Le développement de Dead Island 2 aura été un véritable chemin de croix jusqu’au bout. Plus de neuf ans après son annonce, le titre sort enfin le 21 avril prochain. Entre changements de studios et reboots du développement, le soft désormais développé par Dambuster Studios, voit le bout du tunnel, et même notre preview un mois plus tôt nous avait largement rassurés sur son état. Maintenant qu’il est fin prêt à débouler sur PC, PS4, PS5, Xbox One et Xbox Series, Dead Island 2 semble revenu d’entre les morts d’une bien belle manière, avec cependant quelques nuances.
Conditions de test : Nous avons joué et terminé l’histoire principale de Dead Island 2 en 15/16h heures de jeu avec le personnage de Dani. Ceci comprend la réalisation de toutes les quêtes principales et une poignée de quêtes secondaires, tout en explorant les dix zones du jeu. Nous avons par la suite continué à effectuer le reste des quêtes, mais également joué avec d’autres personnages (Jacob, Ryan ou encore Bruno), histoire de voir leurs spécificités. A noter qu’il nous a été hélas impossible de tester le mode coop. Le titre a été testé sur PC avec 32 Go de RAM, une RTX 3070 et un i5-12400 (2.50 GHz).
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Du côté de sa narration, Dead Island 2, même si cela n’est pas réellement mentionné tout le long du jeu, se situe bien des années après le premier volet. Nous suivrons, lors d’une cinématique d’introduction, nos six personnages jouables à savoir Jacob, Dani, Bruno, Ryan, Amy et Carla. Nos héros tentent de fuir Los Angeles, en proie à une nouvelle épidémie, via un avion qui s’apprête à décoller loin de cet enfer. Manque de pot, un passager infecté force les militaires à abattre l’avion en plein vol, qui finit par se crasher. L’un des six protagonistes que vous aurez à choisir aura survécu, et fera par ailleurs la connaissance d’Emma Jaunt, une star renommée à Holywood.
Ensemble, et accompagnés d’autres personnages que vous rencontrerez au fil du jeu, vous aurez pour objectif de quitter pour de bon un Los Angeles sous apocalypse zombie. Qu’on se le dise, la trame est incontestablement un bon nanar, doté de cinématiques et d’une mise en scène correctes. D’ailleurs, cet ensemble nous donne finalement envie de connaître le fin mot de l’histoire, qui s’offre cela dit des rebondissements prévisibles. Néanmoins, Dead Island 2 offre quand même une fin en accord avec le début du jeu, à savoir un ton très léger tout en ouvrant la porte vers une suite, qui sera sûrement en DLC étant donné qu’un pass d’extension est disponible à l’achat.
En dehors de ça, le titre de Dambuster Studio nous gratifie d’une atmosphère déjantée, de dialogues nanardesques mais avec un certain amour du cinéma hollywoodien qui s’en dégage. Effectivement, on ressent une très grosse influence des films de Georges Romero, mais aussi de pas mal de films des années 80 qui s’immiscent jusque dans le nom de certains personnages. Qui plus est, les décors des divers quartiers de Los Angeles sont plus ou moins respectés, donnant une direction artistique rafraîchissante dans la plupart des panoramas. Vous passerez dans les quartiers d’Ocean Avenue, Santa Monica, Bel-Air ou encore Beverly Hills.
Très peu de jeux ont déjà eu l’audace de s’attaquer à une modélisation pareille de Los Angeles, et c’est une réussite. Par ailleurs, le design des personnages est au demeurant convenable pour les six personnages à contrôler, mais le reste est plutôt passable. Il faut bien l’avouer, nous restons sur des protagonistes clichés, mais qui arrivent à offrir un minimum d’empathie. Ceci dit, on a déjà vu mieux, et nous avons eu à chaque fois la désagréable impression de rester de marbre face à des derniers, bien que l’on ressente encore une fois un petit côté barré totalement assumé. Notez au passage que oui, on rencontre un certain personnage issu du premier opus, mais sans que l’on ait la moindre explication de ce qu’il a fait après l’épisode de Banoi…
Casser du zombie avec style n’a jamais été aussi fun et tactique…
Sans surprise, Dead Island 2 reprend les bases de Dead Island premier du nom et de Riptide, à l’exception qu’il se concentre uniquement sur les combats de zombies. Ne vous attendez donc pas à retrouver des affrontements contre des survivants comme le précédent volet. Ici, tout le titre se focalise sur du dézinguage d’infectés, avec un feeling des combats beaucoup plus rugueux et dynamique dans les coups portés. Le tout, sublimé par un système de gore et de démembrement impressionnant, ultra jouissif et surtout satisfaisant. Vous pourrez ainsi, via cette mécanique, trancher, briser ou mutiler les parties du corps des zombies procéduralement avec vos armes contondantes ou vos pétoires. Déjà, tout ceci renforce le côté tout jubilatoire du titre.
La notion d’esquive et de blocage sera elle aussi présente. En fonction de la compétence choisie, il sera possible d’esquiver ou bloquer les attaques des putréfiés. Cela les étourdira, et vous pourrez ensuite les enchaîner via une petite QTE pour leur faire un maximum de dégâts, ou bien tout simplement les achever. Les exécutions sont d’ailleurs tout aussi gores que brutales, comme le mythique écrasage de tête, introduit dans le premier volet de la franchise. Bien entendu, il est aussi possible d’effectuer différents types de coups de pied, afin de faire voler les zombies, et ainsi les étourdir à terre. Le corps-à-corps est beaucoup mieux géré que sur le premier opus, et on peut toujours donner des coups simples ou chargés, pour faire encore plus de dégâts. Le tout, en étant bien plus tactique.
Car Dead Island 2 est justement très stratégique sur les affrontements. Avec différents infectés pouvant être immunisés aux dégâts de feu, d’hémorragie, chimique voire d’électricité, il faudra évidemment redoubler de vigilance sur les armes à crafter et à emmener avec vous. Qui plus est, vous aurez en face de vous des tonnes de zombies spéciaux qu’il faudra aussi prendre le soin d’éliminer au plus vite entre les hurleurs, les sprinteurs qui portent bien leur nom ou encore les écraseurs, qui sont des zombies purement et simplement costauds, et ayant des attaques spécifiques. Autant dire que les batailles contre ces putréfiés ne seront pas de tout repos, et qu’il faudra redoubler d’ingéniosité pour venir à bout des différents ennemis.
D’ailleurs, l’utilisation du décor dans le titre de Dambuster Studios sera plus que primordial. En plus de réaliser des enchaînements parfois stylés et péchus sur les ennemis, il ne sera pas rare d’analyser aussi l’environnement dans lequel vous êtes. Autrement dit, il sera parfois intéressant d’utiliser divers barils chimiques ou de feu pour tuer plus rapidement vos ennemis, voire user de vos compétences spécifiques pour les neutraliser un temps – shuriken, cocktail molotov, bombe collante etc.. Il faut bien l’avouer, Dead Island 2 est diablement complet dans son approche tactique, et les possibilités de varier les plaisirs dans le dérouillage de zombies sont clairement immenses.
Pour rajouter encore une corde à son arc, le soft a aussi un mode colère sanguinaire. En tuant des zombies à la chaîne, vous remplirez une jauge en haut à gauche de l’écran. Une fois activé, le mode colère sanguinaire vous plonge dans un mode rage, où vous pouvez temporairement enchaîner vos ennemis et leur faire beaucoup de dégâts. A savoir que ce dernier est qui plus est améliorable via les cartes de compétences – nous y reviendrons plus tard -, ce qui donne des compétences actives encore plus intéressantes pour mettre hors d’état de nuire une troupe de zombies bien enquiquinante. Au risque de nous répéter, la production de Dambuster Studios offre une myriade de possibilités de pourfendre nos ennemis, et c’est justement ça qui accentue considérablement le côté jouissif du titre.
Bien entendu, quelques couacs se glissent cependant sur le titre, dont sur l’IA des zombies en questions. Il est plutôt fréquent de voir que certains ennemis mettent un temps fou à réagir, ce qui entrave pour le coup la fluidité des batailles qui est il faut le dire, parfois un peu brouillonne quand il y a un peu trop d’adversaires à mettre au tapis. Et concernant les armes, même si certaines sont dynamiques et satisfaisantes, elles manquent cruellement d’impact, spécifiquement sur les flingues. Cette partie-là paraît datée, nous donnant l’impression de tirer avec des armes de paintball, en plus d’une visée pas toujours très convaincante. Évidemment, cela n’a jamais été le point fort de la licence qui s’est toujours focalisé sur les armes blanches, mais un effort aurait pu être bienvenu sur cet aspect.
Du monde semi-ouvert qui marche, ou presque
Comme évoqué notamment dans notre preview, Dead Island 2 opte pour un monde semi-ouvert, par zone. Vous serez donc libre d’explorer les environs de chaque zone, effectuer des quêtes principales ou secondaires, mais aussi diverses missions où vous devez retrouver des personnes disparues. Qui plus est, vous aurez la possibilité de retrouver des objets cachés, amenant à des récompenses intéressantes en matière de loot. Vous aurez également quelques petits endroits à débloquer à l’aide d’un fusible, qui vous donneront beaucoup de ressources et du loot intéressant. Toutefois, ces derniers ne seront pas dénués de zombies ou de pièges sur ces pièces particulières.
Indéniablement, il y a pas mal de tâches à effectuer sur ce Dead Island 2, qui s’offre un level-design assez encadré et ordonné dans son ensemble. On lui reprochera un certain manque de verticalité sauf dans certaines phases mais au-delà de ça, c’est correct, et chaque décor n’est clairement pas avare de détails. En somme, on retrouverait presque une même disposition que les précédents Dead Island, à l’exception que l’on peut visiter les dix zones du jeu quand on le souhaite. D’ailleurs, sachez que vous débloquerez aussi un système de voyage rapide pour naviguer plus aisément entre ces derniers, et qu’il sera même possible de choisir de les visiter de jour ou de nuit. Ce qui atténue certes le côté scripté du cycle jour/nuit sur les quêtes principales, mais qui n’apporte pas grand-chose en matière de nombre de zombies ou d’événements.
En revanche, la production de Dambuster Studios vous fera aussi visiter divers QG où crèchent quelques survivants. Hormis la résidence luxueuse d’Emma Jaunt que vous aurez le loisir d’explorer, vous en trouverez également d’autres au fil de votre progression. De manière générale, vous pourrez acheter quelques ressources, armes, munitions, plans ou fusibles chez le marchand, stocker vos armes inutilisées via un casier, utiliser le voyage rapide ainsi qu’upgrader votre arsenal via l’établi. Pour le reste, vous pourrez juste vous balader librement dans ceux-ci pour y dénicher ça et là quelques ressources ou kits de soins en plus. Ces QG sont plutôt sympas et fatalement, ce sera ici que vous pourrez débuter la plupart des quêtes principales, voire parfois secondaires.
Vous vous en doutez, qui dit monde semi-ouvert dit montée en niveau. Et comme son prédécesseur, Dead Island 2 a tout un système de leveling. Autrement dit, le côté RPG est de la partie avec la barre de vie et le niveau des zombies qui s’affiche au-dessus de leur tête comme le nombre de dégâts que vous leur faites, ainsi que les dégâts élémentaires. Cette feature reste basique mais intelligente, dans la mesure où cette montée en niveau sera capitale pour revenir à certaines zones auparavant inaccessibles, car les zombies étaient beaucoup trop forts, et pouvaient vous ratatiner trop facilement.
De plus, le titre introduit aussi les cartes de compétences. Lorsque vous gagnez un niveau ou que vous explorez les nombreuses zones, vous glanez ces cartes. Ces dernières sont ensuite réparties dans plusieurs catégories à savoir aptitudes, survivant, tueur et Numen. Cet ensemble permet d’améliorer considérablement votre protagoniste choisi, bien que nos héros aient d’emblée deux compétences passives définitives mais aussi des stats radicalement différentes. Par exemple, vous aurez un Ryan peu agile mais avec une bonne résistance, alors qu’une Amy aura carrément l’inverse. Le système de cartes de compétences donne une expérience modulable au joueur, et permet justement d’apprécier la montée en puissance de notre personnage, à un degré différent pour chacun. Qui plus est, ces cartes ne s’obtiennent pas dans le même ordre pour chaque protagoniste, renforçant la rejouabilité, mais aussi l’expérimentation constante.
Même si cet aspect compétences sous forme de cartes est réussi tout en permettant même d’améliorer notre mode colère sanguinaire, la progression est loin d’être exemplaire. Les quêtes principales sont plutôt décevantes avec une grosse répétitivité sur les objectifs de mission. Entre des disjoncteurs à trouver pour continuer à avancer en passant par des indices à trouver dans une seule pièce voire des « petites énigmes » à base de pression de valves à rééquilibrer, autant dire que ces quêtes de l’histoire principales sont peu excitantes, hormis quelques boss donnant du fil à retordre. Il en va de même pour l’exploration qui, si elle est parfois grisante, en vient elle aussi à tourner en rond, malgré le loot que vous pouvez dénicher. Seules certaines quêtes annexes ont le don de nous sortir une once d’originalité, mais sans non plus nous faire sauter au plafond.
Reste que le soft arbore une duré de vie honorable. Comptez environ 15/16h pour voir le bout de la quête principale, en faisant quelques missions annexes à la volée. Cela reste honnête pour un jeu du genre, surtout que l’on peut arriver aisément à 20/25h pour pratiquement tout faire. C’est presque l’équivalent de la durée de vie de Dead Island et Riptide. Il faut aussi compter le fait qu’il y a un mode coopération (qu’il n’a pas été possible de tester avant le lancement), et probablement des DLC si vous avez précommandé l’édition gold. En somme, il y a de quoi faire.
L’art de bricoler des armes en machine de guerre
L’établi fait donc bien son retour dans Dead Island 2. La véritable marque de fabrique de la franchise a toujours été d’avoir la possibilité de transformer de simples armes anodines en machines de guerre. C’est toujours le cas sur cette suite, avec quelques nouveautés très intéressantes. Pour personnaliser vos armes, vous devez trouver des ressources certes, mais aussi des plans trouvables dans les zones, via le marchand de chaque QG ou en guise de récompenses de mission. Ainsi, vous pourrez transformer un simple poing américain en arme à dégâts hémorragiques, voire une simple batte de baseball ou une hache d’incendie en version électrifiée, chimique ou à forts dégâts d’impact.
Qui plus est, ces mods greffés peuvent s’accompagner d’avantages. En dénichant les bonnes ressources et même des membres de zombies, vous pourrez assigner sur vos armes respectivement des avantages classiques et d’autophages – cette feature est en corrélation avec les cartes de compétences -, en sachant que ce dernier délivrera des compétences passives attrayantes pour vos armes blanches. En sus, si vous ne le saviez pas encore oui, il sera aussi possible de mettre sur vos armes à feu des modifications élémentaires, mais aussi lesdits avantages. Cela permet finalement d’augmenter considérablement les dégâts effectués sur les putréfiés. Nous avons là un système d’établi complet, et à l’interface assez claire et concise.
De plus et vous vous en doutez, votre arsenal ramassé a aussi droit à un code couleurs. Il passe du neutre à la couleur violette, pour désigner les armes classiques et de qualité supérieure. Et comme tout aspect RPG se respectant, un niveau de puissance sera indiqué sur l’arme, qui pourra être modifié en fonction des mods ou avantages que vous lui mettez dessus. A savoir qu’il est d’ailleurs très aisé de détacher tous les mods ou avantages mis sur une arme, afin d’en mettre de nouveaux si vous changez d’avis entre temps.
Egalement, et s’il y a une arme que vous adorez mais que vous ne voulez pas jeter car elle n’est plus efficace, sachez que vous pouvez l’égaler avec votre niveau du moment. Bien entendu, cela coûtera de l’argent, mais vous pourrez aussi égaler votre pétoire ou arme blanche à votre niveau, ce qui aura pour effet d’augmenter son niveau de puissance, mais pas son code couleur en revanche. Voilà encore une excellente idée qui vous permet de palier à ce problème. Néanmoins, on regrette que la durabilité des armes soient parfois trop courte, même si vous assignez un avantage pour palier à ce souci…
Une technique qui claque tout autant que son sound-design
Sur la technique, et après pas moins de neuf ans d’attente, Dead Island 2 est à un assez bon niveau. La version PC que nous avons testée est d’ores et déjà plutôt stable et surtout extrêmement fluide sur notre PC ayant une très bonne configuration. La seule ombre au tableau provient de bugs assez gênants que nous avons pu apercevoir lors de cinématiques et en in-game, laissant sous-entendre que des bugs de collisions pullulent hélas sur cette version. On espère qu’un patch Day One corrigera ces soucis.
Toutefois, Dead Island 2, curieusement, se révèle être plutôt joli. Les panoramas de Los Angeles sont retranscris presque fidèlement, et les modèles 3D comme les textures sont finalement de très bonne qualité, avec peu d’accrocs. Le Flesh Engine est par ailleurs tout bonnement impressionnant sur les zombies avec des mâchoires qui pendent, et jambes ou bras tranchés ou brisés au moindre coup que l’on porte. Autant dire que le titre nous offre une qualité visuelle de bonne facture, avec quelques arrière-plans qui donnent clairement envie d’aller faire un tour à Los Angeles. Evidemment, nous sommes loin d’une claque technique mais sur certains points, Dead Island 2 force le respect sur la modélisation effrayante des zombies et sur son chara-design, loin d’être mauvais.
Pour le sound design, le titre fait tout aussi bien. Avec quelques musiques pop, rock et même parfois électro, Dead Island 2 décuple du coup tout son côté ridiculement fun et déjanté totalement assumé par les développeurs. On couple cela avec des doublages qui sont réellement convaincants, et nous obtenons là un bon cocktail pour nous faire passer un bon moment auditif. D’autant que l’atmosphère sonore de nuit comme de jour a parfois le don de nous mettre les chocottes, car on peut se faire surprendre au moindre grognement à proximité, voire à la moindre ouverture de porte.
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