Dans le paysage vidéoludique actuel, de Blob fait un peu figure d’OVNI. Tiré d’un concept imaginé par des étudiants, avant d’être adapté sur Wii en 2008 par Blue Tongue, il a certes bien des similitudes avec les plateformers classiques. Mais c’est de son concept qu’il tire toute son originalité, puisque de Blob c’est avant tout une histoire de peinture. Il en va évidemment de même pour son second volet, paru trois ans plus tard sur Xbox 360, PS3, Wii et même sur Nintendo DS. Un titre qui nous revient cette semaine, le 27 février, via un remaster sur One et PlayStation 4, qui semble n’avoir rien perdu de sa superbe.
Une histoire de peinture
Dans de Blob, vous incarnez Blob, une sorte de créature gélatineuse qui a la particularité de pouvoir s’imprégner de peinture, à la manière d’une éponge, et de la redistribuer ensuite. Une faculté qui n’aurait aucune utilité dans son monde déjà particulièrement coloré, comme ce semble être le cas dans la cinématique d’introduction. Seulement voilà, la tranquillité de cet univers bariolé est bientôt chamboulée par un petit être tout de noir et de blanc vêtu, bien décidé à en saper la couleur. Sous ses faux airs de dictateur Nazi, le camarade Enkr se fait heureusement démettre de ses fonctions par Blob et sa troupe dans le premier volet de leurs aventures… mais le bougre avait plus d’une corde à son arc, et repart à la chasse à la joie dans de Blob 2.
Un pitch assez bateau, pour un scénario décousu qui ne connaîtra aucun temps fort. Mais ce n’est heureusement pas de sa narration que le jeu de Blue Tongue tire toute sa force. Non, de Blob c’est surtout un gameplay poussant à la colorisation de grandes zones, contrôlées par le méchant camarade Enkr. Et à ce petit jeu, tous les coups sont permis, tant que cela permet de libérer les habitants retenus en otage par des cages en métal grises et froides. Et si les sous-fifres de ce dictateur de la morosité sont bien là pour vous mettre des bâtons dans les roues, ils sont rarement un problème, et le jeu ne tourne jamais au bête déluge d’action. Non, le but est, et reste tout le long de l’aventure, d’apporter de la couleur là où il n’y en a pas.
de Blob c’est surtout un gameplay poussant à la colorisation de grandes zones, contrôlées par le méchant camarade Enkr.
Pour se faire, Blob pourra donc s’imprégner de peinture, qui dégouline de certaines fontaines publiques, ou bien qui est contenue dans des objets hostiles de l’armée Enkr. Une fois bien rempli, ce héros un peu particulier n’aura qu’à toucher un bâtiment ou un habitant enchaîné pour le peinturlurer des pieds à la tête. Eh oui, on est loin d’un Splatoon où il faut tirer sur chaque recoin de la map pour gagner. Mais ici, l’accent n’est pas mis sur le challenge. Et bien que les niveaux débutent avec un chronomètre, celui-ci est chaque fois assez large, et il suffira de libérer quelques locaux pour gagner du temps. La seule véritable difficulté provient en réalité des ennemis, parfois assez énervés et nombreux, tout particulièrement à la fin du jeu évidemment.
La série propose donc un concept assez calme, presque reposant, où les rares temps forts n’opposent quasiment aucune résistance. Un défaut dans d’autres jeux, mais une qualité chez de Blob, qui pourrait presque être utilisé par les thérapeutes comme un outil de relaxation, tant les niveaux s’enchaînent dans la simplicité. Mais c’est surtout sa bande sonore apaisante et funky qui retiendra l’attention à ce niveau, puisque en plus d’être excellente, elle est influencée par les actions du joueur. Chaque couleur représente en effet un instrument, et peindre ajoutera des notes de ces derniers dans le morceau de fond. Dommage que dans ce second volet les musiques soient un poil moins diversifiées, quoique l’ambiance sonore reste une franche réussite malgré tout.
On ne change pas une équipe qui gagne
Le problème avec le premier volet, c’est qu’il n’était disponible que sur Nintendo Wii. Pas que la console soit détestable, loin de là, d’autant qu’elle est l’une des machines les plus vendues de tous les temps, mais la maniabilité n’était pas toujours au top en raison du combo Nunchuk / Wii Mote moins confortable et précis qu’un bon vieux pad ; surtout qu’il fallait balancer la dernière pour effectuer un bond, ce qui n’était pas vraiment ergonomique. Le jeu souffrait aussi de problèmes de caméra, surtout visibles lorsqu’il s’agissait de réaliser des sauts pointus d’un immeuble à un autre. Et il va sans dire que de Blob 2, dans son édition Wii, reprend trait pour trait la recette de son prédécesseur, tandis que les autres versions l’adaptent à des manettes plus classiques.
L’adaptation sur d’autres supports s’est effectuée sans l’ombre d’un problème, puisqu’il a suffit de remplacer les mouvements de Wii Mote par une touche associée. Ce second volet est donc, quelque soit le support, assez plaisant à prendre en main. Son gameplay étant toutefois plus ergonomique sur PlayStation 3 et Xbox 360 que sur la console de salon de Nintendo. Quant à la DS, elle a hérité d’une édition en 2D du titre, sur laquelle nous ne reviendrons pas ici, mais qui ne manque pas de qualité soit dit en passant. De Blob 2 a aussi le bon goût de proposer de nouveaux ennemis, dont d’assez puissants, qu’il faudra détruire de façons différentes. Idem, des bonus inédits apparaissent, ainsi qu’un système de capacités à améliorer. De quoi diversifier un peu la recette.
Bien sûr, le remaster de 2018 sur PS4 et One est, en terme de gameplay pur, un copier-coller du jeu d’origine. Ainsi, il en reprend toutes les qualités, mais ne s’émancipe pas de ses quelques défauts. Il faudra donc compter sur une prise en main quasiment immédiate, presque intuitive pour les amateurs de jeux de plateforme en 3D. Toutefois, son système de lock n’est pas toujours très pratique, et l’on rate certains sauts en raison d’une appréciation des distances pas toujours aisée. Ou bien, comme dans le premier volet, d’une caméra qui s’emballe un peu lors des passages en altitude. L’autre nouveauté de cet épisode, c’est l’apparition de phases en 2D, assez plaisantes, qui sont toujours aussi simples et agréables à prendre en main ici.
Le remaster de 2018 sur PS4 et One est, en terme de gameplay pur, un copier-coller du jeu d’origine.
Techniquement, le titre n’était déjà pas très emballant sur Xbox 360 et PlayStation 3, et c’est encore vrai ici, puisque ce remaster n’a pas subit de lourds changements graphiques. Ainsi, ne vous attendez pas à une claque visuelle, comme avec la version d’origine. Et en somme, cela ne pose aucun problème, puisque la série ne mise pas sur le déchirement rétinien, mais plutôt sur son aspect coloré et mignon à profusion. Et il faut reconnaître que, bien que certains modèles soient pas mal datés, principalement au niveau des bâtiments, on n’est jamais frappé par la relative pauvreté technique de ce second volet, d’autant qu’à contrario il propose un level design riche, et se révèle évidemment particulièrement coloré.
Quant au contenu de ce second volet, il se révèle plutôt conséquent. Il faudra compter une bonne dizaine d’heures pour venir à bout de la campagne, qu’il sera d’ailleurs possible de la réaliser seul, ou à deux, bien que le rôle du second joueur soit assez redondant. Les missions annexes sont aussi particulièrement abondantes, chaque zone proposant un paquet de défis et de grisiens à libérer, et le système de scoring est toujours aussi addictif. Pour faire le tour complet de ce qu’il propose, il vous faudra un très long moment. De Blob 2 dispose par ailleurs d’un mode Multi Blob compétitif, plutôt fun. Malheureusement, ce remaster se révèle paresseux, et n’offre rien de nouveau, comme c’est trop souvent le cas avec les portages liftés de chez THQ Nordic.
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