Près de quatre ans après la sortie de la collection complète de la saga Desperados et quatorze après le dernier épisode, un nouveau chapitre de cette épopée populaire nous arrive. Attendue au tournant, cette suite fait le pari (osé) du prequel en remontant aux sources de l’histoire mouvementée de John Cooper, pistolero de talent au cœur du Far West.
Conditions de test : Nous avons joué plus de 10 heures à Desperados 3 avec un PC doté d’une configuration récente (AMD Ryzen 5 3600X, Processeur 3.79 GHz, 16 Go de RAM)
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ToggleDesperados 3 : Going back to my roots
L’histoire commence dans la bonne vieille bourgade de Devil’s Canyon. La patriarche, James Cooper, enseigne à son fils John, les rudiments du métier en l’initiant en temps réel aux meilleures techniques de diversion et d’anticipation pour exécuter un contrat. Cette première partie introductive, truffée de tutoriels, nous donne un avant-goût du mélange de ruse, de discrétion et d’efficacité qu’il nous faudra déployer dans cet opus ambitieux.
Le jeune John a soif d’aventure et veut prouver sa valeur au padre bougon et conservateur adepte de la vieille école qui ne souhaite pas brûler les étapes et qui ressasse les bonnes vieilles tirades : « regarde et apprends ». Une fois cette première phase passée, on retrouve notre John à l’âge adulte cette fois. Devenu le digne héritier de son père, notre cow-boy souhaite rejoindre Flagstone pour une affaire urgente.
Toutefois, le train censé le mener à destination est harponné par des bandits. Rien qui n’effraie notre héros à la voix rauque et à la dégaine bien travaillée, englobant tous les codes du métier (chapeau, bottes, long manteau, ceinture qui tombe sur les hanches pour les Colt). Après un bon vieux « here we go again », John évalue la situation et cherche un moyen de supprimer tous ces malfrats. C’est alors qu’il croise sur sa route le docteur McCoy. Mi-médecin mi-tireur d’élite, cet as de la gâchette va faire cause commune avec John, les objectifs de celui-ci rejoignant les siens.
S’ensuit une première phase introductive de plus grande envergure que la première, mettant en relief les multiples approches offertes au joueur pour atteindre l’objectif. Ici, l’idée est non seulement d’éradiquer la menace de ces bandits mais aussi de libérer le train maintenu bloqué par les brigands via de lourdes pierres entravant les rails. Il est temps, dès lors, d’élaborer une stratégie fine, basée sur les compétences de chacun.
You’ll never walk alone
En bon RTS qui se respecte, Desperados III enjoint le joueur à réfléchir avant d’agir en allouant au mieux les aptitudes de chacun dans différents domaines : détourner l’attention avec une pièce ou un adorable chat, poser un piège à loup, le contrôle à distance des PNJ grâce aux talents de sorcellerie de l’étrange Isabelle Moreau, envoûter les gardes grâce au pouvoir séducteur de Kate O’Hara ou encore jouer du couteau pour éliminer discrètement un ennemi… Bref, en un mot, le choix est large, les options nombreuses.
Chaque personnage dispose de compétences qui lui sont propres. Charge au joueur de composer le cocktail parfait en choisissant l’option brutale et bruyante ou la voie de l’infiltration, silencieuse et tactique. Cette liberté est hautement appréciable et ouvre également la possibilité d’une rejouabilité non négligeable.
On l’aura compris, l’attrait central du jeu réside dans notre capacité à combiner à propos toutes ces compétences pour arriver à nos fins. D’ailleurs, l’aspect non scripté de la chaîne de décisions place le joueur au centre de l’intrigue en lui demandant de mettre en place un point de vue d’ensemble.
Cette dimension s’accentue grandement lorsque l’on fait usage de l’outil de planification (le « Showdown », action de pause du jeu) des actions combinées de chacun. Ainsi, sur une portion de carte composée de certains abris et de points de vue surelevés, il nous faudra d’abord (comme ce fut le cas dans les épisodes antérieurs de la saga) s’informer de l’angle de vue des ennemis. À partir de ces informations, il conviendra de mettre en place une stratégie, un angle d’attaque pour venir à bout des forces en présence tout en évitant de rameuter la cavalerie.
Comme sur un échiquier, l’idée est bien de prévoir les coups à l’avance et d’anticiper les conséquences de ceux-ci. Une fois le plan arrêté, il ne reste plus qu’à en faire l’expérience en laissant l’action se dérouler. Quelle satisfaction que de voir un plan se dérouler sans accro (oui la référence est un peu ancienne) ! Un peu à la façon d’un Hitman, si tous les chemins mènent à Rome, c’est à vous de choisir le vôtre.
Bien entendu, certains objectifs secondaires pimentent encore un peu plus l’équation. Ainsi, éviter la mort de certains innocents ou faire d’une pierre deux coups peuvent constituer un challenge bien pêchu qu’on se garde bien d’esquiver tant l’envie de réaliser la stratégie parfaite est grande.
Si à cette esquisse bien flatteuse, on ajoute la possibilité de moduler la difficulté des missions, on se rend compte que Desperados III a bel et bien sorti le grand jeu et que l’on tient là une belle réussite.
L’impossible rédemption
Si les cinq personnages jouables du jeu (John Cooper, Doc McCoy, Hector Mendoza, Kate O’Hara et Isabelle Moreau) nous offrent des possibilités de gameplay passionnantes, la narration en elle-même ainsi que la conjugaison si bien ficelée entre graphismes et bande-son sont également un vrai régal.
Les missions de Desperados 3 (16 au total) sont diversifiées, bien amenées et toutes dotées d’une identité propre. On peut tout à la fois être amené à venir à bout d’une bande de bandits, sauver une future mariée, aider un allié à protéger son ranch, faire exploser un pont etc.. Pour agrémenter le tout, les ennemis sont également affublés de caractéristiques qui pimentent les débats. Ainsi certains seront plus difficile à berner via une pièce par exemple (les gardes en poncho). D’autres (les longs manteaux) ne pourront être exécuter que par le « tank » de la bande, Hector Mendoza.
On comprend mieux dès lors pourquoi il nous faut au moins 30 heures pour boucler ce titre aux rouages si bien huilés. Pour les plus patients d’entre nous, l’observation minutieuse des décors, auxquels une attention appuyée a été fournie, donnera à voir de multiples détails et un souci de reproduction d’une fidélité impressionnante. Un travail minutieux qui fait son effet et donne envie de s’y attarder.
Les plus exigeants pourront également se régaler avec les défis du Baron consistant à remplir des objectifs épineux sur des maps parsemées de difficultés. En visant large et en proposant un contenu riche et diversifié, l’équipe allemande de Mimimi Games a placé la barre très haut.
Peu d’écueils sont d’ailleurs à signaler. La fluidité des mécaniques de jeu, l’immersion totale proposée ainsi que la richesse du contenu imposent le respect. Certes la prise en main est exigeante et il faut un certain temps pour pleinement profiter des différentes fonctionnalités du jeu, mais une fois ce cap passé, le plaisir est clairement au rendez-vous.
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