à ce supplice. De ce point de vue, Dark Devotion est un Rogue-like particulièrement bien conçu. Le titre se place clairement dans la ligne de 3 jeux d’anthologie : Dark Souls, Diablo et Castlevania. La mort constitue très clairement le lot de notre templière. À chaque défaite, votre dévotion « s’éteint » et vous ressuscitez au Refuge des Impurs pour reprendre votre quête. Ici votre apparence et vos aptitudes ne sont pas altérées. On pourrait même dire que la mort vous donne chaque fois une bonne leçon et distille en vous une expérience précieuse qui vous permettra notamment d’améliorer vos compétences. L’aspect Diablo est également bien présent. Les forces du mal se terrent dans les tréfonds de ce temple et l’aventure vous place sans cesse face à des créatures atroces, déshumanisées, avides de sang. De multiples éléments du décor se dissimulent également dans l’ombre et n’attendent que votre passage pour vous cisailler en deux. Le bestiaire, très riche, est suffisamment varié et doté de caractéristiques singulières, notamment au niveau de la succession de leurs coups ou de leurs effets sur vous. La solitude horrible que notre héroïne et ce sens inaltérable du devoir rappellent l’atmosphère tout aussi sombre de certains épisodes de Catlevania et l’immersion y est tout autant réussie.
Un gameplay aux petits oignons
Outre une histoire très prenante et un scénario certes classique mais bien mis en scène, le titre dévoile des mécaniques de gameplay qui raviront les fans du genre et séduiront également les néophytes. Si au départ, notre templière entame son périple avec le strict minimum, ses aventures lui permettront de débloquer de l’équipement de qualité. La forge disponible au cœur du Refuge des Impurs permettra de débloquer de nouveaux éléments à mesure des quêtes achevées et des armes/armures récupérées sur vos ennemis. À ceci s’ajoute un système de bénédictions/malédictions bien pensé. En effet, à chaque mort et donc à chaque réapparition, vous bénéficierez d’un bonus précieux concernant soit votre bouclier, soit la régénération de votre endurance ou tout autre aptitude utile aux combats. Plus vous tuez d’ennemis, plus vous obtenez par la même occasion des petites gemmes de couleur vous permettant de débloquer de nouvelles aptitudes particulièrement utiles et importantes dans la suite des événements. Et celles-ci peuvent se combiner afin de faire de votre templière une vraie machine de guerre, rapide et efficace.
Au fil des combats, vous découvrirez également un certain nombre de runes augmentant votre précision ou vos dégâts. Les armes et armures disposent aussi de statistiques précieuses et le choix de celles-ci est d’une importance capitale, en particulier avec les gros lieutenants. D’ailleurs, ceux-ci peuvent vous maudire et réduire vos capacités en pénétrant dans une salle ou en fuyant le combat. Autre point d’étape important : la présence d’autels. Ceux-ci vous apportent des bénédictions, des soins ou des bonus en termes de loot assez conséquents dans votre aventure. Ils nécessitent toutefois de sacrifier de votre foi pour les activer. Or cette foi se régénère en tuant des ennemis. La prime va donc aux audacieux et aux courageux. Tous ces éléments sont parfaitement imbriqués, donnant une dimension immersive particulière plaisante au titre mais aussi une envie irrépressible d’en découdre à nouveau et de braver une fois de plus la mort. C’est d’autant plus valorisant que les récompenses en combat sont aléatoires, les bénédictions des autels variables dans leur coût en matière de dévotion.
Peu d’écueils
Au final, le titre, même pour les plus frileux et les plus sceptiques, est une belle réussite. Nous avons évoqué l’histoire et certains éléments du gameplay mais les graphismes et la bande-son ne sont pas en reste. La modélisation en 2D rend bien l’atmosphère pesante voulue pour ce jeu. Les jeux de lumière apportent également un vrai plus au titre. Certains niveaux sont fort peu éclairés, obligeant le joueur à avancer à tâtons. La bande -son s’adapte parfaitement aux situations et met clairement la pression dans les phases les plus touchy. Le level design, conçu via un enchevêtrement labyrinthique alimente la descente aux enfers et l’impression que plus on s’enfonce, plus le mal est profond.
Ainsi, avec Dark Devotion, le studio indé Hibernian Workshop trouve bien sa voie entre hommage, référence et identité propre. Pour les habitués du genre, le titre paraîtra sans doute un peu classique et parfois un peu frileux dans l’exploration de nouvelles pistes de gameplay. On pourrait regretter l’impossibilité de sauter ou de véritablement interagir avec l’environnement. Pourtant les plateformes sont nombreuses et certaines s’y prêteraient sans doute bien. Mais le système de téléportation, le bon nombre de salles cachées, de livres à consulter pour en savoir plus sur l’intrigue et les combats parfois horriblement relevés emportent très franchement l’adhésion. Même pour les adeptes de la manette, les quelques soucis avec ce support au lancement du jeu ont d’ores et déjà été corrigés. Que demander de plus ?
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