Le studio From Software, ce n’est clairement pas les développeurs qui nous proposent des univers radieux en général. Il faut rappeler que ce sont les créateurs de licences comme Demon’s Souls, Dark Souls ou encore Bloodborne, surtout réputés pour leur difficulté, et leur univers parfaitement glauques au possible. Cette fois-ci, From Software effectue un petit virage à 180 degrés en proposant leur premier titre en réalité virtuelle dans un contexte un peu plus calme avec Déraciné. Si, le titre a encore pour thème la mort – ce sujet les fascinent décidément – il faut bien avouer qu’il est finalement bourré de défauts…
Esprit, es-tu là ?
Pour son tout premier jeu VR, From Software a décidé d’opter logiquement pour un titre avec des éléments de narration forts, et alternant entre joie et tristesse. Déraciné nous place dans la peau d’un simple esprit, capable de reprendre le temps qu’il reste à vivre aux humains, tout comme remonter dans le temps pour changer le passé. Vous, en tant que bon esprit, vous suivrez les périples des habitants d’un internat. Vous ferez dans un premier temps la connaissance d’une certaine Yuliya, qui sera la première à vous sentir en tant qu’esprit bienveillant.
Le scénario ne va pas chercher bien loin, mais il faut reconnaître que From Software, dans sa première production en VR, n’a clairement pas manqué d’idées au niveau de la narration. Les thèmes des esprits, de la vie et la mort sont traités d’une belle manière, et le soft arrive à nous faire ressentir sans soucis des moments de joie, de tristesse, avec notamment Yuliya qui en devient vite attachante. Le gros problème dans Déraciné en fait, ce ne sera que l’on ne s’attachera finalement qu’à ce personnage-là, les autres restant en définitive relativement plats et vraiment sans intérêt.
From Software semble être un peu rouillé sur le côté narratif, malgré quelques bonnes idées bien senties.
On pourra aussi être déçu par la qualité de la narration parfaitement inégale. Qu’on se le dise, les trois quarts du jeu sont clairement monotones, et nous font lâcher rapidement la trame car le tout n’est pas véritablement pas passionnant pour un sou. Effectivement, le trame peine vraiment à démarrer, et on sent que From Software a un peu perdu la main dans le fait de raconter une histoire. C’est vraiment dommage, car le côté un peu tristounet et joyeux de Déraciné avec un petit soupçon sinistre, fonctionnent bien à la base. De plus, il sera aussi difficile de s’accrocher au fil rouge avec tous ces voyages dans le temps, certaines questions qui resteront sans réponses, et quelques éléments purement métaphoriques qui perdront sans doute le joueur en route.
From Software pouvait faire sans doute mieux pour raconter son histoire, mais arrive-t-il à se rattraper par la direction artistique ? Très honnêtement, à moitié. Pour faire simple, Déraciné nous fera passer la majeure partie du temps dans un internat, et ce n’est justement qu’en arrivant pratiquement à la fin du jeu que l’on change un tout petit peu de décors. Mais outre cela, il devient assez vite redondant de parcourir les mêmes couloirs de l’internat, sans jamais faire véritablement preuve de variétés.
Les couloirs du temps déracinés
Déraciné n’est pas réellement un titre qui révolutionne le gameplay des jeux VR en général. On se déplace avec un système de téléportation, et on tourne la caméra avec deux boutons de notre PlayStation Move. D’ailleurs vous l’avez bien lu, le soft ne se joue qu’uniquement avec le PlayStation Move donc si jamais vous n’en possédez pas, il faudra forcément passer à la caisse. Au-delà de ça, le soft prend pratiquement la forme d’un jeu »d’enquête ». En effet, dans chaque époque qui sont les différents chapitres du soft, vous devez en général interagir avec les divers protagonistes du jeu, figés dans le temps. Il faudra en général écouter ce qu’ils disent pour vous donner un indice, récupérer certains objets à utiliser dans d’autres endroits ou encore interagir directement avec les personnages, et ainsi continuer notre progression dans l’époque actuelle, ou dans une nouvelle. Le gameplay est relativement simpliste en somme, et le titre se dote aussi d’un inventaire sommaire pour stocker tous les objets que l’on trouve. D’ailleurs, il est franchement étrange de parfois récupérer des objets qui ne servent finalement à rien dans notre inventaire… Vous l’aurez compris, les diverses énigmes ne sont jamais véritablement passionnantes, et on s’ennuie assez vite, notamment par une difficulté pratiquement absente.
Deux idées de gameplay instaurées dans le soft auraient pu au passage varier un peu les énigmes soit votre montre, et votre anneau du temps. Mais en définitive, il se trouve que ces deux features ne sont jamais véritablement exploitées tout le jeu. En effet, la montre que vous avez en votre possession vous sert à voyager dans le temps, et à parfois vous donner quelques indices assez minimes lorsque vous êtes coincés et que vous ne savez pas quoi faire ni où aller. Concernant ledit anneau du temps, il vous permet de prendre le temps de n’importe quel objet ou humain, et de le transférer logiquement sur un autre. Ces deux éléments de gameplay étaient franchement intéressants sur le papier, mais ne sont finalement que rarement utilisés lors des énigmes, si ce n’est juste de manière totalement scriptée. De plus, la plupart des interactions ne sont que finalement relativement limitées, et les objets ou notes que l’on peut prendre avec nos petites mains, ne sont guère intéressants.
Le gameplay de Déraciné est simpliste au possible, avec des idées de gameplay sous-exploitées, et des énigmes inégales.
Au niveau de sa durée de vie, Déraciné a au moins le mérite d’offrir une durée de vie acceptable, avec des nuances. Pour voir le bout de l’aventure du jeu, il vous faudra au moins entre 4 et 5 heures. Pour la rejouabilité, elle ne sera finalement que très limitée, dans la mesure où il n’y a même pas de système de choix… Néanmoins, vous pouvez toujours prolonger artificiellement la durée de vie, en vous amusant à récupérer les huit pièces de monnaie du jeu, à ensuite insérer dans une tirelire. Mais pour le reste, et vu le prix – 29,99 € – cela reste cher payé pour une expérience pareille…
Côté technique, le bébé de From Software s’en tire plus que bien étonnamment. Le jeu est déjà hyper propre, et ne souffre à aucun moment d’un quelconque aliasing. La plupart des textures nous ont clairement surpris par leurs qualités, surtout sur PS4 standard où l’optimisation est complètement aux petits oignons, sans une once de ralentissements. Aucun motion sickness n’est à signaler par ailleurs, et l’immersion est toujours au top. Très clairement, on se croirait vraiment à pulluler dans les différentes pièces de cet internat rempli de mystères. Dans sa réalisation globale, et même concernant la modélisation des protagonistes, on sent franchement le savoir-faire du studio, qui nous propose des graphismes plutôt léchés pour de la VR.
On termine avec le sound design. Si les divers thèmes musicaux de Déraciné joués au violon arrivent à nous faire ressentir toute la joie, la tristesse, ou même le côté un peu sinistre des situations, le soft devient vite inégal au niveau des doublages. On sent clairement que certains doubleurs ne sont pas dedans, c’est parfois un peu surjoué mais dans l’ensemble, disons que nous avons vu bien pire en matière de doublages français. En soi, ça reste correct, mais pas de quoi sauter au plafond étant donné que le tout est relativement plat.
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