Très populaire ces dix dernières années, principalement sur la scène indépendante, le genre du Rogue Lite a connu quelques fulgurances, mais ne s’est étrangement jamais vraiment essoufflé depuis le succès de The Binding of Isaac ou de Faster Than Light. Mieux encore, ces derniers temps il connaît même un regain de popularité, avec plusieurs de ses représentants joliment consacrés, comme le très sympathique Hades qui a obtenu le titre de jeu de l’année chez beaucoup de rédactions en 2020. Ainsi, au milieu de ce flot ininterrompu de sorties en tous genres, Dicefolk avait de grandes chances de passer complètement inaperçu.
Or, c’eût été dommage. D’une part parce que le titre de Tiny Ghoul et Leap Game Studios, deux développeurs indépendants et méconnus, est proposé à un tarif particulièrement abordable. Premier bon point. D’autre part parce qu’il ne manque absolument pas de qualités, et a même des chances de rendre certains joueurs accros au bout d’une ou deux parties, à l’image de ténors du Rogue Lite tels que les excellents et immanquables Darkest Dungeon ou Dead Cells. Une comparaison particulièrement flatteuse, il est vrai, que nous accompagnerons bien évidemment d’un argumentaire en bonne et due forme au cours de ce test. Suivez le guide !
Conditions de test : Nous avons passé près de 20h sur le titre via un code Steam envoyé par l’éditeur. Nous avons principalement joué à la souris, mais avons tout de même pris le temps d’essayer la prise en mains à la manette Xbox.
Pokémon Version Dé-pipé
Vous l’avez lu dans le titre de ce test, Dicefolk puise ses inspirations dans plusieurs franchises, parmi lesquelles on devine aisément Pokémon. Et il ne semble guère nécessaire d’extrapoler longuement puisque la ressemblance avec la franchise de Game Freak saute aux yeux. Le titre de Tiny Ghoul et Leap Game Studios propose d’enrôler une bonne quantité de créatures colorées, aux caractéristiques variées, qui représentent sa première couche stratégique. Une couche déjà bien fournie, puisque Dicefolk embarque tout de même plus de cent monstres, qu’il nomme chimères, s’inscrivant automatiquement dans un compendium à leur découverte.
Bien sûr, puisque nous sommes devant un Rogue Lite, n’espérez pas former une équipe durable, puisque chaque run sera l’occasion de repartir de zéro et d’enrôler de nouvelles créatures. D’ailleurs, pas d’expérience dans Dicefolk, les combats ne nous octroient que quelques menus items bonus ou équipements. Cela fonctionne plutôt bien, d’autant que le titre ajoute à cela quelques petites subtilités bien senties. Par exemple, son aventure s’articule autour de l’exploration de maps aux traits basiques, n’étant pas sans rappeler ce que proposent des titres comme Voice of Cards ou Slay the Spire, sur lesquelles on trouve chaque fois trois temples. Des lieux mystiques qui vous permettront d’enrôler de nouvelles chimères, mais pas que…
Parce que dans Dicefolk, chaque run est l’occasion d’explorer trois maps exclusivement (puis quatre une fois que vous aurez terminé le jeu), représentant trois biomes différents, chacune ne nous permettant de recruter qu’une seule chimère via les temples (et potentiellement une autre via un lieu bonus). Or, chaque temple ne nous permettra, en posant le pied sur leur seuil, que de déverrouiller une seule et unique créature. Vous pouvez alors choisir de l’enrôler ou de continuer votre chemin, en espérant que la pêche sera meilleure dans les suivants. Si vous choisissez la première option, les temples restants vous permettront de récupérer divers bonus et équipements.
Si vous choisissez la seconde option, en revanche, vous aurez donc le choix entre trois créatures distinctes, et aurez potentiellement gonflé votre compendium d’autant de cases remplies. Ce qui n’est pas anodin, puisque cela participe à un niveau de progression global, vous permettant de débloquer différents bonus, tels que des lieux pour acquérir de l’équipement ou l’apparition de nouvelles chimères. Chaque choix doit donc être fait intelligemment, sous peine de freiner sa progression dans l’aventure, ou de devoir recommencer sa run. Ce qui peut représenter une légère frustration, sentiment collant de toute façon à la peau du Rogue Lite depuis ses débuts.
L’homme dé
L’autre particularité du titre, c’est bien sûr toute l’utilisation qu’il fait des dés. Ceux-ci tiennent une place centrale dans l’expérience, puisqu’ils permettront autant de gérer les mouvements et capacités alliés qu’ennemis. Une subtilité qui permet aux combats d’être toujours extrêmement prenants, d’autant qu’il est possible de réaliser divers enchaînements jubilatoires, ou de se faire punir violemment par une erreur de calcul. Les affrontements ont d’ailleurs une importance capitale dans Dicefolk, puisqu’ils représentent plus de 50% de ce que le joueur est amené à faire. Mieux vaut donc y accrocher !
Trois dés à six faces vous seront accordés au commencement de chaque run, et il vous sera possible d’en acheter deux supplémentaires par la suite, ou même de les personnaliser. Quant à l’ennemi, excepté dans le mode « épreuve » que vous débloquez en venant à bout du boss final, il n’aura droit qu’à trois dés, ce qui limite de fait ses possibilités. Mais n’allez pas croire que cela vous rend la tâche facile pour autant, puisque chaque affrontement leur octroiera des faces différentes, et que la bonne dose d’aléatoire ne vous permet pas de prévoir où se dirige l’avenir. Par ailleurs, si vos dés permettent d’effectuer différentes attaques ou de vous conférer des bonus, ils peuvent aussi jouer contre vous, ou enclencher les capacités spéciales ennemies.
Cela étant dit, le challenge de Dicefolk n’est pas au niveau de la plupart des Rogue Lite. Ce qui ne l’empêche pas d’être grisant, lorsque l’on réussit un joli coup, que notre stratégie paie, ou simplement que le hasard met toutes les chances de notre côté. Mais il est vrai que ce relatif manque de challenge, ne l’empêchant pas de nous punir par moments, ne joue pas vraiment en sa faveur. Parce que Dicefolk n’est pas excessivement fourni en contenu, et que voir le terme de son aventure principale, décomposée en quatre voies, plus une dernière à débloquer, ne demandera pas plus de quinze heures. C’est court pour le genre et ce n’est pas le mode « épreuve » cité précédemment qui rehaussera l’intérêt sur le long terme, malheureusement.
C’est dommage, parce que c’est l’une des rares chose que l’on puisse vraiment reprocher au titre, avec peut-être un très léger manque de profondeur sur la durée, mais surtout une absence quasi totale de background et de scénario. Chose que nous lui pardonnons aisément, puisque ce n’est pas ce que l’on va rechercher en premier lieu sur un Rogue Lite. D’autant qu’à côté de cela, Dicefolk propose une prise en main simple comme bonjour, entièrement à la souris. L’utilisation de la manette est possible, mais on ne la recommande pas puisqu’elle complique les contrôles. Le titre est aussi plutôt bien habillé, profitant d’une direction artistique bigarrée, et d’une esthétique mièvre qui le rend étrangement attachant. Le tout englobé par une bande-son proposant peu de morceaux, mais chacun étant absolument exquis.
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