Devil’s Hunt est la toute première production du studio polonais Layopi Games, basé à Varsovie. Les studios indépendants basés en Pologne continuent en somme d’affluer depuis les succès de CD Projekt Red et Techland avec respectivement les The Witcher – prochainement le très attendu Cyberpunk 2077 –, ainsi que les deux opus de Dead Island. Layopi Games est donc un studio totalement novice dans le monde du jeux vidéo, et ont encore visiblement beaucoup à apprendre quand on voit le résultat avec Devil’s Hunt, incroyablement catastrophique.
Conditions de test : Nous avons terminé Devil’s Hunt en mode casual – équivalent du mode normal -, en 5h de jeu. Le jeu a été testé sur PC avec une GTX 1070, 16 Go de Ram, et un i5 cadencé à 3.8 GHz.
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ToggleQuand le paradis et l’enfer s’affrontent
Ce ne serait pas une coïncidence que le studio polonais se soit inspiré de Devil May Cry comme de la série TV Lucifer quand on voit la narration du titre. Nous prenons le contrôle de Desmond, qui se retrouve en enfer après s’être suicidé suite à une série d’événements pas forcément très agréables qui se sont déroulés en une seule et unique journée. Entre son match de boxe perdu lamentablement, son père le reniant ou sa copine qui le trompe avec un de ses amis, il y avait de quoi.
Du coup notre héros, désormais dans le tréfonds des enfers et doté de pouvoirs démoniaques, va faire la connaissance entre autres de Sawyer, homme de main de Lucifer, ainsi que de Lucifer himself. Et Desmond va se retrouver embourbé à effectuer des petits boulots pour le roi des enfers, sur un fond d’une guerre entre anges et démons. Le bougre est d’ailleurs présenté comme le sauveur et destructeur, soit l’élu capable de choisir son camp entre les anges ou les démons dans cette bataille sans fin.
C’est comme ça que se présente le scénario de Devil’s Hunt, qui réussit à proposer quelque chose de finalement trop monotone sur la longueur. L’acting est passable comme les cinématiques dotées d’animations datées. Il y a quelques incohérences, un côté franchement décousu au possible mais aussi des personnages relativement plats et clichés au possible. Un Devil May Cry fait quand même mieux, et Desmond reste littéralement insupportable à sortir des insultes à la minutes et des vannes qui tombent très vite à plat comparé à un Nero ou Dante.
L’ensemble des dialogues manquent aussi d’inspirations et ne volent pas très hauts, avec aussi des insultes inutiles qui fusent pour un rien, et sans subtilité. En plus, on aura droit à une fin complètement nulle et qui amènera à une suite, s’il y en a une évidemment. La seule satisfaction résidera dans certains flashbacks qui arrivent à ponctuer la narration mais au-delà de ça, il n’y a que peu de choses à sauver sur cette histoire totalement à la ramasse, et qui ne semble pas assumer d’être un nanar de série B.
De plus, la direction artistique est trop inégale. On passera de l’enfer au monde vivant de manière générale. Si l’enfer est plutôt séduisant au premier abord, il en devient trop répétitif et sans réelles surprises au fil de notre progression. Les décors du monde vivant seront également peu surprenants, et beaucoup trop clichés pour que l’on s’émerveille devant. En somme ce n’est pas bien reluisant, comme sur son level design.
Effectivement, il est vraiment faible il n’y a pas à dire. C’est ultra linéaire, sans réelle liberté d’exploration, et la verticalité présente dans les niveaux ne changera rien à la qualité de la construction schématique vraiment répétitive, insipide et jamais inventive pour un sou. Ça se voit clairement que les développeurs manquent encore d’expérience pour proposer un level-design de qualité et réfléchi.
Le Devil May Cry eco++
On peut continuer le massacre avec le gameplay de Devil’s Hunt. Celui-ci se place malheureusement à des années-lumières de ce qui fait actuellement en matière de beat’em all. Pour faire simple, notre héros pourra effectuer des attaques légères ou fortes, utiliser ses compétences, changer de style de combat et avoir fatalement de nouvelles compétences adaptés au style de combat, ainsi que parader d’une manière surprenante et dasher.
Il y a de quoi se dire en premier lieu que le système de combat semble touffu, mais il n’en est rien. Le feeling des combats est totalement mou avec des animations aussi datées que les cinématiques du jeu. Le tout n’a également pas autant d’impacts et de brutalité qu’un DmC, et le système de parade est inexistant. Il s’agira en fait d’appuyer au bon moment sur la touche indiquée quand un ennemi vous attaque… Proposer un système de parade traditionnel aurait été mieux, et on abusera surtout du dash pour esquiver les coups.
En sus, on pourra pester sur ce mélange entre compétences à utiliser et coups traditionnels à porter sur nos adversaires démoniaques. Si le changement entre les trois styles de combats – Executeur, Imie et Néant – est une sacré bonne idée, le reste est à jeter en terme de game design pur. En fait, le combo coups normaux et utilisation des compétences aura le don de rendre les combats totalement hachés, redondants et brouillons. On note aussi que l’on utilisera finalement que le premier style de combat donné, car il est beaucoup plus efficace contre les ennemis.
Le titre ne s’arrête pas là au niveau des défauts. On sera surpris de l’absence d’un système de lock, ce qui fait que les combats ne ressembleront à rien à cause de la caméra qui fait n’importe quoi. De plus, les ennemis n’ont également pas de barre de vie. Par conséquent on ne sait jamais quand ils sont presque mort pour les achever via un système de finish par ailleurs médiocre, et dont on ne ressent aucune brutalité comme dans un God of War en l’occurrence.
Il y a bien entendu des combats de boss dans Devil’s Hunt, mais ceux-ci sont véritablement anecdotiques. Si le design est réussi à la limite sur un ou deux boss, la façon de les battre est d’une facilité déconcertante. Leur pattern est trop prévisible, sans compter que l’I.A. n’est pas vraiment maline, comme pour les ennemis lambda. On pourra donc se transformer aisément en démon pour vite les tuer. Car oui, vous pouvez vous transformer en démons en remplissant une jauge pendant un court instant.
Mais les coups seront plus variés dans un DmC quand un Dante ou un Nero sont dans un état démoniaque. Vous l’aurez compris, tout le système de combat employé est beaucoup trop vétuste pour véritablement ressentir la moindre once de fun dans Devil’s Hunt.
Outre les phases de castagnes, il y aura de la plateforme. Mais contrairement à un Devil May Cry où il y a un minimum de liberté de ce côté-là, les développeurs se contentent de nous mettre en cage. Effectivement, les séquences de grimpettes sont ultra assistées, à base d’icône où vous devrez appuyer sur la touche indiquée pour monter sur telle ou telle plateforme.
Le challenge est donc aux abonnés absents, comme les portails de téléportation à utiliser qui se basent eux aussi sur le même principe. On sent au passage le volonté des développeurs de tenter de proposer quelques énigmes. Mais ce ne sera finalement pas le cas, et on sent que les développeurs ont hésité à en proposer tout le long du jeu, pour finalement se raviser aussitôt. Dommage, s’il y avait des phases de puzzles comme dans un God of War par exemple, on aurait été preneur pour varier le côté chiant et inintéressant du soft.
Un arbre à compétences pour sauver l’honneur dans Devil’s Hunt
Au moins, pour sauver le naufrage du gameplay, Devil’s Hunt s’offre un système de compétences loin d’être ridicule. En récoltant des âmes dans certains recoins ou via des miroirs, vous pouvez utiliser ces dernières pour acheter de nouvelles compétences dans trois arbres distincts. Globalement, c’est simple et efficace dans l’idée, mais c’est bien la seule chose que les p’tits gars de Layopi Games ont plus ou moins réussi. En revanche, la plupart des compétences se répètent un peu, ce qui est regrettable.
Mais ne soyons pas trop mauvaise langue, cette partie du jeu n’est finalement pas si dégueulasse. En revanche, il y aura de quoi grogner sur la durée de vie. Devil’s Hunt se finit en seulement 5h de jeu en mode casual, qui est le mode normal du jeu. Il n’y a bien évidemment pas de rejouabilité car vous n’aurez pas de fins alternatives. Néanmoins si vous voulez encore souffrir, vous pourrez toujours tenter de récupérer tous les collectibles dans ces treize chapitres du soft, mais pas sûr que vous en aurez l’envie une fois le jeu bouclé. Pour 29,99 €, c’est quand même cher payé…
Les graphismes du soft ne font également pas du tout l’unanimité. D’ores et déjà, l’optimisation du soft est tout bonnement honteuse sur PC, même avec une bécane plus que convenable. Le jeu s’offre des freezes incompréhensibles avec les paramètres à fond, les ralentissements sont nombreux quand il y a trop d’effets de particules à afficher. Pas mal de bugs sont de surcroît à déplorer de ce-ci de-là. Du coup, on a peur de voir le résultat sur PS4, Xbox One et Switch, les moutures consoles sortant l’année prochaine…
On en vient à se demander comment un tel jeu a pu sortir dans cet état, alors qu’il suffisait justement de prendre un peu plus de temps pour corriger ces soucis d’optimisation… En plus, on se demande comment le jeu peut être aussi gourmand vu comment le jeu alterne entre de beaux panoramas, et une modélisation des textures horriblement laides les trois quart du temps.
En sus, les arrière-plans restent clairement dignes d’un jeu PS2. On restera aussi de marbre sur les cinématiques particulièrement risibles sur les animations, et des modèles 3D inégaux, faisant office la plupart du temps de poupées plastiques. Pour la modélisation des cheveux n’en parlons pas, on est loin d’un jeu tournant sur la génération actuelle.
Franchement, il n’y a rien à sauver sur l’aspect graphique du soft, comme le sound design. Les doublages en V.O. manquent de punch et d’investissement dans l’acting global. Le titre se paye aussi le luxe de s’offrir une synchro labiale soit loupée ou inexistante. Il n’y aura que les musiques typées rock pour sauver les meubles dans les combats, sans pour autant qu’elles soient transcendants. Décidément quand ça ne veut pas, ça ne veut pas…
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