Bien que le fait qu’il s’agisse d’une exclusivité Xbox en a déçu beaucoup, ce serait mentir que d’affirmer que Dead Rising 3 n’était pas attendu. Et il n’est pas difficile de comprendre pourquoi. D’une part, parce que les fans de la nouvelle franchise de Capcom viennent d’avoir droit à deux jeux très similaires, pour ne pas dire identiques, changeant simplement de protagoniste. Mais surtout, puisque Dead Rising est né sur un début de génération, et est parvenu à y briller, nombreux sont ceux à attendre une petite révolution, que ce soit sur le plan technique et visuel, ou même au niveau du gameplay. D’autant que ce dernier aspect mérite, a minima, une grosse évolution.
Évolution qui va effectivement avoir lieu, à défaut de la révolution espérée. Dead Rising 3 sort le 22 novembre 2013 sur Xbox One, et ne connaîtra qu’un unique portage sur PC près d’un an plus tard. N’en déplaise aux joueurs PlayStation, qui ont pourtant bien eu droit au second volet puis à Off the Record, le spin-off avec Frank West. La licence compte-elle à ce point aux yeux de Microsoft pour mériter un statut d’exclusivité ? Mieux que cela, puisque ce nouveau volet est carrément intégré dans le line up de lancement de sa nouvelle console, aux côtés des oubliables Forza Motorsport 5, Killer Instinct, et Ryse : Son of Rome.
Ce qui devait arriver arriva, la Xbox One est un échec, et Dead Rising 3 n’aurait rien pu y changer. Toujours est-il que cela ne l’empêchera pas de se vendre très convenablement, dépassant les 3 millions d’exemplaires de plus de 200 000 copies. Ce qui demeure très respectable pour un jeu qui, nous le verrons en détail, souffre de multiples limitations et, à plus forte raison que ses prédécesseurs, a très mal vieilli. Dix ans après sa sortie, revenons ensemble sur ce troisième volet très attendu, mais vite oublié, dont la proposition, bien qu’ambitieuse, aura déçu beaucoup de joueurs en dépit d’une galerie de qualités et de nouveautés remarquable.
Conditions de test : Nous avons passé près de 15h sur la version Xbox One du jeu, tournant sur une Xbox Series X. Ce fut suffisant pour arriver au terme de son aventure en obtenant la fin S, mais aussi pour explorer une bonne partie de son contenu annexe au cours d’un New Game +. Ce test est garanti sans spoiler majeur.
Un jeu next-gen ?
Comme à chaque nouvelle génération de consoles, les joueurs attendaient la Xbox One et la PlayStation 4 au tournant en matière de graphismes. Malheureusement pour Microsoft, si Sony jouit d’un maigre catalogue d’exclusivités au lancement de sa nouvelle machine, un certain Killzone : Shadow Fall va néanmoins mettre tout le monde d’accord. Techniquement, le jeu est une bombe, qui démontre de la puissance de cette nouvelle génération, et à plus forte raison de la nouvelle PlayStation. Côté Xbox, on traîne donc les jambes, avec quatre exclusivités, dont seulement une qui flatte la rétine. Mais on est loin de ce qu’offre la concurrence en terme de vitrine technologique.
Concernant Dead Rising 3, la déception est toute relative : on fait face à un jeu qui n’impressionne pas sur le plan visuel, souffre d’une palanquée de bugs parfois très agaçants, de problèmes graphiques tels que des textures mettant du temps à s’afficher, et de choix artistiques discutables. Le jeu de Capcom Vancouver n’est pas beau, mais peut difficilement être qualifié de laid pour autant. Ce qui est sûr, c’est qu’il s’écarte de ses prédécesseurs avec son image plus grise, plus terne, qui ne lui fait clairement pas honneur. Mais surtout, le character design moins marqué, plus générique, annonce la couleur dès les premiers instants : aucun personnage ne sera mémorable.
Pas même le nouveau protagoniste, d’ailleurs, dont les premières images laissaient imaginer un bad boy à la Daryl de The Walking Dead. Loin s’en faut, finalement, puisqu’on se retrouve aux commandes de l’un des personnages les plus banals et les plus fades que le jeu vidéo moderne a pu nous offrir. Vision que favorisera un doublage en français peu convaincant, une mise en scène tantôt quelconque, tantôt affreuse, ainsi qu’une histoire peu engageante, semblant se prendre plus au sérieux que les précédents volets, pour un résultat ridicule et trop souvent embarrassant de médiocrité. L’écriture est au niveau du charisme du protagoniste : au raz des pâquerettes.
Ça commence à faire beaucoup de défauts, alors que nous n’avons pas encore abordé le cœur du jeu. Mais il faut dire ce qui est : Dead Rising 3 fait mauvaise impression au premier contact. Son introduction façon 28 Jours Plus Tard, annonçant un jeu plus sérieux que ses compères, et les quelques jump-scares qu’il place sur notre route dans les premiers instants sont de solides indicateurs : quelque chose ne va pas. Et ce quelque chose, il est difficile de mettre le doigt dessus, car sur le papier tout est là. C’est bourrin, débile, gore, faisant montre d’un humour particulièrement douteux… Pourtant, c’est comme si les développeurs n’avaient pas compris la franchise, alors qu’ils sont à l’origine des deux précédents volets.
Toutefois, ne soyons pas mauvaise langue : on nous en donne pour notre argent. Dead Rising 3 propose un monde ouvert, manquant certes de charme, mais se révélant relativement riche. Mais surtout, il affiche un nombre encore plus impressionnant de morts-vivants en simultané, pour un résultat qui donne parfois le vertige, d’autant plus couplé à ses nouvelles possibilités de démembrement. L’apparition d’une petite variété de véhicules, pouvant par ailleurs être fusionnés pour créer de véritables monstres sur roues, ne laisse pas de place au doute : le jeu est un immense défouloir à ciel ouvert, dans lequel tout est permis. Le compteur de meurtres, en haut à gauche de l’écran, ne se sera jamais rempli aussi vite.
Et on pourrait presque arrêter le test sur ces mots, puisqu’à l’image des précédents épisodes, Dead Rising 3 brille lorsqu’il est vide de réflexion, lorsqu’il déverse des litres d’hémoglobine sur le sol et fait vomir une grand mère obèse, ou encore lorsqu’il est outrancièrement vulgaire… Ainsi, il est juste de dire que le jeu est décevant d’un point de vue extérieur, mais le fan de la première heure, lui, sait à ces mots qu’il a des chances d’y trouver son compte. Et c’est déjà pas mal, vous en conviendrez. Dommage qu’autant de choses soient à redire, fragilisant cet état de fait qui aurait pu justifier l’achat du titre par toute une communauté qui, finalement, est divisée sur cet épisode.
Défouloir en devenir
Malgré les nombreux défauts suscités, ce volet améliore en tout point la recette de ses prédécesseurs, et gâte ainsi les fans de la première heure qui sauront reconnaître les efforts des développeurs. On retrouve un gameplay similaire, au premier abord, avec les mêmes défauts : un manque de précision, surtout face à des adversaires humains trop mobiles, et trop peu de coups, qui favorisent une redondance pointant rapidement le bout de son nez. Cela étant, Nick, le protagoniste, est un peu plus maniable que ne l’étaient Chuck et Frank. Il peut désormais exécuter des coups rapides et lourds, respectivement avec X et Y. Sa roulade, à effectuer en appuyant sur le joystick de gauche, est beaucoup plus utile que chez ses prédécesseurs. Mais surtout, il peut courir !
Une course dont on usera et abusera, car sans cela, Nick est un peu trop lent, une fois encore. Et si dans un premier temps il s’essouffle vite, on nous propose désormais de modeler notre expérience via un arbre de compétences, permettant d’améliorer notre protagoniste en tout point, notamment son endurance. Ainsi que d’aiguiser ses performances en combat, en lui faisant notamment gagner en nombre de coups. Il est aussi possible de rehausser ses aptitudes au bricolage, qui seront mises à rude épreuve dans cette ville où l’on peut tout fusionner pour obtenir de puissantes armes. Ce sont plus de 100 recettes qui sont disponibles de base, avec quelques items simplement pensés pour être rigolos, certes, tandis que d’autres se révèlent incroyablement efficaces et jouissifs.
En d’autres termes, malgré la profusion de zombies, il n’a jamais été aussi simple de défoncer tout ce qui bouge. Ce qui est, notez le bien, toujours aussi jouissif que dans les précédents volets, si ce n’est plus. Dommage que cela s’accompagne d’autres limitations, comme d’une conduite de véhicules très hasardeuse. Véhicules qui souffrent aussi d’une physique décevante, puisqu’ils auront une fâcheuse tendance à se bloquer dans le décor, voire à se retourner. Ce qui, comme dans un GTA, les fera exploser. Et il va falloir vous y habituer, parce que même en améliorant à fond la compétence allouée à la mécanique, vos bolides sont rapidement mis hors d’usage.
Parce qu’ils manquent de résistance, d’une part, et finiront par se briser au contact d’un trop grand nombre de morts-vivants, c’est inévitable. Mais surtout parce que les développeurs ont trouvé bon de disséminer sur notre route une quantité tout simplement irritante d’obstacles, parmi lesquels des bidons d’essence, qui explosent à notre contact et qu’il est difficile d’éviter. Endommageant, vous l’aurez compris, tout véhicule, quel qu’il soit. De manière générale, on a la sensation tenace que Capcom Vancouver a voulu freiner notre progression sur la map, découpée en quatre zones, en plaçant murs, trous dans le sol et explosifs d’une manière qui finit par être frustrante.
Il n’est pas difficile de comprendre que cette façon de faire vise à nous contraindre à utiliser tous les outils proposés. Néanmoins, cela laisse un désagréable goût en bouche, celui d’une durée de vie rehaussée en usant d’artifices malhonnêtes. Même constat en ce qui concerne les quêtes, annexes ou principales, puisqu’il est par trop souvent question de faire des allers et retours longuets, qui finissent par devenir agaçants, jusqu’à une apothéose à s’arracher les cheveux sur la dernière heure de jeu. En bref, Dead Rising 3 ne brille pas non plus par sa construction, et on sent que les développeurs ne savaient pas trop comment s’y prendre avec ce monde ouvert.
Reste que ceux-ci font preuve d’une bonne volonté évidente, à essayer d’offrir un maximum de fun aux fans. En articulant l’aventure sur un schéma similaire aux précédents volets, tout en laissant beaucoup plus de temps aux joueurs pour vagabonder, et ainsi leur éviter d’avoir à relancer une seconde partie afin de découvrir les psychopathes et autres quêtes annexes. En facilitant leur progression, et en mettant en avant leur créativité avec une palanquée d’armes et de véhicules combos. En leur offrant cinq fins, et même des caméos, ainsi qu’en élargissant tant bien que mal le lore de la franchise. Le résultat est un produit à la finition laissant clairement à désirer, c’est indéniable. Mais la proposition est honnête, et si l’on a aimé les précédents, alors on ne peut pas être indifférent à celui-ci.
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