Trop souvent sous-estimé à cause de son fan-service à outrance, et parfois trop exubérant, Dead or Alive a toujours eu une place de challenger dans le petit monde des jeux de baston. A l’heure où ces titres parviennent à rencontrer le succès grâce à l’explosion de la scène compétitive avec l’e-sport, difficile pour pour un jeu aussi osé de se faire une place dans ces compétitions tout public. Mais Dead or Alive 6 fait fi de cela et prend le pari de ne pas trop bousculer ses habitudes, car malgré les déclarations de la Team Ninja, ce sixième opus garde l’image sulfureuse de la série. Au mieux, il est un peu plus sage, ne serait-ce que pour mieux accueillir les nouveaux arrivants. Mais la formule Dead or Alive est toujours présente, et les fans de la série ne seront pas là pour s’en plaindre, quitte à ne pas voir le jeu dans les plus grandes compétitions du monde.
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TogglePour bien se chauffer
Après tout, viser l’EVO ou les autres rendez-vous du genre n’est pas le but premier du titre. A l’instar d’un SoulCalibur VI, Dead or Alive 6 se montre particulièrement généreux en mode solo, ce qui est de plus en plus rare. On retrouve le sempiternel mode Histoire qui, comme à son habitude, n’a pas grand intérêt et parait totalement désuet. Raconté sous la forme d’une frise chronologique peu claire, on enchaîne les saynètes et les combats expéditifs en un seul round (même pour le boss final) sans trop savoir où cela nous mène, et ce durant environ deux à trois heures. Au delà même de la pauvreté de ce qui est narré, pas toujours aidé par la traduction française, c’est surtout le découpage des séquences qui finit par agacer à la longue. On se retrouve parfois à lancer un bout d’épisode qui n’aboutit que sur une cinématique de quinze secondes, de la vacuité la plus totale, et sans combat à la clé. Autant vous dire que cela ne vaut pas le coup de s’infliger deux temps de chargements, certes brefs, pour seulement cela.
Mais comme certains aiment à le rappeler, on n’achète pas un jeu de ce type pour son mode Histoire. Tant mieux d’ailleurs, puisque ce Dead or Alive 6 a bien mieux à proposer à côté de cela. Les traditionnels modes Arcade, Survie et Contre-la-montre sont bien de la partie, on ira plutôt lorgner sur le mode Quête DOA. Dans ce dernier, NiCO, la petite nouvelle du roster, vous proposera d’effectuer une série de quêtes – plus d’une centaine – afin d’améliorer votre skill et vous permettre de mettre en pratique certains mouvements ou combos. Chaque quête prend la forme d’un combat, où les combattants (le votre et ceux de l’IA) sont prédéfinis. Trois objectifs vous sont alors proposés, et c’est en les remplissant tous les trois, pas nécessairement en un seul essai, que vous accomplirez la quête. A titre d’exemple, une quête peut vous demander d’effectuer trois prises offensives durant le match, de bloquer deux coups bas ou bien de faire un combo de cinq coups.
Le mode Quête DOA constitue un bon moyen de s’échauffer avant d’aller se mesurer aux joueurs du monde entier.
Cela est donc un bon moyen d’intégrer certaines mécaniques, puisque ces quêtes fonctionnent comme un vrai apprentissage. Lorsqu’un des objectifs semble trop difficile pour vous, le jeu vous proposera de vous l’apprendre via un tutoriel très didactique, pour ensuite le reproduire dans votre quête. Vous pouvez tout aussi bien passer par le mode Entrainement ou le Tutoriel géant du jeu, mais ces missions sont un bon moyen de tout mettre en pratique lors de vrais combats. En complétant ces objectifs, vous obtiendrez de la monnaie in-game qui vous permettra d’acheter diverses choses dans le DOA Central, comme nous le verrons juste en dessous. Si vous réussissez à remplir l’ensemble de la quête, vous gagnerez également des pièces de costumes, qui débloqueront l’accès à une partie de la garde-robe de chaque combattant.
L’enfer de la mode
Eh oui, même si le jeu propose plusieurs costumes pour chaque combattant, n’espérez pas en voir la couleur sans faire d’effort. Il va falloir trimer un peu pour débloquer toutes les pièces nécessaires avant qu’un costume soit disponible à l’achat (avec la monnaie du jeu), et donc remplir beaucoup de quêtes, tout en comptant sur la chance, car les pièces de costumes s’obtiennent au hasard. Notez que vous pouvez récupérer ces pièces en jouant en ligne, mais cela devient tout de suite plus fastidieux, puisque la récompense à chaque combat est bien maigre. Cela devrait être vite corrigé avec les mises à jour à venir, afin de ne pas passer des heures en ligne pour débloquer les costumes au compte-goutte.
D’autant plus que sur ce point-là, on peut sentir la vague de DLC à des kilomètres. Si l’on enlève les swap colors, chaque combattant possède de deux à cinq costumes. Vous l’aurez deviné, c’est ici les personnages masculins qui sont les moins gâtés, à contrario de la gente féminine. D’ailleurs, que les fans se rassurent, l’aspect fan-service des costumes est toujours présent, bien qu’il soit – à peine – plus tempéré. Il suffit de jeter un coup d’oeil sur l’un des accoutrements de Christie ou de Honoka pour vite se rendre compte que Dead or Alive restera sexy quoi qu’il en coûte. Outre ces accoutrements, il est désormais possible de customiser légèrement les personnages en leur attribuant une coupe de cheveux différente ou une paire de lunette. Une touche cosmétique très minime il faut bien l’avouer, d’autant plus que le choix reste encore vraiment limité, mais elle permet d’apporter une petite touche personnelle sur les combattants.
Pas de panique, le côté osé de Dead or Alive est toujours là, en particulier pour certaines combattantes.
En dehors de cela, le mode DOA Central fait quelque peu office de musée, en vous proposant de paramétrer les musiques du jeu avec une palette de choix bien fournie, même s’il faudra passer des heures à combattre afin de tout débloquer. Si vous souhaitez en apprendre plus sur l’univers de la série, vous pourrez aussi passer une tête dans l’encyclopédie, qui résume tout un tas d’événements liés à la trame scénaristique, tout en révélant de nombreuses informations sur les personnages.
Femme fatale
Maintenant que l’on a gratté la surface de ce sixième épisode, il est temps de s’intéresser au cœur du système. Dead or Alive 6 ne bouscule pas véritablement les fondamentaux du gameplay de la série, mais il l’ajuste pour rendre l’adhésion encore plus immédiate du grand public. La « Ruée fatale » est l’exemple le plus probant de cette volonté d’accessibilité. A l’aide d’une simple touche, R1 ou RB, vous pourrez effectuer un combo de quatre coups contre votre adversaire, qui pourra aboutir à un finish encore plus brutal (agrémenté d’un ralenti savoureux) si vous disposez de l’énergie nécessaire. Les néophytes pourront donc s’amuser avec ce combo spectaculaire, qui reste malgré tout facile à contrer pour les plus expérimentés. On remarquera qu’après une attaque de ce genre, les blessures des personnages deviennent visibles avec un bout de tissu arraché ici et là, ou bien de la boue et du sang qui viennent montrer l’impact des affrontements.
Cette même touche n’apporte d’ailleurs pas que cela. Outre la « Ruée fatale », il est possible de réaliser un « Coup briseur », qui vient assommer votre adversaire juste avant de lui infliger une attaque surpuissante (la même que celle de la Ruée fatale). S’il est encore plus simple à placer, il demande d’avoir d’une barre d’énergie complète afin de le lancer. Notez aussi qu’en cas de contre, votre énergie sera tout de même consommée. A utiliser avec parcimonie donc.
Avec cette nouvelle touche un peu fourre-tout, Dead or Alive 6 est l’opus parfait pour découvrir la série, sans que cela ne rende les combats trop aisés.
Il en est de même pour les « Supers prises », qui font office de contres spéciaux, bien plus efficaces que les contres traditionnels. Tout aussi simples à utiliser, ils nécessitent la moitié de votre barre d’énergie, même en cas d’échec, ce qui rend leur utilisation risquée. Pour éviter de gâcher votre énergie, vous pourrez aussi opter pour un pas de côté spécial, réservé à la touche R1/RB, très efficace, qui permet de lancer une contre-attaque expéditive (sans pouvoir enchaîner de combo derrière, heureusement). Les contres sont plus que jamais au cœur du combat, avec un timing exigeant qui demandera de la maîtrise avant de se prendre pour un combattant aguerri. Tout ces petits ajouts montrent une ouverture vers le grand public pour une série qui n’était déjà pas très exigeante – dans le sens où elle était déjà facile d’accès, mais on ne peut que louer les efforts effectués dans ce sens, d’autant plus que le tout reste équilibré et diablement grisant manette en mains.
La tête et les muscles
En parlant d’équilibrage, nous pouvons évoquer l’arrivée des deux nouveaux personnages dans la licence, à savoir NiCO et Diego. La première à un rôle prépondérant dans l’histoire de ce sixième opus et s’intègre plutôt bien au reste du casting, avec une touche bien à elle. Cette scientifique en herbe au design orienté otaku semble plutôt rigide dans un premier temps, mais sa faculté à manipuler l’électricité la rend relativement unique. On aura plus de réserve sur Diego, cliché du grand bourrin au grand coeur, qui peine à séduire à cause d’un look bien trop lambda. Il reste un combattant puissant, capable d’envoyer valser n’importe qui avec de féroces coups de poings et coups de boule. En dehors de ces personnages inédits, le casting reste bien fourni avec 22 autres personnages, sans compter Nyotengu et Phase 4 (disponibles en précommande).
Dead or Alive 6 est aussi généreux lorsqu’il est question du nombre d’arène, avec près de 14 terrains uniques. Certains d’entre eux possèdent d’ailleurs plusieurs coins, ce qui augmente encore plus ce nombre. Comme toujours, l’interaction est omniprésent dans ces arènes, avec des décors destructibles et des transitions de terrains encore plus spectaculaire qu’à l’accoutumée, comme en témoigne celle de « Forbidden Fortune », où un Kraken vient saisir le personnage au vol pour le balancer dans la cale du bateau. On appréciera aussi tout particulièrement l’arène « Unforgeattable », qui prend presque la forme d’un musée qui rend hommage à plusieurs arènes tirées des opus précédents. Comme quoi, le fan-service ne se fait pas que dans le manque de tissu.
Maîtriser l’interactivité dans les arènes peut être la clé du combat, notamment en utilisant les transitions aussi spectaculaires que punitives.
Le seul bémol dans tout cela réside dans le manque de finition et des textures baveuses en arrière-plan. Dead or Alive 6 n’a jamais eu la prétention d’être un foudre de guerre, mais certaines arènes font pale figure en 2019, à contrario des modèles de personnages plutôt convaincants, surtout pour certains comme Nyotengu ou Tina. Du moins, en plein combat, puisque c’est une autre paire de manches lorsqu’il est question de les faire parler, notamment dans le mode Histoire. On aurait presque tendance à croire que les pauvres sont botoxés à l’extrême tant leurs lèvres bougent peu lorsqu’ils parlent. C’est un détail, mais cela témoigne des progrès qu’il reste à faire pour la Team Ninja et Koei Tecmo en matière de visuel. Malgré tout cela, le jeu bouge vraiment bien et possède toujours ce feeling unique, très fluide. Les développeurs ont tout de même choisi de laisser le choix entre un mode « graphismes » et un mode « fluide », pour les goûts de chacun, mais la différence n’est pas si flagrante, en dehors d’une chute de fps et un meilleur rendu des gouttelettes de sueurs sur le torse des personnages.
Un mot enfin sur le mode en ligne, qui ne proposait que des matchs de classements à l’heure où nous écrivons ces lignes. Cela sera modifié à la sortie avec l’arrivée d’une mise à jour comportant le matchmaking en lobby. On peut noter que même si peu de personnes avaient accès au jeu, nous n’avons eu aucun mal à trouver un adversaire rapidement, sans devoir inclure les mauvaises connexions à notre recherche, ce qui donne de bons espoirs pour la suite.
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