En sublimant l’œuvre culte qu’est Shadow of the Colossus, Bluepoint Games avait émerveillé par sa maîtrise technique et sa capacité à produire un remake se hissant parmi les plus beaux jeux du marché. Alors forcément, quand le studio de talent s’attaque à un autre monument vidéoludique, à savoir Demon’s Souls, il y avait de quoi être impatient. Surtout quand le remake en question est considéré comme la première vraie exclusivité PS5, censée démontrer tout ce que la console a dans le ventre. Bluepoint Games est heureusement à la hauteur de la tâche, et compte bien réitérer la magie provoquée avec le remake de Shadow of the Colossus, tout en étant un véritable porte-étendard de la dernière machine de Sony.
Condition de test : Nous avons joué au titre durant une vingtaine d’heures, le temps de terminer le jeu et d’expérimenter un peu le New Game Plus. La majeure partie de notre run a été effectuée en 4K upscalée/60 fps.
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ToggleUn saut dans le temps
Produire un remake de Demon’s Souls n’avait pourtant rien d’aisé. Premier de la désormais grande et populaire famille des Souls, le titre de From Software avait surpris lors de sa sortie en 2009 en instaurant un nouveau sous-genre, qui s’est pleinement affirmé avec l’arrivée de Dark Souls deux ans plus tard. Depuis, le studio a affiné sa formule, et même si des irréductibles fans voyaient encore Demon’s Souls comme le meilleur de la série, la trilogie Dark Souls n’a cessé d’améliorer son gameplay et ses mécaniques de jeu.
On aurait pu donc se dire que le retour aux bases allait être violent pour ceux qui n’ont jamais essayé le précurseur. Et pourtant. Au-delà même de la baffe technique des premières secondes, que nous évoquerons plus en détails dans quelques lignes, ce remake montre à quel point Demon’s Souls est toujours aussi agréable à parcourir, si ce n’est qu’il est sans doute plus brut et moins surprenant que ses successeurs, notamment lors des combats de boss relativement simples. Pas de quoi déplaire aux fans qui n’ont connu que Dark Souls et compagnie, mais vous voilà prévenus.
Derrière sa nouvelle plastique se cache le même jeu, qui nous raconte l’histoire d’une âme perdue dans un cycle sans fin, chargée de dissiper le brouillard qui entoure le royaume de Bolétaria pour empêcher l’extinction de l’humanité. Comme d’habitude, le récit est davantage narré par le lore que par des cinématiques, avec un univers d’une grande profondeur et une direction artistique qui fait toujours mouche, entre baroque et dark fantasy. On y retrouve ainsi le même gameplay, exigeant et rigide, qui favorise l’apprentissage pour surmonter la mort qui intervient à chaque recoin de la carte.
Moderniser sans dénaturer
Bien entendu, Bluepoint Games a retravaillé certains aspects du jeu, rendant le tout un peu plus souple. Fini les éternels aller-retours dans le Nexus pour se téléporter dans d’autres zones, terminé le système d’encombrement embêtant qui gênait la récolte d’objets (le surplus est désormais stocké directement dans le Nexus), bref, le studio s’est accordé une touche de modernité dans son hommage au titre de From Software.
Un point qui ne sera certainement contesté par aucun puriste tant il rend le jeu plus agréable. On pense également à la refonte visuelle des menus qui permet de mieux s’y retrouver, mais aussi au HUD plus clair ou encore aux légers équilibrages comme le fait de ne plus pouvoir transporter des herbes à l’infini, afin de ne plus abuser de cette mécanique. L’éditeur de personnage fait également peau neuve, et donne plus d’options que jamais avec un rendu des visages nettement plus satisfaisant, même si votre avatar cachera sans doute le sien derrière un heaume.
En somme, des changements bienvenus et nécessaires pour un jeu de 2020, même si tout le reste ne change pas. Que ce soit les patterns de boss, les passages secrets ou la position des items, le remake fait preuve d’une incroyable fidélité et ne change rien au level-design ou aux affrontements. Tout est là où il est censé être, avec la magie visuelle en plus.
La mort n’a jamais été aussi belle
Car oui, ce remake de Demon’s Souls est bien le meilleur représentant de la nouvelle génération de consoles. Forcément, ceux qui ont joué au titre sur PS3 seront naturellement bluffés par les améliorations apportés ici, notamment lorsque l’on voit avec quel soin Bluepoint Games sublime tous les décors.
Mais même les néophytes seront épatés par tant de maîtrise technique. Ce remake est une formidable vitrine technologique pour la PS5 et le prouve à chaque plan, à chaque scène, à chaque panorama. Comment ne pas rester bouche bée lorsque l’on arrive pour la première fois devant les portes de Bolétaria, face à cette immense forteresse bourrée de détails avec une profondeur de champ à couper le souffle ?
La propreté et la fluidité des animations des ennemis sont à saluer ici, tout comme la gestion de la lumière qui contribue à donner ce sentiment d’émerveillement à chaque nouveau panorama. Même lorsque l’on arpente les souterrains, le rendu visuel reste impressionnant.
Bluepoint Games a conscience de son exploit et a eu l’excellent idée de rajouter un mode photo à ce remake. Bien fourni et complet, même s’il n’autorise pas toutes les folies, il permet de prendre des clichés parfois somptueux, parfois drôles, afin de mettre en avant toute la refonte graphique apportée avec ce remake. De plus, les filtres du mode photo sont également applicables dans le jeu, ce qui donne l’opportunité de jouer avec les éclairages pour trouver ce qui nous convient le mieux.
PS5 : Comment voir le nombre d’heures passées sur un jeu ?
Le jeu est encore plus impressionnant lorsque l’on active la 4K native, mais on ne pourra que trop conseiller d’opter pour le mode « Performance« . Ne serait-ce tout d’abord que par le confort apporté par les 60 fps constants, qui sont une vraie plus-value dans un Souls-like, mais aussi parce que le mode 4K native/30 fps à tendance à faire toussoter le framerate, tandis que le mode Performance offre déjà une 4K renversante.
La promesse de cette génération était aussi celle de faire disparaitre les temps de chargement, ce que fait Demon’s Souls grâce au SSD de la machine. Certes, le brouillard que l’on voit à l’écran durant le changement de zone peut faire office de chargement déguisé, mais quand celui-ci ne dure que deux secondes montre en main, il n’y a pas de quoi se plaindre. Se téléporter du Nexus vers l’un des cinq environnements du jeu est très rapide, et les décors sont chargés directement sans clipping ou textures baveuses qui pourraient venir ternir le tableau.
Une réorchestration complète
En plus d’exploiter comme il se doit les capacités de la consoles, ce remake Demon’s Souls utilise la DualSense pour rendre l’expérience plus immersive. Les vibrations HD et le micro intégré à la manette sont utilisés de la meilleure des façons, et chaque impact peut être ressenti dans les creux des mains. Il est cependant dommage de voir que les gâchettes adaptatives ne sont que peu mises en avant, même avec l’arc.
Si le travail sur le sound-design est bien rendu par la manette, soulignons aussi la réorchestration de la bande-son, qui a été réenregistrée avec brio. On retiendra davantage les pistes des boss, plus épiques que jamais, que les autres qui sont de toute façon assez discrètes. Petit bonus, le doublage français (assez réussi) fait son apparition, bien que celui-ci soit dispensable étant donné le peu de dialogues que comporte le jeu.
Sans doute que la caméra aurait aussi du bénéficier du même remodelage. Si elle reste correcte la plupart du temps, elle devient gênante dans les longs couloirs fermés (et Demon’s Souls n’en manque pas), tout comme contre les boss les plus imposants qui nous font face dans des pièces exiguës. S’il y a bien un point où l’on ne voulait pas que la fidélité à l’original soit respectée, c’est bien celui-là.
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