Grandement popularisé grâce à la série phare des Naruto Ultimate Ninja Storm, le studio CyberConnect 2 était parmi les favoris pour adapter n’importe quel shonen à la mode. Les souhaits se multipliaient, certains souhaitant un jeu Bleach, d’autre un jeu One Piece, mais c’est finalement Demon Slayer, véritable phénomène culturel de ces dernières années (notamment au Japon), qui est le nouveau terrain de jeu du studio. Un choix logique au vu de la popularité du manga, mais qui pose quelques problèmes d’adaptations étant donné que le studio s’est souvent appuyé sur l’anime, plus que sur l’œuvre sur papier, alors que la série ne dispose pour l’instant que d’une saison et d’un film. Et si le studio aurait pu contourner ces problèmes en modulant sa formule, il n’en n’est malheureusement rien.
Condition de test : Nous avons joué au titre durant une dizaine d’heures sur PlayStation 5, principalement en solo en en mode versus local, le temps de débloquer tous les personnages et terminer l’histoire et la majorité des objectifs annexes.
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ToggleUn anime qui a tout changé
Vous n’avez sans doute pas pu passer à côté du phénomène Demon Slayer, et si vous êtes là à lire cette critique, vous savez sans doute ce que le manga de Koyoharu Gotouge raconte. Mais pour celles et ceux qui ont besoin d’un petit cours de rattrapage, on résumera seulement l’histoire de la série en rappelant que l’on y suit Kamada Tanjiro, un jeune chasseur de démons qui est accompagné de sa sœur, transformée en démon mais encore douée de conscience, qui partent tous les deux à la recherche du démon qui a décimé leur famille.
Demon Slayer: Kimetsu no Yaiba – The Hinokami Chronicles reprend l’intrigue globale narrée dans la première saison de l’anime et du film Le Train de l’Infini réalisés par le studio Ufotable. C’est notamment grâce à ces adaptations que le manga est aujourd’hui une œuvre connue partout dans le monde, et CyberConnect 2 apparaissait alors comme l’un des seuls studios pouvant assurer un niveau de qualité visuel aussi proche de l’anime (bon, on n’oublie pas Arc System Works hein).
Les piliers de la formule Naruto
Ayant fait ses armes sur les jeux Naruto, le studio prouve ici une nouvelle fois sa capacité à proposer une mise en scène démentielle, qui se cale à celle de l’anime pour garantir un spectacle qui ne déçoit pas. Demon Slayer: Kimetsu no Yaiba – The Hinokami Chronicles est un régal de tous les instants lorsqu’il illustre les moments cultes de l’intrigue, avec des cinématiques toujours plus impressionnantes et des coups spéciaux somptueux qui auront le don d’hérisser le poil des plus grands fans.
Alors bien entendu, il ne faut pas être allergiques aux QTE, puisque le titre reprend trait pour trait la formule des Ultimate Ninja Storm, avec un certain score à réaliser pour débloquer des bonus à l’issue de ces phases. Cela reste un moyen comme un autre de nous immerger encore plus dans l’action.
On croirait presque que Tanjiro et ses compagnons sortent de l’adaptation d’Ufotable tant le résultat visuel est propre à l’écran. On aimerait cependant que tout ce qui les entoure soit au même niveau. On ne peut pas dire que le titre soit aussi éblouissant lorsque l’on s’attarde sur les décors, relativement vides, avec un niveau de finition qui n’est clairement pas au niveau de celui des modèles 3D de personnages.
Un mode Aventure qui manque cruellement de contenu
Finalement, c’est quelque chose que l’on remarque peu lorsque l’on est immergé en plein combat. On est en terrain connu après tout, puisque CyberConnect 2 nous a déjà servi cette soupe auparavant avec Naruto, mais on ne peut s’empêcher de le voir lorsque l’on joue au mode Aventure du jeu.
Oubliez les grandes zones ouvertes de Dragon Ball Z Kakarot. Oubliez même l’exploration de zone en zone (plus ou moins librement) de Naruto. A cause de la structure du manga, le mode Aventure est une fuite en avant qui s’embarrasse peu de nous faire découvrir les lieux que l’on traverse, et ne propose ainsi pas de vrais détours. Si l’on peut bien prendre le contrôle de Tanjiro et d’autres pour se balader un peu de temps à autre, le tout se fait dans des couloirs et dans des zones quadrillées, qui n’autorisent qu’un ou deux détours pour aller chercher les divers collectibles.
Collectibles qui sont certes nombreux, mais peu variés. L’un d’eux n’est autre que la monnaie du jeu (des points Kimetsu) vous servant à acheter des costumes, des musiques, des images et autres bonus (ou débloquer des personnages en avant), tandis que l’autre consiste en des fragments de souvenirs, qui nous feront revivre quelques scènes de l’anime façon diaporama. Un bonus sympathique pour se remémorer quelques instants importants annexes de l’intrigue, même si l’on aurait aimé qu’ils soient présentés de façon moins sommaire. On retrouve également quelques PNJ à qui l’on peut parler, là encore pour obtenir des bonus, mais l’intérêt est minime. Autant dire qu’en dehors des fans absolus de l’œuvre et des collectionneurs dans l’âme, ces détours ne seront pas des plus utiles.
Ce mode Aventure étriqué souffre grandement du rythme de ces séquences. Si l’on croise parfois un ou deux démons mineurs sur le choix pour nous dégourdir les jambes, on voit vite les limites auxquelles le studio a dû faire face pour adapter les prémices de Demon Slayer. On s’en rend encore plus compte lorsqu’il doit tant bien que mal adapter des arcs plus calmes, ne nécessitant aucun combat. Le titre nous sert alors un mini-jeu façon jeu de rythme que l’on croisera deux fois, avant de le ranger au placard. On dira que c’est mieux que rien.
Les vicissitudes de l’adaptation
Ces limitations se ressentent également dans le casting du jeu. Quand bien même les jeux Naruto étaient parfois décriés par le manque de profondeur presque inhérent aux jeux de combat 3D en arène, ils pouvaient se reposer sur un casting extrêmement riche et bien alimenté. Autant dire que ce n’est pas du tout le cas ici, avec en tout et pour tout 18 personnages. Enfin, presque. Vous pouvez déjà en enlever 6 étant donné que l’on a droit à des versions « Académie » de Nezuko ou encore Giyu, qui ont droit au même moveset en dehors de leur pouvoir ultime. Un peu moins doublon, on retrouve une deuxième version (enfin, troisième du coup) de Tanjiro qui est aussi jouable, avec des combos qui sont cette fois-ci différents. Autrement dit, si l’on écarte tout ce joyeux monde, on tombe à 11 personnage vraiment uniques.
C’est peu. Trop peu, surtout pour un jeu du genre, qui n’a pas la volonté de créer des gameplay véritablement uniques pour chaque personnage. Et forcément, on arrive au point qui fâche, celui des démons. Vous le savez probablement, mais aucun démon n’est jouable au lancement, excepté Nezuko. Si ces démons arriveront bien gratuitement juste après le lancement, avec Akaza et Rui qui ouvriront le bal (et qui seront suivis de quatre autres personnages), il est tout de même très regrettable de voir qu’un jeu de combat Demon Slayer n’intègre pas ces fameux antagonistes dès le départ.
La frustration est d’autant plus grande quand on jette un œil au casting présent. Qui souhaitait vraiment qu’un personnage comme Murata soit ajouté au jeu avant l’un des Piliers ? (Désolé pour les fans de Murata, s’il y en a). Là encore, le jeu se heurte aux limites de l’adaptation en gardant un roster resserré qui n’empiéterait pas sur la saison 2 de l’animé, prévue pour sortir dans quelques semaines. Quelle drôle de coïncidence d’ailleurs.
Accessibilité rime ici avec limité
Mais on en oublierait presque de parler du cœur du jeu, les affrontements. Pas de surprise ici, on prend le calque Ultimate Ninja Storm, et on l’applique. Le titre se joue plus ou moins de la même manière, avec trois combos à une touche (le fameux « carré, carré, carré », et la possibilité de déclencher trois techniques spéciales pour compléter ces combos à l’aide d’une ou deux touches de plus.
Cependant, Demon Slayer: Kimestu no Yaiba – The Hinokami Chronicles se veut être encore plus accessible que les jeux du ninja blondinet, ce qui est à la fois louable et regrettable. La bonne nouvelle, c’est que son système simple à prendre en main permet à n’importe quel fan du manga de prendre la manette et de s’amuser dessus, peu importe son expérience en tant que joueur ou joueuse. Le revers de la médaille, c’est qu’on en voit vite le manque de profondeur.
Chaque personnage se joue de la même façon, avec grossièrement les mêmes enchaînements, le tout avec un système moins complet que les précédents jeux du studio. Pas d’attaque à distance ici et presque pas de joutes aériennes. On retrouve bien le système de garde et de contre qui doit être maîtrisé pour bien s’en sortir en ligne, tout comme celui des alliés. Chaque combat vous demandera en effet de choisir deux combattants. Votre allié pourra alors être envoyé sur le front en effectuant une attaque avant de repartir, ou simplement pour vous sauver d’un combo. Il est aussi possible de permuter les combattants, qui partagent une barre de vie commune.
Assaut continu
A côté de cela, le jeu de CyberConnect 2 mise sur le spectacle avant tout. Ainsi, il met en place un système de temps de combo, qui permet d’enchaîner les attaques pendant une durée limitée à condition de bien avoir conscience de l’effet de nos assauts. Ainsi, il est possible d’enchainer un combo simple, suivi d’une attaque spéciale, avant de reprendre un combo simple, puis une nouvelle attaque spéciale, et ainsi de suite, tant qu’un cercle visible à l’écran n’est pas arrivé au bout du rebours.
Cela rend le gameplay très dynamique, et immédiatement punitif pour celui qui n’a pas fait attention à sa garde. Cela demande également de bien gérer son énergie (qui sert aussi à effectuer des cancels et à foncer sur l’ennemi) afin d’avoir du stock pour enchaîner les attaques spéciales. On note également le typique mode Eveil qui offre des coups plus puissants et une sorte de finish pour l’un des combos de base, ainsi qu’une attaque ultime que l’on a déjà évoquée plus haut, qui assure le show.
On en fait donc le tour très, très vite. Et ce n’est pas les divers entraînements proposés qui nous motiveront à nous investir plus dans ce gameplay tant il laisse trop de place à l’accessibilité, plus qu’à la technicité. Ce n’est certes pas cette dernière caractéristique que l’on attend d’un jeu de combat 3D en arène, mais quand on voit que les jeux Naruto étaient un cran au-dessus alors qu’ils étaient critiqués pour cet aspect, difficile de ne pas le mettre en avant.
Le mode Aventure fait au moins l’effort de sortir de cette zone de confort pour mettre en place de nombreux combats de boss qui changent un peu la donne. En dehors des QTE dont on a déjà parlé, ces affrontements sont un peu plus exigeants grâce aux grandes zones d’impact des attaques des boss, qui demandent d’être constamment aux aguets. Pas de quoi rehausser grandement la difficulté, mais cela rend le tout encore plus vivant, d’autant plus que ces combats sont aidés par le doublage japonais d’origine, ce qui contribue grandement à l’immersion. Sur ce point, les fans de l’anime ne pourront être que ravis, d’autant plus que certaines musiques devraient leur rappeler des souvenirs.
Notons enfin que pour le moment, le jeu se limite à un framerate de 30 image par secondes, et ce même sur PS5 et Xbox Series. Un patch arrivera prochainement pour ajouter le 60 fps sur ces plateformes.
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