Qui aurait pu croire que Dead Rising allait revenir d’entre les morts, après un quatrième volet reçu un peu froidement, et surtout une attente aussi longue ? Certainement pas l’auteur de cet article en tout cas, qui rédigeait l’an passé une chronique expliquant pourquoi il semblait compliqué de ressusciter pareille licence. Pourtant, nous y sommes, Capcom n’a pas manqué de surprendre son monde avec l’annonce de Dead Rising Deluxe Remaster, une version à mi-chemin entre la remasterisation et le remake du premier volet de la franchise.
Au programme, de nombreuses améliorations en tous genres, un visuel définitivement plus beau avec une refonte sous RE Engine, et quelques petites choses qui, avant même que le titre ne soit disponible, ont moins plu. Comme la disparition de la catégorie « érotique » parmi les récompenses photographiques. Un point de détail pour certains, qui annonçait à demi-mot de la censure aux yeux des autres. Alors qu’en est-il vraiment ? Et Dead Rising a-t-il su conserver sa substantifique moelle, son humour et sa violence décomplexée ? C’est ce que nous allons voir.
Conditions de test : Nous avons passé près de quinze heures sur le titre, ce qui nous a permis de boucler le mode 72h (qui est le mode campagne par défaut) et d’essayer les autres modes. Ce test est garanti sans spoiler majeur.
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Non, Dead Rising ne s’est pas travesti pour cette version Deluxe Remaster. Capcom ne s’est pas engagé dans la voie de la censure bête et méchante de cette œuvre qui, pourtant, n’est pas évidente à soutenir en 2024. Et c’est une excellente nouvelle ! Parce que cela fait longtemps que nous n’avons pas eu droit à quelque chose d’aussi irrévérencieux sur nos consoles et PC. Oui, la catégorie photographique « érotique » a disparu, et oui on peut y voir une forme dommageable de censure. Mais n’allez pas imaginer que Capcom soit allé plus loin que cela. Le reste du jeu revient tel quel, même ses passages les plus trash.
C’est d’ailleurs la première chose que nous avons eu envie de vérifier, notamment en nous rendant à la rencontre de plusieurs psychopathes optionnels. Le résultat est sans appel : rien n’a bougé. Excellente nouvelle pour ceux qui espéraient retrouver le jeu qu’ils ont connu en 2006, moins bonne pour les autres, qui découvriront ainsi une expérience qui a un peu vieilli en termes de progression, et parfois de mise en scène. Dead Rising Deluxe Remaster fait quelques efforts à ce niveau, en ajoutant des effets de flou pendant les cinématiques, en s’armant de sauvegardes automatiques, et en permettant de faire passer le temps rapidement. Riche idée, d’ailleurs.
Ne soyons pas mauvaises langues, le jeu n’a pas mal vieilli non plus, et il est bien plus appréciable que beaucoup d’autres de la même époque. Ce qu’il doit à une proposition assez singulière dans le paysage vidéoludique, d’une part, mais aussi à sa galerie de personnages très réussie. On notera tout de même que les doublages ont entièrement été refaits pour cette version. Frank West n’est plus doublé par l’acteur original, ni par celui qui l’interprétait dans Dead Rising 4, et c’est un peu dommage. Néanmoins, en anglais le travail réalisé est plutôt convaincant. Seuls les aficionados connaissant le jeu d’origine sur le bout des doigts y trouveront à redire, par habitude.
Comme souvent, le doublage en français (une première pour cet épisode) est inégal. Mais il n’est globalement pas mauvais, et on sent que certains acteurs sont plus investis que d’autres. Mais la grande force, à ce niveau, de cette édition Deluxe Remaster, c’est l’apparition de doublages chez les survivants, rendant leur recherche, et l’exploration de manière générale, beaucoup plus organiques. Là encore, le travail est inégal, ce qui est valable quelle que soit la langue, mais ne boudons pas notre plaisir, car ce point de détail apporte beaucoup à Dead Rising, qui ne se départit pas pour autant des pleurs et autres chouinements d’origine.
Mais bien sûr, la première chose qui frappe lorsqu’on lance cette nouvelle version, c’est son aspect visuel. Dead Rising a entièrement été refondu avec le concours du solide RE Engine, et le résultat, s’il n’est pas parfait, est tout de même très convaincant. Les visages, en premier lieu, ont gagné en expressivité. Mais c’est bien sûr le centre commercial, que l’on pourrait presque qualifier de personnage principal de cet opus, qui en tire le plus bénéfice. Le décors a gagné en détails, avec de petits objets sur le sol, de nouvelles tapisseries et des effets de lumières plus réalistes, pour un résultat qui est globalement irréprochable. Du moins, en dehors des problèmes techniques.
Parce que ce Deluxe Remaster reprend trait pour trait l’aventure d’origine, il se retrouve affublé d’une partie de ses bugs et autres problèmes techniques. Ainsi, on apprécie grandement la refonte du parc, par exemple, qui n’a jamais été aussi vivant. Mais on constate rapidement que le clipping est de la partie, et que des effets de flou, pas toujours de très bon goût, font un peu office de cache misère par moments, notamment dans les environnements les plus profonds. La manière qu’ont les zombies d’apparaître n’a pas bougé, et rendra les séquences dans les sous-sols, là où leur concentration est la plus conséquente, un peu agaçantes. Comme à l’époque en somme.
Le même en mieux…
A première vue, on serait tenté de se dire que seul l’aspect visuel a changé, et que le jeu n’est finalement qu’une version refondue sous RE Engine de l’édition remasterisée parue en 2016. Ce qui n’est qu’à moitié vrai. Oui, on retrouve bien le contenu du jeu de base tel quel, et non, il n’y a pas d’ajout majeur à ce niveau. Pas de nouveaux survivants, de nouveaux psychopathes, de segment scénarisé supplémentaire, de nouvelles armes, ou que sais-je ?! Ce qui n’empêche pas le titre d’être convaincant en termes de contenu, avec une durée de vie en ligne droite un peu chiche, certes, mais plusieurs fins à découvrir, et trois différents modes de jeu, dont deux à débloquer (quoique le mode infini soit assez décevant, encore aujourd’hui). Cette version ajoute aussi plusieurs costumes à débloquer.
Ce qui fait la force de Dead Rising Deluxe Remaster, ce n’est donc pas ce qu’il propose de neuf en termes de contenu, mais ce qu’il ajoute en matière de confort. Et on ne va pas faire durer le suspens plus longtemps, cette édition est assurément la meilleure jamais parue du titre de 2006, tant ses ajouts sont pertinents. À titre personnel, on avait un peu peur de nous relancer dans le soft, dont on connaît bien les problèmes originels, avec en tête la lourdeur de ses contrôles. Mais Capcom a fait les choses bien, proposant même le gameplay d’origine, en option, à ceux qui voudraient découvrir l’expérience au plus près de ce qu’elle était en 2006.
Énormément de choses ont été améliorées, et on ne va pas s’amuser à tout lister. Cela n’aurait, de toute façon, aucun sens. Mais il y a tout de même beaucoup de choses à dire, à commencer par le système d’expérience qui, s’il n’a pas bougé à première vue, se révèle un brin plus souple. On débloque dès le début la roulade, qui est beaucoup plus praticable qu’avant, notamment parce qu’elle s’effectue désormais avec la touche rond (sur PlayStation). Puis, les niveaux se gagnent très vite jusqu’à un certain stade, nous permettant de découvrir très régulièrement de nouvelles capacités débloquées par notre bon Frank West.
Tout n’est pas particulièrement intéressant, mais il faut bien avouer que le titre fait de gros efforts pour nous permettre d’utiliser simplement les différentes attaques spéciales de Frank, en nous détaillant tout dès l’obtention. Dans le même ordre d’idée, le titre affiche désormais clairement les touches à marteler lorsque l’on se fait attraper par un mort vivant, pour utiliser telle ou telle manière de s’en débarrasser. Cette bonne vieille prise de judo a notre préférence, mais il est aussi possible de repousser notre assaillant d’un coup de pied qui fera chanceler les zombies les plus proches. Quant au système de visée, il est plus agréable à utiliser, notamment parce qu’on peut désormais se déplacer en tenant nos ennemis en joue.
La caméra est aussi placée un peu différemment, ce qui améliore sensiblement la visibilité en jeu. Les environnements semblent instantanément plus vastes, de peu, mais le résultat est assez appréciable, surtout pour une redécouverte. Les items sont toujours destructibles, mais ils sont un peu plus résistants, et une jauge indique désormais clairement leur état. Les survivants sont un peu moins bêtes et se jettent moins facilement dans les griffes des zombies, tandis qu’ils ont tendance à nous suivre un peu plus efficacement. Même si, à ce niveau, ce n’est toujours pas parfait.
Dans le même ordre d’idées, des escaliers ont été installés devant l’entrée de la zone sécurisée, évitant aux survivants de se bloquer bêtement quand il sont trop nombreux, ou facilitant le sauvetage de ceux qui se déplacent lentement et qu’il est possible de porter. On peut désormais répondre au talkie-walkie d’une pression de joystick, et la communication ne se coupe plus à tout bout de champ, ce qui permet de fluidifier l’exploration. Enfin, les snipers (et utilisateurs de lance-roquettes) indiquent clairement là où ils visent avec un laser rouge qu’on ne peut pas louper (surtout pratique dans le dernier segment du jeu).
… mais le même malgré tout
Que de bonnes idées, et de bons ajouts, qui permettent au titre d’être bien plus jouable, bien plus agréable à prendre en mains. D’autant que les sensations qu’il procure sont toujours aussi jubilatoires, avec son arsenal extrêmement varié, ses possibilités de démembrement très funs, et quelques uns de ses items complètement barrés. On en oublierait presque que la physique n’a pas vraiment bougé, et qu’elle connaît des ratés, ou encore que l’ensemble manque cruellement de précision, que ce soit en combat ou simplement pour récupérer des objets au sol. Bien qu’il soit désormais possible de différencier ces derniers d’une simple pression de gâchette.
Les combats contre les psychopathes sont toujours des moments assez stressants, justement à cause du manque de précision, ou parce que Frank demeure moins vif que ses assaillants. Mais ils ont gagné un brin en facilité, bien que les patterns d’attaque demeurent exactement les mêmes. Les barres de vie semblent descendre plus rapidement et Frank a tout de même gagné en mobilité, ce qui rend de fait ces combats moins longuets et plus agréables. Ce qui n’empêche pas le titre de connaître des pics de difficulté déstabilisants et frustrants, notamment dans son tout dernier segment, pour obtenir la vraie fin, pas loin de se révéler abominable. Comme d’habitude, on abusera du skateboard…
A ce stade, on a bien conscience que ce test n’est pas forcément très clair quant à la qualité de ce Dead Rising Deluxe Remaster. Alors on ne va pas tourner plus longtemps autour du pot, comme nous le disions plus tôt, il s’agit de la meilleure version du jeu jamais parue. Rien de moins. Et si elle n’échappe pas à quelques faiblesses, autant sur le plan technique que du côté du gameplay, elle est néanmoins parfaitement recommandable. À condition, bien sûr, de n’avoir pas terminé récemment le jeu original ou sa version remasterisée, souvent en promotion sur les différents magasins en ligne qui l’accueillent.
Parce que les changements sont certes extrêmement bien sentis, et bonifient grandement cette expérience qui a pris quelques rides, mais ils ne justifient pas de refaire le jeu à nouveau. On est devant la même expérience. Avec des améliorations notables, certes, mais nous n’avons jamais l’impression de jouer à un autre jeu. Dead Rising Deluxe Remaster est une refonte honnête, mais pas un remake complet, comme pouvait l’être Resident Evil 4 l’an dernier. Et ce n’est pas un reproche, loin de là, mais il faut néanmoins en avoir conscience avant de passer à la caisse, même si le jeu affiche un tarif assez raisonnable.
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