On pourrait qualifier le titre de jeu de rôle, de type rogue-like, mais ce terme un peu fourre-tout ne fait pas vraiment honneur à la richesse de ce qui nous est proposé ici. Il faut savoir que les développeurs sont de grands fans de jeux de rôle à l’ancienne, comme Ultima Underworld ou The Bard’s Tale. Mais ces derniers étaient dépourvus d’un facteur très important, l’élément humain, le stress face au danger. Avec Darkest Dungeon, c’est précisément ce point qui a été développé comme rarement auparavant. Avant de parler de cette grosse particularité, penchons-nous sur les bases de son système de combat.
Sommaire
ToggleTour par tour, mon amour
Mais pas n’importe quel type de tour par tour, ici, c’est un système de combat uniquement en 2D, avec une représentation de profil. Pas si commun que ça, ce parti-pris n’enlève rien à la profondeur stratégique des combats, bien au contraire. Votre équipe se compose de quatre héros – enfin en lisant leur biographie respective on constate qu’ils n’ont pas grand-chose d’héroïque, placés en file indienne à la gauche de l’écran. Les ennemies, quant à eux, occupent la partie droite de ce même écran. Ils peuvent être jusqu’à quatre, mais vous rencontrerez également des groupes de deux ou trois adversaires.
Toute la subtilité vient du fait que les capacités de vos personnages, tout comme celles de vos opposants, ne fonctionne que d’une certaine position et cible aussi une position spécifique dans le placement adverse, ou dans le vôtre pour les soins et autres sorts de soutien. À vous alors de choisir la meilleure disposition pour votre groupe, et de faire votre choix parmi les huit aptitudes disponible pour chacun de vos personnages, sachant que seulement quatre d’entre elles pourront être équipées lors d’une mission.
Le jeu permet alors d’expérimenter toute sorte de combinaison de groupes, les quatorze classes disponibles étant bien entendu très différentes les unes des autres. Et, les cinq donjons que vous explorerez disposent chacun de leurs propres bestiaires, aux forces et aux faiblesses bien spécifiques. Ajoutez à cela deux types de dégâts sur la durée, que sont le saignement et l’infection, la possibilité de sonner les adversaires et de leur faire changer de place, et vous obtenez une base plus que solide pour ce qui est des combats.
Le stress, affliction ou vertu ?
Là où les développeurs de chez Red Hook sont très forts avec ce Darkest Dungeon, c’est avec le système de stress, mettant en avant le coté psychologique d’une aventure aussi dangereuse. En plus d’une jauge de vie, chaque personnage dispose également d’une jauge de stress. Celle-ci se remplie si le héros est victime d’un coup critique adverse, ou bien si la compétence utilisée par l’ennemie a justement pour but de vous faire stresser. Arrivé à cent pour cent de cette jauge, votre personnage écopera la plupart du temps un gros malus, et dans de rares moments de chance, d’un bonus, jusqu’à la fin de la mission en cours. Il pourra alors passer son tour, ou se déplacer de son propre chef, ou encore insulter ses compagnons d’arme et augmenter leur stress. Si le stress atteint les deux cents pour cent, c’est même la crise cardiaque qui viendra souffler la vie du malheureux.
Pour tenter de contrôler le niveau de stress au cours d’une mission, plusieurs options s’offrent au joueur. Contrôler le niveau de lumière, en le laissant suffisamment élevé grâce aux torches que vous aurez emporté avec vous, ce qui servira non seulement à préserver la santé mentale de votre troupe, mais a également l’avantage de pouvoir surprendre les groupes adverses, tout en limitant leur chance de coup critique. Certaines compétences pourront également faire diminuer cette cruelle jauge blanche. Chaque héros qui arrive à asséner un coup critique, en plus de dégâts conséquents, voit également son stress diminuer. Enfin, dans les missions de moyenne et longue durée, il est possible de camper. Autour du feu de camp; c’est une toute nouvelle brochette d’aptitude qui serviront, soit à soigner la santé et/ou le stress de vos personnages, soit à appliquer des bonus divers et variés.
Mais le petit côté vicieux de cette facette du gameplay, c’est qu’elle ne prend pas fin… à la fin d’une mission. Si la vie des anti-héros est rétablie dans son intégralité lors de votre retour en ville, la jauge de stress, elle, reste là où elle en était. Le hameau, qui vous sert de quartier général, dispose de bien des manières de soigner le stress des combats. Il est possible de méditer ou de prier, de se noyer dans l’alcool ou de jouer au casino, mais aussi de faire un tour au bordel ou même de flageller. Evidemment, rien n’est gratuit, et vos économies ne seront pas épargnées. On y trouve aussi un sanatorium, permettant de soigner les maladies et mauvaises manie attraper lors de nos pérégrinations.
Bienvenue chez vous !
Ce hameau est d’ailleurs votre propriété comme vous le raconte l’introduction du jeu, légué par un membre de votre famille qui s’est suicidé, après avoir mis à jour le fameux darkest dungeon caché sous son manoir, et par la même corrompu toute la région. C’est donc à vous que revient la tâche de laver cette corruption, et de rebâtir ce frêle village. Avec des objets trouvés lors de vos aventures, vous pourrez améliorer tous les bâtiments, donnant plus de place et diminuant le coup des soins prodigués à vos troupes par exemple. Vous pourrez également y trouver un cimetière où reposeront vos héros tombés au combat. Car oui, ici la mort est définitive, aucun cadeau ne vous sera fait. Heureusement, un cocher vous apportera tous les jours des jeunes recrues, ignorant tout du sort funeste qui les attend.
Pour les personnages ayant pris du galon, un forgeron pourra améliorer leur arme et leur armure, pour faire plus de dommages et bénéficier d’un peu plus de vie, tandis que le maître d’arme pourra augmenter l’efficacité de leurs compétences. D’ailleurs il est important de préciser que les niveaux que vos héros gagnent n’augmentent que leur résistance au stress, qui, de plus, un vétéran refusera de participer à des missions trop faciles. Il est donc important d’avoir plusieurs groupes, de niveaux différents, pour pouvoir répondre à tous vos besoins, et pallier rapidement à une mort imprévue.
Pour finir le tour de votre propriété, parlons également du vendeur de reliques. Les reliques étant des équipements pour vos personnages avec des effets très variés, certaines réservées à une classe précise, d’autres équipables par tous. Chaque membre de votre équipe dispose de deux emplacements d’artefact. Vous en trouverez durant vos expéditions ou pouvez en acheter au marchand. Si jamais vous êtes en manque d’argent, n’hésitez pas à vendre celles que vous n’utilisez pas. Enfin, le survivaliste vous permettra de choisir les aptitudes de campement, toujours utiles pour maximiser vos chances de survie dans les donjons.
L’art de l’habillage visuel et sonore
Que ce soit pour la partie graphique ou sonore, Red Hook Studios a fait les choses en grand. Il est difficile pour un jeu avec un budget serré de trouver une approche graphique adaptée. Nombreux sont ceux qui optent pour le pixel-art. Ici, on est très loin de quelques pixels colorés, les graphistes travaillant sur le projet nous gratifient de magnifiques personnages dessinés à la main avec passion. Les traits sont fins et que ce soit les environnements, le bestiaire et bien entendu les boss, tout est parfaitement maîtrisé. On ne peut que rester admiratif devant le travail réalisé.
En plus on a droit à une narration de haute volée. Doublé par Wayne June et sa voix grave et pesante, celui-ci commente les actions du joueur en temps réel. Appuyant chaque moment fort d’un combat d’une réplique bien sentie, c’est un plus indéniable pour l’immersion et l’impact des combats. La voix est en anglais, mais il est possible d’activer des sous-titres en français pour ne pas en perdre une miette. De plus, malgré les nombreuses heures passées à explorer les donjons sordides, ses interventions sont suffisamment variées pour ne pas être redondante.
Enfin quelques mots sur la musique, qui est également parfaitement dans le ton. Les pistes sont variées et évoluent élégamment selon la situation. Le thème des combats de boss vous mettra sans peine la pression, et les morceaux plus calmes lors de l’exploration des sombres couloirs vous plongeront tout droit dans cet univers proche de Lovecraft.
Cet article peut contenir des liens affiliés