Décidément, ces derniers mois, Hideki Kamiya aura fait parler de son travail. D’une part avec Bayonetta qui se permet de séduire à nouveau les joueurs dans une remasterisation sur PC, et d’accaparer l’attention des joueurs sur Nintendo Switch dans une compilation regroupant les deux premiers volets de la sorcière, ainsi que l’annonce d’un troisième épisode en développement. Capcom relance une nouvelle fois la vague d’énergie qu’avait créé sa licence Devil May Cry dans une somptueuse compilation avec son personnage en recherche de vendetta et de justice. Est-ce là également le moyen de raviver la flamme vers une annonce encore inédite ? Le temps saura nous le dire, préoccupons-nous déjà de ce que nous avons sous la main depuis le 13 mars 2018 !
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Capcom nous aura déjà servi une fois en 2012 un classique du beat them all et tente de réitérer le flashback avec une nouvelle édition défiant le temps pour montrer que sa licence continue de prospérer malgré l’âge du tout premier volet paru en 2001 sur PS2. La trilogie hérite de l’énergie débordante qui avait marqué le genre avec des animations acrobatiques dignes de Matrix ainsi que de ses vilains défauts toujours présents depuis les versions originelles. Oui, hélas, l’ennemi le plus redoutable sera la caméra capricieuse dans les endroits exigus. Au lancement de la compilation, mauvais point pour Capcom : cela sent fortement le réchauffé. On pourrait se poser la question à qui s’adresse réellement ce simple portage sans vergogne ? Car c’est bien ce dont il s’agit, une transposition vertex par vertex d’une génération à une autre, rien de plus, rien de moins. Pour ceux qui seraient déjà passés à la caisse en 2012, il y a peu d’intérêt à se procurer cette réédition à moins d’être un pur fan prêt à investir son plaisir dans toutes les versions imaginables parues et à paraître dans le futur.
La compilation est destinée au public qui ne connaît pas encore la licence
En effet, la galette inclut les trois épisodes avec exactement le même contenu technique qu’auparavant. C’est-à-dire des graphismes plus fins, le désormais sacro-saint 1080p et son 60 fps solide. Le packaging est honnête en fin de compte car même si le jeu a visuellement vieilli, ça ne gâche en rien la qualité du plaisir éprouvé à (re)découvrir Dante à ses débuts. Il y a eu certes de la paresse de la part de la maison mère pour nous resservir un jeu fortement basé (pour ne pas dire entièrement) sur la compilation précédente au vu des textures « HD » baveuses et de ses cinématiques pré-calculées encore en format 4:3 (nostalgie). Pour le coup effectivement, les origines sont pleinement respectées, seules les phases de jeu sont passées en 16:9 ce qui peut gêner à force d’allers et retours entre les menus et le jeu actuel. L’action rendue plus lisible grâce aux résolutions plus nettes de nos écrans modernes est un vrai confort, sans oublier une fluidité sans faille rendant l’action d’autant plus nerveuse que palpable. Pourtant, il s’agit bien d’un bête portage sans efforts qui aurait pu emmener son lot de nouveautés à des jeux qui ne demandaient pas moins.
Jamais deux sans trois
Pour la piqûre de rappel, dans cette trilogie proposée de Devil May Cry on incarne Dante, un chasseur de démons de profession mais surtout connu pour son lien de sang avec le puissant démon Sparda qui aura pris le parti du monde humain et coupé le portail liant celui-ci au monde des démons. Dante aura vu sa famille être décimée, ce qui nourrira sa quête de vengeance envers ceux qui auront causé du tort à ses proches. Les trois volets feront vibrer la Dualshock de par les nombreux affrontements qui attendent le héros contre une myriade d’ennemis aux aptitudes diverses et variées, souvent arrivant par vagues aux compétences complémentaires. Ce sera à force de coups d’épée, de poings de pugilats enflammés ou de guitare électrique (si si) qu’il faudra occire les démons faisant obstacles à son objectif, sans oublier les armes à feu allant des « simples » pistolets aux munitions infinies, au lance-roquettes, histoire de varier les plaisirs et faire monter l’appréciation de votre style de combat qui apportera de belles orbes rouges pour améliorer armement, compétences et acheter des objets bien utiles pour la route qui attend. Chaque histoire sera divisée en plusieurs chapitres (ou missions) avant de lancer la suite des événements servant de hub pour préparer ses aptitudes ou acheter le nécessaire pour accumuler des bonus bien utiles. Si la formule semble assez répétitive sur le papier, il en est rien quant à son application, l’action frénétique, les mini-cutscenes ou la rencontre de boss laissent rarement un temps mort pour se tourner les pouces.
Ce simple schéma d’évolution rappelle fortement les beat them all des générations suivantes comme God Of War ou Bayonetta qui ont puisé leurs inspirations des aventures de Dante.
La formule du gameplay ne cesse de s’embellir d’épisode en épisode. Chaque volet suivant le premier propose plus d’armes à récolter (et un gameplay plus varié par la même occasion), des combats plus fluides dans la gestion de multi-ciblage, des combats de plus en plus stylisés (si la caméra le veut bien…), toujours plus de défis à atteindre le rang S, des trophées attestant de vos prouesses sur le PSN et beaucoup de fun tout le long des aventures. La licence Devil May Cry qui, à l’origine devait représenter les ébauches de Resident Evil 4, a connu des hauts et des bas mais chaque volet à quelque chose qui lui est propre à proposer. Si Devil May Cry 2 reste encore aujourd’hui l’épisode le plus décrié par un direction artistique décevante, des caméras aux angles démoniaques (je suis sûr qu’elles sont possédées) et un univers qui a perdu de son charisme : le premier et troisième épisode sont ceux pour lesquels les acheteurs de la compilation devraient fournir toute leur attention. À noter que pour DMC3, il s’agira de la version complète incluant notamment Vergil comme personnage jouable. Malgré le manque de bonus, est condensé dans une seule et même galette le témoignage d’une ère triomphante de Capcom à délivrer une licence aux codes visuels nerveux et au gameplay sans cesse renouvelé, pour peaufiner dans le temps des combats d’une classe sans égale.
De la PS2 à la HD
Comme indiqué dans les paragraphes précédents, difficile de faire des louanges à la nouvelle compilation de 2018 qui semble plus proche des versions PS2 que celles de la génération PS3 et Xbox 360. Il y a certes de belles améliorations ajoutées comme un rafraîchissement d’images qui ne sourcillent pas, ce qui permet de jouer à DMC1 dans les conditions d’origines sans les fâcheuses bandes noires de cinéma à l’époque PS2 en Europe et une image précise qui facilite la lecture à l’image des éléments présents à l’écran. Cette transition ne s’est pas faite sans écueils, la compilation hérite des moyens de production plus limités en ressources de l’époque : les textures sont le premier vestige d’une technologie et d’une technique artistique aujourd’hui complètement dépassées. Le 4:3 encore présent dans les menus est inexplicable en 2018 et accable cette compilation d’une étiquette peu onéreuse : la série méritait tout de même d’être retravaillée pour justifier la re-commercialisation d’une compilation en deçà de ce qui était attendu. Cela n’a pas pour but d’assombrir la licence aux nouveaux venus, au contraire, l’expérience n’aura jamais été aussi proche de la version originelle !
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