Aborder le test d’une franchise aussi culte tel que Deus Ex n’est pas forcement chose aisée. La série a tout d’abord connue moult et moult péripéties, de la création au succès de l’épisode originel (dont on parle dans notre rétrospective consacrée à Warren Spector, son créateur), à une suite trop ambitieuse pour réussir ce qu’elle entreprend.
La série paraîssait totalement abandonnée pendant plusieurs années avant le rachat d’Eidos par Square Enix. Avec cette acquisition, Square Enix profite de relancer la licence avec l’épisode Human Revolution, considéré à juste titre comme la renaissance de la saga.
S’inscrivant dans la vague du retour en force du FPS narratif (aux cotés de Dishonored et Bioshock), le jeu, malgré certains défauts, avait remis la série au centre de toute les attentions. Il a fallu néanmoins attendre quatre années pour voir sa suite, Deus Ex Mankind Divided, arriver sur nos consoles et PC.
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Toggle2029, le monde en pleine transition
Sans dévoiler les tenants et aboutissants de l’histoire du jeu, vous retrouverez ici tous les éléments qui font de Deus Ex Mankind Divided une excellente œuvre cyberpunk (voir l’encadré sur le genre), où le terrorisme, la mafia, les complots politiques ou encore les questions d’éthiques et de sécurités sont au centre des thèmes abordés par le jeu.
Et franchement, ce genre de thématiques sont carrément rafraîchissantes ! Pourquoi ? Car une majorité des grosses productions actuelles évite de traiter de tel sujets de société pouvant créer la polémique et fort heureusement, le cadre cyberpunk de l’ensemble permet de traiter ces différents thèmes sans ce risque-là.
Deus Ex possède un soucis du détail impressionnant
Si on voit directement le lien avec l’actualité géopolitique mondiale, c’est parce que c’est le genre cyberpunk qui se doit de justement de montrer cela à travers une œuvre de science-fiction ! Ainsi, on obtient plus ou moins un reflet de notre monde actuel et on peut dire que pour cela, Deus Ex remplit déjà son contrat directement.
Pour ce qui est des nouveaux joueurs de la licence, ils peuvent tout à fait commencer l’aventure par cet épisode puisque ce Mankind Divided propose un récapitulatif des événements clé de l’épisode Human Revolution.
Le cyberpunk en trois lignes : le cyberpunk est un genre dérivé de la science-fiction mettant souvent en scène un futur plutôt proche, avec un monde technologiquement plus avancé (notamment en cybernétique), les mondes dit cyberpunk sont également le plus souvent pessimistes et cyniques, tout en traitant de thèmes forts reflétant sur notre société (œuvres de références : Blade Runner, Akira, Neuromancien).
Vaste et beau
S’il y a une chose qui choque lorsque l’on commence l’aventure passée la mission de tutoriel, c’est sa beauté plastique. En effet, chaque image resplendit de sa composition, fourmillant de détails en tout genre. Des publicités sur écrans géants, les magazines ou même les boites de céréales, la conception visuelle du titre impressionne autant qu’elle reste cohérente.
La ville de Prague se trouve du coup augmenté de ces éléments supplémentaires tout en conservant une part de son architecture actuelle. Prague se trouve être un terrain de jeu parfait, possédant plus de détails que l’ensemble des décors des épisodes précédents. Ainsi, on a l’impression même par moment que le dessinateur Enki Bilal (la Trilogie Nikopol, Partie de Chasse) est venu faire toute la partie graphique du titre : sombre mais pas dénué de couleurs.
Car en effet, si le noir domine dans le jeu, avec de nombreuses phases de nuit et sous la pluie, la couleur n’est pas en reste, avec une blancheur éclatante, un bleu presque transparent voire même un rouge vif. Toute ses couleurs contrebalancent cette noirceur de l’univers avec une correspondance pour chacun (le rouge correspond par exemple au quartier des strip-club).
Mais cette atmosphère visuelle ne serait rien sans la composition musicale de Michael McCann. Déjà remarqué pour son travail sur Human Revolution, il revient pour proposer une nouvelle fois une partition parfaite, des ambiances posée lors des parties d’explorations, aux parties d’électro plus violentes lors des affrontements, tout marche à la perfection et l’utilisation de samples et couches de claviers fonctionne à merveille.
La mise en scène quant à elle ne brille pas particulièrement lors des cinématiques, mais s’avère assez efficace pour que l’on reste de bout en bout dans l’aventure. Malheureusement, on notera tout de même que le doublage est par contre en demi-teinte. Si les personnages principaux possèdent les mêmes doubleurs que l’épisode précédent, qui étaient de plutôt bonne facture, les seconds rôles en pâtissent un peu pour convaincre pleinement. Mais Eidos à pensé à tout et propose les différentes langues en audio ainsi que des sous titres français.
L’anti-héros le plus jouable du jeu vidéo
Lorsque l’on parle du gameplay d’un FPS, on en vient rapidement a parler son dynamisme et de ses armes. Dans le cas de Deux Ex Mankind Divided (comme du reste de la série), ces questions ne se posent pas vraiment. Simplement car, de par la liberté donnée au joueur lors de ces phases, on est tout simplement… libre !
En effet, comme le faisait ses prédécesseurs, il vous sera possible d’avancer dans le jeu de la façon dont vous le désirez. Que ce soit en infiltration totale, en utilisant la science du piratage ou en fonçant dans le tas, tout est possible ! En plus de cela, on se retrouve avec tout un tas de différentes variétés dans le jeu qui sont offertes, d’un côté, grâce à un level design parfait, utilisant au mieux la verticalité et les objets mais on doit aussi cette variété à la personnalisation des armes (on peut désormais équiper toute ses armes de balles non létales) et des augmentations.
Les augmentations de leur côté, voit leur nombre augmenter grâce a une pirouette scénaristique convaincante, et instaure des augmentations expérimentales. Le concept est le suivant : plus vous ajoutez des augmentations expérimentales (tel que le piratage à distance), plus votre corps augmenté deviendra instable, et il faudra contrebalancer ceci en désactivant de façon définitive une autre augmentation.
En pratique, cela fait que vous devrez par exemple désactiver le Typhoon pour utiliser un lancer d’arc électrique. Cela permet ainsi de forger un véritable personnage selon vos besoins et envies de jeu. Ainsi votre Adam Jensen sera capable par exemple d’utiliser des armes et compétences non-létales, mais sera assez rapide et vif pour sauter partout et foncer dans le tas au cas où grâce a son armure.
Le système de couverture quant à lui a subit une modification. Effectivement, lorsque vous vous retrouvez à couvert, vous aurez désormais un indicateur qui vous donnera la direction que vous prendrez lors de votre prochaine course vers le prochain abri. Cette amélioration permet de vraiment décider la direction à prendre et ajoute ainsi une petite dimension stratégique aux affrontements.
De l’action mais pas que !
Néanmoins la plus grande force de Deus Ex Mankind Divided est en réalité sa capacité de s’affranchir de son genre FPS pour nous proposer de l’enquête. En effet, vous passerez une bonne partie de votre temps non pas à tirer sur tous les terroristes et policiers aux alentours, mais plutôt à chercher des indices, des passages et portes secrètes ou encore, à rechercher le mémo manquant et lire un journal retrouvé au hasard.
Quel plaisir d’ailleurs, de trouver au hasard de ses recherches l’objet manquant de personnalisation de son arme et de trouver une porte secrète en tapant sur un puching-ball. Vous devrez souvent par la suite, ou en amont, effectuer des dialogues où il faudra convaincre son auditeur, a travers une mécanique similaire à ce que l’on a vu dans l’épisode précédent.
Deus Ex Mankind Divided est l’un des meilleurs jeux d’enquête de ces dernières années
Tout a été pensé pour le plaisir du joueur et on le ressent, les développeurs ont cherché à renouveler l’expérience du joueur tout en permettant à ce dernier d’expérimenter mais aussi, de retrouver rapidement ses marques et ce, que ce soit avec le système de dialogue, ou encore les phases de piratage qui se retrouvent être les mêmes que dans l’épisode précédent.
Deus EX Mankind Divided vous propose d’ailleurs en début de partie de choisir un type de configuration de touches : soit vous jouez comme le jeu a été prévu, soit comme l’épisode Human Revolution ou finalement avec une configuration habituelle pour les FPS que l’on chéri tant.
Il est également question de quêtes
Un des autres gros points de ce jeu, c’est bien entendu les différentes quêtes principales et annexes du jeu. La quête principale vous fera donc suivre l’aventure de Adam Jensen travaillant pour la Task Force 29, où il sera souvent confronter à des choix déterminants pour la suite des événements qui mettront son éthique à rudes épreuves.
Autour de cette quête-là se déroule un nombre incroyable de quêtes annexes, directement ou indirectement liées aux personnages rencontrés lors de l’aventure. Ainsi, il vous sera possible par exemple d’avoir une quête annexe en conclusion d’une principale, comme vous pourrez en récupérer une en vous baladant dans les égouts. Et pour une fois les quêtes annexes ont autant d’importance et d’impact que les missions principales et ça fait bien plaisir !
Ces quêtes sont en tout cas et pour la plupart plutôt longues et elles proposent des phases assez variées, on est bien loin du simple aller-retour pour parler à un PNJ et donner un objet à un second. Ici il vous faudra enquêter, interroger, attaquer ou encore convaincre pour obtenir une conclusion à la quête qui pourra impacter considérablement votre partie.
Deus Ex Mankind Divided prend ainsi toute sa profondeur grâce à ces quêtes-là, on passe ainsi d’un simple FPS à un réel RPG doté d’un monde semi-ouvert possédant un des meilleurs systèmes de quêtes depuis pas mal d’année. Mais si seulement c’était tout ! Et bien non car les gars d’Eidos Montreal ont en plus de cela proposé un mode multijoueur à ce Deus Ex avec le mode nommé Breach. Véritable jeu dans le jeu, il vous propose d’effectuer diverses missions dans un univers informatique existant dans le monde de Deus Ex, à l’instar d’un Tron par exemple.
Il vous faudra télécharger des blocs de données, tuer des adversaires ou encore récolter des fragments. Le tout se joue exactement comme dans le mode histoire de Deus Ex mais ce mode pose sa dimension par un système de leveling différent du solo, ainsi qu’un aspect multijoueur par un système de scoring de points et de temps et enfin, il y a aussi les défis que l’on peut lancer à ses amis.
Il est intéressant de voir que ce mode est également scénarisé, permettant de prolonger la longue expérience de base (une bonne trentaine d’heures de jeu est déjà nécessaire pour finir le mode solo) avec un scénario original mais recoupant avec l’histoire d’Adam Jensen. En cherchant un peu plus en profondeur dans le sens de l’ensemble, on peut ainsi repérer une certaine dualité entre les deux modes de jeux : d’un côté on incarne Adam Jensen, véritable personnage dans une histoire cadrée, et de l’autre nous jouons une version virtuelle d’un personnage, qui effectue les mêmes actions qu’Adam mais de façon virtuelle, ce qui n’est donc pas sans nous rappeler notre statut de joueur.
Pour finir, il nous reste a voir ce que nous proposera prochainement Eidos avec les DLC solos annoncés sous le nom des Histoires de Jensen. Le premier scénario est déjà inclus de base dans le jeu et il est plutôt conseillé de l’effectué après avoir fini Deus Ex Mankind Divided pour profiter pleinement sans se faire spoiler l’histoire de ce dernier.
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